Le saviez-vous ? En cas d’accident de la route, mieux vaut être un homme qu’une femme. Conformément aux législations en vigueur, les véhicules sont en effet essentiellement conçus pour la sécurité d’un occupant type, de morphologie masculine. Cette lacune, l’ingénieure Astrid Linder compte bien y remédier. Depuis fin 2022, avec l’Institut suédois de recherches sur la sécurité des transports (VIT), elle teste un nouveau modèle de mannequin d’essai de choc féminin. Une bonne nouvelle pour toutes les conductrices et passagères !
Les femmes sont plus exposées que les hommes en cas d’accident de la route
En 2022, en France, les hommes représentent 78 % des tués et 75 % des blessés graves sur la route. Pourtant, ce sont les femmes qui, en cas de choc, encourent le plus de risques à l’intérieur d’une voiture. Si de nombreuses innovations automobiles participent à réduire les écarts, les disparités de genre sont encore réelles en matière de sécurité routière.
Selon une étude américaine de 2019, lors d’une collision frontale, les représentantes de la gent féminine sont exposées à des menaces de blessures 73 % plus élevées. En cas d’accident de la circulation, ces messieurs sont, quant à eux, 17 % moins susceptibles de mourir. Pourquoi un tel décalage ? À cause de la conception des véhicules !
Depuis les années 70, les mannequins utilisés pour l’homologation des voitures présentent des caractéristiques masculines. D’une masse de 77 kg et d’une hauteur de 1,77 m, ils constituent la norme utilisée par les constructeurs pour l’élaboration des équipements de sécurité. Or, de nos jours, 49 % des conducteurs sont des conductrices, avec des spécificités physiologiques propres qui les exposent à des risques spécifiques. Leur taille, par exemple, en les obligeant à se rapprocher du volant, les rend plus vulnérables aux traumatismes thoraciques, abdominaux et crâniens.
Des voitures plus sûres pour les femmes grâce à un nouveau mannequin féminin de crash-test
C’est à l’ingénieure suédoise Astrid Linder que l’on doit le premier modèle de mannequin crash-test féminin. D’une carrure de 1,62 m pour 62 kg, le prototype SET 50 F, ou plus simplement EVA, est représentatif d’une femme type. Il est doté d’une poitrine mais également de hanches plus larges et d’épaules plus étroites que ses homologues masculins. Son cou est plus flexible car les muscles cervicaux des usagères de la route sont davantage sensibles au « coup du lapin ». Créé afin de mieux évaluer les risques qu’encourent les femmes sur la route, il a pour objectif de concevoir des véhicules plus sûrs, pour tous.
Volvo, l’un des rares constructeurs automobiles à utiliser des mannequins féminins lors de ses essais, commercialise déjà des voitures aux caractéristiques plus inclusives. Celles-ci présentent ainsi :
- des appui-têtes renforcés et des sièges intelligents pour limiter les atteintes cervicales lors des chocs arrières ;
- une structure en acier extrêmement résistante et des airbags latéraux qui réduisent considérablement les lésions graves de l’abdomen et les blessures à la tête ;
- des ceintures de sécurité performantes et adaptées à tous, y compris aux futures mamans.
Aucune législation n’impose encore l’utilisation d’un mannequin féminin de crash-test pour l’homologation des véhicules. La sécurité des femmes reste donc encore tributaire du bon vouloir des fabricants de voitures. Mais Astrid Linder ne compte pas s’arrêter là et espère pouvoir développer et diffuser de nouveaux prototypes, contribuant ainsi à faire évoluer les mentalités.
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Sources principales :
National Highway Traffic Safety Administration. Female Crash Fatality Risk Relative to Males for Similar Impacts, août 2022
Observatoire national interministériel de la sécurité routière. Bilan 2022 de la sécurité routière
Volvo. L’initiative E.V.A. Les voitures doivent garantir la sécurité de tous
BBC. Accidents de la route: le mannequin destiné à protéger les femmes au volant
Crédit photo : Senivpetro, Freepik
Claire LALOY, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.