Imaginez-vous bâillonné à vie… Certains enfants ou adultes, du fait notamment de leur handicap, ne parviennent pas à accéder au langage oral. Communiquer relève pourtant de l’essentiel pour échanger avec ses pairs ! La Communication Alternative et Améliorée se présente comme un ensemble de solutions au besoin de s’exprimer. Des outils et stratégies donnent une voix à ceux privés de l’usage de la parole. L’inclusion progresse grâce au Makaton, mélange de signes et pictogrammes, et aux technologies avancées. Le physicien Stephen Hawking est sûrement l’utilisateur le plus connu. Mais vous allez apprendre, tel monsieur Jourdain avec la prose, que vous aussi, vous pratiquez la CAA !
La définition de la Communication Alternative et Améliorée, l’aide pour les individus non-oralisants
La Communication
Voici comment le dictionnaire Le Robert la définit : « Le fait d’établir une relation avec quelqu’un, quelque chose ». La communication, sous toutes ses formes, appartient au cœur de l’interaction humaine. Elle commence d’ailleurs dès la naissance avec les pleurs du bébé !
Elle nécessite donc un émetteur et un récepteur pour transmettre un message, quel qu’il soit. Nous échangeons pour des raisons très variées : informer, créer des liens sociaux, partager ses émotions, annoncer un accord ou une opposition, plaisanter, questionner, par simple politesse parfois, etc.
Une bonne communication avec son entourage se travaille et repose sur quatre paramètres :
- Nos capacités : en cas d’extinction de voix, l’écriture ou la gestuelle est privilégiée.
- L’environnement : impossible de discuter de vive voix dans un contexte trop bruyant.
- Notre interlocuteur : nous envoyons un message écrit s’il est à distance, nous ajustons notre langage selon à qui nous nous adressons.
- Les mœurs acceptées : croiser les doigts au Vietnam représente une offense, et non un souhait de chance !
Alternative et Améliorée
Lorsque la parole se retrouve entravée, la Communication Alternative et Améliorée, appelée également Augmentée, entre en jeu ! De nombreux profils nécessitent des solutions en raison de handicaps physiques ou de complications médicales. Les TSA (Troubles du Spectre de l’Autisme), des syndromes génétiques ou la paralysie cérébrale par exemple touchent des citoyens de tout âge.
D’autres investissent des dispositifs spécifiques à la suite d’accidents de la vie plus ou moins permanents. Cela peut être entre autres l’apparition d’une maladie neurodégénérative comme Parkinson, une trachéotomie ou encore un AVC (Accident Vasculaire Cérébral). D’après une étude, la part de la population concernée atteint 0,5 %.
Vous l’aurez compris, dès que la production de paroles demeure ou devient trop difficile, des outils et stratégies permettent de compenser ce handicap. La CAA remplace le langage parlé (Alternative) et l’enrichit s’il est restreint (Améliorée/Augmentée).
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L’importance d’un accès au langage pour les enfants et adultes en situation de handicap
Imaginez-vous en incapacité totale de communiquer… Même vos clins d’œil ne porteraient pas à interprétation. Par conséquent, vous vivriez dans l’impossibilité d’acquiescer ou d’exprimer un refus, et encore moins d’indiquer ce que vous pensez.
Les impacts affecteraient votre quotidien dans tous les domaines. Et surtout, votre libre arbitre serait réduit à néant ! Or la dépendance physique est à dissocier de l’autonomie. Les usagers de la Communication Alternative et Améliorée le prouvent. Donner une voix à ceux qui en sont dénués signifie respecter l’humain et se projeter au-delà de ses troubles, le considérer pour ce qu’il est réellement : un individu à part entière.
Lors de la 6e Conférence Nationale du Handicap, Philippe Aubert a témoigné en ce sens. Cet utilisateur de CAA porte de multiples casquettes : membre du CNCPH (Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées), sociologue, chercheur, auteur et formateur ! Voici sa déclaration du 26 avril 2023 :
« Cette forme de communication est un besoin vital […] C’est un tremplin indispensable vers la pleine citoyenneté à la fois politique, sociale et professionnelle. […] Un puissant moyen d’agir, c’est parler pour exister. »
S’exprimer constitue un droit humain fondamental et essentiel. Le 13 décembre 2006, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la CDPH (Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées). Son deuxième article insiste sur l’obligation de la communication pour accéder à l’inclusion.
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Les différents outils d’expression pour le public à besoins complexes de communication
Un éventail de dispositifs existe pour ouvrir le champ des possibles. Alors, comment choisir un outil de communication alternative et mettre en place la CAA ? Les orthophonistes et ergothérapeutes formés conseillent en prenant en compte les capacités et besoins de chaque patient.
No tech
Une partie de la Communication Alternative et Améliorée ne requiert aucun équipement comme son nom « No tech » l’indique. L’ensemble des indices corporels tels que les attitudes, traits du visage et regards en disent déjà long. Tout le monde se sert donc de la CAA pour décrypter des messages physiques !
Des vocalises et des intonations peuvent avoir un sens. Les proches de l’émetteur sauront les traduire à la manière des premiers mots imprécis prononcés par un bébé. Si d’ailleurs les gestes pour les tout-petits se développent, la LSF (Langue des Signes Française) et le Makaton (forme différente de vocabulaire par mouvements) sont utilisés auprès du public non-oralisant.
Low Tech
Le Low Tech comporte des supports papier simples. Si écrire avec un stylo incarne le plus courant, les patients sont souvent en incapacité de tracer des lettres. Les symboles graphiques représentent une option intéressante.
Le PODD, classeur de communication, contient des pictogrammes organisés par catégorie. Chaque case correspond à un mot ou expression. Ce système permet de faire des phrases complètes et d’enrichir le vocabulaire ! Des TLA (Tableaux de Langage Assisté) se limitent à une feuille sur un thème en particulier.
Les utilisateurs pointent du poing à défaut du doigt, des yeux ou à l’aide d’une licorne (tige installée sur la tête) : on parle alors d’accès direct. Thomas Pesquet montre l’exemple en octobre 2022 avec ce TLA, dans des conditions très insolites !
Thomas Pesquet lors du challenge du mois international de la CAA – Source Isaac Francophone
Mid et High tech
Pour une minorité, le polyhandicap restreint excessivement les facultés de bouger. Différents moyens existent avec un défilement à valider par un contacteur par exemple, une sorte d’interrupteur. D’autres boutons diffusent des phrases préenregistrées, mais limitent les possibilités d’interaction.
À l’inverse, des technologies très poussées accordent une autonomie et des échanges sans limites. Une commande oculaire pallie les gestes irréalisables pour les citoyens concernés. Elle suit les mouvements du regard au moyen de caméras et permet de piloter un ordinateur à l’aide de logiciels spécifiques. La synthèse vocale génère à l’oral le texte sélectionné. Elles ont fait des progrès depuis Stephen Hawking qui, lui, activait avec ses pouces deux boutons pour choisir des lettres sur écran afin d’écrire.
⏩ Découvrez comment Philippe Aubert communique en vidéo
Maintenant que vous en savez plus sur les possibilités de s’exprimer des citoyens privés de la parole, voici des conseils pour échanger naturellement !
Christine Chaumeil, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction Web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
ISAAC Francophone
CAApables
HappyCap Foundation
Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH)
Étude sur le prévalence des personnes qui pourraient bénéficier de la CAA au Royaume-Uni