On est foutus, on mange trop ! Souvent mis en avant pour son efficacité dans la perte de poids, le jeûne intermittent, ou fasting, est en vogue chez les chasseurs de kilos superflus. Mais les bénéfices de cette technique nutritionnelle ancestrale sont infiniment plus nombreux et inattendus. Découvrez 5 raisons surprenantes et parfaitement adaptées au monde contemporain de pratiquer le jeûne intermittent !

1. Manger moins, manger mieux : l’atout prix du fasting

Entre 1961 et 2021, la part de l’alimentation dans le budget des Français a diminué de 10 %, une tendance qui s’accentue encore (1). Bonne nouvelle ? Pas vraiment. Car cela n’est pas dû à une baisse des dépenses de bouche, mais à une explosion d’autres postes : logement, téléphonie, Internet, etc.

La révolution dans le garde-manger : couper la tête aux idées reçues

Les enquêtes indiquent que les consommateurs hexagonaux sont de plus en plus soucieux de la qualité du contenu de leur assiette. Ils prennent conscience des conséquences d’une nutrition déficiente pour l’organisme. Et les Français se familiarisent avec des termes complexes : microbiote, flore intestinale… Pourtant, d’après une étude Ipsos de décembre 2020, 47 % des sondés pensent que bien manger coûte trop cher pour pouvoir changer leurs usages (2). Une perception qui a la vie dure.

🗣 Pour aller plus loin : rééquilibrer le microbiote intestinal

Quand frugalité rime avec qualité

Vous avez adopté le snacking ? Dans l’affirmative, vous n’êtes pas seul.e ! Multiplier les collations tout au long de la journée est une tendance très actuelle. Et qui coûte cher. Cet appétit pour les grignotis-grignotas pèse sur nos budgets autant que sur nos estomacs. Le fasting est une proposition séduisante pour respecter ses finances tout en s’offrant une alimentation de qualité. Ses adeptes se montrent globalement plus sélectifs quant à leur consommation. Attentifs à la qualité nutritionnelle de leur alimentation restreinte, ils privilégient nutriments denses et aliments bruts. Ils mangent peu, souvent local et bio. Une équation facilitée par une diminution significative des dépenses consacrées aux petits à-côtés, salés et sucrés, qui rythment désormais notre quotidien. Bref, le jeûne intermittent pourrait bien être l’ami de notre portefeuille comme de notre vitalité !

🗣 Découvrir : consommer en circuit court

2. Alléger son empreinte écologique en limitant sa consommation

Les êtres humains dans leur ensemble impactent lourdement leur écosystème. Pour subvenir aux besoins de la population mondiale, il nous faudrait 1,75 Terre. Malheureusement, coloniser l’espace demeure un horizon lointain.

Photo de la planète Mars

Ne pas faire de notre Terre la prochaine planète rouge. Source : Pixabay

À l’heure du grand dépassement : Terre, planète rouge de honte

Le 28 juillet 2022, l’humanité a officiellement épuisé l’ensemble des ressources reconstituables pour l’année (3). Imaginons que notre astre soit une banque et que chaque Terrien y possède un compte. Pensez maintenant à la tête de votre banquier si vous lui annoncez que vous serez dans le rouge pour les cinq prochains mois… Notre monde fait, lui aussi, grise mine, mais nous continuons de danser sur un volcan : les agios semblent indolores et la fermeture du compte n’interviendra pas avant quelques années.

L’empire fragile des gloutons

Au total, 55 % des ressources du globe servent à nourrir les peuples. Les nations développées sont, de très loin, les plus avides, et dans la course à la surconsommation, l’Europe se tient dans le peloton de tête (4). Militant sans relâche pour la protection de l’environnement, l’organisation non-gouvernementale WWF propose trois pistes afin de ralentir notre folle trajectoire vers la désertification :

  1. Baisser la consommation de protéines animales.
  2. Stopper la conversion des écosystèmes naturels.
  3. Transformer nos modes de production vers l’agroécologie.

Avant que notre maison commune ne s’effondre inexorablement, il est donc impératif d’agir et de réduire en urgence les disparités entre des pays riches obèses et des continents affamés. Bien plus qu’un outil bobo pour affiner sa silhouette, diminuer la fréquence de nos repas constitue dès lors l’acte de sobriété volontaire de citoyens engagés pour la survie de leur planète.

🗣 Atténuer son impact environnemental : gestes écologiques

3. Pratiquer le jeûne intermittent pour stopper le vieillissement

« WHEN CHANGES OCCUR WITH THIS METABOLIC SWITCH, IT AFFECTS THE BODY AND BRAIN. »  (LORSQUE DES CHANGEMENTS SURVIENNENT AVEC CE COMMUTATEUR MÉTABOLIQUE, ILS AFFECTENT LE CORPS ET LE CERVEAU.) — MARK MATTSON

Dès la fin du 19e siècle, le monde scientifique s’intéresse aux effets de la restriction alimentaire sur l’organisme. Certains médecins d’alors jettent les bases empiriques de ce que l’on nomme aujourd’hui : le jeûne thérapeutique.

Modifier ses schémas nutritionnels pour rajeunir : ce que dit la science contemporaine

Nombre d’études récentes observent les effets anti-âge de la pratique du jeûne intermittent. Les chercheurs de deux prestigieuses universités américaines ouvrent la voie.

Mark Mattson

Photo de Mark Mattson, neuroscientifique

Mark Mattson, expert mondial du fasting. Crédit : Vogler

 

Le neuroscientifique du John Hopkins Hospital étudie le jeûne intermittent depuis 25 ans. Selon lui, le fasting protégerait contre nombre de maladies chroniques et dégénératives. En décembre 2019, dans une publication du New England Journal of Medicine (5), le chercheur développait la théorie du « commutateur métabolique » (6) : 12 heures après le dernier repas, le foie a épuisé ses réserves de glycogène. L’organisme mobilise alors ses graisses comme source d’énergie. Parmi les bénéfices observés :

 

 

 

  • accroissement de la résistance au stress physiologique ;
  • allongement de l’espérance de vie ;
  • augmentation de la mémoire ;
  • amélioration des marqueurs de la santé artérielle et cardiaque ;
  • optimisation des performances sportives ;
  • accélération de la régénération tissulaire.

David Sinclair

Photo de David Sinclair, biologiste.

David Sinclair, 53 ans, pionnier de la recherche sur la longévité. Source : Babelio

La longévité est au cœur des recherches du biologiste d’origine australienne. Il dirige le Sinclair Lab au sein de Harvard University. Son équipe explore de nombreuses avenues, tant médicamenteuses que génétiques. Mais pour l’auteur du livre Lifespan et de son podcast dérivé (7), pratiquer le jeûne intermittent est un élément primordial dans la stratégie de lutte contre le vieillissement prématuré. Il préconise également une réduction de la consommation de sucre et un régime flexi-végétarien. Ses travaux en font un favori des cercles transhumanistes et il provoque des réactions contrastées au sein de la communauté scientifique. Leader dans son domaine, il est néanmoins considéré par ses pairs comme un pionnier de la médecine globale du futur.

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4. Tenter la restriction alimentaire pour booster ses performances sportives

Jeûner pour des raisons spirituelles est aussi ancien que les religions elles-mêmes. On se privait pour se rapprocher de Dieu, se purifier. Similairement, on démontrait la force de sa foi en faisant preuve de discipline. Aujourd’hui, de nouvelles et surprenantes catégories de la population embrassent ce style de vie, pour des motifs bien différents !

Sportifs de haut niveau : prudence

Plusieurs athlètes d’élite pratiquent une forme ou une autre de jeûne intermittent. Tom Brady, la superstar de la NFL (la Ligue nationale de football américain) en est un ardent défenseur. Le champion de golf Phil Mickelson, vainqueur du championnat PGA 2021 à l’âge de 50 ans, devenant ainsi le plus vieux vainqueur d’un tournoi majeur, attribue son exploit au jeûne intermittent.

Cependant, la pratique du jeûne par les sportifs professionnels requiert une étroite surveillance médicale. Peter Attia, médecin et athlète de haut niveau, lui-même adepte du fasting, alerte : si le repas post-jeûne n’est pas adéquat, l’athlète court des risques majeurs de sous-alimentation et de carence en protéines. À la clé : perte musculaire et contre-performances.

Un véritable avantage métabolique

En revanche, pour les sportifs non-professionnels, la promesse est alléchante : retarder la prise alimentaire et s’entraîner à jeun favoriserait la production de GH (hormone de croissance), indispensable à l’augmentation de la masse musculaire. En outre, un jeûne modéré – entre 16 et 24 heures, 2 ou 3 jours par semaine – permettrait une régulation de l’insuline anti-coup de pompe, ainsi qu’une réduction de la masse grasse, sans effet yo-yo des régimes classiques.

5. Décupler sa productivité avec le jeûne

Mettre son appareil digestif sur pause, l’assurance d’un esprit affûté ? Pour les pratiquants convaincus de la diète sèche, cela ne fait guère de doute !

Les geeks de la Silicon Valley : le piège du fasting en overdrive

La célèbre Silicon Valley est la terre d’asile de mystiques 3.0 : les travailleurs de la Tech. Les articles se succèdent et les rumeurs bruissent autour de leurs protocoles de jeûne controversés. Avec, à la proue du mouvement, des CEO comme Tim Cook, patron de Twitter, ou Phil Libin, dirigeant de All Turtles, les petits génies multiplient les déclinaisons à haut risque. Leur philosophie : « Harder, Better, Faster, Stronger » (8).

Pour ces personnalités ultra-compétitives, pas question de se contenter de quelques heures d’abstinence. Certains jeûnent plusieurs jours d’affilée chaque semaine. Leurs motivations : le biohacking (9) et la recherche d’une productivité survitaminée. Des pratiques extrêmes à considérer avec la plus grande vigilance.

L’impact de l’alimentation différée sur le cerveau

De fait, le jeûne intermittent aurait des effets singuliers sur la matière grise. Dans un abstract de 2019, des chercheurs de l’Université de Singapour allaient jusqu’à avancer que réduire sa fenêtre alimentaire à une période de 8 heures faisait « pousser les neurones » ! Une théorie qui fait écho au ressenti de grande clarté mentale décrit par quantité de jeûneurs chevronnés. La science du fasting n’en est qu’à ses débuts !

🗣 Alternativement : des techniques de méditation pour booster sa productivité

Envie d’essayer un mode de vie qui présente de multiples bénéfices pour la planète et ses humains ? Pratiquer le jeûne intermittent vous tente ? Il est essentiel de consulter son médecin préalablement à toute modification profonde de son alimentation. Toutefois, en optant pour des choix nutritionnels judicieux, le fasting peut apporter des réponses aux aspirations diverses et contrastées de notre époque.

Eve Beauséjour, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.

 

Sources :

1 – Insee : consommation 1961-2021

2 – Le modèle alimentaire français résiste et se réinvente

3 – WWF : le Jour du dépassement

4 – Nouveau rapport du WWF : plutôt que la nourrir, l’Europe dévore la planète

5 – Effects of Intermittent Fasting on Health, Aging, and Disease

6 – Flipping the Metabolic Switch : understanding and applying health benefits of fasting

7 – Lifespan

8 – « plus dur, toujours mieux, plus vite, plus fort »

9 – Ensemble de pratiques pour tenter de manipuler les gènes et la biologie humaine par des acteurs non-scientifiques.