Tout au long de notre existence, nous oscillons entre nos émotions primaires. Joie, tristesse, dégoût, peur et colère font partie de notre quotidien. Bien qu’elles soient toutes essentielles à notre construction, l’agressivité est de celles qui peuvent avoir des conséquences irrémédiables si nous la laissons nous guider. Évacuer sa colère semble alors nécessaire pour profiter d’une vie plus sereine. Quels sont les impacts de la frustration sur le corps et sur l’esprit ? Comment la contrôler et intégrer plus de calme dans notre quotidien ? Autant de questions que nous nous sommes posés afin d’offrir quelques pistes de réflexion pour comprendre la colère et venir à bout de ce mal qui nous ronge.
Comprendre la colère et l’importance de la réguler
La raison veut décider ce qui est juste ; la colère veut qu’on trouve juste ce qu’elle a décidé — Sénèque
Une émotion aux multiples visages
La colère est un sujet de recherche depuis les débuts de la philosophie. Elle s’immisce dans nos journées sous plusieurs formes : légère irritation face à une tâche ingrate qu’il nous reste à faire, elle se transforme en frustration devant un interlocuteur qui ne nous écoute pas, débordant parfois en fureur devant une injustice. Sans violence, la colère est un moteur utilisé par l’esprit pour nous permettre de changer les choses. Elle nous donne la force de dire « non » et nous pousse à agir face à une situation qui nous contraint.
En 1884, un psychologue américain, William James, définit les émotions par l’impact physiologique qu’elles entraînent sur l’organisme. S’il est dit que jurer est bon pour la santé, l’énervement a toutefois des répercussions néfastes sur notre mental, notre physique ainsi que nos liens sociaux.
Quels sont les effets de la frustration sur l’esprit ?
L’état colérique s’accompagne de plusieurs maux tels que :
- une perte de lucidité ;
- une diminution de la concentration ;
- une réduction de la créativité ;
- une baisse de l’estime de soi avec « auto-condamnation » ;
S’emporter de façon trop régulière peut également conduire, dans les cas les plus graves, à développer un trouble de l’anxiété généralisée ou une dépression.
Comment le ressentiment se traduit-il sur le corps ?
L’irritation engendre une montée de stress ainsi que la production d’adrénaline, ce qui génère des retombées sur l’ensemble de notre corps dont :
- des dysfonctionnements digestifs (ulcères, brûlures d’estomac, etc.) ;
- des éruptions cutanées et démangeaisons ;
- des tensions musculaires (au niveau du dos, des épaules et de la nuque) ;
- une augmentation des risques cardiaques (infarctus, maladie cardio-vasculaire, arythmie) ;
- une augmentation des risques d’inflammations pulmonaires.
Un accès de fureur diminue la quantité d’anticorps présents dans le sang durant pas moins de six heures. On note aussi un penchant pour des produits à dépendance forte, comme les cigarettes et l’alcool.
Et l’influence sur l’entourage ?
La colère est une émotion intense qui se traduit généralement par un élan d’énergie. Et si celle-ci est bénéfique pour nous permettre d’accomplir des tâches complexes, elle s’accompagne cependant d’une illusion de gravité et contamine nos pensées par une perte de lucidité. Nous sommes « aveuglés par la colère ».
Bien que la première victime de cette agitation soit la personne en elle-même, celle-ci impacte directement nos proches, qui se transforment en cible au moindre faux pas. En plus de se propager rapidement sur ceux qui nous entourent, l’énervement détruit les barrières sociales et nous incite à prendre l’avantage par la force. Elle dégrade donc à long terme les relations que nous entretenons et nous isole d’autrui.
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Accepter son ressenti et déceler quels besoins se trouvent derrière l’énervement
Vouloir réprimer ses émotions met à mal notre équilibre affectif et influence notre état de stress et de fatigue. Faire la sourde oreille c’est s’exposer aux symptômes d’une colère refoulée avant d’exploser sous la charge mentale qui nous pèse.
Se poser la question « pourquoi je ressens cela » est l’une des clés principales pour apprendre à gérer son conflit intérieur. Celle-ci nous servira à comprendre que les fondements de notre indignation sont souvent motivés par un besoin de reconnaissance, d’existence et de respect de nos valeurs.
L’énervement peut également être une réponse à une émotion encore plus vive comme la peur ou la tristesse. S’emporter sera alors un moyen d’autodéfense visant à cacher ses failles en vociférant pour détourner l’attention.
Apprendre à communiquer et extérioriser différemment sa frustration
Le développement des compétences émotionnelles et ses impacts positifs
La gestion des émotions est quelque chose de très personnel touchant à la psychologie de chaque individu : nous ne sommes pas égaux lorsque l’on cherche à évacuer sa colère. L’influence familiale est très importante dans le développement des compétences émotionnelles. Celles-ci se définissent en cinq points, selon Moïra Mickolajczak, auteure et enseignante à l’université Paris Descartes :
- L’identification : prendre conscience de ses émotions et de celles d’autrui.
- La compréhension : faire le lien entre son ressenti et la situation.
- L’expression : communiquer ses besoins de façon adaptée et être capable d’écoute.
- L’utilisation : utiliser les informations acquises pour prendre des décisions réfléchies.
- La régulation : savoir accepter ses émotions et les gérer pour ne plus se laisser submerger.
Le cocon familial agit sur ces compétences et détermine notre capacité à les appliquer dans notre quotidien. Un enfant dont les parents communiquent difficilement sera naturellement moins à même d’extérioriser ses sentiments.
Heureusement, cette « intelligence » émotionnelle est une aptitude que l’on peut développer à chaque instant de sa vie. Apprendre comment s’éveiller spirituellement. aide à prendre de la distance avec son ressenti et permet de garder son calme.
Appliquer ses compétences émotionnelles au quotidien
La première chose à faire pour parvenir à évacuer sa colère est de prendre de la distance. Chanter à tue-tête pour profiter des vertus libératoires des vocalises ou respirer profondément sont des moyens simples et efficaces pour soulager nos pensées.
La deuxième phase est celle de la compréhension. Pourquoi suis-je en colère ? Cette introspection est importante et met en avant ce que cache la colère. Sentiment de solitude, impression de mal faire, de ne pas être à la hauteur… sont autant de raisons qui peuvent nous pousser à réagir de façon plus ou moins virulente.
Communiquer nos besoins à l’autre avec calme est la clé de voûte pour améliorer ses relations. Parler de votre ressenti sans accusations montrera votre intention de régler le conflit sans manquer de respect à votre auditeur. Cela l’amènera alors naturellement à faire de même.
La phase la plus compliquée est celle de la persévérance. Car quoi de plus rageant que de voir nos efforts réduit en miettes ? Toutefois, la communication est un travail difficile qui se fait sur le long terme. Un seul conseil ? Accrochez-vous !
⏩ Pour aller plus loin : 4 habitudes à mettre en place pour développer une bonne communication avec son entourage .
Se tourner vers une aide extérieure pour évacuer sa colère
Que les crises soient fréquentes ou non, il peut nous arriver d’être totalement désarmés face à nos propres ressentis. Incompris par nos proches, isolés, nous nous retrouvons seuls devant notre désir d’être entendus. Quand la situation perdure et nous échappe, un regard extérieur est nécessaire pour y voir plus clair, nous sentir soutenus et sortir du cercle vicieux de la colère.
Reconnaître son besoin d’être épaulé est une chose très positive. Plusieurs accompagnements sont disponibles pour mieux gérer ses crises émotionnelles. En voici quelques exemples :
- la thérapie intégrative ;
- la psychothérapie analytique et la psychanalyse ;
- la Gestalt-thérapie ;
- la sophro-analyse ;
- l’hypnothérapie.
En parallèle, ou si vous ne vous sentez pas prêt à consulter pour la colère, il existe beaucoup d’activités pour vous permettre de décompresser et de vous recentrer sur vos besoins. Des séances de gestion du souffle, de concentration ou encore de yoga sont envisageables. L’inscription à un sport qui vous plaît comme la course à pied ou la natation peut vous aider à diminuer votre stress et à extérioriser le trop-plein d’énergie en vous. Une bonne raison pour vous lancer dans la pratique du vélo de route par exemple😉.
Certains médicaments facilitent la gestion de la colère sur le court terme en réfrénant le stress ou en limitant les troubles du sommeil. Il n’existe pas à proprement parler de remèdes pour soigner son agressivité. Attention toutefois, certaines de ces molécules ont des pouvoirs addictifs très forts.
Sachez cependant que les effets calmants de certains composés peuvent être obtenus sans aide chimique. Les activités comme la marche, le tai-chi ou le simple fait de prendre un bon bain chaud contribueront à vous apaiser.
En outre, donnez-vous le temps d’apprendre à gérer vos émotions et soyez bon avec vous-même. Évacuer sa colère n’est jamais facile, mais avec de la patience vous pourrez accomplir tout ce que vous voudrez, tant sur le plan personnel que professionnel.
Chloé DAVID, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
- Les 6 effets secondaires de la colère — Psychologie.com
- L’agacement, quels sont les effets toxiques de cette émotion — PasseportSanté
- L’intelligence émotionnelle — Institut de psychologie positive appliquée
- Colère : les 5 méfaits sur la santé lorsque vous sortez de vos gonds — Corps&Santé
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