80 % des Français ne connaissent pas les NFT. Chiffre étonnant quand on le met en parallèle avec la frénésie récente des cartes à collectionner ou les ventes records d’œuvres numériques. L’écosystème lié à cet univers et son vocabulaire ésotérique décourageraient-ils les bonnes volontés ? Pourtant, pas besoin de maîtriser sur le bout des doigt cryptomonnaies et métavers pour s’intéresser aux NFT et au crypto-art. Loin d’être réservés aux initiés, les « jetons non fongibles » sont à la portée de tous. Pas convaincu, envie de passer votre tour ? On vous donne 5 bonnes raisons de changer d’avis !
1. Parce que s’intéresser aux NFT et au crypto-art, c’est découvrir de nouvelles technologies qui révolutionnent le monde de l’art
Les NFT s’appuient sur la blockchain, une technologie particulièrement utilisée dans le secteur des cryptomonnaies, mais qui peut concerner beaucoup d’autres domaines. Technologie de stockage et de transmission d’informations, la blockchain offre de hauts standards de transparence et de sécurité. Bref, on n’a pas fini d’en entendre parler. Quel rapport avec les NFT et le crypto-art, me demanderez-vous ? Très étroit puisque c’est une blockchain qui émet les NFT. Ne fuyez pas, on vous explique tout !
Le NFT, acronyme de « non fungible token », soit « jeton non fongible », est un « fichier numérique non reproductible et infalsifiable représentant un actif unique, objet virtuel ou physique » stocké dans la blockchain. Il n’est donc pas interchangeable (« non fongible »). On peut comparer un NFT à une carte à collectionner. Pour l’amateur de Pokémon, Carabaffe ne vaut pas forcément Pikachu !
Le monde du web se caractérise par la duplication ; les NFT y introduisent donc la rareté. On peut reproduire à l’infini une carte de collection, mais pour avoir la certitude de posséder l’original, il faut acquérir le NFT. Dans le domaine de l’art numérique, c’est une véritable innovation technologique qui ouvre de nouvelles perspectives aux artistes. Alors qu’ils peinaient à monétiser leurs œuvres virtuelles, ils peuvent désormais vivre de leur art sans nécessairement passer par des intermédiaires. D’autant plus, que la technologie de la blockchain intègre souvent des contrats leur permettant de toucher un pourcentage systématique sur les reventes.
Les collectionneurs y trouvent aussi leur compte, avec un accès direct aux artistes et à une communauté de passionnés. Ne parlons pas des visiteurs des nombreuses galeries ou musées qui ont ouvert dans le métavers. Car les NFT sont aussi liés à ces univers virtuels connectés en pleine expansion. Marc Zuckerberg, qui a rebaptisé Facebook en Meta en octobre 2021, ne nous contredira pas !
2. Parce que les NFT et le crypto-art ne sont pas réservés aux geeks
Le portrait-robot du collectionneur de NFT est plutôt un homme jeune, issu du monde de la tech ou de la finance. Parmi les personnes qui disent connaître les NFT, 74 % sont des hommes… Et seulement 14 % des 35-44 ans ont une idée du concept contre 45 % des 18-24 ans. Les fringantes quinquagénaires doivent-elles donc passer leur chemin ? Ce n’est pas l’avis de BFF, collectif ultra connecté créé pour inciter les femmes à se lancer. L’événement qu’il a organisé en janvier 2022 a rassemblé plus de 15 000 curieuses prêtes à sortir de leur zone de confort. Pas question pour elles de déserter un domaine aussi prometteur ! L’âge n’est pas non plus un obstacle pour les plus audacieux. À 84 ans, l’acteur Anthony Hopkins a lancé sa collection de NFT, The Eternal, en octobre 2022 !
Il faut dire qu’il est désormais possible d’y aller doucement. Les NFT ne sont plus réservés à des initiés férus de cryptomonnaies et de musées virtuels, s’extasiant sur des abstractions purement spéculatives. Aller à la rencontre de ces œuvres dans le monde physique est une expérience de plus en plus facile à réaliser. Les galeries et les musées s’y sont mis peu à peu et les initiatives qui fleurissent ici et là témoignent de la vitalité du secteur. C’est la Chine qui a organisé la première exposition consacrée au crypto-art en mars 2021. Puis, la Superchief Gallery de New York décidait de consacrer le premier espace physique dédié aux NFT. Les musées ont emboîté le pas. Ainsi, en janvier 2022, le premier musée entièrement dédié aux NFT voyait le jour à Seattle. Il ne sera sûrement pas le dernier…
Et la France dans tout ça ? Elle n’est pas à la traîne. Dès décembre 2021, Benoît Couty, un collectionneur de la première heure et fondateur du MoCA (Museum of Crypto Art), organisait une exposition-événement à Paris.
(Crédit: Museum of Crypto Art)
👀 Pour découvrir tous les effets bénéfiques d’une petite visite au musée, c’est par ici !
« Les NFT constituent l’innovation la plus influente et excitante qu’ait connue le monde de l’art ces dix dernières années » – Sébastien Fahey, directeur général de Sotheby’s Europe
3. Pour explorer un écosystème numérique qui sait se remettre en question
Tout n’est pas rose dans l’univers des NFT ! Des polémiques, liées à deux problèmes épineux, ont suscité de nombreuses controverses :
- Le coût énergétique démesuré dû à la validation des transactions dans la blockchain : les calculs mathématiques effectués, longs et complexes, sont gros consommateurs d’électricité. L’artiste Joanie Lemercier a calculé que la vente de six de ses œuvres de crypto-art avait consommé en 10 secondes plus d’électricité que son studio au cours des deux dernières années ! Un bien vilain signal en cette période de crise climatique et d’appel à la sobriété…
- La multiplication des vols et escroqueries. En janvier 2022, sur Twitter, Opensea, la principale plateforme de création et d’échanges, reconnaissait que plus de 80 % des NFT créés étaient des œuvres plagiées. De nombreux artistes ont été victimes de ces arnaqueurs, favorisés par la culture de l’anonymat caractéristique du crypto-art.
À souligner cependant : face à ces réserves, les principaux acteurs ne restent pas les bras ballants. Ethereum, première plateforme d’échanges de NFT, a adopté depuis le 15 septembre 2022 une nouvelle technologie plus écoresponsable pour sa blockchain. Passant de la « Proof of work » (PoW) à la « Proof of Stake » (PoS) – inutile de tout comprendre à ce stade !– elle réduira sa consommation d’électricité de 99 %.
Quant aux arnaques, tout est fait pour les déceler de plus en plus finement. Bref, les problèmes sont encore loin d’être réglés, mais des réflexions et des projets ambitieux sont lancés pour tenter d’y répondre.
4. Parce que les NFT ne sont pas qu’une histoire de gros sous
De l’euphorie au retour sur terre
Les chiffres ont certes de quoi donner le tournis. The Merge, NFT le plus cher du monde, a été adjugé 91,8 millions de dollars en décembre 2021. Jusque-là, c’est l’artiste Beeple qui détenait le record. En mars 2021, il vendait son Everydays : the first 5000 days plus de 69 millions de dollars ! Une étude menée par le groupe Hiscox montrait par ailleurs que 82 % des acheteurs de NFT déclaraient chercher d’abord un placement.
La frénésie observée en 2021 ne serait-elle motivée que par l’appât du gain et la bulle sur le point d’éclater ? On pourrait le penser au vu de la tendance baissière succédant à l’euphorie. Le marché des NFT, lié à l’évolution du cours des cryptomonnaies, est par nature volatile. Mais beaucoup d’observateurs ont aussi noté que son ralentissement favorisait sa stabilisation et un réajustement plus raisonnable des attentes des artistes et des collectionneurs.
Il y a NFT et NFT !
Après l’effervescence des débuts, l’univers des NFT est peut-être en marche vers la maturité. C’est ce que semble indiquer aussi la plus claire segmentation de ses applications. La grande conférence annuelle NFT à New York en juin 2022 a distingué clairement différents secteurs : gaming, art, musique, collectibles, autant de domaines à explorer et qui n’ont pas le même caractère spéculatif.
Ainsi, le crypto-art qui représente environ 10% de l’ensemble des NFT est beaucoup plus stable que le secteur des collectibles, comme l’a montré une étude de non fungible.com. C’est aussi dans ce domaine, moins sujet aux effets de mode éphémères, qu’on trouve le plus grand nombre de passionnés prêts à investir et à prendre des risques pour soutenir des projets artistiques. Une nouvelle forme de mécénat en somme.
📌 Envie d’investir ? On vous dit tout !
« Les NFT sont une toile blanche pour créer de l’art sous un nouveau format » – Anthony Hopkins
5. Parce que s’intéresser au crypto-art c’est garder le meilleur des NFT
Une chose est sûre : l’avènement des NFT a stimulé la création artistique. De nombreux artistes sont enthousiastes d’essayer de nouveaux outils numériques, notamment l’intelligence artificielle. D’autres, plus classiques ou venant de l’univers du street art ou de l’art éphémère, bénéficient, par ce biais, d’une nouvelle visibilité. Les galeries et les maisons d’enchères se sont saisies du sujet et les institutions culturelles ne sont pas en reste. Bref, les partenariats entre les acteurs du crypto-art et du marché de l’art se multiplient, ce qui laisse augurer de leur installation dans le paysage.
Au sens propre : le 22 octobre 2022, ouvrait au cœur de Paris, à deux pas du centre Pompidou, un espace de 400 m2 entièrement dédié aux NFT. Portée par 51 entrepreneurs, artistes, investisseurs, cette vitrine de l’écosystème français du secteur a pour vocation de démocratiser le crypto-art par des conférences et des sessions de formation. Tout indique donc qu’une fois retombée la fièvre des NFT, subsistera le crypto-art. L’expérience controversée du plasticien Damien Hirst est significative. En juillet 2022, quand il a proposé à ses clients de choisir entre un exemplaire physique et un exemplaire NFT, 5149 ont choisi l’œuvre physique et 4851 le NFT, soit près de 50/50 !
Vous n’êtes pas encore convaincu de l’actualité des NFT ? Et pourtant, après avoir lu cet article, gageons que vous les verrez partout… Depuis le Meta History Museum of War créé par l’Ukraine après l’invasion russe, à la collection de NFT intitulée RIP Queen Elizabeth, ces petits certificats numériques n’ont pas fini d’envahir les colonnes de nos journaux. N’hésitez pas à les traquer !
Béatrice Barennes pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Océane, tutrice de formation chez FRW.
Sources:
https://coins.fr/4-francais-5-comprennent-pas-nft-selon-etude-ipsos/
https://www.lefigaro.fr/culture/les-oeuvres-d-art-nft-arrivent-en-galerie-20210327
https://www.rfi.fr/fr/culture/20210731-crypto-art-pourquoi-les-nft-divisent-la-communauté-artistique
https://pointcontemporain.com/nft-lexposition
https://www.hiscox.fr/sites/france/files/documents/Rapport
https://www.lequotidiendelart.com/articles/22355-les-nft-sont-morts-vive-le-crypto-art.html