Avez-vous déjà été victime de trahison au sein de votre couple ? Ce dernier repose sur un équilibre fragile entre amour et respect mutuel. Lorsque la tromperie s’immisce dans la relation, elle met à mal ses fondations. Bien souvent synonyme d’infidélité, elle implique toujours une rupture de la confiance. La nature même du lien se questionne. Que représente le couple dans notre vie ? Qu’entend-on par trahison ? Peut-on pardonner, réparer les dommages ? Les sciences humaines nous apportent des éléments de réponses. Découvrez, dans cet article, de quelle manière ces disciplines interrogent le sens et nous invitent à faire « un pas de côté ».
1) D’où vient ce besoin de s’unir ?
En sociologie, le couple représente deux partenaires qui se réunissent par un mariage ou un pacte civil de solidarité (PACS), vivant en concubinage ou en union libre.
Le couple : « un lieu » sécurisant
Selon la théorie de l’attachement de John Bowlby, un enfant a besoin « de se lier avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue ». Cette espèce d’instinct de survie lui permet de se développer. Ce comportement perdure à l’âge adulte. Voilà pourquoi nous recherchons le rapport à l’autre, en amour ou en amitié. En ce sens, la relation représente un espace où s’épanouir, rassurant et stable. Nous construisons un avenir, nous partageons les projets, les finances, les difficultés de la vie. Le couple incarne également un refuge contre la solitude. Une intimité se crée à l’intérieur de cette nouvelle entité, un pacte de loyauté se conclut.
Le fantasme du couple idéal
Mais le couple demeure aussi un objet de fantasme. Nous affectons d’emblée le lien que nous entretenons avec autrui d’attentes, de projections et de représentations. Ces dernières racontent qui nous sommes : notre enfance, notre modèle parental, nos peurs, nos blessures, nos croyances. Pour nous sécuriser, nous réclamons des promesses, des engagements. La relation doit combler nos fissures, de manière inconsciente. Notre partenaire devient le produit de notre désir, la continuité de nous-mêmes. La vérité profonde de chaque individu nous échappe. Lorsque le serment se brise, la réalité de l’autre nous apparaît au grand jour, à la lumière de ses failles, de ses défauts. L’être aimé se transforme en cet inconnu, libre de ses propres contours.
2) La trahison au sein du couple, de quoi parle-t-on ?
42 % des Français déclarent avoir déjà été infidèles au cours de leur vie, selon une étude menée par l’observatoire européen de l’infidélité en 2022.
L’infidélité
Le verbe trahir vient du latin « trādere » qui signifie livrer, sous-entendu, « à l’ennemi ». Celui qui dupe rompt le contrat tacite de l’alliance. Ce manquement est le plus souvent rattaché à l’infidélité, elle-même intimement définie par le mensonge et la dissimulation. Nous percevons l’adultère comme une preuve de désamour, de désengagement. Mais surtout, il brise la confiance. Sans cette sécurité émotionnelle, la méfiance s’immisce dans le couple, de la même manière que le ver dans une pomme. Le lien s’effrite, la communication devient impossible. Adversaires, les partenaires se rejettent la faute mutuellement. La relation vacille au risque de s’effondrer.
Les enjeux de la trahison amoureuse
L’adultère représente une sorte de renoncement à l’autre. La vérité explose, toutes nos croyances volent en éclat. Nos blessures d’enfance rejaillissent : rejet, abandon, manque d’amour de soi, etc.
- Qui est cette personne que je découvre à présent ?
- Notre relation compte-t-elle si peu, pour être si durement éprouvée ?
- Ne suis-je pas suffisante, digne d’intérêt ?
- Qui est cet autre, que possède-t-il de plus ?
- Puis-je à nouveau me fier à sa parole ?
Toutes ces questions ouvrent la brèche d’une réelle crise identitaire.
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L’inévitable trahison
Pour Patricia Blain, psychologue, la déloyauté demeure inévitable : « Nous ne pouvons être à la place où l’autre nous assigne, ou répondre exactement comme l’autre le veut ou l’espère ». Elle évoque ici les limites de la fusion du couple, chacune des entités ayant des besoins distincts. Nicole Prieur, philosophe, énonce encore : « Trahir pour ne pas me trahir ». La satisfaction de nos propres aspirations nous oblige donc parfois à tromper notre prochain. Ce concept peut s’appliquer à l’adultère. Enfin, l’ultime désertion n’est-elle pas celle faite à nous-mêmes ? Le partenaire responsable de la duplicité souffre également, écartelé entre ses valeurs et ses désirs.
« Pas de fidélité morale sans fidélité à soi-même », conclut le philosophe André Comte-Sponville.
3) Peut-on reconstruire la relation amoureuse quand la confiance s’est brisée ?
La découverte d’une tromperie se vit comme un véritable effondrement. C’est le fracassement de l’idéal, la désillusion.
Le besoin de réparation après l’adultère
La victime d’infidélité aura d’abord besoin de tout savoir, de comprendre pourquoi, comment, avec qui, où, de façon presque obsessionnelle. Christophe Fauré, psychiatre, insiste : « on doit se garder d’en dire trop, au risque d’enraciner profondément des images désagréables ». Quoi qu’il en soit, le couple en réparation devra passer par ces phases :
- la reconnaissance de la souffrance infligée ;
- un état des lieux des dégâts ;
- la demande de pardon ;
- l’investissement réciproque ;
- le travail de la colère.
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La voie de la guérison du couple
Une voie de guérison existe, mais sous une seule condition : la métamorphose. Pour ce faire, sortir de sa zone de confort semble essentiel. Pour Patricia Blain, psychologue, « Quelque chose dans le lien, mais aussi en soi est entaché et ne peut plus être ». Ainsi, nous parlons moins de pardon que de transformation. L’adultère a créé une fracture, nous devons redistribuer toutes les cartes, commencer un nouveau chapitre. Voulez-vous que tout redevienne comme avant ? Alors, tout se passera de la même manière, comme un jour sans fin. Ce renouveau pour le couple s’envisage si les deux partenaires s’investissent de cette mission.
- L’amour demeure-t-il ?
- Ressentons-nous encore de l’envie, du désir ?
- Élaborons-nous des projets ?
Sur ce chemin de rétablissement, la routine représente un allié. Elle offre quotidiennement l’opportunité de se rapprocher.
Après une trahison : la volonté du changement
Parfois, une relecture s’impose : que s’est-il passé pour nous deux ? Morale mise à part, nous pouvons essayer de nous mettre à la place de l’autre, de le comprendre. L’avantage ? Se rendre acteur de sa propre vie. Ce chemin, difficile, implique du détachement et de la maturité émotionnelle. C’est l’occasion de se dire enfin les choses, de montrer son vrai visage. Vous pouvez croire à nouveau la relation, offrir une autre confiance au couple, moins naïvement, en y mettant de la conscience. Comme un choix sans cesse renouvelé, à l’instar du Pari de Pascal.
« Nous aurions toujours intérêt à croire en Dieu, car nous pourrions tout gagner si son existence était avérée, et ne rien perdre si ce n’était pas le cas ». Blaise Pascal.
La trahison éprouve la relation, l’ébranle profondément. Nous pouvons partir ou rester, accepter la fin de la relation ou la reconstruire. Mais finalement, l’enjeu ne se trouve pas ici. L’important, c’est l’opportunité d’évoluer. Qui suis-je maintenant ? Que ferai-je de cet autre que je suis devenu ? Notre résilience nous offre l’occasion de surmonter les épreuves. Nous changeons, à chaque rencontre. Le lien d’amour n’est pas acquis et nous devons le prendre comme un cadeau. Nous pouvons transformer notre vie, nos relations, à l’instar du Kintsugi. Cet art japonais permet de restaurer les objets cassés, abîmés, en sublimant les fêlures à l’aide de fils d’or. Et vous ? Êtes-vous prêt à transcender vos blessures ?
Article rédigé par Marianne S. pour e-Writers
Article relu par Clémence Langlois, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-pari-de-pascal-croire-en-dieu-sur-un-coup-de-des-1069264
https://patriciablain-psychologue.fr/que-peut-nous-apprendre-la-trahison/
