Le trouble borderline touche environ 2 % de la population générale et représente entre 15 et 25 % des consultations en psychiatrie. Le suicide constitue 8 à 10 % des motifs de décès chez les personnes concernées. Ce chiffre est 40 fois plus élevé que la moyenne mondiale.

L’existence d’un traumatisme dans l’histoire du sujet peut être une cause de l’apparition du trouble de la personnalité limite (TPL). L’abandonnisme, couplé à l’instabilité émotionnelle, peut créer un torrent de sentiments à l’origine de crises de colère intenses. Oscillant entre idéalisation et dévalorisation dans leurs rapports sociaux, les personnes borderline entretiennent des relations fragiles avec leur entourage.

En tant que proche, vous vous sentez désabusé face aux réactions imprévisibles de la personne que vous aimez. Comment obtenir un diagnostic de TPL ? Comment bien vivre le quotidien avec quelqu’un qui a peur de l’abandon ? Apprenez les bons gestes pour améliorer vos relations avec une personne borderline.

Les manifestations du trouble borderline

Le manuel de diagnostic de la santé mentale (DSM 5) définit des critères pour déterminer l’existence d’un trouble de la personnalité limite. Ce trouble psychique peut commencer à apparaître à l’adolescence, mais se manifeste plus régulièrement au début de l’âge adulte. Seul un psychiatre peut valider la présence de ce dérèglement psychologique.

Les symptômes menant au diagnostic

Il faut présenter au moins 5 des 9 critères définis par le DSM 5 pour être diagnostiqué :

  • une peur de l’abandon et du rejet ;
  • une instabilité dans les relations ;
  • des conduites impulsives ;
  • des troubles de l’humeur ;
  • une image de soi fluctuante ;
  • des émotions vives et souvent disproportionnées ;
  • un sentiment de vide ;
  • un état dissociatif en cas de stress intense ;
  • la présence d’automutilation et de tendances suicidaires.

Les critères se manifestent de manières différentes selon les personnes qui les présentent.

Les conduites associées à l’état limite

« Vous fumez par plaisir. Moi c’est pour mourir. » Qui es-tu Alaska ? | John Green

Le plus souvent, ces comportements impulsifs ne sont pas conscients. Il arrive cependant que certains soient délibérément adoptés pour se mettre en danger.

  • L’autosabotage : quitter un travail avant une promotion, arrêter ses études avant le diplôme, etc.
  • Les conduites addictives avec ou sans substances : jeu pathologique, achats compulsifs, sport intensif, etc.
  • La traversée imprudente de la route.
  • Une conduite dangereuse : excès de vitesse, alcoolisation, etc.
  • Les rapports sexuels à risque : Chemsex (rapports sous emprise de drogues), partenaires multiples sur une courte période, rapports non protégés, etc.
  • L’automutilation intentionnelle : coups, griffes, morsures, brûlures, etc.

La vie quotidienne avec un trouble de la personnalité borderline

Dépression, trouble anxieux, stress post-traumatique, trouble du comportement alimentaire, trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité : les comorbidités sont nombreuses et viennent impacter le quotidien des personnes touchées.

Pour combler le vide qu’ils ressentent et soulager les ruminations, les personnes borderline ont souvent recours à des substances ou à des comportements addictifs. Ceux-ci peuvent amplifier les problématiques sociales et les symptômes déjà présents.

Leur humeur est dépendante de leur environnement immédiat et des interactions interpersonnelles. La peur les poussent à surinterpréter les faits et gestes de leur entourage. Leurs émotions deviennent donc incontrôlables et leur colère semble démesurée. S’ensuivent alors la fatigue et la culpabilité qui accentuent la faible estime qu’ils ont d’eux-mêmes.

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Les comportements à adopter face à une crise émotionnelle

La crise émotionnelle apparaît lorsque les émotions débordent et ressortent par le biais de comportements extrêmes.

Elle se présente en 3 étapes :

  • le déclencheur ;
  • la confusion ;
  • la résolution.

Voici quelques conseils pour faire face à la crise et la résoudre le plus rapidement possible.

La maîtrise de ses émotions

Avec un état limite, la gestion des émotions est compliquée. Dans un contexte de crise, l’hypersensibilité intensifie les ressentis négatifs et empêche de penser de façon rationnelle. Le cerveau émotionnel prend alors les commandes et dirige le comportement.

En premier lieu, il est donc nécessaire que vous restiez maître de vous-mêmes.

Ce qu’il ne faut pas faire :

  • crier ;
  • être violent ;
  • répondre aux provocations.

Ce qu’il faut faire :

La validation de la personne borderline

Pour désamorcer la crise, il est important de faire appel à la validation.

La validation est « un refus affirmé de traiter quelqu’un comme s’il était mauvais, fou ou complètement faux, quel que soit son comportement. » Marsha Linehan

Vous ne tolérez leur attitude, vous reconnaissez simplement l’existence de l’autre et de ses émotions. Ainsi, vous participez à accompagner la personne dans l’acceptation de ce qu’elle ressent.

L’écoute empathique est la meilleure des armes pour aider votre proche à évacuer sa colère. Vous pouvez également lui demander de mettre des mots sur ses ressentis. En effet, mieux les identifier permet de mieux s’y confronter.

L’aménagement de l’environnement pendant et après la crise

La personne en crise est plus sensible que jamais. Il est donc essentiel de limiter les stimuli sensoriels et de sécuriser son environnement.

À l’extérieur :

  • Amenez-la dans un lieu calme pour éviter le sentiment de honte après la crise.
  • Restez présent. Il n’est pas conseillé de la laisser seule dans un environnement non sécurisant.
  • Cherchez un endroit où s’asseoir. Comme après une crise d’angoisse, elle a besoin de se reposer.

À la maison :

  • Éloignez les objets qui pourraient la blesser.
  • Laissez-lui de l’espace. Ne la touchez pas sans son consentement (hors situation de danger).
  • Éteignez toutes les sources de pollution sonore ou visuelle.

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La protection contre les symptômes de la personnalité limite

Si les symptômes de l’état limite peuvent être handicapants pour la personne qui en souffre, ils peuvent également beaucoup nuire à son entourage.

Le borderline peut difficilement s’en sortir seul : il a besoin de vous pour se relever. Il est donc important de penser à vous et de vous protéger.

L’accompagnement vers le soin : traitements et thérapies

Pour commencer, le plus important est d’accompagner la personne vers le soin. Votre proche a besoin de consulter un spécialiste de la santé mentale.

Le trouble limite fait partie d’elle et il est impossible d’en guérir. Cependant, il existe plusieurs moyens d’atténuer les symptômes pour réduire le retentissement sur sa vie :

  • L’hospitalisation en cas de danger imminent.
  • La médication pour la dépression, l’anxiété ou la paranoïa.
  • La psychothérapie cognitivo-comportementale.
  • La psychothérapie comportementale dialectique (très peu de professionnels y sont formés en France).
  • La thérapie familiale si la situation a affecté le fonctionnement de la famille.

Un environnement stable et sécurisant pour limiter les symptômes du TPL

Pour limiter les manifestations du trouble, il est essentiel de garantir à votre proche un environnement stable et sécurisant. Telle la tortue se recroquevillant dans sa carapace lorsqu’elle est en danger, la personnalité limite se protège derrière ses symptômes. C’est pourquoi vous devez créer un endroit où elle se sent en confiance.

On retrouve dans ce trouble une prédisposition à la dépendance affective. Vous pouvez donc rapidement devenir l’unique variable de son bonheur. Pour l’éviter, motivez-la à sortir avec ses amis. La communication est essentielle, alors expliquez-lui pourquoi vous souhaitez l’encourager dans ce sens.

La communication comme clé de la relation à l’autre

Pour que la confiance s’installe dans la relation, apprendre à mieux communiquer ensemble est primordial.

Dans la vie de couple, le cercle familial ou amical, la personne borderline a peur d’être abandonnée. Son cerveau est entraîné à détecter tous les signes qui vont dans ce sens. Le terrain est donc propice à tous les quiproquos ou mésinterprétations. Lorsque vous lui parlez, ajoutez des précisions environnementales (heure, lieu, personnes présentes) pour éviter tout malentendu.

Infographie de suicide action Montréal | Les phrases à dire et à ne pas dire à une personne suicidaire.Parlons du suicide Éviter de dire : Ce n'est pas grave, ça va passer. Tout le monde a des problèmes. C'est juste une crise d'adolescence. Secoue-toi. Arrête d'y penser. Arrête ton cinéma. T'oseras jamais le faire de toute façon. T'imagines comme ta famille sera triste si tu fais ça ? Pense aux autres. C'est juste pour te rendre intéressant. Remplacer par : Bien que la situation que tu vis est difficile en ce moment, je suis convaincu que cet état peut changer et j'aimerais aider. Tout le monde a des problèmes, mais ce n'est pas tout le monde qui a le courage de demander de l'aide. Je suis là pour toi. Ce que tu dis, je le prends au sérieux. Est-ce que ça t'arrive de penser au suicide ? Ça peut être lourd d'avoir des idées comme ça constamment, comment fais-tu pour les surmonter ? Quand tu me dis que tu veux t'enlever la vie, je prends ça au sérieux. Je veux que tu aies l'aide dont tu as besoin pour aller mieux. Moi et d'autres personnes tenons à toi. Ta vie est importante pour nous. Je pensais à toi aujourd'hui, comment tu te sens ? Ça te dis d'aller faire un tour avec moi ?

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Il est également important de laisser votre proche s’exprimer. Encouragez-le à donner son avis et à dire ce qu’il ressent (sans l’obliger). Ainsi, vous sentirez vos relations s’apaiser.

Tout en vous protégeant quand vous en éprouvez le besoin, accueillez les manifestations du trouble avec bienveillance.

Si vous êtes en détresse, n’hésitez pas à interpeller les professionnels de santé qui suivent votre proche, ou à contacter d’autres établissements de soins. Il existe également des numéros et des sites spécialisés pour vous accompagner.

  • Le site de l’AAPEL ;
  • Le site de l’AFORPEL ;
  • Le 3114, numéro de prévention du suicide.

Et n’oubliez jamais que vous n’êtes pas seuls.

 

Jennifer Degremont pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Andrée, tutrice de formation chez FRW.

Sources :