Visiter le domaine de Louis XIV à Marly, c’est s’offrir une escapade teintée de nostalgie dans le Grand Siècle. En effet, du magnifique château construit par le Roi-Soleil non loin de Versailles, il ne reste qu’un majestueux parc, un musée, de belles statues et des pièces d’eau qui invitent à la rêverie. Victime des convulsions de l’Histoire, tombé dans l’oubli, Marly reste méconnu. Pourtant, ce site patrimonial, classé Domaine national et labellisé Jardin remarquable, mérite qu’on le découvre. Suivez le guide !
L’histoire du château de Marly, maison de campagne royale
« Nous allâmes d’abord à Marly-le-Roi, et là, pour la première fois, je pris l’idée d’un séjour enchanteur […] Ces beaux arbres, ces salles de verdure, ces bassins, ces jets d’eau, dont un s’élevait à une hauteur si prodigieuse qu’on le perdait de vue ; tout était grand, tout était royal, tout y parlait de Louis XIV. »
C’est en ces termes admiratifs que la célèbre portraitiste Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) évoque, dans ses Souvenirs, le château de Marly qu’elle a connu durant sa jeunesse, peu avant la Révolution. Ce palais est né de la volonté du Roi-Soleil de disposer d’un lieu de villégiature où il pourrait fuir les contraintes de la cour, et se détendre avec ses proches et quelques courtisans triés sur le volet.
Pour le Roi-Soleil, Hardouin-Mansart crée un palais à nul autre pareil
Pour bâtir son ermitage, Louis le Grand jette son dévolu sur un vallon boisé à côté du village de Marly. Le site est idéal : à l’abri des regards, il se trouve à mi-chemin entre ses châteaux de Versailles et de Saint-Germain-en-Laye, distants de quelques kilomètres. Il a aussi le double avantage de s’ouvrir sur un vaste panorama et de donner accès à une forêt giboyeuse, indispensable à ce roi passionné de chasse. En 1679, le monarque confie la construction de sa résidence de plaisance à son architecte, Jules Hardouin-Mansart. Ce dernier s’acquitte de sa mission avec brio et, en 1686, le Roi-Soleil séjourne pour la première fois dans un château-jardin d’une conception tout à fait novatrice. Le nouveau domaine de Louis XIV présente un plan éclaté. Plusieurs pavillons sont disposés selon deux grands axes se croisant à l’emplacement de celui du roi, le plus imposant bien sûr. Formant un carré parfait, dont le centre est un salon octogonal à l’italienne haut de 16 mètres, il s’inspire de la villa Rotonda d’Andrea Palladio à Vicence. Les façades des bâtiments sont ornées de trompe-l’œil aux couleurs vives imaginés par le peintre Charles Le Brun. Cela donne un air de décor de théâtre à Marly. Alignés de part et d’autre d’un immense miroir d’eau, pièce centrale de la grande perspective s’ouvrant vers la vallée de la Seine, douze petits pavillons carrés accueillent les invités du roi. Les jardins sont constamment embellis et remaniés par un Louis XIV qui laisse s’exprimer ses goûts. Sa belle-sœur, la princesse Palatine, s’extasie : pour elle, des fées œuvrent à Marly ! Cascades, jets d’eau et fontaines contribuent beaucoup à la magie des lieux. Pour les alimenter, le roi fait édifier la gigantesque machine de Marly, qui pompe et achemine l’eau de la Seine, toute proche. Enfin, bosquets et parterres sont peuplés de statues signées par les meilleurs sculpteurs du XVIIe siècle.
Être convié par le roi à Marly, la plus haute des faveurs
Ce palais champêtre est un chef-d’œuvre admiré dans toute l’Europe. Louis XIV s’y plaît tant qu’il y séjourne de plus en plus souvent et longuement durant les deux dernières décennies de son règne. Quant à ses invités, ils sollicitent le privilège de l’accompagner en deux mots : « Sire, Marly ? » Lors de ces séjours, justement nommés les « Marlys », ils sont ravis d’être les seuls admis dans l’intimité du monarque. D’autant que l’étiquette est assouplie et que le roi veut que l’on s’amuse toujours chez lui. Ainsi, bals, concerts, jeux d’intérieur ou d’extérieur, promenades et autres parties de chasse rythment les journées. Bien sûr, en faisant d’une invitation à le côtoyer dans son éden une éminente faveur, Louis XIV utilise aussi Marly comme un efficace instrument de pouvoir. Un exemple : en 1708, le financier Samuel Bernard, jusqu’alors réticent, accepte de renflouer les caisses du royaume après y avoir été reçu.
La triste fin de la résidence de plaisance de Louis le Grand
Après la mort du Roi-Soleil, en 1715, Marly devient une résidence royale parmi d’autres. Louis XV y séjourne assez régulièrement et y fait des aménagements. On lui doit l’installation des fameux Chevaux de Marly au-dessus de l’Abreuvoir. Louis XVI et Marie-Antoinette poursuivent la tradition des Marlys et, même s’ils y vont plus rarement, s’efforcent d’entretenir le domaine. La Révolution sera malheureusement fatale au château. Pillé, dépecé, il est vendu à un industriel qui y établit une fabrique ! En 1805, ruiné, il tente de le vendre à Napoléon, sans succès. L’homme décide alors de démolir les bâtiments pour en revendre les matériaux. Napoléon rachète finalement Marly, en ruine, en 1811 afin d’en faire un domaine de chasse de l’État, ce qu’il reste jusque sous la Ve République. Au XXe siècle, une association historique locale entreprend de réhabiliter le site.
Visiter le domaine de Louis XIV à Marly aujourd’hui
Depuis 2009, le Domaine national de Marly est classé au titre des Monuments historiques et rattaché à l’Établissement public du château de Versailles, qui gère ses 53 hectares. On y accède gratuitement. Le parc, labellisé Jardin remarquable, est un lieu de détente au charme romantique, mais aussi un site patrimonial qui fait régulièrement l’objet de fouilles archéologiques. Le tracé d’origine du domaine royal demeure, avec ses grandes perspectives, ses terrasses et sa vue sur la vallée de la Seine. Divers éléments ont été restaurés : le Grand miroir d’eau et l’Abreuvoir, notamment. Grâce à des moulages et des copies, certaines des statues ornant autrefois le domaine (les originaux sont au Louvre, Cour Marly) y ont retrouvé leur place. Parmi elles, les Chevaux de Marly. L’emplacement du pavillon royal a été restitué au sol. Les vestiges de quelques bâtiments de service, de majestueuses allées ombragées, le tapis vert, des chemins forestiers complètent le tableau. L’ensemble invite à la promenade, voire à la méditation. Car malgré l’absence si prégnante des pavillons, des bosquets et des fontaines, le lieu a quelque chose de grandiose, un peu comme ces sites archéologiques rappelant la splendeur passée des civilisations éteintes. En prime, avec de la chance, on peut surprendre des chevreuils (c’est du vécu !), la forêt de Marly communiquant avec le domaine. Enfin, en sortant du parc, il faut flâner dans le pittoresque vieux Marly et voir l’église Saint-Vigor, édifiée par Hardouin-Mansart à la demande de Louis XIV.
Le musée du Domaine royal de Marly, pour tout savoir sur le palais disparu
Situé à l’entrée principale du parc, porte de la Grille royale, le musée du Domaine royal de Marly vaut le détour. Il permet de découvrir l’histoire de ce palais à travers divers objets, documents et œuvres d’art. On y admire notamment des tableaux qui ornaient le pavillon du roi, mais aussi une maquette du château ou encore des plats, des aiguières et autres fragments de décors en faïence retrouvés lors des fouilles archéologiques. Une salle du musée est consacrée à la machine de Marly, cette « huitième merveille du monde » mise en service en 1685 pour alimenter en eau les jardins de Marly, mais aussi de Versailles. Cet intéressant parcours peut être couronné par une expérience de réalité virtuelle permettant de déambuler dans le pavillon royal et de vivre avec Louis XIV l’éclipse de soleil du 3 mai 1715.
Le musée est ouvert du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h d’avril à octobre, et de 14 h à 17 h de novembre à mars. Tarif plein : 7 €. Tarif réduit : 5 €. Gratuit pour les moins de 12 ans.
Venir au domaine de Marly, toutes les infos pratiques
Marly-le-Roi est situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Paris et facilement accessible en voiture, en train ou en bus. La sortie 6 de l’autoroute A13 est à 4 km. Au départ de Paris Saint-Lazare, la ligne L du transilien dessert la gare SNCF de Marly-le-Roi, située à une dizaine de minutes à pied du Domaine national. La ligne de bus express 1 (réseau Transdev) reliant Versailles à Saint-Germain-en-Laye permet aussi de rejoindre le domaine (arrêt Grille royale). À noter : les vélos sont autorisés dans le parc. Ce dernier est ouvert tous les jours : de 8 h à 17 h 30 de novembre à fin mars ; de 7 h à 19 h 30 d’avril à fin octobre. L’ouverture se prolonge jusqu’à 21 h 30 le week-end, de mi-mai à fin août.
Vous savez tout ! Il ne vous reste plus qu’à visiter ce mythique domaine de Marly dès qu’un royal soleil paraîtra !
Et si vous souhaitez découvrir un autre lieu grandiose et chargé d’histoire, cet article sur le site de Pétra en Jordanie vous intéressera aussi.
Laurent Suchowiecki, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Stéphanie, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
Le Domaine national de Marly-le-Roi et son Parc
Le Domaine de Marly | Château de Versailles
Domaine de Marly : dans l’intimité du Soleil – Saint Germain Boucles de Seine
Musée du Domaine royal de Marly
Marly : architecture, usages et diffusion d’un modèle français
Le banquier juif du Roi Soleil
Très instructif. Merci !!