Depuis le 19 mars 2024, la Gironde expérimente la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Le département espère pouvoir répondre à l’insécurité alimentaire en rendant une consommation durable accessible. Ce projet vise aussi à lutter contre la précarité des agriculteurs et l’inflation grandissante. Quelles sont les perspectives de cette initiative ?

Rendre le « bien manger » accessible en Gironde

La SSA n’est pas un nouveau concept : en France, c’est le collectif « Pour une Sécurité sociale de l’alimentation » qui a initié cela en 2019. Le collectif Acclimat’Action a lancé et adapté l’initiative en Gironde. Le dispositif sera expérimenté durant un an. C’est une caisse commune dédiée et gérée par les citoyens. Au cœur de ce projet il y a l’idée de « repenser de manière démocratique toute la “chaîne de valeur de l’alimentation”, de la terre à l’assiette. »

C’est une piste de réflexion et d’action importante. En effet, il y une paupérisation croissante des acteurs du secteur agricole d’une part, et une inflation qui accroît l’insécurité alimentaire des citoyens de l’autre. En Gironde, les agriculteurs ne touchent en moyenne que 600 € par mois, tandis que 200 000 personnes vivent en situation de précarité. Les pratiques agricoles actuelles, la politique de libre-échange, et le monopole du marché par certains acteurs ont des conséquences désastreuses sur notre société et l’environnement. C’est pourquoi il existe aujourd’hui aussi des initiatives comme la permaculture.

Le programme comprend 400 bénévoles, issus de 193 foyers situés à Bègles et à Bordeaux, ainsi que dans le Pays Foyen et le Sud-Gironde. Chacune de ces zones est représentée par une caisse locale supervisant le fonctionnement. L’ensemble est coordonné par une caisse commune. Tout ménage impliqué contribuera financièrement au système à la hauteur de ses moyens. En contrepartie, il recevra par défaut une allocation mensuelle de 150 « MonA » (Monnaie Alimentaire, 1 MonA étant l’équivalent d’1 €). Au sein du foyer, chaque participant recevra 75 MonA supplémentaires. À ce jour, 16 commerces conventionnés ont rejoint le projet selon des critères favorables à l’amélioration du système agroalimentaire.

À l’issue de cette initiative, le département de la Gironde espère pouvoir participer à un plaidoyer politique pour étendre cette démarche.

Faire face aux enjeux de la Sécurité sociale de l’alimentation

L’alimentation est un besoin élémentaire qui devrait être érigé en droit. Il paraît donc logique de généraliser le concept de la sécurité sociale, jusque-là dédié à la santé. La Sécurité sociale de l’alimentation s’appuie ainsi sur les 3 mêmes piliers :

  • universalité de l’accès ;
  • financement par la création d’une cotisation sociale proportionnelle aux revenus ;
  • conventionnement des professionnels par des caisses gérées démocratiquement.

Certains acteurs ont cependant noté des failles dans ce programme. À titre d’exemple, l’inclusivité de ce système pose question, à l’instar de la carte vitale qui exclut des catégories de populations comme les sans-papiers ou les plus démunis. Quant à la somme allouée, celle-ci pourrait être insuffisante en fonction de la situation de chacun. Comment trancher entre équité et égalité ? Quelle approche serait la plus juste ?

Il existe aussi une crainte que la Sécurité sociale alimentaire ne demeure une initiative purement citoyenne et locale, échouant à traiter à la racine la nature systémique du problème. Enfin, il y a encore une réflexion à mener concernant certains biens d’importation tels que le café ou le riz. Pour pallier tout ceci, il est nécessaire de s’assurer que les réalités agricoles et économiques soient prises en compte à l’échelle macro.

C’est donc une belle initiative qui est à surveiller, rendez-vous dans 1 an ! En attendant, si le sujet vous intéresse, découvrez sans plus tarder comment consommer plus localement.

Méline Keoxay, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW.

Sources :