Barbouillage, dessin confus, peu soigné, bâclé… les gribouillis sont souvent vus d’un mauvais œil. Pourtant, les bienfaits du gribouillage sont aujourd’hui démontrés, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Et si quelques traits griffonnés quotidiennement suffisaient à doper sa mémoire, développer son imagination, se détendre ou exprimer ses émotions ? Découvrez les vertus du dessin intuitif à travers trois pratiques créatives. À vos crayons !

1 – Le doodling ou comment mémoriser en gribouillant

En anglais, le mot doodle signifie « gribouillage » ou « griffonnage ». Il désigne ces graffitis inconscients que vous avez tous faits un jour en écoutant un cours ou pendant une réunion.

Rappelez-vous, vous étiez au téléphone. Sans même vous en rendre compte vous avez tracé une ligne sur votre carnet de notes, puis un carré, un smiley, une petite fleur.  À la fin de votre conversation, la page était remplie d’un mélange d’esquisses abstraites ou figuratives sans aucun sens. Vous avez fait du doodling. Un geste pas si anodin si l’on en croit les différentes études menées par des professeurs de philosophie comme Jesse J. Prinz ou Jackie Andrade.

Les avantages du doodling : mémoire et concentration

Les résultats de leurs travaux respectifs montrent que faire du gribouillage nous mettrait dans un état d’« écoute absolue », propre à améliorer notre attention. Griffonner nous aiderait à nous concentrer en nous empêchant de tomber dans la rêverie au lieu d’écouter.

Jean-Philippe Lachaux est directeur de recherche au CNRS. Il explique : « les zones du cerveau engagées pour dessiner ne sont pas les mêmes que celles sollicitées lors de l’écoute attentive d’un discours ». En canalisant le « vagabondage de l’esprit », crayonner permet d’éviter de penser à la préparation du dîner au beau milieu d’une conférence.

À l’opposé des clichés le présentant comme une preuve d’inattention, le gribouillage faciliterait ainsi l’assimilation et la mémorisation de concepts abstraits, en les schématisant de façon instinctive.

En 2011, Sunni Brown, auteure de The Doodle Revolution et papesse du sketchnote, déclarait lors d’une conférence TED Talk :

« Nous pensons que nous gribouillons lorsque nous sommes déconcentrés, mais au contraire, c’est une mesure préventive pour nous en empêcher. Le gribouillage n’a jamais été le pire ennemi de la pensée intellectuelle, en réalité, il est l’un de ses meilleurs alliés ».

En clair, la prochaine fois que vous assistez à une réunion qui s’éternise, gribouillez pour aider votre cerveau à rester focalisé. Vous suivez des cours de rédaction web en ligne ? Facilitez votre apprentissage grâce à quelques pictogrammes ébauchés sur votre carnet de notes ! Pratiqué régulièrement, le doodling transformera vos méthodes de travail.

Lire aussi notre article Comment travailler sa mémoire avec 3 astuces super efficaces ?

Du doodling au doodle art

Saviez-vous que le gribouillage était aussi une activité artistique adoptée par les plus grands maîtres ? Léonard de Vinci lui-même s’y adonnait pour se libérer des contraintes du dessin appelé plus tard « académique ». Certains en ont même fait un style personnel, élevant le doodling au rang d’art à part entière.

C’est le cas de l’anglais Sam Cox, alias Mr Doodle, dont l’univers artistique, nommé doodleLand iconique, est peuplé de motifs en noir et blanc. Il s’inspire, dit-il, de Keith Haring, artiste américain célèbre considéré comme l’inventeur du doodle art.

Comment faire du doodle art ?

Munissez-vous d’une feuille de papier et d’un stylo : un feutre, un crayon de couleur ou à bille etc. Tout ce qui fait des marques fonctionne ! Une fois plus à l’aise avec la technique, vous pourrez vous lancer sur d’autres supports, comme des meubles, voire vos murs !

Nul besoin d’être un dessinateur averti. Commencez par des formes basiques : lignes, cercles, étoiles… bref, ce qui vous vient à l’esprit. Reproduisez-les ensuite de façon aléatoire, sans trop réfléchir, jusqu’à remplir toute la surface de votre support.

 

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La tour Keith Haring de l’Hôpital Necker à Paris

2 – Le scribbling pour développer son intuition en dessinant

Traduit lui aussi en français par « gribouillage », le terme scribbling désigne un mode de dessin bien particulier,  autre que le doodling. Il s’apparente au line art à la différence qu’ici, le tracé est aléatoire. Cette façon amusante de s’entraîner au croquis s’adresse à toutes les personnes créatives, qu’elles soient ou non initiées à l’art pictural. On peut également le comparer au dessin automatique, car il permet le lâcher-prise.

Si certains artistes comme le talentueux Vince Low s’en servent pour croquer un modèle défini, le scribbling reste une excellente méthode de dessin intuitif. En effet, son but n’est pas de réaliser des figures parfaites, mais de stimuler l’imaginaire. D’un gribouillis de départ naît une ébauche, une forme, une idée qui va servir de base à l’ensemble de l’œuvre.

Les vertus du scribbling art : intuition et imagination

L’habitude du scribbling éveille la créativité et peut même débloquer le syndrome de la page blanche. Lorsque vous gribouillez, votre esprit vagabonde, laissant libre cours à votre imagination. Miroir de l’inconscient, le geste intuitif agit comme un exutoire. Il fait revivre votre âme d’enfant, y puisant des idées nouvelles. Ainsi, griffonner développe la spontanéité.

Margaret Naumburg, psychologue et pionnière de l’art-thérapie l’utilisait déjà comme média dans les années 30. Vingt ans plus tard, le pédiatre Donald Winnicott envisage les gribouillis comme médiation thérapeutique non verbale avec les enfants.

Comment faire du scribbling ?

Le scribbling se pratique généralement avec un stylo bille, mais il n’y a aucune règle absolue. N’importe quel outil peut faire l’affaire : fusain, pastel et même peinture. Pensez aussi au buvard pour absorber le trop-plein d’encre. Cela évitera les taches sur votre main !

  1. Sur le papier, déterminez le point de départ de votre dessin. Sans soulever votre crayon, tracez une ligne continue en alternant les gestes. Grandes courbes, lignes droites, zigzags, etc.
  2. Laissez le crayon parcourir machinalement la feuille, sans réfléchir.
  3. Observez et laissez-vous inspirer par les formes qui apparaissent, comme si vous scrutiez le ciel à la recherche d’une paréidolie. (Cette illusion d’optique qui nous fait distinguer des figures dans les nuages).
  4. Lorsqu’une image se dessine, créez des ombres en noircissant certaines zones de gribouillis plus denses.

En faisant la part belle à l’improvisation, en éliminant la notion de performance, le scribbling crée un cercle vertueux. Avec l’expérience, votre geste deviendra de plus en plus assuré, vous donnant davantage confiance en vous. Et vos dessins seront de plus en plus réussis !

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Dessin réalisé selon la méthode du scribbling – ©Gwénolée Seillier

3 – Les bienfaits du gribouillage à travers le Zentangle®

« Vous êtes sur le point de vous lancer dans un merveilleux et magnifique voyage créatif ! » peut-on lire sur la page d’accueil du site officiel du Zentangle®.

Depuis sa création par le couple d’artistes américains Maria Thomas et Rick Roberts, le Zentangle® fait des émules sur la Toile. On peut voir ces petites tuiles hypnotiques remplies de broderies aléatoires fleurir un peu partout, notamment sur Pinterest. Cela n’est pas surprenant quand on sait que cette technique facile développe la concentration, apaise l’esprit et améliore la dextérité. Pratiqué le soir, le Zentangle® libèrerait même des insomnies.

Derrière ce drôle de nom se cache en effet une technique de création relaxante (zen) consistant à dessiner des enchevêtrements (tangle).

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Éditions Trinity dans Der Scorpio CC BY-SA 3.0 – Wikimedia Commons

Pourquoi ça marche ?

La méthode fonctionne, car elle est simple à apprendre, amusante et elle cultive la créativité. Le Zentangle® ne demande aucune maîtrise du dessin. Spontané et abstrait, il stimule vos capacités créatives, mais ce n’est pas tout. Son intérêt réside aussi dans son effet anti-stress. Équivalent à une séance de méditation, il offre un moment à soi, une respiration, un espace personnel et intime.

Ses vertus émotionnelles et cognitives sont nombreuses :

  • il accroît la concentration ;
  • il réveille l’imagination ;
  • il exerce le cerveau ;
  • il favorise une sensation de plénitude et de satisfaction.

Se relaxer avec la méditation artistique Zentangle®

Vous êtes certain de ne pas savoir dessiner ? Suivez le guide et goûtez à la satisfaction d’avoir réalisé quelque chose de beau.

  1. Prenez un carré de papier de qualité (type bristol), de 9 cm de côté, un feutre noir fin et installez-vous confortablement. Respirez.
  2. Placez un petit point dans chaque coin, à distance des bords (environ la largeur d’un crayon).
  3. Délimitez votre zone de travail en reliant ces points. traits droits, ondulations, zigzags… tout est permis.
  4. À l’intérieur du cadre formé, tracez des lignes au feutre fin pour séparer votre tuile en plusieurs sections. Vous y dessinerez vos enchevêtrements, cercles, tourbillons, etc.
  5. Figurez des motifs décoratifs à l’intérieur de chaque carreau, sans vous soucier du résultat final. Concentrez-vous seulement sur le trait.
  6. En dessinant, faites pivoter votre tuile au gré de votre inspiration. Votre Zentangle® n’a pas de sens de lecture.
  7. Apportez du contraste et de la dimension en ajoutant des ombres avec un crayon graphite.
  8. Signez votre œuvre de vos initiales. Ou alors, créez un monogramme que vous apposerez sur toutes vos créations à venir. Au dos, écrivez votre nom, la date et vos observations.
  9. Admirez !

Vous avez aimé gribouiller ? Testez d’autres techniques pour bénéficier des bienfaits du gribouillage. Le dot painting par exemple, à la manière de Sylvie Di Palma, le mark making ou encore le très épuré line art. Sans oublier le coloriage pour adultes, dont vous trouverez les supports un peu partout dans le commerce.

Essayez aussi l’art du kinstugi ou commencez un art journal.

Sources :

Le temps, Les bienfaits du gribouillage, octobre 2017

Affaires universitaires

amylee.fr

Gwénolée Seillier pour E-writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW

Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW