Dans le paysage inhospitalier du Grand Désert de Sable de l’arrière-pays australien, des rangers aborigènes sont chargés de protéger et d’étudier la faune et la flore. Si des espèces comme le diable cornu ou le kangourou roux commencent à être bien connues, d’autres sont si rares qu’elles restent encore bien mystérieuses. C’est le cas de l’énigmatique taupe marsupiale. Pourtant, des rangers de la communauté KJ Martu ont eu la chance d’en observer deux en l’espace de quelques mois entre 2023 et 2024, et même de prendre des photos ! Faites avec nous la rencontre de cette créature aussi adorable qu’étrange.

La taupe marsupiale : une espèce très discrète

On sait encore peu de choses de la taupe marsupiale. En effet, les rangers du Grand Désert de Sable n’arrivent à l’observer qu’entre 5 et 10 fois seulement par décennie ! Le kakarratul — son autre nom — est un animal fouisseur et aveugle qui vit sous terre. Grâce aux griffes sur ses pattes avant, il peut rapidement « nager » dans le sable, sous lequel il est capable de rester très longtemps sans avoir besoin de beaucoup d’oxygène. Son pelage doré lui permet aussi de se camoufler facilement dans son environnement.

Pour étudier les taupes marsupiales, les rangers aborigènes du groupe KJ Martu ont développé des techniques qu’ils présentent dans des vidéos éducatives sur leur chaîne YouTube. Tout d’abord, ils cherchent les empreintes de pas de l’animal sur le sol, avant de creuser des tranchées pour trouver des traces des galeries créées par son passage. Contrairement à la plupart des taupes, le kakarratul ne laisse pas de tunnels derrière lui, puisqu’ils se remplissent rapidement de sable. Cette espèce est donc très rare et les rangers sont bien souvent les seuls à pouvoir les observer.

On comprend alors l’excitation provoquée par la photo postée sur leurs réseaux sociaux après leur deuxième rencontre en 6 mois avec la taupe marsupiale !

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Une rencontre importante pour la protection de la biodiversité

Dans une interview accordée à ABC Australia après la publication de ces photos, Gareth Catt, expert de la faune du désert, souligne l’importance du travail des rangers. Si l’arrière-pays occidental représente près d’un tiers de la surface de l’île, c’est aussi l’un des endroits les moins peuplés. Mais les aborigènes présents sur place mènent des programmes de conservation de la faune et de la flore dans ces zones hostiles.

Par exemple, les KJ Martu alimentent une base de données avec la localisation et les mesures des trous creusés par les taupes marsupiales. Ainsi, on peut voir que même si elle est très difficile à apercevoir, cette espèce n’est pas en danger.

Leur travail de préservation de la biodiversité est d’autant plus essentiel avec le dérèglement climatique qui menace le désert australien. Les animaux qui y vivent risquent en effet de subir les conséquences des changements de précipitation ou de température. Gareth Catt met aussi l’accent sur le manque de moyens financiers accordés à l’étude de ces espèces, qui attirent moins la sympathie que des mammifères plus mignons comme les koalas.

Les nouvelles images de la taupe marsupiale nous offrent non seulement la possibilité d’observer cet animal rare, mais aussi de promouvoir le travail des aborigènes, souvent mis à l’écart. Elles nous rappellent également l’importance de la recherche et des subventions pour la biodiversité. L’Australie déploie néanmoins des efforts pour protéger la faune, avec par exemple l’agrandissement d’un gigantesque parc marin pour préserver les espèces aquatiques.

Émilie Monteil, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW

Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW

Sources :