Lors d’un concert dans une petite salle de spectacle, un incendie se déclare. C’est la panique. Les gens se piétinent, indifférents à leur prochain. Et si cette vision était fausse ? Et si l’entraide et la solidarité étaient le propre de l’homme en situation de crise ? Les conclusions de plusieurs études sur le comportement humain vont vous surprendre.

Les idées reçues sur l’égoïsme de l’être humain en situation de crise

« L’homme est un loup pour l’homme. » Plaute, 212 avant J.-C.

Cet aphorisme illustre une vision du réel très largement partagée. Ainsi, dans une étude de 2013, John Drury, un spécialiste de la psychologie sociale, a interrogé un panel représentatif de personnes sur leurs intuitions concernant le comportement de la foule en situation de désastre.

Les résultats montrent les éléments suivants :

  • Ils cèdent facilement à la panique.
  • Ils se laissent guider par leurs bas instincts.
  • Ils cherchent avant tout à se sauver eux-mêmes au détriment des autres.

Les sources de cette vision de l’homme peuvent être recherchées dans la philosophie politique de Thomas Hobbes au XVIIe  siècle ou dans la psychologie des foules de Gustave Lebon au XIXe siècle. Selon ces deux auteurs, l’être humain agit principalement pour assouvir ses désirs égoïstes et pour assurer sa survie, y compris au détriment de ses propres congénères.

Par ailleurs, cette perception du réel est, du reste, souvent à la source de problématiques psychologiques bien réelles telles que l’anxiété sociale par exemple.

Toutefois, la véracité de ces représentations a peu été démontrée et documentée scientifiquement. Dans la plupart des cas, on a cherché à les valider par des moyens empiriques et éloignés d’une véritable démarche scientifique.

L’entraide, la grande force de l’être humain en situation d’urgence

Contrairement aux idées reçues, les sciences sociales montrent que l’entraide, l’altruisme et le calme prédominent dans les situations d’urgence.

Ainsi, en 2005, une étude de Rita F. Fahy et Guilène Proulx a étudié les témoignages des victimes des attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center à New-York. Alors qu’en de telles circonstances, on aurait pu s’attendre à une panique collective, les rescapés décrivent les autres victimes comme calmes, ordonnées et aidantes de leur prochain.

En 2009, une autre étude de John Drury, Chris Cocking, et Steve Reicher, rassemblant les interviews de survivants des attentats du 07 juillet 2005, dans les transports publics à Londres a été conduite. La majorité des témoignages rapportent des attitudes de calme et d’ordre, d’aide aux victimes, de soutien tant physique que moral et ce, malgré un sentiment de peur extrême.

Plus récemment, en 2021, une autre étude menée par Guillaume Dezecache a étudié les comportements des rescapés de l’attaque du 13 novembre 2015 au Bataclan. Là encore, les rescapés évoquent des conduites majoritairement coopératives ou altruistes, y compris au risque de leur propre intégrité.

Des agissements égoïstes sont toutefois également rapportés, mais ils sont rares et de portée limitée. Il est donc prouvé scientifiquement que l’entraide et la solidarité triomphent en situation de crise.

 

La vision cauchemardesque de la panique dans la salle de concert relatée au début de ce texte n’est donc, à tout le moins, qu’une vision déformée et réductrice de la réalité. Si des situations dans lesquelles la foule panique de manière dramatique existent, leur occurrence est bien moindre qu’on ne le croit. Les ressources de bonté et d’altruisme qui fondent notre humanité ressurgissent le plus souvent, lorsque les situations l’exigent réellement.

⏩ N’est-ce pas là une formidable nouvelle à partager ? Voilà de quoi être plus optimiste pour l’avenir non ? Ça tombe bien, c’est bon pour votre santé. Découvrez en quoi l’optimisme peut vous aider à vivre plus longtemps.

 

Christophe Marchal, pour e-Writers.

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.

 

Sources :

  • Thomas Hobbes. Le Léviathan. Éditions Poche. Date de parution : 1651. 1024 pages
  • Gustave Lebon. Psychologie des foules. Éditions JDH. Date de parution : 1895. 136 pages.
  • Rita F. Fahy et Guylene Proulx, Analysis of Published Accounts of the World Trade Center Evacuation, US Department of Commerce, Technology Administration, National Institute of Standards and Technology, 2005.
  • John Drury, Chris Cocking, et Steve Reicher, « The Nature of Collective Resilience : Survivor Reactions to the 2005 London Bombings », International Journal of Mass Emergencies and Disasters, vol. 27, no 1, 2009, p. 66-95.
  • John Drury, David Novelli, et Clifford Stott, « Psychological Disaster Myths in the Perception and Management of Mass Emergencies », Journal of Applied Social Psychology, vol. 43, no 11, 2013, p. 2259-70.
  • Guillaume Dezecache. Les paradoxes de la peur panique. La vie des idées, 16 mai 2017.
  • Dezecache G, Martin J-R, Tessier C, Safra L, Pitron V, Nuss P, et al. (2021) Nature and determinants of social actions during a mass shooting. PLoS ONE 16(12): e0260392. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0260392
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