L’idée de déguster une boisson saine vous séduit, mais vous ne comprenez pas pourquoi, à chaque tentative, votre thé devient âcre ? Vous pensez qu’il suffit d’infuser quelques feuilles, en vrac ou en sachet, dans de l’eau chaude, pour plonger dans les arômes enivrants de l’Asie ou de l’Afrique ? C’est vrai, mais pas n’importe comment. Plante ancestrale issue de la pharmacopée chinoise, le Camellia sinensis offre une liqueur délicate à qui connaît ses secrets. Avant de mettre la bouilloire en route, prenez le temps de lire nos recommandations. Vous allez enfin apprendre à préparer un bon thé !
1. Préférer une eau neutre qui ne dénature pas le breuvage
Cela peut paraître contraignant, mais il faut juste prendre une bonne habitude. Un thé est constitué à 99 % d’eau. Si celle-ci n’est pas de qualité, votre five o’clock pourrait tourner au fiasco. Une tasse de thé digne de Buckingham exige une eau très faiblement minéralisée, de préférence une eau de source, ou plus simplement de l’eau filtrée. En effet, une saveur trop prononcée peut couvrir la finesse aromatique du thé. Qui n’a jamais ressenti un arrière-goût de plongeon dans la piscine, « j’ai bu la tasse tchin-tchin », en trempant son sachet dans une eau chlorée recueillie au robinet ? Quant au calcaire souvent présent dans les canalisations, il empêche l’eau de pénétrer correctement dans les feuilles et fausse la durée de l’infusion.
2. Doser correctement la quantité de feuilles en vrac
Tous les sommeliers du thé s’accordent sur le même ratio : 2 grammes de thé pour 10 à 15 centilitres d’eau. Cela correspond à une pincée avec trois doigts, et c’est le poids exact retrouvé dans les sachets tout prêts. À vos calculettes !
Si votre théière contient 1 litre, quelle quantité de feuilles devrez-vous mettre en œuvre ? Entre 13 et 20 grammes de thé, et cela représente beaucoup de sachets !
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3. Respecter la température préconisée selon la couleur : thé blanc, thé vert, thé noir
Les différentes variétés de thé proviennent toutes de la même plante, le camélia de Chine, c’est-à-dire le théier. La couleur des feuilles dépend de leur oxydation au contact de l’air, et du processus de fermentation.
Préserver la délicatesse du thé blanc
Récoltés les premiers jours du printemps, les bourgeons, recouverts d’un duvet blanc-argenté, s’oxydent très peu, et s’épanouissent dans une eau chauffée entre 65 et 75 degrés. Détail méconnu, c’est le thé blanc qui contient le moins de théine et qui possède le pouvoir antioxydant le plus puissant.
Sublimer les notes végétales du thé vert
Le thé vert doit son excellente réputation à une étape cruciale, la fixation, qui stoppe l’oxydation des polyphénols. Le procédé diffère selon les traditions : chaleur sèche en Chine ou vapeur humide au Japon. Le thé vert se plaît dans une eau chauffée à 80 degrés, à l’exception de certains thés japonais, délicats et thermophobes, qui doivent barboter dans une eau n’excédant pas 70 degrés. Riche en catéchines, le thé vert aide à détoxifier le foie en douceur.
Souligner l’amplitude du thé noir
Moins capricieux et plus robuste, le thé noir doit sa couleur à une phase d’oxydation prolongée, et apprécie les sensations fortes. Il déploie tous ses arômes dans une eau à 90 degrés, voire plus quand il s’agit d’un pu-erh fermenté ou d’un oolong semi-oxydé (le fameux thé bleu, entre vert et noir, son cœur balance). Alors, Ceylan ou Darjeeling ? District de Keemun ou province du Yunnan ? Il vous reste à choisir une destination. Décollage immédiat, avec ou sans nuage de lait ?
Connaître l’origine du thé rouge
Une précision s’impose et risque de vous décevoir. Attention, spoiler. Le thé rouge est à classer avec le père Noël, il n’existe pas. Alors, quelle boisson se cache derrière cet abus de langage ? Pour vous consoler, voici de quoi briller lors de votre prochain brunch entre amis :
→ Le thé rouge, ainsi nommé par les Chinois en raison de la teinte cuivrée de la liqueur, correspond au thé noir que nous buvons en Occident.
→ Il peut également désigner le rooibos, un arbuste endémique d’Afrique du Sud, qui ne contient pas de théine et très peu de tanins. Son infusion à 95 degrés, comme une tisane, donne à l’eau une magnifique robe caramel qui rappelle celle du thé noir.
4. Appliquer le temps d’infusion propre à chaque type de plante séchée
La durée d’infusion idéale correspond au temps dont la plante a besoin pour libérer toutes les nuances de son profil aromatique sans que l’amertume des tanins prenne le dessus.
- Thé blanc : entre 5 et 10 minutes, afin de profiter de son bouquet subtil.
- Thé vert : 1 à 3 minutes pour un thé vert japonais, 3 à 4 minutes pour un thé vert chinois. Au-delà, l’astringence serait trop prononcée.
- Thé noir : 4 à 5 minutes permettent d’équilibrer théine et tanins.
- Rooibos : 5 à 7 minutes de patience.
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5. Préparer un bon thé grâce à des accessoires adaptés : bouilloire, infuseur, théière, etc.
L’utilité de la bouilloire et comment s’en passer
La bouilloire à température réglable, très utile, propose une eau chauffée à point. Si vous ne souhaitez pas investir, voici quelques astuces avec une casserole, et un détour par la poissonnerie :
- Les premières petites bulles au fond du récipient, comme des « yeux de crevette », indiquent une eau à 70 degrés environ.
- Lorsqu’elles ressemblent à des « yeux de crabe », l’eau atteint 80 degrés.
- Les grosses bulles qui remontent rapidement évoquent une température à 95 degrés.
- Dernier truc : 1/3 d’eau froide + 2/3 d’eau bouillante = eau à 80 degrés.
Infuseur, pince à thé ou sachet, c’est selon la contenance
La pince à thé se distingue par son petit format, qui vous suit partout. Elle peut contenir du thé pour une seule tasse. Au-delà, les feuilles, trop serrées, ne pourraient pas s’exprimer correctement.
L’infuseur, quant à lui, convient pour un plus grand volume d’eau. Certaines théières disposent d’ailleurs d’un infuseur amovible.
Le filtre à thé jetable, enfin, existe en plusieurs tailles, et offre l’avantage de s’adapter à votre contenant. Si cette méthode vous paraît plus pratique, mais que vous surveillez la quantité de déchets produits, préférez les filtres en papier biodégradable sans chlore. Ceux-ci pourront snober la poubelle et rejoindre un composteur.
Le matériau de la théière, un rôle décisif pour infuser parfaitement du thé
Sans mémoire ? Culottée ? Votre théière ressemblerait-elle à une bonne copine écervelée ? Presque. Les théières en terre cuite, poreuses, absorbent les tanins et certains arômes, qui forment un dépôt sur la paroi. On dit qu’elles se culottent. Ce dépôt constitue la mémoire de la théière, et influence le bouquet des infusions suivantes. Il faut donc réserver son usage à un seul thé.
A contrario, le verre, la porcelaine ou la fonte produisent des théières sans mémoire dans lesquelles différents thés, d’origine ou aromatisés, peuvent être préparés. Si vous êtes adepte du changement, plutôt que de déculotter la première théière venue, préférez ce type de matériau.
Minuteur et repose-thé, indispensables, mais substituables
Un œil sur l’horloge du four, une addition, et vous pensez repêcher votre sachet à temps ? En fait, vous vaquez, vous cédez à la tentation des notifications, et vous oubliez ! Rien ne vaut une alerte. Le minuteur de cuisine ou le chronomètre de votre téléphone, peu importe, il suffit d’un bip au bon moment.
Dès lors, le repose-thé entre en jeu. Un gadget, pensez-vous ? Soit. Vous pouvez utiliser une soucoupe ou un verre. L’idée, c’est de réagir dès que la sonnerie vous rappelle à l’ordre, avant que votre earl grey ne ressemble à une amère marinade.
« On boit le thé pour oublier le bruit du monde. » Lu Yu, philosophe et auteur chinois du VIIIe siècle.
6. Privilégier du thé de qualité pour une dégustation optimale
Nous n’allons pas tourner longtemps autour de la théière : la réussite de votre cup of tea dépend de la qualité du thé que vous infusez. Une plante en poussière, mêlée à d’autres substances, vendue à bas prix au supermarché, ne pourra jamais rivaliser avec l’élixir d’un salon de thé.
Afin de réussir cette pause sacrée, au cœur de la philosophie du lagom, il faut privilégier les feuilles en vrac et choisir une marque réputée. Mariage Frères, le Palais des thés, Dammann ou la Compagnie Coloniale, pour ne citer que ces enseignes, sont des marchands de thé sérieux, dont la qualité des produits est régulièrement analysée.
Bonne nouvelle, vous savez désormais préparer un bon thé. En suivant ces quelques règles, votre prochaine tasse de camélia chinois frôlera la perfection ! Avant de quitter cette page, n’hésitez pas à répandre les bonnes manières en partageant l’article. Enfin, si vous souhaitez devenir imbattable sur le café, et le réussir à tous les coups, dites-le en commentaire. Nous vous tiendrons au jus !
Laurence R. Ernault, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.
Bibliographie :
DELMAS, François-Xavier. Tea Sommelier. Paris : Éditions du Chêne. 2016. 224 pages. (Hors collection.)
Sources :
Thé vert, thé noir, thé blanc, thé rouge, quels sont leurs bienfaits ? – Vulgaris médical
Guide du thé – Origine, bienfaits et dégustation – Thé et Traditions
Un thé, un voyage : podcast cuisine et thé – Palais des Thés