La schizophrénie est un trouble psychiatrique de la catégorie des psychoses. Ce sont des maladies mentales qui entraînent, par périodes, une incapacité à discerner le réel de l’irréel. Les schizophrènes représentent 1 % de la population. C’est une atteinte chronique aux manifestations variant d’un patient à un autre. Les plus impressionnantes sont bien évidemment les délires et les hallucinations. Mais ces symptômes ne définissent pas à eux seuls ce trouble qui s’avère bien plus complexe. Cette pathologie est sans doute la plus familière du grand public. Elle est cependant bien méconnue et entourée de nombreux préjugés et clichés. Ces derniers incombent, au choix, au tabou qui pèse sur la santé mentale, à la littérature et au cinéma qui véhiculent de fausses croyances à travers des histoires romancées, ou encore à l’importante couverture médiatique de faits divers isolés. Analysons ensemble les cinq plus grandes idées reçues sur la schizophrénie.

1— Un schizophrène a plusieurs personnalités

L’idée reçue la plus répandue est sans doute que le sujet aurait de multiples personnalités et qu’il passerait de l’une à l’autre au gré de ses délires. Ainsi, les personnes non averties imaginent un malade dont le corps et l’esprit seraient contrôlés à tour de rôle par diverses figures mentales. On peut ici parler d’un amalgame fait avec une pathologie psychique différente, le trouble dissociatif de l’identité (TDI), qui effectivement se caractérise par deux ou plusieurs états d’individualités distinctes. En ce qui concerne la schizophrénie, il s’agit plutôt de dissociation. C’est une désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements physiques. On peut parfois observer une dépersonnalisation chez le patient, c’est-à-dire une perte de sentiment d’être soi-même. Le malade ne se prend pas pour un autre, mais a une perception perturbée de la réalité.

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« Depuis bien longtemps déjà, j’essaie de dire que le trouble majeur de la schizophrénie, c’est un trouble de rythme, une forme particulière de dysrythmie. » Jean Oury

2— La personne atteinte entend des voix

C’est le cliché qui arrive en deuxième position sur le podium de l’imaginaire collectif. Le patient souffrant de ce trouble psychiatrique entendrait des paroles, bien souvent méchantes et qui lui dicteraient sa conduite. En réalité, beaucoup de malades ont certes des hallucinations auditives, mais ce ne sont pas forcément des voix. Ce peut-être des bruits ou des sons. D’autre part, les délires vocaux ne sont pas nécessairement négatifs ou injonctifs. Dans le cas des schémas mégalomaniaques par exemple, les idées hallucinatoires sont de l’ordre de la grandeur et de la supériorité de la personne atteinte. Ensuite, ces manifestations peuvent être, de manière générale, sensorielles. Les patients peuvent ainsi exprimer des illusions visuelles, olfactives, tactiles ou gustatives. Enfin et même si ce sont sans doute les symptômes les plus spectaculaires de la pathologie, cette dernière présente de multiples et complexes signes qui varient d’un individu à l’autre.

3— Le trouble psychiatrique rend dangereux

Cette fausse croyance sous-entend que les schizophrènes seraient nuisibles aux autres. Les actes de violence voire les crimes commis par des individus souffrant de troubles psychiatriques défrayant souvent la chronique, la plupart des gens en font une généralité. Malgré l’ampleur médiatique de certains faits divers, les personnes dangereuses pour la société sont en fait une minorité. Les accès de brutalité et d’agressivité sont assez rares et sont surtout dirigés vers le sujet lui-même. Les symptômes de cette pathologie entraînent habituellement de l’anxiété, de l’angoisse, une dépression et un isolement relationnel. Beaucoup de malades se replient sur eux-mêmes et ne sont plus en mesure de réaliser les actions essentielles à une vie sociale. Un patient sur deux fait au moins une tentative de suicide au cours de son existence.

4— La consommation de drogue déclenche la pathologie

Ce quatrième préjugé vise plus particulièrement l’usage de cannabis. Ce dernier provoquerait une schizophrénie chez ses utilisateurs. On ne peut pas complètement nier une certaine corrélation entre activité toxicodépendante et décompensation de la pathologie. En effet, la consommation régulière de cannabis avant dix-huit ans multiplie par deux le risque d’apparition de la maladie. Cependant, cela découlerait de la dose de produit absorbé, de la teneur en THC de ces substances, de la durée d’emploi et de l’âge d’exposition. Ensuite et surtout, les toxicomanes qui deviennent schizophrènes ont a priori une prédisposition au déclenchement de ce trouble psychiatrique. Il paraît effectivement résulter d’un ensemble de facteurs qui interagissent : fragilité génétique, anomalies de l’anatomie du cerveau et de son fonctionnement, et potentiellement rôle de l’environnement familial (carence affective ou au contraire extrême surprotection). Il semblerait donc que la consommation de cannabis, isolée de ces autres facteurs de risque, ne provoque pas à elle seule la maladie.

5— La schizophrénie est incurable

Les troubles psychiatriques et en particulier les psychoses sont généralement considérés comme inguérissables. La schizophrénie est effectivement une maladie chronique, c’est-à-dire une pathologie de longue durée, évolutive et impactant le quotidien. Or, une rémission pérenne est envisageable. Des soins adaptés et précoces permettent à un individu sur trois de mener une existence normale. Cela implique un suivi médical et paramédical. Il est nécessaire de mettre en place des traitements antipsychotiques pour soulager les symptômes et éviter les rechutes. Une approche psychosociale est aussi indispensable par le biais de psychothérapies, d’éducation thérapeutique et d’accompagnement social et professionnel afin d’améliorer la vie des patients. Pour garantir la réussite de ces protocoles et envisager une guérison, il est primordial d’obtenir l’adhésion et l’engagement de la personne atteinte. C’est souvent le point le plus difficile en raison du tabou et du déni qui entourent cette pathologie.

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Ce qu’il faut retenir :

– La schizophrénie et le trouble dissociatif de l’identité (TDI) sont deux affections psychiatriques différentes. Le sujet n’a pas plusieurs personnalités.

– Une des manifestations de cette pathologie est la présence d’hallucinations sensorielles (auditives, visuelles, gustatives, olfactives ou tactiles), mais le malade n’entend pas systématiquement des voix.

– Le patient est surtout dangereux pour lui-même en raison des symptômes invalidants. La moitié des personnes atteintes de cette maladie font au moins une tentative de suicide au cours de leur vie.

– Le cannabis augmente le risque de décompensation chez les consommateurs présentant déjà un facteur déclenchant.

– Ce trouble psychiatrique peut disparaître s’il est traité de façon adaptée et précoce, ce qui est encore trop rarement le cas.

Anne DURDEK, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

www.sante.fr ;

www.inserm.fr