L’eau est une ressource indispensable pour le monde agricole, et ce depuis des millénaires. Des formes géométriques intrigantes datant de plus de 2 300 ans en sont la preuve : les Waru Waru – nom traditionnel indien (quechua) de ce mode de culture – démontrent que les agriculteurs du Pérou et de Bolivie cherchaient déjà à développer des techniques pour maîtriser le précieux liquide. Ces connaissances ancestrales n’auraient-elles pas un avenir prometteur dans le contexte de changement climatique actuel ? Envolons-nous dans les Andes pour en savoir plus.

Les Waru Waru : beaux, mais pas que !

Les Waru Waru sont des pratiques ancestrales andines permettant la gestion des sols à des fins d’irrigation. Les premières mises en place de ce système remontent à 300 ans avant J.-C., avant la montée en puissance de l’Empire Inca. La découverte de technologies plus avancées sur le plan technique a envoyé aux oubliettes ces connaissances ancestrales, pourtant de retour en 1984 dans la région du lac Titicaca, à Tiawanaco (Bolivie) et à Puno (Pérou).

Vue aérienne d’un Waru Waru de la région d’Acora au Pérou aux formes géométriques particulièrement reconnaissables

Vue aérienne d’un Waru Waru de la région d’Acora (Pérou). Crédit Google Maps

Les agriculteurs accumulent de la terre pour former des remblais entourés d’eau. On obtient alors de superbes formes géométriques, exceptionnelles vues du ciel ! L’objectif est de faciliter le mouvement et le stockage de l’eau, ainsi que d’augmenter la teneur en matières organiques du sol.

Dimensions des plateformes des Waru Waru : longueur 10 à 100 mètres, largeur 4 à 10 mètres, hauteur 0,5 à 1 mètre.

Dimensions des plateformes. Crédit : Marine GREGOIRE

Plusieurs bénéfices en sont tirés :

  • L’eau autour des plateformes absorbe la chaleur du soleil pendant la journée, la restitue la nuit et permet ainsi aux plantations de résister en cas de gel.
  • Les sédiments des canaux sont riches en restes végétaux et animaux ainsi qu’en algues, ils fournissent des engrais aux cultures.
  • Les sols argileux sont compactés pour limiter la porosité et la perméabilité, ce qui facilite la rétention hydrique et permet d’irriguer les remblais.
  • À l’inverse, en cas de fortes pluies, un système de drainage évacue le surplus d’eau et empêche l’inondation des cultures.

Grâce à leurs connaissances, les Andins s’assurent d’avoir une bonne récolte. Mais pour mettre toutes les chances de leur côté et dans le respect des traditions de la cosmovision andine, les communautés locales observent également des rituels appelés « Luqta ».

L’agriculture menacée par les changements climatiques ?

Ces dernières années, le monde a connu des évènements météorologiques extrêmes dans de nombreuses régions.

  • Les sécheresses de plus en plus nombreuses menacent les terres agricoles.
  • Les réserves hydriques superficielles et souterraines ne cessent de baisser.
  • Les inondations et tempêtes tropicales deviennent plus fréquentes.

Parallèlement à ces évolutions climatiques, l’eau est une ressource pour laquelle la concurrence s’accroît : secteurs de l’énergie, de l’industrie, etc. La multiplication de ces activités polluantes ainsi que l’expansion de la population urbaine font que la qualité et la quantité du précieux liquide diminuent.

L’agriculture, très fortement tributaire de l’eau, est un des principaux secteurs touchés par ces évolutions de quantité et de qualité des ressources hydriques. C’est pourquoi les organismes de recherche tels que l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) sont proactifs dans la recherche des solutions et d’itinéraires techniques adaptés à ces changements (« L’itinéraire technique caractérise les différentes manières de conduire une culture, selon les objectifs que l’on se fixe » – définition INRAE).

Les connaissances ancestrales sont autant de pistes étudiées pour que l’agriculture puisse faire face aux évolutions climatiques en limitant l’apport d’intrants chimiques.

⏩Découvrez d’autres façons de préserver et recycler l’eau.

Alors à votre avis, à quand les Waru Waru dans nos campagnes françaises ?

Marine Grégoire, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.

Sources
Étude de l’Organisation des États Américains sur les plates-bandes surélevées et la culture du Waru Waru
Étude de l’Institut de Recherche pour le Développement sur l’agriculture andine
Site de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Site de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques

Crédit photo : Tony Wu