Céphalées de tension, fibromyalgie, algodystrophie, endométriose, lombalgie, migraines… Les douleurs chroniques concernent 30 % des Français, selon une étude de la Haute Autorité de Santé.

Mal comprises par l’entourage, elles conduisent souvent les personnes qui souffrent à un repli sur elles-mêmes, par peur de paraître plaintives, trop sensibles ou autocentrées. La douleur physique permanente constitue pourtant un handicap reconnu, à tous points de vue : professionnel, social et fonctionnel. Au-delà des traitements antalgiques parfois inefficaces, le mal pathologique nécessite une prise en charge sur mesure de l’individu en souffrance. De son côté, la personne douloureuse peut mettre en place, en fonction de ses capacités, des mesures d’accompagnement pour réussir à apprivoiser sa propre douleur, voire la soulager. Alors, si vous ou l’un de vos proches êtes concerné par des pathologies douloureuses, découvrez comment vivre avec des douleurs chroniques en quelques conseils.

1/ Comprendre le fonctionnement de la douleur chronique

Les mécanismes de la douleur

Un doigt de pied se cogne sur le pied de table. Immédiatement, le corps génère des signaux électriques et chimiques pour signaler le problème au cerveau. Les nocicepteurs, ou récepteurs sensoriels de la douleur, se chargent d’envoyer l’information via le système nerveux central et la moelle épinière, afin que l’organisme y réponde de la manière appropriée. On parle alors d’une douleur aiguë. Celle-ci peut durer de quelques secondes à quelques semaines, par exemple après une opération ou une entorse, avant de s’atténuer et de disparaître.

Douleur chronique ou aiguë ?

L’IASP (Association internationale pour l’étude de la douleur) a proposé une nouvelle définition de la douleur en 2020 :

[La douleur est] une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée ou ressemblant à celle associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle.

Comme toute expérience sensorielle et émotionnelle, la douleur est subjective. Ainsi, son intensité et la manière d’y faire face varient selon les personnes, leur sensibilité ou leur contexte de vie. Quand les manifestations de souffrance sont présentes depuis plus de 3 mois, le corps médical considère que la douleur est chronique. Celle-ci est très souvent résistante aux traitements antalgiques classiques. Elle devient pathologique et nécessite une approche différente, tant de la part des patients que du corps médical et de l’entourage de la personne.

Différents types de douleurs chroniques

Plusieurs types de douleurs chroniques existent, avec des fonctionnements différents.

  • Les douleurs inflammatoires comprennent par exemple la maladie de Crohn ou les maladies articulaires comme l’arthrose. Les fibres de la douleur sont sensibilisées à certains endroits et le système nerveux devient très réactif.
  • Les douleurs neuropathiques proviennent des lésions du système nerveux central. Le mécanisme de transmission de l’information est défaillant, comme si une alarme se déclenchait inopinément. Les personnes peuvent ressentir des brûlures, des décharges électriques, une allodynie (peau hypersensible) ou encore une sensation d’étau.
  • Les douleurs nociplastiques ont été décrites en 2016, et montrent un dysfonctionnement du système de transmission de la douleur, mais sans lésion initiale. C’est par exemple le cas de la fibromyalgie.
  • Certaines personnes peuvent être atteintes de douleurs mixtes, par exemple après un cancer ou une opération chirurgicale.

    Une personne prend des notes, en face d'une femme blonde floue, de part et d'autre d'une table basse

    Le parcours médical pour identifier les douleurs chroniques peut être long. Crédit : SHVETS production / https.www.pexels.com

2/ Consulter des spécialistes du traitement de la douleur persistante

Identifier ses douleurs avant de consulter son médecin

C’est le médecin traitant qui sera le référent du parcours de soin contre la douleur chronique. Certains spécialistes (rhumatologue ou cancérologue par exemple) peuvent aussi vous accompagner. Avant d’aller à votre rendez-vous, prenez le temps d’observer et de recenser les sensations désagréables récurrentes.

Même si le ressenti douloureux est nécessairement subjectif, des outils scientifiques permettent de l’évaluer. Il est possible de décrire son intensité avec les différents systèmes à disposition du corps médical. Certaines échelles de la douleur sont spécifiquement adaptées aux patients qui ont plus de difficultés à verbaliser, comme les enfants en bas âge ou les personnes handicapées.

Le questionnaire du réseau LCD (Lutter contre la Douleur) permet d’apporter des éléments factuels au médecin traitant. La manière de vivre avec des douleurs étant individuelle, ce test aborde les différents retentissements dans tous les aspects de la vie d’une personne atteinte. Tenir un journal de ses symptômes facilite également la compréhension d’un vécu de souffrance par le corps médical. Pour cela, il suffit de décrire chaque jour l’intensité ou le type de douleur (tiraillements, coups de poing, douleur diffuse ou fulgurante, etc.) et sa localisation, avec les circonstances (météo, activité physique, sommeil etc.).

Contacter un centre antidouleur

Les structures de prise en charge de la douleur (centre antidouleur, ou centres de traitement de la douleur) sont des structures médicales pluridisciplinaires, souvent implantées au sein des hôpitaux. Elles regroupent des médecins, des infirmiers, des psychologues, des anesthésistes, des kinésithérapeutes… tous spécialisés dans l’accompagnement de la douleur, chronique ou non.

Avec une recommandation du médecin expliquant le parcours de la personne souffrante, il est possible d’avoir accès à une structure spécialisée en fonction du secteur géographique. Attention, les délais peuvent être longs, demandez à être inscrit sur liste d’attente si cela est possible.

Ces regroupements pluridisciplinaires envisagent la personne dans sa globalité. Les conséquences de la douleur chronique touchent tous les aspects de la vie, et peuvent avoir des conséquences importantes sur le travail, la vie de famille et la santé mentale. Les équipes se concertent pour apporter des solutions sur-mesure, qui peuvent aller d’un suivi psychologique ou social à des séances d’hypnose ou de relaxation. Les différentes options thérapeutiques sont proposées, qu’elles soient pharmacologiques (les traitements médicamenteux) ou mécaniques (par exemple avec l’usage d’un électrostimulateur transcutané ou des séances de kinésithérapie douce).

Une jeune femme brune fait des étirements assises dans l’herbe

Conserver une activité physique régulière contribue à soulager les douleurs chroniques. Crédit : Mikhail Nilov / https.www.pexels.com

3/ Adopter de nouvelles habitudes pour vivre avec des douleurs chroniques

Les pathologies qui provoquent des douleurs chroniques sont multiples, et chaque personne est unique dans ses capacités à agir. Néanmoins, quand la douleur chronique est installée, certains gestes quotidiens peuvent soulager les souffrances à court ou long terme.

Garder le contact avec son corps, même douloureux

Se réapproprier la maîtrise d’un corps qui paraît étranger est fondamental dans l’apprivoisement des douleurs chroniques. Ainsi, adopter une activité physique régulière, même très modérée, contribue chaque jour à l’amélioration de l’état physique et psychologique. La marche ou le yoga, comme la natation ou la gymnastique douce, sont des pratiques physiques adaptables aux corps douloureux chroniques. Certains exercices peuvent aider à calmer les migraines par exemple.

>> Découvrez ici comment soulager les migraines naturellement

Attention à ne jamais forcer, et à demander l’avis d’un médecin avant de pratiquer une activité physique. Dans certains cas, la mobilisation passive et les massages d’un kinésithérapeute rempliront le rôle de contact corporel normalisé.

Prendre soin de sa santé mentale

Un accompagnement psychologique est fortement recommandé pour vivre avec les douleurs chroniques. La souffrance impacte la vision de soi, la manière d’envisager l’avenir et son rapport aux autres. De plus, le regard des autres est très souvent difficile à vivre. La peur d’être vu comme un tire-au-flanc ou une douillette est très fréquente et culpabilisante… La dépression est une conséquence très courante des pathologies chronicisées. C’est pourquoi consulter un spécialiste de la santé mentale, qu’il soit psychiatre ou psychologue, peut grandement aider à maintenir le cap.

Le stress et l’anxiété constituent des facteurs aggravants des douleurs chroniques. Le recours à des pratiques telles que la sophrologie ou la méditation, ou à des techniques comme l’autohypnose ou la respiration antistress apporte, quand elles sont pratiquées de manière régulière, un mieux-être global aux personnes souffrantes.

>> Par ici, trois exercices de respiration antistress à essayer pour s’apaiser

La prise de conscience des douleurs chroniques et de leurs multiples retentissements sur la vie quotidienne peut apporter un soulagement. La mise en mots des maux permet à l’entourage et à la société d’être plus à l’écoute et moins dans le jugement, ce qui apporte un soulagement sur le long terme. Des patients et des soignants sensibilisent le public aux problématiques des handicaps invisibles dont font partie les souffrances au long cours.

Se rapprocher de personnes qui affrontent les mêmes problèmes

Se mettre en lien avec d’autres malades permet de rompre l’isolement et de se sentir compris, moins seul, écouté sans préjugés. Des associations de malades existent pour la plupart des pathologies, et des groupes informels se créent sur les réseaux sociaux pour échanger les vécus douloureux. La mise en miroir des souffrances ressenties autorise les personnes à reconnaître leur douleur et leur histoire, et à avancer dans leur prise en charge. Attention néanmoins à relativiser les propos de certains concernant les soins, car souvent les groupes informels n’ont pas les connaissances scientifiques et médicales appropriées.

Et vous, connaissez-vous des personnes atteintes de douleurs chroniques ? Comment les accompagnez-vous ? 

Sources

SFETD (Société d’Études et de Traitement de la Douleur)

INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche médicale)

HAS (Haute Autorité de Santé)

Alberte Londres, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Périne, tuteur de formation chez FRW.