« C’est comme si on te donnait un poste à responsabilités et qu’on te payait en billets de Monopoly ». Une réplique extraite du court-métrage Bambino qui en dit long sur le mal-être que peuvent parfois ressentir les belles-mères ! Oui : trouver sa place en tant que belle-mère au sein d’une unité familiale contient son lot de challenges. Cette position, quoique complexe, peut s’avérer vraiment enrichissante si des mécanismes sont mis en place dès le début. De quelle manière se positionner et devenir une référence parentale en dehors des liens du sang ? Comment développer une complicité avec l’enfant de votre partenaire tout en préservant votre couple ? Cet article vous propose des conseils qui vous guideront vers une nouvelle vie épanouie !
Disclaimer : si nous avons choisi de nous consacrer ici à la belle-mère dans le couple hétérosexuel, nous souhaitons aussi que notre article soit inclusif. Ainsi, certains conseils peuvent s’appliquer à tous les beaux-parents, qu’ils soient hommes, femmes ou personnes non-genrées, dans les unions aussi bien hétérosexuelles qu’homosexuelles.
Prendre connaissance de l’évolution du rôle de belle‑mère dans la famille recomposée
Nous connaissons toutes et tous le terme « marâtre » rendu populaire par les contes de fées de Charles Perrault et autres frères Grimm. Que ce soit dans Cendrillon (1697) ou Blanche-Neige (1812), la belle-mère incarne la méchante de l’histoire. Cendrillon est reléguée au rang de domestique et n’a pas sa place dans la famille, tandis qu’on attente à la vie de Blanche-Neige à cause de sa beauté. La marâtre, qui agit par cupidité ou par jalousie, a besoin d’asseoir son autorité en malmenant (voire en éliminant) sa belle-fille.
Tout cela a créé un ensemble de clichés et de préjugés envers la « nouvelle épouse » dans l’inconscient collectif. Heureusement, les choses ont un peu changé au XXIe siècle. Le beau-parent est bien mieux accueilli et une nouvelle structure familiale peut alors être constituée. Bien qu’elle n’ait pas encore de statut légal, la belle-mère devient néanmoins un vrai modèle parental. Menez la vie dure aux stéréotypes : cette image négative et misogyne n’a rien de réaliste !
« En France, 11 % des enfants vivent dans une famille recomposée […]. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans, d’après l’Insee. Cette situation donne aux belles-mères une véritable place auprès des enfants […]. » – Elsa Gambin, journaliste indépendante.
Trouver sa place en tant que belle-mère en accord avec les autres membres de la famille
Distinction entre le rôle de mère biologique et celui de belle-mère
Personne n’oblige la belle-mère à aimer ses beaux-enfants coûte que coûte. En cela, vous bénéficiez d’un certain recul dans votre rapport avec eux, ce qui vous laisse le temps de créer des liens de manière pragmatique sans que la biologie vienne jouer un rôle.
« En tant que belle-mère, moi-même ne suis pas entravée par l’amour inconditionnel que se doit de ressentir un parent, je ne peux pas être aveuglée ou dupée par cet amour. Libérée de cette injonction sociale à l’amour maternel, je ne peux qu’apprécier, ou non, ces humains pour ce qu’ils et elles sont, dans leur individualité. » – Elsa Gambin.
L’idée n’est pas d’être un substitut à la mère et l’enfant le sait bien. Il en revient donc au père et à vous-même de définir quelles seront vos nouvelles responsabilités. Certaines d’entre elles peuvent être plus naturelles à endosser que d’autres, dans la mesure où vous vous sentez suffisamment à l’aise. Proposez une aide aux devoirs à une fréquence qui convient à tout le monde. Si votre trajet quotidien et vos horaires le permettent, déposez ou allez chercher l’enfant à l’école ou à ses activités extrascolaires. Les liens n’en seront que plus renforcés !
🎬 À voir absolument : Bambino, le court-métrage de Claire Patronik, sur Arte.
Le conjoint, parent de l’enfant, un allié indéniable dans la recherche du positionnement en tant que belle-mère
Tout d’abord, observez le comportement du père biologique avec son enfant afin de trouver votre place dans cette nouvelle dynamique et bénéficier de son expérience. Prévoyez des temps où vous ferez le bilan : revenez sur des événements survenus la semaine passée et exprimez-vous sur ce qui vous a touchée ou ce que vous auriez fait différemment.
La meilleure équipe éducative est celle qui se soutient, qui communique et fait preuve de cohésion. On se doit de vous écouter dans la mesure où vous faites partie du foyer. Votre vision a son importance et nourrira même celle de votre partenaire !
« Il faut repenser le statut de belle-mère comme une fierté et une richesse. Il est plus que temps d’envisager le bien-être et l’épanouissement de tous et toutes sous l’angle d’une « équipe parentale », et non plus sous le joug étriqué des liens du sang. » – Elsa Gambin.
Les stratégies à adopter pour être acceptée par l’enfant, entre amitié et autorité
Qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adolescent, la progéniture de votre conjoint aura plus ou moins de facilité à vous accepter rapidement dans sa vie. Afin de gagner sa confiance et de créer des liens, basez votre relation sur de la complicité, mais aussi de l’autorité :
- Plongez-vous dans son univers lors de moments à deux et observez ce qu’il aime faire de ses temps libres.
- Analysez vos points communs : ciblez les jeux et les loisirs qui vous plaisent, ainsi vous pourrez en faire une routine.
- Sentez-vous libre de ne pas répondre favorablement à toutes ses demandes « parce qu’il faut montrer patte blanche ». C’est dans ces moments-là que vous commencerez à asseoir votre autorité et lui faire accepter le « non ».
- Faites-vous connaître : vous aussi avez vos propres centres d’intérêt et vos passions. Vous adorez les promenades en extérieur ? Organisez des sorties nature en famille le week-end. Vous bricolez ? Menez à bien un projet ensemble. Vous êtes fan de rock ? Proposez-lui d’assister à de petits concerts locaux lorsqu’il aura l’âge – avec l’obligation de vous munir de protections auditives adaptées, évidemment !
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Cultiver un équilibre bienveillant avec l’enfant tout en préservant l’harmonie de son couple
Gestion de la jalousie et de l’insécurité chez les membres de la famille recomposée
La jalousie peut venir autant de l’enfant que de vous-même. C’est là un sentiment tout naturel car deux relations doivent cohabiter et s’accepter l’une l’autre.
Selon son âge, l’enfant peut avoir du mal à maîtriser ses émotions négatives et il est essentiel de l’accompagner et le guider dans son cheminement. Vous n’avez pas à culpabiliser s’il remet en question votre légitimité sur le coup de la jalousie. L’important est de laisser retomber la pression et d’échanger calmement avec lui sur vos ressentis respectifs.
De la même manière, l’enfant a déjà ses propres habitudes avec son père : vous pouvez vous sentir mise à l’écart lors de moments de complicité rien qu’à eux et il est alors essentiel que vous partagiez avec votre conjoint ces insécurités. Vous lui donnerez ainsi la possibilité de vous prendre davantage en considération à l’avenir. Avec le temps, vous aussi allez créer vos propres instants de partage. Il paraît même qu’on peut décompresser en s’occupant des enfants, d’après notre article sur la question…
Valorisation du couple et épanouissement amoureux
Et votre relation amoureuse, dans tout ça ? Vous avez probablement appris à connaître votre partenaire dans un contexte qui n’incluait pas sa progéniture et avez construit votre binôme en privé.
Il est donc sain de préserver cette intimité dans votre quotidien. En compagnie du parent, expliquez à l’enfant le besoin pour vous de vous retrouver sans que cela remette en question l’affection que vous lui portez. Il grandira de cet apprentissage où il n’est plus le centre de l’attention et ne verra plus les parents comme des personnages n’existant que pour le servir !
Vous devez définir des priorités qui ne lèsent personne au sein de votre nouvelle unité familiale. Accordez-vous du temps avec votre conjoint, qu’il s’agisse d’un déjeuner au restaurant en tête-à-tête, d’une soirée à camper ou d’un après-midi dédié aux jeux de société. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à bénéficier des services d’un psychologue familial ou un coach pour parents si le besoin d’être guidés dans cette nouvelle aventure se fait ressentir.
Devenir belle-mère est un parcours à la fois exigeant et profondément gratifiant. En faisant preuve de patience, de communication et de bienveillance, vous vous intègrerez peu à peu en tant que véritable membre de l’équipe éducative, avec votre propre approche pédagogique. Établissez une relation de confiance : cet effort sera récompensé lorsque l’enfant se tournera naturellement vers vous en cas de difficultés. Vous avez votre place, alors prenez-la !
⏭️ On vous apporte quelques conseils supplémentaires avec notre article sur la parentalité positive.
Lucinda Lacroix, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
➡️ Sources :
- Bienvenue au Club des Marâtres – Gambin, Elsa – Revue La Déferlante no. 7, septembre 2022.
- Etude Insee : « En 2018, 4 millions d’enfants mineurs vivent avec un seul de leurs parents au domicile ».
- Bambino – Court-métrage réalisé par Claire Patronik, Envie De Tempête Productions, France, 2023.
- Sorcières, la Puissance Invaincue des Femmes – Chollet, Mona, Éditions La Découverte, Paris, 2018.
- Mon abominable belle-mère – Lepage Catherine, Les 400 coups, 2010.
- Mauvaise mère ? La figure de la marâtre dans la littérature de jeunesse – Perrono, Anne-Laure, Éducation, 2016. ffdumas-01491522f.
Crédit photo : Copilot.