Nous, les coquelicots, survivants des pesticides, avons bien failli disparaître. Pourtant, nous sommes devenus le symbole de la résilience floristique. Et notre retour dans les prairies est une excellente nouvelle pour la biodiversité ! Abeilles, papillons, terres dénudées et champs de blé saluent notre combat. Découvrez notre témoignage dans la suite de cet article.
Chassés comme une mauvaise herbe, les coquelicots se cachent pour survivre
Notre nom apparaît au XVIe siècle en référence au mot « coquerico » (le chant du coq). Pourquoi ? Car nos pétales rouges ressemblent à la crête du volatile ! Et notez que nous évoquons tous les deux une naissance… Pour nous, c’est le printemps, pour le roi de la basse-cour, c’est l’aurore.
Depuis des millénaires, nous habitons la Terre. Puis, au XXe siècle (vers 1940), l’homme est arrivé avec ses pesticides, en pensant que nous représentions une nuisance pour ses plantations. Mais il se trompait ! Agriculture rime avec nature.
« Appelées aussi plantes compagnes des céréales et des cultures, les messicoles font partie de notre patrimoine naturel, social et culturel. » CharenteLibre.fr
C’est pourquoi, nous, les fleurs messicoles (de messis, moisson) et rudérales (de rudus, décombres), demeurons des alliés pour les agriculteurs. Nos racines pivotantes se révèlent de véritables outils de labour. Grâce à elles, les sols se trouvent mieux aérés. Les eaux pluviales s’infiltrent aisément pour abreuver les champs céréaliers. Et puisque nous résistons parfaitement à la sécheresse, nous les laissons boire à leur aise.
De plus, les paysans ne sont pas les seuls bénéficiaires de nos avantages pour l’environnement. Au service de la biodiversité, nous attirons les abeilles qui trouvent refuge et butinent notre pollen. Ainsi, les pâturages et cultures environnantes sont fertilisés naturellement. Avec elles, les pucerons, les coccinelles, les carabes s’activent dans les jardins. Ils sont les ouvriers d’un écosystème sain.
Donc, là où nous poussons, c’est le symbole de la vie et de la bonne santé. C’est la promesse d’une terre sans pesticides, car nous ne les supportons pas. C’est pourquoi nous avons quasiment disparu de vos paysages durant si longtemps.
Bien qu’elles ne détiennent pas le record de longévité (30 000 ans pour le silène sténophylla), nos graines ont la capacité de rester en dormance jusqu’à 80 ans pour les plus robustes. Même enfouies très profondément, elles germent au moindre geste écoresponsable de l’homme.
🕯Par ailleurs, n’oubliez pas que nous sommes des plantes alimentaires et aux vertus médicinales (apaisantes, antispasmodiques et analgésiques) !
Les coquelicots, survivants de la pollution, reviennent
Grâce à la prise de conscience de certains, nous renaissons. Depuis quelques années, vos paysages se parent de notre couleur chatoyante, si rare dans la nature. Beaucoup d’exploitants et de paysans commencent à s’engager dans le cercle vertueux de l’agroécologie.
« Les exploitants agricoles utilisent davantage de fumier pour les sols. Dans les champs de blé, les semis sont aussi plantés de façon plus espacée » Jean-Luc Laurent.
Selon un rapport du ministère de l’Agriculture publié en juin 2023, l’agriculture bio représente 14,2 % des terres cultivées. Même si cela reste peu, la prise de conscience est en marche. Cependant, il est plaisant de constater que la permaculture représente une pratique de plus en plus courante.
Ainsi, nous représentons aujourd’hui le symbole de l’ « Appel pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse ». Mais bien des plantes, maintenant éradiquées ou en voie de l’être, auraient pu le devenir : le bleuet, la nielle des blés, la nigelle des champs, le buplèvre à feuilles rondes, l’adonis, le miroir de vénus, le peigne de Vénus, le pied d’alouette, etc.
Mais nous, les coquelicots, plus résistants, sommes restés dans une veille latente. Ainsi, plusieurs actions et lois humaines nous ont apporté leur soutien :
- La loi de 1995, ou Loi Barnier, relative au renforcement de la protection de l’environnement.
- Le plan Écophyto I lancé en 2009, visant à diminuer de 50 % les produits phytopharmaceutiques.
- La loi Labbé en 2014, sur l’interdiction d’utiliser les pesticides dans les espaces ouverts au public et chez les particuliers.
- L’association « Nous voulons des coquelicots », créée en 2018 par Fabrice Nicolino, est un appel pour le refus de tous les produits phytopharmaceutiques.
- Le plan Écophyto II+ initié en 2019 pour réduire la dépendance de l’agriculture aux pesticides et s’abstenir définitivement du glyphosate.
- La loi Egalim en 2022 pour empêcher l’exportation des pesticides.
Amis des coquelicots, notre victoire contre les pesticides est proche. Alors que nous étions presque un souvenir, nous voilà plus nombreux, années après années. Grâce à vous, vos enfants continueront à s’émerveiller devant cet écosystème impressionnant. Merci !
⏭ Découvrez la COP15 pour la biodiversité
Caroline ALILI, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.
Sources :
Paris Match : l’avantage insoupçonné des coquelicots
Nature-Isère : le coquelicot est de retour
Sciencepost : la présence des coquelicots est une bonne nouvelle
Ouest France : de plus en plus de coquelicots
Vidéo : Des coquelicots pour vous régaler
Crédit photo :Pixabay, Le coucher du soleil, Coquelicots, Sur le terrain
