La majorité des grossesses multiples ou plurifœtales sont des grossesses gémellaires. De ce duo extraordinaire, on distingue les vrais et faux jumeaux, en d’autres termes, les monozygotes et dizygotes. Ils sont une énigme, un miracle de la vie. Véritable fascination pour la science, ils alimentent toutes les croyances et nourrissent tous les fantasmes. Mais que savons-nous au juste de ce couple atypique, de ces deux êtres a priori similaires, mais en réalité si différents ? Quelles sont les vérités scientifiques et les idées reçues autour du mystère qui les entoure ? Pénétrons ensemble le monde secret des jumeaux !

5 vérités sur les vrais et faux jumeaux : le postulat de la science

1. Les vrais jumeaux partagent le même patrimoine génétique

La science atteste qu’ils partagent le même patrimoine génétique de base. Ils disposent d’un profil ADN et de groupes sanguins et tissulaires identiques. Ils souffrent naturellement des mêmes maladies génétiques.

Quelques rares exceptions de mutations génétiques peuvent exister et s’expliquer par l’influence de facteurs environnementaux tels que les habitudes alimentaires ou la consommation d’alcool et de tabac. Elles peuvent aussi être le fruit d’incidents dans les premiers jours du développement embryonnaire. Ces transformations épigénétiques (c’est-à-dire les changements modifiant l’expression des gènes sans mutation de l’ADN) prouveraient certaines différences en matière de risque de maladie ou les distinctions physiques ou comportementales.

Sauf ces dérogations insolites, les génomes des enfants monozygotes sont équivalents.

2. Les faux jumeaux peuvent avoir un père différent : la superfécondation

Ils sont par essence différents. Chose plus surprenante, ils peuvent avoir un père biologique distinct. On parle alors de superfécondation. Elle se produit lorsqu’un deuxième ovule libéré au cours du même cycle menstruel est fécondé par les spermatozoïdes d’un deuxième homme lors de rapports sexuels séparés. Ils deviennent alors des demi-frères et sœurs et peuvent même être de couleur différente.

Un test ADN de paternité, pour confirmer ou infirmer une superfécondation, peut être réalisé pendant la grossesse ou après la naissance des bébés. Des échantillons de sang sont prélevés sur les enfants, leur mère et père.

Notons tout de même que ces cas d’hyperovulation sont assez rares.

3. Les faux jumeaux peuvent être d’âges différents : la superfétation

Parfois confondue avec la superfécondation, la superfétation se définit comme la fécondation de deux ovules par deux spermatozoïdes se produisant, non plus au cours d’un même cycle menstruel, mais de deux cycles différents. En d’autres termes, il s’agit pour la femme de tomber enceinte pendant sa grossesse, lors d’un nouveau cycle. On parle alors de grossesse superfétatoire. Les bébés évoluant en différé auront des âges gestationnels différents. Toutefois, l’accouchement du premier déclenchant celui du second, les nourrissons naîtront en même temps.

Les scientifiques considèrent qu’une malformation utérine comme un utérus double ou la prise de médicaments favorisant la procréation peuvent expliquer ce phénomène exceptionnel d’ovulation.

4. Il existe des facteurs de gémellité scientifiquement avérés

La science ignore les facteurs impliqués dans la conception des jumeaux monozygotes, contrairement au couple dizygote pour lequel elle avance deux principales causes :

  • Le recours à la procréation médicalement assistée (PMA) ou la fécondation in vitro (FIV). Elles contribuent à la multiplication des embryons, car plusieurs sont implantés dans l’utérus de la femme pour multiplier les chances que l’un se développe normalement. Il arrive que certains s’accrochent à la muqueuse utérine et aillent à leur terme.
  • L’âge de la mère. Plus une femme est âgée et plus elle a des chances d’avoir une grossesse gémellaire. Elle produit en plus grande quantité l’hormone folliculo-stimulante (FSH) qui agit sur la fonction des glandes sexuelles. Sécrétée plus longtemps, elle laisserait le temps à deux ovules de se déployeJr.

5. Le jumeau survivant peut souffrir du « syndrome du jumeau perdu »

Le syndrome du jumeau perdu est un trouble psychologique survenant suite à la perte d’un jumeau ou d’une jumelle pendant la grossesse ou lors de l’accouchement. La psychologie clinique s’est intéressée de près à cette souffrance psychique. Le lien entre les deux bébés, lors de la vie fœtale, est d’une telle intensité que la mort in utero ou précoce de l’un d’eux peut provoquer, chez certains survivants, un traumatisme qui peut impacter la personne tout au long de sa vie.

Les symptômes liés à une perte gémellaire se manifestent sous diverses formes : sentiment de culpabilité, tendance à la dépression, sensation de vide et de manque ou encore hypersensibilité aux séparations et aux deuils.

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Si la science a permis d’élucider certains mystères de la gémellité, le binôme atypique subit encore de nombreuses idées reçues.

6 idées reçues sur la gémellité

1. Tous les jumeaux sont identiques

S’ils disposent des mêmes informations génétiques, ont le même sexe et sont généralement semblables, il en est autrement de leurs compères dizygotes. Ces derniers peuvent être de sexes différents et ne se ressemblent pas plus que des frères et sœurs nés à des moments distincts.

Les monozygotes ne sont pas non plus des clones ni des siamois, ils n’ont pas les mêmes empreintes digitales et peuvent présenter des dissemblances dans l’apparence ou la constitution physique. C’est ce que l’on appelle la discordance phénotypique. Dans tous les cas, leur forte ressemblance physique ne signifie pas qu’ils soient psychologiquement similaires, chacun ayant une individualité à part entière.

2. Les jumeaux parlent une langue secrète : la cryptophasie

La cryptophasie se définit comme une langue secrète développée par des jumeaux et qui ne peut être comprise par les autres. En réalité, cet idiome privé participe uniquement de l’imaginaire gémellaire, n’ayant jamais fait l’objet d’une quelconque affirmation scientifique. Le langage, a priori crypté et codé, n’est en fait que l’expression d’onomatopées et de marmonnements aléatoires.

Ce phénomène se constate chez la majorité des bébés, mais les jumeaux sont particulièrement susceptibles de conserver un jargon cryptophasique, car ils passent beaucoup de temps ensemble et suivent le même calendrier de développement. Cette supposée méthode secrète de communication peut toutefois nuire aux enfants si elle dure trop longtemps et engendrer un retard dans l’acquisition du langage.

3. Les jumeaux sont des êtres à part dotés de pouvoirs

Dès l’antiquité, ils ont fait l’objet de nombreuses fantasmagories qui ont nourri tout un imaginaire collectif.

Vénérés telles des divinités dans certaines traditions africaines, ils sont assimilés, dans quelques ethnies, à des êtres dangereux et annonciateurs de malheurs. Aujourd’hui, ils fascinent surtout pour le pouvoir télépathique qu’on leur prétend. Si les témoignages en faveur d’une communication paranormale existent, la science nie totalement ce phénomène. Ce lien étroit présenté comme extraordinaire et surnaturel s’expliquerait davantage par les expériences partagées plus que par n’importe quel type de télépathie. Cette communion peut en effet s’observer chez des frères et sœurs non jumelés, des amis.es ou encore des couples mariés se connaissant très bien.

4. Il y a un aîné parmi les jumeaux

On lit souvent que l’aîné est le second bébé, considérant qu’il est celui qui a été conçu en premier puisque situé plus en profondeur dans l’utérus. Aucune étude scientifique ne vient pourtant étayer cette théorie. Autrement dit, il est scientifiquement impossible de savoir lequel est le cadet ou le plus âgé.

En revanche, la législation française considère le premier nourrisson né comme étant l’aîné. Elle prend uniquement en compte l’ordre de naissance.

5. Il y a un dominant et un dominé dans ce couple hors pair

L’idée d’un rapport conflictuel entre eux remonte à la mythologie, à l’instar de Romulus et Rémus.

En réalité, chaque enfant son caractère et sa personnalité, lesquels peuvent évoluer selon les situations et les expériences de vie. Autrement dit, leurs rôles respectifs sont loin d’être figés. Vu de l’extérieur, le couple est arbitrairement classé en deux catégories immuables : un dominant et un dominé.

« Les jumeaux seraient plutôt comparables à un train, chacun étant tour à tour la locomotive ou le wagon, suivant les circonstances. Parler de dominant et de dominé, c’est enfermer les jumeaux dans une relation restrictive et péjorative. Il s’agit davantage d’une dynamique de couple que d’un rapport de force. » Muriel Decamps, auteure spécialisée dans la gémellité.

6. Les jumeaux sont fusionnels et inséparables

S’ils vivent une relation de complicité absolue dès leur plus jeune âge et sont très proches, ils ne sont pas pour autant tous fusionnels et inséparables. La nature de leur relation dépendra de leur éducation parentale.

Les duos monozygotes et dizygotes connaissent trois phases de développement : une phase de fusion gémellaire jusqu’à leur deuxième année. Puis une relation de complémentarité jusqu’à leurs six ans. Et enfin, une phase d’autonomie ou d’indépendance.

« Chaque individu est une personne unique au monde. Les jumeaux ne sont pas une seule personne en deux exemplaires. » René Zazzo

La gémellologie a permis de résoudre nombre d’énigmes sur les vrais et faux jumeaux. Les fausses croyances ont toutefois encore de beaux jours devant elles, tant elles entretiennent le mythe gémellaire. Une chose est certaine, la science n’a pas encore révélé tous les secrets de ce couple si particulier.

Si vous souhaitez percer un autre mystère, prenez le temps de lire notre article sur la langue des signes pour bébé.

Carima AYADI pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne Le Tarnec, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

« Des chercheurs espagnols découvrent l’origine des différences entre jumeaux identiques » : https://cordis.europa.eu/article/id/24134-spanish-researcher-reveals-basis-for-differences-between-identical-twins/fr

« Survivance de l’objet et syndrome du survivant à la suite du deuil périnatal d’un jumeau » : https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2014-9-page-36.htm

« Le syndrome du jumeau perdu » Alfred et Bettina Austermann – Éditions le Souffle d’or.

« Un seul être vous manque… : Auriez-vous eu un jumeau ? » Docteur Claude Imbert – Éditions Visualisation Holistique.

« Cryptophasie et retard de langage chez les jumeaux » Yvan Lebrun : https://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1982_num_35_3_2776

« Le développement du langage » : https://www.universalis.fr/encyclopedie/jumeaux-psychologie/3-le-developpement-du-langage/

« Pouvoirs mystérieux des jumeaux en Afrique : Mythe ou réalité ? » Claude-Richard M’Bissa – Collection Harmattan Congo-Brazzaville

« Des enfants pas comme les autres, les jumeaux dans les montagnes mofu-Diamaré du Nord-Cameroun » Jeanne-Françoise Vincent : https://www.persee.fr/doc/jafr_0399-0346_2002_num_72_1_1289

« Les jumeaux et le mystère de la télépathie » Guy Lyon Playfair – Collection Nouvelles évidences.

« Communication entre jumeaux MZ : télépathie ou coordination tacite ? » https://www.universalis.fr/encyclopedie/jumeaux-psychologie/5-communication-entre-jumeaux-mz-telepathie-ou-coordination-tacite

« Jumeaux, la fascination du double : idées reçues sur la gémellité » Muriel Decamps – Editions le Cavalier bleu.