Même si nous vivons à l’ère du numérique, l’écriture manuscrite fait encore partie de notre quotidien. Pourtant, elle peut vite devenir un calvaire : lenteur, tracés illisibles, gestes qui occasionnent des douleurs. Ça n’est pas une fatalité ! La graphopédagogie peut être la solution pour vous soulager à tout âge. Cette technique innovante de rééducation commence à faire parler d’elle. Mais concrètement, en quoi consiste-t-elle ?
« Celui qui n’écrit pas de sa main ne peut pas être à part entière un citoyen autonome. » Danièle Dumont, docteur en sciences du langage.
1. Quelles sont les raisons pour lesquelles vous pourriez consulter un graphopédagogue ?
Ce professionnel reçoit des élèves de tous les âges : enfants, adolescents et adultes afin de remédier aux problèmes d’écriture.
Pour des difficultés lors de l’apprentissage du tracé
Sachez que la prise en charge par un graphopédagogue ne démarre généralement pas avant l’entrée au C.P. L’enseignement de la cursive commence lors de la dernière année de maternelle, en grande section, mais c’est vraiment en arrivant en élémentaire qu’on en systématise l’assimilation. Le « lié » est le symbole pour beaucoup d’enfants du passage à « la grande école ». Mais pour certains d’entre eux, c’est synonyme de labeur. On ne s’en rend pas compte, mais apprendre l’écriture manuscrite fait appel à de nombreux facteurs. Tout comme pour l’acquisition de la marche, du vélo sans les petites roues, les enfants ne sont pas tous prêts au même moment pour enchaîner les boucles et autres tracés. La séance peut alors virer au cauchemar pour nos chérubins. C’est là que le graphopédagogue intervient pour accompagner l’élève qui souffre de difficultés lors de son apprentissage initial. La correction de la posture générale, le positionnement de la feuille, la mobilité des doigts et la forme des lettres sont autant de points sur lesquels le spécialiste va travailler pour permettre à l’écolier de réussir.
Pour une écriture illisible
Qui n’a jamais entendu des remarques de ce genre : « Je ne réussis pas à te lire ! », « Tu pourrais faire un effort, on ne comprend rien à ce que tu as écrit ! », « Tu es trop long quand tu copies ! » ? Pour certaines personnes, écrire s’apparente à une réelle course d’obstacles. Et malgré toute l’énergie qu’elles mobilisent, c’est l’échec à l’arrivée avec en plus des critiques. Rien de mieux pour perdre confiance en soi ! Les enseignants, avec plus de 25 élèves dans leur classe, ont bien du mal à comprendre ce qui empêche certains d’entre eux de tracer correctement. Et puis cette capacité d’analyse exige des connaissances particulières. Le graphopédagogue, par une étude complète, saura le déterminer. L’adolescent et l’adulte peuvent aussi être concernés par cette rééducation dans le cadre d’examens ou de concours et s’ils craignent que leur écriture affecte la qualité de leur travail. Quelques-uns souhaitent également améliorer leur image en modifiant leurs tracés et se tournent alors vers un professionnel.
Pour des douleurs à la main et au poignet
Rédiger, copier souvent et de façon prolongée, peut provoquer de réelles souffrances à certaines personnes. Une pression trop forte sur le crayon ou un mauvais positionnement des doigts, de la main ou encore de l’avant-bras sur le plan de travail peuvent être à l’origine de douleurs très invalidantes. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la « crampe de l’écrivain » ? La dystonie, son nom scientifique, entrave la vitesse et la précision de l’écriture à cause d’une contraction incontrôlable des muscles du poignet et des doigts. Elle est souvent d’origine héréditaire quand elle apparaît chez les enfants, mais s’expliquerait par une surutilisation de la graphie quand elle survient chez les adolescents et les adultes. La graphopédagogie est une proposition afin de soulager les personnes qui en souffrent.
Pour des troubles qui affectent le geste graphique
La dysgraphie est un réel handicap pour l’élève qui va apprendre à écrire. Elle a de lourdes conséquences sur la scolarité de ceux qui en souffrent, car ils n’arriveront pas à automatiser l’écriture c’est-à-dire à en faire un outil d’apprentissage. De même, ils peineront à produire des phrases, des textes rapidement et qui soient lisibles et soignés. La rééducation par un graphopédagogue consistera à travailler sur la décontraction du geste ainsi que sur la posture et la préhension du crayon afin de diminuer l’inconfort.
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2. Quelles sont les particularités de cette méthode pédagogique qui vise à améliorer le geste d’écriture ?
La graphopédagogie est une technique de rééducation qui relève de l’enseignement. Elle existe en France depuis 2013 et se fonde sur les travaux de la célèbre Danièle Dumont, spécialiste de l’écriture manuscrite, qui a été la première à en modéliser la transmission. De nombreux apports psychologiques et neuroscientifiques ont enrichi cette pratique unique.
Des spécialistes formés aux difficultés
Le graphopédagogue est un professionnel spécialisé dans la remédiation en écriture. Une formation existe depuis 2014 et elle est dispensée par l’association 5E, créée par Laurence Pierson entre autres, ancienne enseignante. Elle est sanctionnée par un certificat de mise en pratique des techniques de la graphopédagogie. L’association forme une douzaine d’experts chaque année et s’adresse à un public qualifié, des professeurs le plus souvent. Le réseau 5E compte aujourd’hui une cinquantaine de spécialistes sur le territoire français. Leur expérience au sein d’une classe pour la plupart d’entre eux est une réelle plus-value. Ils connaissent bien les difficultés d’apprentissage de l’écriture manuscrite et les problèmes de fluidité et de lisibilité qui impactent aussi les élèves plus âgés. Notez que tous exercent en respectant le cadre des programmes de l’Éducation nationale.
Une approche de l’écriture dans toutes ses dimensions : indispensable pour les acquisitions
De nombreux travaux ont démontré que l’écriture manuscrite a une incidence sur les apprentissages. Elle fait intervenir tellement de connexions que notre attention est au top de son engagement quand nous écrivons. Nous sommes donc plus enclins à mémoriser et à organiser nos idées. La graphopédagogie considère l’écriture dans son ensemble. Elle ne sépare pas la composante motrice (le geste) de la composante symbolique (le son) et de la composante sémantique (le sens). De nombreux travaux ont démontré qu’apprendre à lire est intimement lié à apprendre à écrire, notamment ceux de l’illustre psychologue spécialisé en neuropsychologie, Stanislas Dehaene. Un document officiel de l’Éducation nationale met en avant que « L’écriture favorise aussi le déchiffrage de la lecture manuscrite. L’enfant reconnaît les caractères en reconstituant le geste qui les a engendrés. Le geste répété va également permettre au cerveau de désapprendre la ressemblance des lettres miroirs (b, p, d, q). ». On y lit également que « La reconnaissance des lettres passe autant par la mémoire du geste que par la mémoire visuelle. Quand on écrit, l’information nerveuse est codée dans certaines zones du cerveau ».
En utilisant l’écriture manuscrite, on mémorise les lettres qui composent un mot. Cela a un impact sur l’acquisition de la conscience graphophonologique (correspondance entre la lettre et son son) et bien entendu sur celle orthographique. Notons que par une approche plus globale, le graphopédagogue est également apte à trouver la cause de certains obstacles à ce geste. Votre enfant, ou vous-même, n’avez peut-être pas intégré des réflexes archaïques. Ce sont les gestes primaires à l’origine de notre développement corporel, cérébral et comportemental. Ils apparaissent in utero et disparaissent dans les premiers mois de notre vie… ou pas ! Des exercices adaptés seront alors proposés afin de pouvoir enfin les faire s’effacer.
La dimension ludique de cette rééducation : un réel atout
L’approche par le jeu est essentielle afin de mobiliser la coopération de l’élève ainsi que ses capacités à s’investir et à se concentrer. Le rendre actif et engagé dans ces activités ludiques va permettre à l’enfant de conserver le plaisir d’apprendre. Le graphopédagogue doit donc redoubler d’invention et de créativité afin de proposer aux élèves des pratiques motivantes et adaptées aux besoins de tous. Mais une rééducation de l’écriture ne se résume pas à la réalisation de jeux. Il y a des moments précis pendant lesquels ils seront bénéfiques et efficaces. Sachez toutefois que la dimension ludique est omniprésente lors d’une séance pour les enfants. La mobilité avec la gym des doigts par exemple, et la tenue du crayon sont travaillées par des chansons et font appel à l’imaginaire de la classe d’âge dans le but de mémoriser les bons gestes. Du petit matériel coloré, de la pâte à modeler sont également proposés lors des séances. Vous l’avez compris, le graphopédagogue a plus d’un tour dans son sac pour captiver et motiver les plus jeunes.
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3. Comment se déroule une rééducation de graphopédagogie ?
Aux parents qui sont déjà surchargés par l’emploi du temps de leurs bambins : soyez rassurés ! L’objectif est d’outiller les élèves pour les rendre autonomes et non de les « fidéliser ».
Du bilan aux séances d’entraînement
La rééducation se déroule sous forme de cours particuliers dans le cabinet du graphopédagogue. Comme pour de nombreuses prises en charge, cela débute par un bilan mené lors de la 1re rencontre. L’objectif ? Élaborer un programme personnalisé en fonction de l’âge de l’élève, de ses difficultés et besoins propres. Ce programme sera réajusté à l’issue de chaque entrevue. Une rééducation avec un graphopédagogue se déroule généralement en moins de 10 séances. Elles seront espacées de 3 à 4 semaines. Un rendez-vous dure entre 40 et 60 minutes. Il est facturé une soixantaine d’euros et n’est pas pris en charge par la sécurité sociale.
L’implication de l’élève et de sa famille, gage de réussite du suivi
La graphopédagogie est une rééducation qui ne cantonne pas aux portes du cabinet. Pour qu’elle soit efficace, l’élève doit s’entraîner à la maison quotidiennement afin que le cerveau intègre les bons gestes. Il est donc nécessaire que l’un des parents assiste à chacune des séances. Des exercices adaptés lui seront présentés et il deviendra alors corééducateur. Il devra accompagner son enfant chaque jour lors des moments d’application pour qu’il puisse progresser, prendre confiance et automatiser les gestes. L’investissement de la famille est essentiel pour la réussite de la rééducation.
La graphopédagogie est le moyen idéal pour permettre à chacun, quel que soit son âge, d’acquérir les gestes indispensables pour avoir une écriture manuscrite, fluide, lisible et sans douleur. Cette technique de rééducation est en plus très efficace sur un temps assez court. Alors si vous êtes prêt à vous impliquer ou à accompagner votre enfant, n’hésitez pas à sauter le pas et contactez un graphopédagogue.
Sources :
https://www.association5e.fr/page/1104274-l-association
https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/apprendre-mieux-ecrire-graphopedagogie-797325.html
https://www.francebleu.fr/emissions/une-heure-en-france/une-heure-en-france-175
Gaëlle Lambert-Coucot, pour e-writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW