Avec plus de 30 romans à son actif, Bernard Werber s’érige en auteur de fiction incontournable dans le monde entier. Ses journées de romancier à succès regorgent de rituels et d’habitudes, lui permettant de maintenir un rythme régulier et la passion du métier. À travers des ateliers, il transmet désormais ses conseils pour captiver les lecteurs et acquérir une structure de récit fiable. En quoi consiste la méthode d’écriture de Bernard Werber chaque jour ? Quelles sont ses astuces pour une inspiration active et produire un livre fascinant ? Entrez dans les coulisses de l’écrivain…

La méthode d’écriture de Bernard Werber au quotidien, une autodiscipline inspirante

« Sans exception » demeure le maître mot de la routine d’écriture du romancier. Ses journées fourmillent d’habitudes, de rencontres et d’inspirations variées. Ses propres rituels lui proviennent d’autres grands auteurs ou de proches. Une vraie discipline qui fera rêver les amoureux de l’organisation !

Maîtriser sa journée de virtuose des mots

C’est à partir de la routine de l’écrivain Frédéric Dard que l’auteur des Thanatonautes a choisi sa première exigence : rédiger 4 h tous les matins. Dès lors, des horaires fixes ont intégré ses journées, sans pour autant délaisser la créativité. Après plusieurs années de rouages, la méthode d’écriture de Bernard Werber s’installe et s’harmonise.

Au saut du lit, le romancier prend le temps de retranscrire son rêve dans un carnet, le récit du film de sa nuit. Quelques assouplissements corporels, tel un chat, une méditation et un petit déjeuner maison au son de la radio s’ensuivent. 7 h 45, l’heure de se mettre en route vers le café du coin. Son bureau de quartier lui permet un brin de causette avec le barman et les habitués, avant d’entreprendre sa lecture quotidienne des journaux.

La phase d’écriture démarre, de 8 h à 12 h 30, chaque jour. Dix pages de son roman en cours, que ce soit du plan général, détaillé, de la rédaction d’un chapitre ou de la relecture. Parfois accompagné de musique pour s’isoler, mais dix pages quoi qu’il en soit.

C’est souvent en plein pic d’inspiration que 12 h 30 sonne. L’écrivain explique qu’il se force cependant à s’arrêter en acceptant cette légère frustration, pour se garder l’envie de continuer le lendemain.

Le déjeuner de Bernard Werber se partage toujours avec un·e ami·e. Des scientifiques, des philosophes, des humoristes ou d’autres auteurs.

C’est entre 15 h et 18 h que sont fixées les recherches de documentation pour ses différents projets : scénarios de bandes dessinées, jeux vidéo, pièces de théâtre ou séries audiovisuelles.

La rédaction pure reprend pour une heure avec une autre habitude d’écriture : une nouvelle par jour. Cette histoire courte quotidienne sera inspirée d’une idée qui lui a traversé l’esprit au cours de la journée. Cette nouvelle peut devenir un roman ou rester méconnue du grand public.

La soirée sera réservée à une séance de sport, au dîner, à de la lecture ou l’écoute d’un podcast pour se terminer par un film. De quoi se cultiver jour après jour. La journée type de l’écrivain est remplie d’habitudes qui le conduisent à garder une sociabilité et par extension, de l’inspiration à foison.

Donner rendez-vous à son roman

Comme un muscle, le cerveau a besoin d’être entretenu. Il est donc indispensable pour l’auteur d’écrire et d’apprendre chaque jour. Un rythme régulier l’incite à peaufiner son style, ses connaissances et à explorer sans cesse. Après plus de 30 romans publiés à son actif, Bernard Werber écoute ses lecteurs et comprend, d’après les ventes, lorsque ça plaît ou quand il est préférable de changer d’angle. Se renouveler pour ne jamais lasser.

Ayant toujours présenté une mémoire peu fiable, l’auteur a pris pour habitude de tout noter. C’est ainsi que son Encyclopédie du savoir relatif et absolu a pris forme. La soif d’apprendre et les annotations quotidiennes créent une combinaison puissante pour l’écrivain. Comme lui, cultivez votre curiosité et gribouillez vos pensées !

Sa première saga, Les Fourmis, a compté plus d’une centaine de versions en 12 ans. Depuis, il a adopté une autre autodiscipline pour plus d’efficacité et stoppé le cercle vicieux du perfectionnisme néfaste. Un roman lui prendra alors 9 mois, dix variantes maximum et une sortie littéraire tous les premiers mercredis d’octobre. Chaque version se trouvera différente et sera rédigée sans relire la précédente. N’ayez crainte si vous empruntez ses pas, Bernard Werber nous explique que rien qu’avec la mémoire, les informations les plus déterminantes seront naturellement conservées dans la version qui suit.

Le travail d’auteur apparaît comme un marathon et non un sprint. Pour Bernard Werber, il est important de donner rendez-vous à son récit, comme à une personne réelle. Il faut avancer en prenant le risque d’un mauvais roman. Ne pas se cantonner à un premier jet et se trouver un relecteur attitré, dans l’idéal du métier, pour que ce dernier ne vous rapporte pas un simple « j’adore ! », sans plus de critiques constructives.

Les conseils du célèbre romancier pour un récit structuré et passionnant

Bernard Werber propose depuis plusieurs années des ateliers et des masterclass pour aider les auteurs passionnés à s’améliorer. Les conseils de l’écrivain tournent très souvent autour de la maîtrise du suspens et de la construction des personnages au sein d’un roman.

Frustrer le lecteur jusqu’à l’épiphanie

Le suspens s’apparente à une mécanique à roder. Tel un magicien, c’est à l’auteur de capter l’attention et décider quand sera dévoilée la fin de son tour.

Une histoire à suspens tend à donner un peu, mais pas trop vite. Maîtriser la narration pour tenir l’attention du lecteur et créer de la frustration est essentiel. Afin de contrôler la narration, il est indispensable de connaître la chute avant même d’apposer son premier mot.

Pour Bernard Werber, voici les étapes à suivre pour structurer son récit :

  • poser la situation ;
  • développer la narration tout en cachant des éléments ;
  • révéler progressivement de petites pièces du puzzle pour conserver l’attention ;
  • dévoiler d’un coup d’un seul la solution, l’épiphanie.

À ses yeux, un livre demeure encore plus puissant qu’un film au cinéma, car le lecteur se retrouve actif. Il est donc important de faire imaginer plutôt que de montrer.

Le romancier conseille toujours de débuter par l’écriture de nouvelles avant de se lancer dans un roman. Cela permet de s’entraîner sans trop risquer de se perdre dans son histoire. Les nouvelles offrent aussi l’occasion de sortir des sentiers battus, fabriquer son laboratoire d’expérimentation littéraire. Pour l’écrivain, il ne réside pas de règles à suivre, un chapitre peut très bien ne contenir que quatre pages par exemple. Ne pas hésiter à explorer les chemins que les autres dédaignent. Arrêter de vouloir plaire à tout prix pour plutôt chercher à surprendre !

Créer ses personnages sur mesure

Rester curieux, lire beaucoup et voyager : le Triangle d’or de Bernard Werber pour la création de ses personnages. Sortir de sa zone de confort stimule l’imagination et la créativité. C’est en prenant le large et en s’intéressant aux êtres qu’il rencontre que le romancier façonne ses personnages depuis plus de trente ans. Un chauffeur de taxi en Inde, une médium excentrique, une cheffe légèrement tyrannique ou son chat Domino, tous ont fait partie de sa vie et de ses œuvres. Rien n’apparaît plus impressionnant que ce qui est réel, nul besoin d’extrapoler, explique l’auteur à succès.

« Il est très difficile d’inventer avec sa seule imagination des personnages aussi surprenants que ceux qu’on rencontre dans la réalité »

Un récit se compare à une partie d’échecs : une intrigue contient des figures différentes qui luttent avec leurs propres spécificités. Il est important de caractériser ses personnages. Un protagoniste doit devenir reconnaissable, comme une personne réelle. Plus il semblera différent des gens « normaux », plus il apparaîtra attachant. Dans l’idéal, il aura sa manière de parler, un langage singulier, une attitude rien qu’à lui. Pour vérifier cette partie, n’hésitez pas à vous relire en ôtant les noms dans les dialogues. Il faut reconnaître votre héros, même sans le citer.

Si la structure et la chute doivent être préparées par l’auteur, les personnages évolueront au fur et à mesure de l’écriture, comme tout être humain au cours de sa vie. On les découvrira différents entre le début et la fin du récit.

L’objectif principal d’un auteur tient à ce que le lecteur tourne les pages en voulant connaître la fin du tour de magie, pleinement absorbé. Pour Bernard Werber, la recette d’un bon roman réside dans de multiples petits ingrédients associés. Trouvez votre routine, restez curieux, prenez l’écriture comme une thérapie que vous vous offrez à vous-même, et ce, sans pression !

✒️ Vous vous sentez prêt à passer à l’étape supérieure ? Parcourez nos conseils pour publier votre premier livre !

 

Estelle Leclercq, pour E-Writers.

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.

 

Sources :

 

Crédit photo : Estelle Leclercq