Saviez-vous qu’un internaute passe en moyenne 7 heures par jour sur la toile ? En 2022, le rapport de l’agence anglaise GWI précise que 60 % de la population mondiale se connecte quotidiennement. Évidemment, l’accès à Internet est facilité par la multiplication des objets connectés. Au milieu du trafic web en pleine croissance, l’activité digitale d’un utilisateur laisse des traces. C’est ce que l’on appelle l’empreinte numérique. Vous n’avez peut-être pas conscience de votre rôle dans cet espace virtuel. Pourtant, chaque clic impacte l’environnement. Pourquoi le monde connecté est associé à la pollution numérique ? Comment accorder lusage du net avec les enjeux environnementaux ?

L’activité numérique, ça représente quoi exactement ?

Des clics qui laissent des traces

Lorsque vous êtes connectés à Internet, vous en avez un usage très large. Quelques clics suffisent pour répondre à différents besoins de la vie courante. Un internaute peut facilement communiquer, s’informer ou se divertir. Selon les utilisateurs, les activités en ligne se résument aux pratiques numériques suivantes :

  • échange d’e-mails ;
  • recherche d’informations ;
  • utilisation des réseaux sociaux ;
  • achat en ligne sur le e-commerce ;
  • lecture de contenus vidéos streaming ;
  • écoute de musique ou de podcasts ;
  • téléchargement (d’applications, d’images, de fichiers, de supports audio ou vidéo…) ;
  • jeux en ligne.

Les démarches administratives, la prise de rendez-vous médicaux ou encore, le suivi de la scolarité des enfants tendent aussi à se dématérialiser. L’utilisation du streaming pour regarder des films est en constante augmentation depuis le succès de Netflix, Amazon ou Molotov. C’est une façon de consommer internet qui représente plus de 70 % du trafic web.

Le stockage des données

Vous l’aurez compris, votre activité en ligne consomme et produit du contenu impalpable. Ce que vous faites sur le net se traduit par un langage particulier plus connu sous le nom de données numériques. Un rapide inventaire de vos pratiques quotidiennes illustre votre passage évident sur la toile :

  • envoyer un courrier électronique ;
  • remplir un formulaire en ligne ;
  • commenter une publication sur les réseaux sociaux ou poster du contenu ;
  • accepter les cookies pour consulter un site.

Votre adresse IP et vos habitudes de navigation produisent également des informations qui sont stockées dans des centres de données. Les fameux data centers fleurissent partout sur la planète pour collecter ces milliards de données.

La croissance matérielle du numérique

L’accès à Internet est rendu possible grâce au réseau 4G ou à une connexion wi-fi. Sans surprise, le premier écran pour se connecter reste le smartphone, puisqu’il offre un accès facile et souvent illimité. En moyenne, 130 millions de téléphones portables sont vendus dans le monde chaque mois. Les tablettes et les ordinateurs portables font partie des terminaux portables privilégiés par les internautes. Dans les foyers, les objets connectés se multiplient. En France, il n’est pas rare de compter plus de 6 écrans par famille. Dans un monde accro dépendant au web, 9 milliards d’appareils numériques jouent un rôle clé dans l’empreinte numérique.tous les usages d'Internet

Quel est l’impact du digital sur l’environnement ?

On s’accorde tous à dire qu’Internet est un formidable outil dont on ne peut plus se passer. Au même titre qu’une machine à laver dans un foyer, l’accès au numérique est devenu essentiel pour faciliter les échanges. Mais l’utilisation intensive du web n’est pas sans conséquence sur l’environnement.

Les terminaux gourmands en énergie

Le numérique est responsable de la production de 4 % de gaz à effet de serre. Une production qui est directement liée à la consommation d’énergie. Cette consommation est répartie entre :

  • les besoins des utilisateurs ;
  • le réseau internet (câbles sous-marins et raccordement terrestre) ;
  • les datas centers ;
  • la production des équipements.

10 % de la production mondiale d’électricité est absorbée par le numérique, ce qui représente l’énergie fournie par près de 100 réacteurs nucléaires. Si Internet était un pays, il occuperait le troisième rang sur l’échelle des plus gros consommateurs d’électricité. Cette image doit inciter tous les acteurs du monde connecté à s’engager dans le numérique responsable.

 

La pollution numérique directement liée à la production des équipements

L’analyse du cycle de vie d’un appareil numérique montre que l’étape de la fabrication reste la plus polluante. Pour créer un téléphone portable, un ordinateur, un téléviseur, cela implique de puiser dans les ressources naturelles (énergie fossile, eau, minerais, terre rare). Avant même d’utiliser votre smartphone pour la première fois, ses composants ont déjà parcouru l’équivalent de 4 fois le tour de la Terre. Et l’impact sur l’environnement ne se résume pas qu’à une empreinte carbone. Plusieurs millions de tonnes de déchets générés par les équipements numériques usagés ne sont jamais recyclés. Les émissions d’ondes, en constante augmentation avec le tout connecté, soulèvent la question des effets encore méconnus sur la santé.

infographie pollution numérique

Réduire son empreinte numérique, c’est possible ?

Les bons gestes de l’internaute écoresponsable

Pour réduire votre empreinte carbone liée à internet, voici quelques bonnes habitudes à adopter :

  • Utilisez vos équipements numériques jusqu’au bout. Rien ni personne ne vous oblige à changer de smartphone tous les 2 ans ou à acheter une télévision plus grande tant que ces appareils fonctionnent encore. Si la tentation est trop grande, le matériel reconditionné peut être une alternative. En France, le Sénat a adopté une loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique. La volonté de sanctionner les fabricants pour l’obsolescence programmée des appareils s’accentue depuis un an.
  • Supprimer les applications ou logiciels inutiles. Cette action vous permettra d’abord de libérer de l’espace de stockage. L’internaute installe souvent des applications qu’il n’utilise jamais. Elles ralentissent le système d’exploitation et impactent la performance de votre appareil. De la même manière, pensez à fermer les onglets restés ouverts quand vous effectuez des recherches en ligne. 71 000 requêtes sont effectuées chaque seconde dans le monde, ce qui représente une empreinte carbone de 490 kg de Co2, ou l’équivalent de 2575 km en voiture.
  • Installer des outils éco-responsables. Les moteurs de recherche comme Ecosia, Lilo ou Ecogine s’engagent à utiliser leurs revenus générés dans des actions environnementales comme la reforestation ou le soutien à des ONG. Afin de réduire son impact environnemental, Google investit dans des data centers alimentés par des énergies renouvelables. Sur votre smartphone, des applications comme Breakfree, Quality time ou Forest vous aident à avoir une utilisation raisonnée et raisonnable de votre téléphone.
  • Éteindre vos appareils. Source de consommation électrique, un appareil en veille a toujours besoin d’énergie. Lorsqu’elle n’est pas utilisée, une box peut être désactivée. Il suffit de paramétrer la coupure planifiée du wi-fi. Sur le même principe, il n’y a pas d’intérêt à laisser votre télé ou vos équipements multimédias branchés. L’installation d’un boîtier coupe-veille entre l’appareil numérique et la prise de courant stoppe la consommation d’énergie inutile.
  • Communiquer mieux. Il est parfois plus judicieux et économique d’envoyer un message instantané ou d’utiliser la fonction première de votre smartphone, à savoir, téléphoner ! Vous n’avez pas toujours besoin d’envoyer un mail à rallonge avec pièces jointes. Et si l’usage de votre boite mail s’avère indispensable, soyez précis dans les informations que vous donnez pour limiter les échanges.
  • Nettoyer régulièrement votre boite mail. 290 milliards de courriers électroniques sont échangés tous les jours. L’écriture, la lecture, l’envoi et le stockage d’un e-mail représentent son impact carbone. Plus de la moitié des mails que vous recevez ne sont jamais lus, parmi lesquels de nombreux spams.

pollution numérique

S’engager dans le développement durable et l’écologie digitale

L’ADN synthétique

Stéphane Lemaire, directeur de recherche au CNRS et Pierre Crozet, maître de conférences à l’université de la Sorbonne ont développé une technologie de stockage de l’information révolutionnaire. Avec l’ADN synthétique, l’idée est de rendre lisible par des séquences ADN une énorme quantité de données condensées dans une capsule. Le procédé reste encore coûteux, mais il promet une solution durable, écologique et ultra compacte aux enjeux liés au numérique.

L’Éco-conception web

L’ éco-conception consiste à optimiser les pages web tout en allégeant leur poids et donc leur temps de chargement. C’est une démarche qui cherche à équilibrer la balance entre la performance d’un site web et son impact environnemental. Il s’agit d’analyser tous les éléments nécessaires à la création de son contenu. On s’interroge sur plusieurs facteurs, comme le design, la résolution des images, les vidéos en mode autoplay ou l’expérience utilisateur afin de concevoir un site moins gourmand en énergie.

 

Si notre empreinte numérique semble souvent invisible et anonyme, elle n’en est pas moins réelle. Nous sommes tous responsables des usages et de la course à l’équipement liés à Internet. Du volume de données échangées à la consommation énergétique, de l’acte d’achat d’un appareil numérique à sa destruction, à chacun d’agir à son échelle pour actionner les changements nécessaires. La pollution numérique, c’est aussi une pollution de l’esprit, sans arrêt sollicité par les effets néfastes des écrans. L’hyper connexion engendre des comportements addictifs. Réduire son empreinte numérique, c’est prendre conscience de tous les indicateurs environnementaux. Devenez l’internaute responsable qui fait sa part dans la sobriété numérique.

Karine Raynal, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW

 

Sources :

https://theshiftproject.org/article/climat-insoutenable-usage-video/

https://wearesocial.com/fr/blog/2022/01/digital-2022-une-nouvelle-annee-de-croissance-exceptionnelle/

https://www.arcep.fr/actualites/les-communiques-de-presse/detail/n/environnement-190122.html

https://www.greenit.fr/impacts-environnementaux-du-numerique-en-france/

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-face-cachee-numerique.pdf

https://www.qqf.fr/infographie/69/pollution-numerique-du-clic-au-declic

https://bonpote.com/33-milliards-detres-humains-exposes-au-changement-climatique-le-nouveau-rapport-du-giec-est-sans-appel/