Le sport génère des sensations fortes pour de nombreuses personnes. Auprès de celles qui le pratiquent, il devient parfois indispensable. Peut-on alors parler d’addiction ? Cette dernière, par le biais d’un comportement humain incontrôlé, aide à réduire un malaise ressenti. Elle favorise ainsi l’accès au plaisir immédiat, malgré la conscience de ses conséquences négatives. Qu’en est-il s’agissant de l’exercice d’une discipline ? Désir de se surpasser, soif de partage, nécessité physique jusqu’à l’extrême … Il peut également créer une dépendance pour les supporters qui se fédèrent autour de performances et de rivalités sportives. Passionnée par celles-ci, une partie d’entre eux n’hésite pas à parier de l’argent sur les exploits de ses champions. La question de l’addiction au sport, conséquence de besoins physiques et psychologiques sociétaux, se pose donc à l’ensemble de ses intervenants. Voyons en détail de quelle façon elle peut toucher les acteurs de cette dépendance, qu’ils pratiquent une discipline sportive ou la soutiennent.
L’activité physique intense peut mener à la dépendance
Le choix de la pratique d’une discipline individuelle ou collective répond à diverses motivations. Il s’agit le plus souvent de se sentir mieux grâce à une activité physique, quitte à la vivre avec intensité. Dans ce dernier cas, une addiction au sport est parfois créée, ainsi que l’ont constaté de nombreux médecins. À la fois physiques et psychologiques, ses conséquences peuvent être graves quand elles relèvent de la bigorexie. Celle-ci est une pathologie qui frappe les sportifs pour qui la pratique intense d’une activité sportive devient irrépressible.
Les raisons rendant la pratique du sport addictive
Les disciplines individuelles, telles que la course à pied, ont des bienfaits reconnus dans la vie quotidienne. L’exercice physique modéré est d’ailleurs conseillé par les médecins. Cependant, le rythme adopté peut rapidement s’avérer problématique. La sécrétion d’endorphines, appelées « hormones du bonheur », est une des raisons de l’engouement pour une discipline sportive, jusqu’à l’excès. Il peut en résulter une addiction au sport, sans que celui qui la pratique la détecte d’emblée.
En outre, le corps médical a identifié des motivations d’ordre psychologique pour expliquer le passage d’une activité mesurée à une pratique excessive :
- la mésestime de soi-même et la recherche de la performance pour la supprimer ;
- un profond malaise existentiel ;
- une échappatoire à un quotidien insatisfaisant.
La pratique d’une activité individuelle peut donc facilement être perçue comme une thérapie efficace pour surmonter les problèmes existentiels rencontrés. Elle justifie alors, pour ceux à qui elle est pourtant préconisée avec modération, la possibilité de s’y consacrer sans limites.
L’activité sportive s’exerce également à travers les clubs ou les équipes. Les motivations y conduisant diffèrent le plus souvent de celles évoquées ci-dessus. En effet, elles relèvent avant tout de l’opportunité d’allier sport et rencontres, afin de tisser des liens sociaux motivants. Le partage avec l’autre, au service d’une discipline, constituerait alors une aide à l’épanouissement individuel. Ainsi que l’explique Didier Delignières (Psychologie du sport), il émerge d’un groupe une solidarité puisque « chacun est essentiel à la réussite de tous ». Cela met en lumière qu’aucun individu ne peut permettre à lui seul à une équipe de gagner. De ce fait, de nombreuses personnes se tournent vers des activités collectives comme le rugby, au-delà même du désir de performance ou du dépassement de soi.
Le diagnostic de la bigorexie, conséquence d’une addiction au sport
Au départ associée à la volonté de prise de masse musculaire, cette maladie concerne toutes les disciplines, dès lors qu’elles sont pratiquées avec l’obsession d’un résultat. Toutefois, toutes les personnes exerçant intensément un sport n’en seraient pas atteintes. En revanche, la sécrétion d’endorphines la favoriserait largement. Selon une étude récente relayée dans plusieurs médias spécialisés, cette maladie toucherait près de 15 % de ceux qui accomplissent leur passion avec ardeur.
Son existence a les mêmes origines qu’une dépendance non pathologique, mais s’accompagne de spécificités :
- besoin irrépressible de pratiquer son activité, de façon quotidienne, le plus souvent ;
- mise en place d’un emploi du temps organisé en fonction de la discipline pratiquée, parfois à l’exclusion de toute vie sociale ;
- application d’un régime alimentaire strict, avec prise de médicaments ou de drogues ;
- exercice physique extrême, jusqu’aux blessures.
Cette profonde dépendance à une activité sportive s’apparente donc à une maladie qu’il est nécessaire de soigner : il s’agit en effet d’une réelle addiction au sport. Au sein d’un hôpital, un médecin la diagnostique, après vérification de l’existence d’un certain nombre de critères. Une prise en charge est ensuite effectuée. Le patient y est alors suivi par un addictologue ou un thérapeute spécialisé, afin de l’aider à s’en débarrasser.
➡️ Pour approfondir la notion de bigorexie : quand le sport devient une addiction.
Si la dépendance au sport se conçoit en premier lieu pour ses pratiquants, ceux qui supportent leurs champions n’y échappent pas toujours. De la passion à l’accoutumance, la frontière s’avère parfois ténue…
L’addiction au sport peut aussi concerner les supporters
La compétition sportive, omniprésente durant l’année calendaire, joue un rôle très important dans l’attrait des disciplines auprès des spectateurs. Très largement relayée par les médias, elle galvanise souvent le public qui s’y intéresse. La passion pour une épreuve est parfois en outre associée à la possibilité d’en retirer des gains. Elle provoque donc une accoutumance et présente des risques pour la santé de ceux qui s’y adonnent.
La compétition sportive, source de dépendances pour les spectateurs
La notion même de rivalité, inhérente à la compétition, relève de l’exutoire pour les supporters. Les rendez-vous sportifs, devant la télévision ou sur les lieux où se déroulent les épreuves, permettent à tous les passionnés de s’y rassembler. Cette quête d’exaltation et d’émotions fortes touche toutes les disciplines, individuelles ou collectives. Pour nombre d’entre elles, il ne s’agit plus simplement de soutenir un athlète ou une équipe. Cela devient une affaire personnelle : elle imprègne alors la vie de ceux qui y adhèrent. Les exemples de débordement d’un cadre strictement sportif sont nombreux. Parmi ceux-ci figurent :
- la rivalité entre Anquetil et Poulidor (cyclisme) ;
- les duels opposant Federer à Nadal (tennis) ;
- les antagonismes entre le PSG et l’Olympique de Marseille (football).
Dans ces trois exemples, le comportement extrême des supporters se manifeste selon un schéma qui se répète à travers les disciplines et les époques :
- la préparation méthodique de l’événement sportif, impossible à manquer ;
- les invectives systématiques à l’encontre des personnes soutenant le rival ;
- les violences qu’une défaite du sportif ou de l’équipe supportée peut engendrer.
En outre, sur les réseaux sociaux, des débats fougueux ont lieu après la fin des épreuves. Faut-il dès lors parler d’addiction au sport des supporters ? L’état des passionnés, qui ne peuvent manquer les rendez-vous avec leurs champions, relèverait de cette pathologie. Le besoin de rester en contact avec eux et de suivre toutes leurs activités s’en rapproche effectivement.
Sans ambiguïté, la frontière s’avère en tous les cas franchie quand, à cet engouement, s’y ajoute la tentative de générer des gains.
Les paris sportifs, une pratique parfois addictive
L’engouement qu’ils suscitent s’explique par la combinaison du très fort attrait pour une discipline avec la possibilité d’en retirer des gains. En 2010, l’ouverture à la concurrence du poker et des paris sportifs et hippiques a accéléré de façon incontestable leur expansion.
Selon l’ANJ (Autorité nationale des jeux), les paris sportifs ont représenté en 2022, dopés par l’Euro de football :
- 85 % des comptes des joueurs actifs (CJA) du secteur des jeux en ligne ;
- 162 paris par CJA (panier moyen) ;
- 312 euros de mises par joueur actif (panier moyen).
➡️ Pour plus de détails, lire le rapport de l’ANJ en 2022.
Après la création des paris en ligne, des dérives ont été observées chez de nombreux joueurs. Pour eux, les critères définis comme permettant de parler d’addiction au sport semblent remplis. En cause, la perspective, derrière un ordinateur, de gagner de l’argent rapidement et sans limites. En outre, l’utilisation d’une carte bancaire rend le paiement presque virtuel.
Le gouvernement a dès lors pris plusieurs initiatives concernant ces dérives. Parmi celles-ci :
- création d’une page internet sur laquelle il attire l’attention des joueurs sur les dangers pouvant résulter de ces pratiques (dont les risques d’addiction) et coordonnées de structures pour aider les personnes qui en sont victimes ;
- diffusion d’informations sur la problématique de l’accoutumance aux paris, notamment avec joueurs-info-services.fr ;
- communication et témoignages sur les conséquences de cette pathologie auprès des plus jeunes, par le biais du CIDJ (Centre d’information et de documentation jeunesse).
L’OMS (Organisation mondiale pour la santé) a reconnu que l’addiction aux jeux d’argent relevait de la maladie. Un suivi médical peut donc s’avérer nécessaire, avec l’appui éventuel d’un psychologue pour en parler et essayer de la supprimer.
Comme vous l’avez constaté, l’addiction au sport peut exister. Elle vient souvent pallier un malaise existentiel et touche en priorité certains pratiquants assidus. Toutefois, de nombreux supporters sont également concernés par cette pathologie. En communiquant largement sur ces dérives, les pouvoirs publics tentent d’en limiter l’extension.
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Hervé Brizay pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Cécile, tutrice de formation chez FRW.
Source de l’image : Stocksnap
Autres sources :
Sport collectif : bénéfices et conseils pour bien choisir (Assoconnect)
Zoom sur les endorphines (STC Nutrition)
Pratique sportive intensive et addictions : une enquête en région PACA
Sénat : faut-il avoir peur des supporters ?
Les dangers de la dépendance au sport, de N. Crépin, Institut national de l’enseignement du sport, CREPS Nord-Pas-de-Calais ; mai 2013.