La maladie du sommeil, ou trypanosomiase humaine africaine, est une infection parasitaire qui sévit en Afrique subsaharienne depuis la fin du XIVe siècle. Elle s’avère mortelle en l’absence de traitement. En 2021, le nombre de cas est descendu à 747 contre 37 000 en 1998. Ce qui laisse à penser que la maladie du sommeil est bien en voie d’éradication. Zoom sur les caractéristiques de cette pathologie et les médicaments mis en œuvre pour l’éliminer.

La trypanosomiase humaine africaine : une maladie endémique

La maladie du sommeil est causée par un parasite unicellulaire qui se faufile dans le cerveau. Les mouches tsé-tsé, ses principaux vecteurs, infestent les plans d’eau et piquent les pêcheurs, injectant ainsi l’intrus dans la circulation sanguine. Celui-ci provoque fièvre, démangeaisons et douleurs articulaires. Une fois introduit dans le cerveau, il occasionne des problèmes neurologiques.

Le symptôme le plus courant donne son nom à la maladie : les patients dorment la journée et restent éveillés la nuit. D’autres malades souffrent de dépression, de confusion, d’hallucinations, de logorrhée (flot de paroles rapide et irrépressible). Certains présentent même des phases d’agressivité extrême.

L’infection a aussi des répercussions sociales graves : certaines personnes se retrouvent isolées, stigmatisées par le mal, et se sentent comme des parias.

Trouver un remède est donc d’une importance capitale. Pendant longtemps, la seule solution consistait à injecter des médicaments directement en intraveineuse. Ceux-ci n’étaient malheureusement efficaces que s’ils étaient administrés assez tôt dans l’évolution de la maladie.

Jusqu’à la fin des années 2000, le traitement le plus utilisé était le mélarsoprol, une substance hautement toxique dérivée de l’arsenic, qui s’est révélée fatale dans 5 % des cas. Mais sans ce traitement, la mort était quasiment certaine.

De nouveaux traitements pour amener la maladie du sommeil à l’éradication

En 2006, un traitement efficace, appelé NECT, a été mis au point. Mais des problèmes logistiques compliquaient son utilisation. Par exemple, pour quatre patients, il fallait transporter 40 kilos de colis par camion sur de mauvaises routes, dans des zones rurales manquant de personnel médical.

Par la suite, les médecins ont découvert un nouveau remède, le fexinidazole, qui avait l’avantage de se présenter sous forme de pilules. Malheureusement, il devait être administré en plusieurs fois et sous contrôle strict. Et surtout, il était moins efficace pour les formes graves.

Malgré ces inconvénients, le nombre de cas a continué à refluer depuis la fin des années 1990.

Aujourd’hui, une molécule prometteuse appelée acoziborole suscite l’espoir. Elle peut en effet être dispensée oralement en une seule dose, et elle fonctionne aussi bien que le traitement en intraveineuse. Si les résultats des essais se maintiennent, ce médicament « changerait la donne », selon certains spécialistes des maladies infectieuses.

Ce traitement ne garantit pas une victoire contre le fléau. En effet, réduire le nombre de cas à zéro est loin d’être évident dans certaines zones où le contrôle des personnes atteintes est difficile. En revanche, son efficacité et sa facilité d’administration en font un atout précieux.

À ce jour, l’humanité n’a éradiqué qu’une seule maladie : la variole. L’OMS vise l’élimination de la trypanosomiase d’ici 2030. Et comme nous avons pu le voir, les raisons d’être optimiste sont réelles !

Si l’état de la recherche dans le traitement de maladies endémiques vous intéresse, vous pouvez également consulter notre article sur le virus Ebola.

Frédéric Renversez, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.

Sources :
https://www.sciencenews.org/article/sleeping-sickness-elimination-experimental-drug-africa
https://apps.who.int/neglected_diseases/ntddata/hat/hat.html
https://dndi.org/diseases/sleeping-sickness/