Le cytomégalovirus (CMV) est un virus herpétique très présent dans nos sociétés industrialisées. On estime que 50 % de la population a été en contact avec la maladie. Si dans la majorité des cas cette infection est bénigne, contracter le cytomégalovirus pendant la grossesse constitue un danger pour le fœtus. Actuellement, son dépistage en début de gestation n’est pas systématique, et c’est pour cela qu’il faut un travail de prévention. Le but de cet article est de sensibiliser les familles et spécifiquement les femmes enceintes à ce virus. À travers ce texte, vous allez découvrir les conséquences du CMV durant la grossesse, comprendre l’importance de se faire diagnostiquer en début de grossesse et vous informer des retombées éventuelles sur le fœtus. Toutes ces étapes sont indispensables pour limiter la transmission du virus et vivre une période gestationnelle plus sereine.

1. Qu’est-ce que le cytomégalovirus pendant la grossesse ?

Le CMV est un virus de la famille des Herpès, similaire au bouton de fièvre, varicelle ou herpès génital. Dans la majorité des cas, cette infection est bénigne et ne constitue pas de réels dangers pour la personne contaminée. Cependant, le cytomégalovirus devient à risque dans 3 situations :

  • pour les malades chroniques avec baisse du système immunitaire ;
  • pour les personnes sous traitement médicamenteux lourd ;
  • pour la femme enceinte.

Le CMV est un virus très contagieux, mais peu résistant en milieu naturel. La chaleur, le savon, les désinfectants suffisent à le détruire.

2. Quel est le mode de transmission du CMV ?

La transmission de ce virus se fait essentiellement par les sécrétions naturelles. C’est à travers la salive, les sécrétions nasales et vaginales, le sperme, le sang, le lait maternel, les larmes et les éternuements que vous pouvez être contaminée. On estime qu’une femme sur deux a été en contact avec le CMV. Ce virus étant herpétique, il est dormant, il peut alors se réactiver. Avoir eu le CMV ne constitue pas une immunité définitive. Il est donc important de comprendre son fonctionnement pour limiter sa contamination.

Le plus souvent, le virus est transmis par les enfants en bas âge, c’est-à-dire de moins de 3 ans, et plus particulièrement ceux faisant partie d’une collectivité. Pour une femme enceinte et son conjoint, ayant des enfants très jeunes, il est indispensable de prendre des mesures préventives contre l’infection.

3 points sont à respecter :

  • Se laver les mains souvent et surtout après avoir fait les soins des enfants.
  • Porter des gants voire un masque pendant le change.
  • Éviter le contact avec la salive de l’enfant (pas de bisous sur la bouche, pas de partage de cuillère…).

En suivant ces mesures préventives consciencieusement, vous pourrez préparer l’arrivée de bébé en toute sérénité.

3. Quelles sont les conséquences d’une contamination au CMV sur le fœtus ?

Contracter le cytomégalovirus pendant la grossesse, surtout durant le premier trimestre, peut s’avérer dangereux pour l’enfant à naître. Si la contamination de la mère à l’enfant n’est pas systématique, on estime que 40 % des bébés seront infectés par le virus ayant passé la barrière placentaire. Sur la base de ce pourcentage, 80 % des enfants n’auront aucune séquelle et auront une vie normale. Dans 10 % des cas, les fœtus auront de graves malformations, (hydrocéphalie, microcéphalie, calcification intracrânienne, anomalies de la giration du cortex…) qui mèneront à envisager l’interruption médicale de grossesse (IMG). Enfin, 10 % n’auront pas de conséquences visibles à la naissance, mais développeront des troubles au cours des 7 premières années de leur vie (le plus souvent une surdité).

Fort heureusement, dans la plupart des cas, le virus sera sans conséquence sur les enfants. Il est cependant important de ne pas négliger le petit pourcentage de parents qui seront confrontés à la perte de leur bébé.

4. Pourquoi le dépistage du cytomégalovirus est indispensable pour une bonne prise en charge obstétrique ?

Après une sérologie montrant une infection au CMV durant le premier trimestre de la grossesse, le suivi gestationnel se fait dans un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. Le protocole est très encadré et mène à une prise en charge globale, permettant à la mère de suivre l’évolution de l’état de santé de son enfant.

Quel est le suivi durant la grossesse ?

De nombreuses échographies sont réalisées, plus que pour une grossesse normale. Un traitement antiviral est donné aux mères pour essayer de réduire la charge de transmission du virus. Une étude israélienne prouve que, sur un groupe de femmes qui reçoit le médicament, le taux de transmission est de 11 %, contre 28 % pour les femmes à qui l’on administre le placebo.

Suite à cela, une amniocentèse est proposée au cours du deuxième trimestre de la grossesse pour voir si le virus a passé la barrière placentaire. Dans certains cas, une ponction de sang fœtale via le cordon ombilical sera ajoutée pour vérifier le taux de contamination.

Enfin, une IRM, proposée au cours du troisième trimestre, pose le diagnostic final en évaluant les éventuelles atteintes cérébrales du fœtus.

Quel est le suivi après la naissance ?

Une fois toutes ces étapes passées, si le développement du fœtus est normal du début à la fin de la grossesse, les risques de handicaps majeurs sont atténués et le pronostic est engageant. Restent cependant les risques de surdité ou de retard de développement moteur qui ne seront visibles qu’après la naissance ou quelques années plus tard. Le suivi d’un enfant ayant été atteint par le CMV au cours de la grossesse se fait sur les 7 années suivant sa naissance.

Le soutien est important lorsque l’on vit une grossesse difficile, l’association Chanter Marcher Vivre est entièrement dédiée au CMV.

5. Pourquoi le témoignage est important pour lutter contre CMV ?

Encore trop peu de femmes ont connaissance de ce virus. Un début de grossesse est déjà compliqué, beaucoup de femmes vivant dans la peur de la fausse couche. Nous l’avons vu, le dépistage n’est pas systématique et les médecins ne le proposent pas toujours. Dans la plupart des cas, les enfants ayant été contaminés durant la grossesse s’en sortent indemnes. Il reste cependant un pourcentage non négligeable d’enfants présentant des handicaps variés. On estime qu’un meilleur dépistage permettrait de réduire les risques de séquelles dues à ce virus. Le témoignage de femmes ayant été confrontées à cette maladie est une étape importante dans la lutte contre le CMV.

« Nous avons découvert ma séroconversion au CMV lors de mes analyses de début de grossesse. J’avais moi-même demandé le dépistage étant au courant des risques liés à mon aîné gardé en crèche.

Le biologiste m’a orientée vers un service de diagnostic anténatal ce qui nous a permis d’avoir une prise en charge adaptée durant toute ma grossesse. Nous avons eu une échographie tous les mois, une amniocentèse et une IRM fœtale pour surveiller bébé.

Malheureusement pour nous, le virus a été transmis à notre fils et l’IRM fœtale a révélé de très lourdes lésions cérébrales. Nous avons donc choisi de laisser s’envoler notre petit ange pour lui éviter une vie de souffrance.

Mais dans notre drame, je suis heureuse d’avoir été dépistée et d’avoir pu choisir ce qui nous paraissait le mieux pour notre fils. 

Clarence est né sans vie le 4 mars 2020, mais il vit et brille intensément dans nos cœurs.» Cyrielle D.

▶️ Quelle que soit la grossesse que vous avez vécue, je vous invite à lire cet article pour vous préparer à un post-partum plus serein.

Vivre une grossesse sereine, sans embûche, est le souhait de toute famille attendant un heureux événement. Dans le cas d’une infection au CMV, la grossesse sera plus complexe, car elle se passe dans une certaine angoisse jusqu’à la naissance de l’enfant. Il n’est d’ailleurs pas rare que certaines femmes souffrent après la naissance de dépression post-partum, le corps relâchant la pression de ces 9 mois difficiles. Osez exiger le dépistage du CMV en début de grossesse, lors de la première prise de sang. Il ne vous sera pas forcément proposé, alors mieux vaut prévenir que guérir !

▶️ Vous avez été confronté à cette maladie durant votre grossesse ? Partagez votre expérience en commentaire.

 


Professeur Olivier Picone, grand spécialiste des maladies infectieuses durant la grossesse.

 

Sources :

Larevuedupraticien : Infection par le cytomégalovirus chez la femme enceinte

Cairn : Diagnostic, pronostic et prise en charge de l’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV) pendant la grossesse

Vidal : Infection à cytomégalovirus (CMV)

CHUV :Suivi des enfants infectés par le cytomégalovirus après la naissance

 

Solenne Devriese, pour e-writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web pour FRW.

Article relu par Andrée Halçaren, tutrice de formation chez FRW.