L’art contemporain, le comprendre pour l’apprécier

Pour apprendre à aimer l’art contemporain, il faut accepter qu’une œuvre nous dérange. Depuis que la photo est là pour témoigner du monde visible, l’art moderne n’a plus besoin de représenter la réalité. La démarche de l’artiste contemporain n’est pas une simple recherche  esthétique, il cherche à faire passer un message. Il peut l’exprimer avec des matériaux de récupération, des matériaux du quotidien, comme des papiers imprimés et des gravats ou avec des techniques industrielles. Les chemins de la création sont mystérieux. Il faut dire que, de tout temps, l’art a su soulever des polémiques et faire scandale.

Connaître différents courants de l’art moderne

Au cours du XXe siècle, différents courants artistiques se sont exprimés, cubisme, futurisme, surréalisme… À partir des années 60, arrive le pop art, en même temps que la société de consommation. Pop art, street art, art numérique, design… Voyons quels sont les plus connus.

L’art contemporain démarre avec le Pop Art : populaire et commercial

Dans les années 60, Andy Warhol  multiplie le portrait de célébrités comme Marilyn Monroe ou Liz Taylor. Que veut-il dire ? Pour lui, les supermarchés sont les musées des temps modernes avec leurs produits fabriqués industriellement. Quand il reproduit en sérigraphie le portrait d’une célébrité ou bien des boîtes de conserve alignées, en couleurs improbables, c’est une démarche créative. Il a commencé sa carrière comme dessinateur publicitaire et développé sa technique. Le monde entier reconnaît une toile d’Andy Warhol !

Le street art fait passer des messages dans l’espace public

Le travail d’Ernest Pignon-Ernest, brillant dessinateur, est plus subtil. Il veut interpeler le spectateur. Au carrefour entre l’art classique et le street art, il choisit les façades sur lesquelles il s’exprime pour dénoncer toutes les misères humaines et sociales. 

Ses oeuvres mettent en scène des personnages en situation critique affichés à l’endroit précis où leur présence va choquer le spectateur : migrants entassés dans des sous-sols lépreux, familles expulsées avec leurs valises, sur le mur d’une maison démolie… 

Banksy et JR, des stars du street art d’aujourd’hui

Banksy et JR sont des street artistes très médiatiques, leur arme favorite, c’est la provocation. Tout comme Ernest Pignon-Ernest, ils choisissent les murs sur lesquels ils posent leur travail de manière à faire écho à leur message. JR réalise des commandes, il soigne son image médiatique quand Banksy cultive l’anonymat et la clandestinité. Personne ne connaît ni son nom, ni son visage. Récemment, son action a changé de dimension. En partenariat avec d’autres artistes, il a cédé des œuvres pour une vente aux enchères caritative et humanitaire au profit du Secours populaire. Sortant alors de son cadre de niche, l’art contemporain prend une dimension humanitaire et éthique.

Art numérique, la révolution technologique

Les nouvelles technologies confrontent les défenseurs de la main savante et les virtuoses des machines actuelles. Depuis les années 1970, artistes et informaticiens ont créé des œuvres d’art générées par ordinateur. Le phénomène s’est amplifié avec l’avènement du web. Au XXIe siècle avec le boom des NFT, (Non fungible tokens), l’art devient virtuel. Le résultat peut être esthétique, décoratif, mais, technologie ou pas, c’est toujours la pensée de l’artiste qui produit l’œuvre. 

 👉 Mieux comprendre les NFT ?

Être à l’écoute de ses sens pour apprendre à aimer l’art contemporain

Une œuvre exposée dans une galerie ou un musée est le résultat d’une démarche intellectuelle qui ne se dévoile pas d’emblée. Comment comprendre une œuvre qui nous laisse perplexe ? 

Quelques conseils pour appréhender une œuvre énigmatique

Commençons par regarder, l’esprit ouvert. Admettons que la recherche esthétique n’est pas la finalité, décrivons l’œuvre avec objectivité :

• Que voit-on ? 
• Quels sont les matériaux, les formes, les couleurs ?
• Que nous dit notre intuition ? 
• Quel peut être le message de l’artiste ?

 L’artiste contemporain cherche à susciter une prise de conscience et pour ça il utilise volontiers la provocation. Pour en savoir plus, il ne faut pas hésiter à échanger avec le galeriste qui sera ravi de parler de ce qu’il expose. L’art délie les langues !

Découvrir des œuvres contemporaines d’autres cultures

Voilà des œuvres puissantes qui interpellent le spectateur : les somptueuses tentures XXL d’El Anatsui, fabriquées patiemment avec des papiers de bonbons, capsules de bouteilles ou boîtes de conserve assemblés, allusion aux détritus qui nous submergent. Le résultat final est éblouissant. Son travail est exposé dans le monde entier. 

Celui de Barthélémy Toguo raconte les migrations des candidats à une vie meilleure. Il entasse dans un bateau naviguant sur une mer de bouteilles, des ballots de pagnes multicolores. Le travail de ces 2 artistes qui font travailler leur communauté rend hommage aux arts populaires modestes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Admettre qu’un objet banal puisse être une œuvre d’art

Au début du XXe siècle, le mouvement Dada, précurseur de l’art contemporain, avait déjà suscité l’indignation quand Marcel Duchamp avait exposé un urinoir à l’envers intitulé Fontaine. “C’est le regardeur qui fait l’œuvre” disait-il, un brin provocateur. On peut rester sceptique, mais cet objet a néanmoins traversé le siècle et reste une référence. “En art, l’impertinence est partout” disait Albert Einstein.

Pour ou contre l’art contemporain, les controverses s’affrontent

Les professionnels de l’art contemporain réagissent :

• “Quand on se prend au jeu, on comprend qu’on peut faire des figures avec autre chose qu’un pinceau et de la couleur” déclare Mathieu Mercier, artiste plasticien et lauréat du Prix Marcel Duchamp* en 2003.
• “N’importe quel objet ennuyeux ou insipide peut être présenté comme artistique à travers la rhétorique du marketing culturel… Le discours d’un artiste sur son travail a presque plus d’importance que le travail lui-même” déplore Stéphane Corréard, galeriste.
• ”Pour que ce soit considéré comme de l’art, il faut que ce soit adoubé par le milieu, la beauté n’est pas ce qu’on attend en priorité… On espère surtout d’une œuvre qu’elle nous questionne“ affirme Elisabeth Couturier, critique d’art.

*Le prix Marcel Duchamp, doté de 35 000 €, récompense la richesse artistique de la scène française.

Regardons autrement | le design aussi

Steve Jobbs, créateur d’Apple, qui n’est pas un artiste mais un ingénieur informaticien génialement créatif  invitait : “Think différent” (pensez différemment) pour changer son regard et voir les choses autrement. Il a créé des machines parmi les plus innovantes du marché en misant sur leur design.

Voyager à la découverte de l’art contemporain pour l’apprécier

Les musées et galeries d’art contemporain sont souvent des espaces spectaculaires. C’est l’une de ses qualités, il est vivant, et présenté dans des lieux “à sa dé-mesure”.  Découvrez quelques exemples de lieux éblouissants.

Le musée Guggenheim de Bilbao, au Pays basque espagnol

C’est un écrin somptueux pour découvrir des œuvres marquantes. Le bâtiment, indescriptiblement futuriste, sous sa carapace de titane, a été conçu par Frank Gehry, architecte canadien, il a ouvert en 1997. Comme un diamant, il a revitalisé toute la ville après la désindustrialisation qui l’avait laissée ruinée. On y voit des créations magistrales réalisées in-situ pour le musée : La matière du temps, de Richard Serra, sculpteur américain disparu en 2024, une série de 8 sculptures monumentales en plaques d’acier Corten cintrées qui trône dans une salle de plus de 120 mètres de long, ou encore Truism, une installation de colonnes verticales parcourues de messages lumineux, de Jenny Holzer, brillantissime ! Au-delà du musée, la ville et sa région, d’une authenticité remarquable, méritent aussi le détour. Et que dire de cette précieuse culture des bars à tapas ? Elle dispose de tous les atouts pour vous apprendre à aimer l’art contemporain, en sortant du musée !

La biennale de Venise, explorer les secrets de la Sérénissime

Depuis 130 ans, la biennale d’art contemporain s’installe à Venise de mai à novembre, en alternance avec la biennale d’architecture. Une soixantaine de pays participe à cet événement. À cette occasion, les palais ouvrent leurs portes aux artistes qui les investissent ainsi que les Giardini, l’Arsenale et les différents sestiere de la ville. Une occasion rêvée de découvrir ces endroits somptueux, habituellement fermés au public. C’est une fenêtre ouverte sur les créations d’artistes venus de pays comme l’Ouzbékistan ou l’Uruguay. Il y a un charme indéniable à aller d’un palais à l’autre en vaporetto, ou en gondole, tout comme discuter des expositions en dégustant un spritz au bord du canal de la Giudecca au soleil couchant, cela peut aider à comprendre l’art contemporain. 

Pour découvrir Venise autrement, c’est ici 👉

Il y a mille et un chemins pour apprendre à aimer l’art contemporain, l’investir, s’y plonger, s’étonner, mais aussi s’étrangler ou s’indigner. On peut passer par une voie aimable comme un séjour touristique enchanteur où l’on est porté par l’enthousiasme. Mais ça peut tout aussi bien être une confrontation exaspérante dont on ressort blasé…

On n’est jamais obligé non plus d’apprécier tout et son contraire, soyons curieux et ouvert mais gardons l’esprit critique et prenons du recul ! 

Sources : pignon-ernest.com – museebanksy.fr – jr-art.net/fr – http://studioProcess/Art21 – histoire-immigration.fr – museumtv.art

Catherine Schroeder, pour e-writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW