Enfin un moment de calme. Et si on en profitait pour se demander pourquoi le silence dérange ? Pour beaucoup d’entre nous, la journée débute avec la sonnerie perçante du réveil. Puis, les contenus audio s’enchaînent : la radio ou le podcast dans la salle d’eau et sur la route, la télé au déjeuner, et le JT au dîner. Avec un tel environnement sonore, vous vous le demandez : pourquoi je n’aime pas le silence ? Pour comprendre pourquoi on évite le silence, encore faut-il nous interroger sur la manière dont nous le ressentons. Ensuite, nous pourrons  identifier les sons qui nous entourent, avant de découvrir les bienfaits du silence. Enfin, le moment sera venu de lui laisser une place pour ouïr la quiétude d’un silence choisi et non d’un silence subi. Préparez-vous à passer un moment paisible et à faire place à la tranquillité.

1. Comprendre pourquoi je n’aime pas le silence

Imposer le silence pour punir

Avant de nous réconcilier avec le silence, encore faut-il comprendre pourquoi nous le fuyons. À l’école, motus et bouche cousue, c’était la règle. « Taisez-vous, je dois entendre les mouches voler ! », avec le doigt sur la bouche et les gros yeux. Pas étonnant que l’on en ait encore des frissons dans le dos. On nous a tant ordonné de « faire silence », qu’on le perçoit désormais comme une punition qui nous empêche de parler, voire de chuchoter.

Geste universel pour obtenir le silence

Geste universel utilisé pour imposer le silence, souvent désagréable pour la personne à qui il est destiné. (source : Pexels)

Fuir le calme angoissant

Au quotidien, les moments sans bruit sont si rares, que le silence nous angoisse. Alors que l’on devrait apprécier ces temps de répit, ils ne nous permettent pas de trouver le silence intérieur. Les pensées et tracas que l’on essaye d’étouffer surgissent. Alors oui, parfois, le silence fait du bruit ! Et si au lieu de hausser le volume de la télé, on acceptait d’écouter ce que notre esprit souhaite nous faire entendre ? Pour faire le silence dans votre tête, inutile de fixer le plafond pendant des heures. Allez plutôt vous balader, et découvrez les bienfaits de la marche à pied !

2. Écouter les bruits autour de moi

Détecter les nuisances sonores dans mon environnement

Si vous habitez en ville, vous avez peut-être envie de crever les pneus du scooter qui accélère sous votre fenêtre, et de hurler sur le voisin qui passe l’aspirateur à minuit. Et pour couronner le tout, le lendemain, en voiture ou dans le bus, vous êtes envahi.e par la pollution sonore du trafic routier. Si vous êtes freelance, vous avez la chance d’éviter les réunions où l’on ne s’écoute pas parler, le brouhaha des open space, et le collègue qui traîne sa chaise, comme pour faire exprès de vous casser les oreilles ! En revanche, vous connaissez peut-être les enfants qui pleurent et qui se crient dessus quand vous essayez de travailler.

Mais vous savez quoi ? Vous ne pouvez pas lutter contre ce chahut. Demander à votre entourage de baisser d’un ton n’est pas toujours facile. Alors, nous n’allons pas nous concentrer sur ces bruits intempestifs. Voyons plutôt quels sons vous pouvez éviter pour soulager vos tympans.

Reconnaître les fonds sonores que je m’impose

Selon votre âge et votre génération, vous êtes plutôt télévision ou vidéos YouTube. Dans les deux cas, vous les laissez tourner pour avoir un bruit de fond. Vous ne vous demandez même pas « Pourquoi je n’aime pas le silence ? », vous l’évitez automatiquement. Or, ce bourdonnement constant fait un sacré boucan !

Les effets du silence sur notre cerveau

Illustration de la confusion entraînée par les bruits incessants. (Source : dessin réalisé par @crush_tatoo)

Nous abusons des contenus audiovisuels. Selon Médiamétrie, 8 Français sur 10 ont une activité audio quotidienne, qu’il s’agisse de la radio que nous écoutons en moyenne 2 h 46 par jour, ou de l’audio à la demande. Mais pourquoi ce tumulte ? Regardons du côté de l’économie de l’attention. Ces dernières années, les médias et les plateformes d’écoute se sont multipliés. YouTube est à la fois une mine d’informations et une boîte à musique que l’on a parfois envie de jeter par la fenêtre. Il en va de même pour les podcasts. 23 % des Français en écoutent. Or, aussi enrichissants soient-ils, ils entretiennent notre peur du silence !

Et ce bavardage constant s’accentue avec les formats toujours plus courts. Les vidéos TikTok s’enchaînent à des fréquences sonores variables, si bien que le tout devient inaudible et résonne dans nos oreilles. Tous les contenus sont en compétition pour gagner notre attention. Alors, on zappe, et cela entretient notre fatigue auditive. N’oublions pas non plus les publicités et leur son agressif.

Prendre conscience des conséquences du bruit sur ma santé mentale et physique

Concrètement, quelles sont les conséquences de l’exposition au bruit ? On parle beaucoup de la lumière bleue des écrans, mais qu’en est-il des stimuli sonores intempestifs qui nous rendent sourds à petit feu ?

Le Conseil national du bruit distingue les effets sanitaires du bruit à court, moyen et long terme. À court terme, la gêne sonore altère notre santé mentale, nous rend irritables et colériques. De fait, l’exposition au bruit nous fatigue plus rapidement, d’où nos sautes d’humeur. À long terme, c’est notre santé physique qui en pâtit. On observe les conséquences suivantes :

  • perturbations du sommeil ;
  • augmentation du nombre et de la durée des éveils nocturnes ;
  • diminution des phases de sommeil profond et paradoxal les plus réparatrices ;
  • activité trop prononcée du système nerveux ;
  • accélération de la fréquence cardiaque ;
  • hypertension artérielle.

Alors, les risques de souffrir de maladies cardiovasculaires et d’infarctus se multiplient. Aussi formidable soit-il, notre organisme ne s’habitue pas au bruit avec le temps. Ainsi, le stress causé par le bruit ne connaît pas de pause. Mais pas de panique, nous allons trouver des solutions.

3. Apprendre à aimer le silence

Comprendre le rôle du silence dans la communication

Comment supporter le silence dans une conversation ? Ah, ce foutu « blanc » embarrassant ! Peut-être nous a-t-on trop répété que « le silence blesse plus que les mots » ou que « le silence est le meilleur des mépris ». Pourtant, le silence est une forme de communication non verbale. Le silence est aussi une réponse. En effet, paradoxalement, le silence est polysémique, c’est-à-dire qu’il a plusieurs sens. Il n’est pas toujours synonyme de peur, d’ennui, d’incompréhension, ou de malaise. Il permet aussi à notre interlocuteur de nous écouter attentivement, et de réfléchir avant de répondre. Alors, pourquoi toujours essayer d’interpréter le silence de l’autre ?

Connaître les vertus du silence sur ma santé

Maintenant, qu’en est-il des bienfaits du silence sur notre santé, et sur nos capacités cognitives ? Même lorsque l’on vieillit, nos cellules cérébrales continuent de se régénérer dans la région de l’hippocampe responsable de l’apprentissage et de la mémorisation. Une étude réalisée pendant 7 jours sur des souris (dont le cerveau est physiologiquement comparable à celui de l’homme) a démontré l’influence du bruit sur la neurogenèse. Un groupe de souris était exposé au bruit standard de l’animalerie, un autre à des bruits blancs, un autre à une musique pour piano de Mozart, un autre à des aboiements, et encore un autre au silence. Après 24 heures, les scientifiques ont observé une augmentation des cellules propices à la neurogenèse chez tous les groupes, sauf celui exposé aux bruits blancs. Toutefois, 6 jours plus tard, seul le groupe plongé dans le silence présentait un nombre de cellules significativement plus élevé.

Comme quoi, « s’ennuyer comme un rat mort » n’est peut-être pas si mal ! Blague à part, ne vous infligez pas une semaine de silence. Néanmoins, cette étude prouve qu’il est nécessaire au développement cognitif, alors pratiquez-le ! Et si vraiment vous ne tenez plus en place, jetez un œil à cet article pour découvrir les bienfaits de l’ennui et quelques astuces pour développer votre créativité au quotidien.

Renouer avec le silence

Ça y est, vous avez la réponse à votre question « Pourquoi je n’aime pas le silence ? ». Désormais, voyons comment renouer avec le silence en douceur. Le psychiatre Christophe André le cri haut et fort : « le silence est en danger ». Pour réussir à faire silence en soi, il préconise la méditation de pleine conscience qui permet de se concentrer sur soi, sans se laisser envahir par ses pensées intempestives. Une minute de silence par-ci par-là nous aide à retrouver un équilibre.

Bien sûr, le but n’est pas de couper tous les sons et de vous imposer un silence total, sinon, cela risque d’être assourdissant. D’ailleurs, tous les bruits ne sont pas nocifs, alors ne dégainez pas vos boules quies au moindre murmure ! Le silence de la nature n’est-il pas agréable ? Et ne vous privez pas d’écouter votre chanson préférée si elle vous fait du bien, il paraît même que la musique a des vertus.

Allez-y petit à petit. Et si vous troquiez votre quart d’heure « réseaux sociaux » pour des exercices de respiration ? Dès que l’envie vous prend d’allumer votre juke-box des temps modernes, essayez d’apprécier l’absence de bruit. Et si le cœur vous en dit, partagez votre petit pas en commentaire, que l’on s’entraide ! Merci de m’avoir lue, je vous souhaite de belles retrouvailles avec vous-même !

Agathe Lemière, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.

Sources :

Médiamétrie, transformation des usages médias
Economie de l’attention, la conquête des cerveaux
Conseil National du Bruit : les effets sanitaires du bruit
Is silence golden? Effects of auditory stimuli and their absence on adult hippocampal neurogenesis