Stéphanie Di Giusto met à l’honneur la femme à barbe la plus célèbre de France dans son film Rosalie. Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel y jouent les rôles respectifs de Rosalie et Abel, un couple mis à l’épreuve face à l’adversité. Retour sur l’histoire de Clémentine Delait dont le destin a inspiré ce long-métrage et sur la résonance qu’il a dans la société d’aujourd’hui.
Clémentine Delait, une femme au destin hors norme
Symbole de liberté et d’affirmation de soi du début du 20e siècle, Clémentine Delait, originaire des Vosges, est atteinte d’hirsutisme. Connue pour sa barbe qu’elle a longtemps rasée, ce n’est qu’à l’âge de 36 ans qu’elle fait le pari de la laisser pousser avec un client du café qu’elle tient avec son mari Joseph. À partir de ce moment, elle ne la quitte plus jamais.
Attisés par la curiosité, les visiteurs se bousculent pour rencontrer cette mystérieuse femme à la longue et belle barbe scindée en deux. Il faut dire qu’elle la fait entretenir une fois par mois par son coiffeur ! Devant cet enthousiasme, Clémentine Delait rebaptise son établissement « le café de la femme à barbe ». Tellement fière de ce qu’elle considère désormais comme un atout, elle se met à vendre des cartes postales avec des portraits d’elle, qui sont d’ailleurs un succès. En 1904, elle obtient l’autorisation de se travestir, pour avoir le choix de s’habiller aussi bien en homme qu’en femme.
La femme à barbe décède à l’âge de 74 ans. Elle marque les esprits de ceux qui ont eu la chance de croiser sa route, à tel point qu’en 1969, 30 ans après sa mort, les habitants de Thaon-les-Vosges lui rendent hommage à l’occasion d’une exposition, remplie de souvenirs et de clichés d’elle. Ce que l’on retient de son histoire, c’est qu’il y a plus de 100 ans, existait déjà ce genre de femme forte qui ose.
💡 Saviez-vous que la cause la plus fréquente d’hirsutisme est le syndrome des ovaires polykystiques ?
Un film d’époque dans l’air du temps
Bien que le film Rosalie ait été inspiré de la vie de Clémentine Delait, il n’en est pas pour autant un biopic. La réalisatrice a souhaité le romancer afin d’y apporter sa touche personnelle. Ainsi, elle a pu inventer cette belle histoire d’amour qui ne sonnait pas comme une évidence au départ. En effet, le personnage d’Abel, brisé par la guerre, doit réapprendre à aimer, et pas n’importe quelle femme : une femme à la féminité étrange, qui a besoin qu’on l’aime telle qu’elle est.
Stéphanie Di Giusto a pu mettre l’accent sur la différence, très mal acceptée depuis la nuit des temps et encore de nos jours. Elle a fait le lien entre le déversement de haine que subit Rosalie lorsqu’elle décide d’assumer sa barbe, et le cyberharcèlement omniprésent dans notre société, dès lors qu’une personne sort du moule.
La pilosité féminine a toujours été un sujet tabou. Nous n’avons pas vu l’ombre d’un poil sur les réseaux sociaux durant des années. Mais aujourd’hui, de plus en plus de femmes s’y affichent au naturel. Cela veut dire que les diktats sont en train de laisser place à l’acceptation de soi.
Le personnage de Rosalie permet de faire connaître aux spectateurs cette femme incroyable qu’était Clémentine Delait. Il nous montre que la féminité peut se trouver là où on ne l’attend pas. Il donne envie d’apprendre à voir l’amour et le désir autrement et invite à la tolérance.
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Lucie Grenier, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
L’histoire de Clémentine Delait par l’INA
L’invité : interview Stéphanie Di Giusto et Nadia Tereszkiewicz
Entretien avec la réalisatrice Stéphanie Di Giusto
Crédit photo : image générée par IA