Rappelez-vous : comment avez-vous réagi quand le benjamin de la famille, encore nourrisson, pleurait sur son tapis d’éveil ? De nombreux parents ont pour premier réflexe d’asseoir leur enfant, calé avec des coussins pour le sécuriser. Une nouvelle perspective s’ouvre alors à lui, offrant la possibilité d’attraper jouets et livres à portée de main. Pourtant, il existe une approche en crèche de plus en plus plébiscitée : la motricité libre. C’est une démarche qui invite les petits à découvrir le monde à leur propre rythme, en les laissant maîtres de leurs mouvements. Vous vous demandez pourquoi cette pratique a tant de succès et comment l’adopter ? Alors, embarquez pour un voyage en trois étapes à la hauteur de bébé !
1. Les grands principes du développement psychomoteur sans entrave du nourrisson
La motricité libre, philosophie éducative conçue par la pédiatre hongroise Emmi Pikler dans les années 60, repose sur une conviction fondamentale : les êtres humains naissent avec une capacité innée de bouger et d’explorer le monde qui les entoure. Contrairement à l’idée répandue que les enfants doivent être constamment soutenus dans leurs mouvements, cette démarche prône la confiance en la faculté de ces derniers à se réguler et à apprendre par l’expérience. On se rapproche des pédagogies alternatives comme celle de Montessori.
Favoriser l’autonomie enfantine
Dans l’univers de la mobilité libre, les enfants sont encouragés à partir à la découverte de leur environnement, en toute sécurité. Ils utilisent leur corps pour se déplacer, grimper, ramper et marcher, sans être constamment confinés dans des dispositifs tels que des poussettes, des chaises hautes ou des transats. Au cœur de cette philosophie éducative réside la certitude que les tout-petits sont les principaux acteurs de leur propre développement. Ils ont besoin d’espace et de spontanéité pour explorer et améliorer leurs compétences motrices.
Respecter les stades de l’éveil sensori-moteur
Le développement de la motricité globale chez le nourrisson suit une séquence de mouvements distincts, permettant au petit de passer d’une étape à l’autre de manière autonome. Voici un aperçu de ces phases sur un schéma d’Emmi Pikler, qui montre le déroulement de l’activité spontanée de l’enfant.
Parfois, celui-ci est assis trop tôt, avant qu’il ne soit capable de prendre cette posture par lui-même. Il court alors le risque de développer un mauvais maintien, de se crisper par peur de chuter, et de ne pas savoir comment retrouver sa position initiale. Cela peut retarder son évolution motrice.
Être une présence bienveillante pour l’enfant
L’adulte doit veiller à ne pas faire les mouvements à la place du nourrisson. Il incarne un rôle de soutien et de guide, offrant au bébé un cadre sécurisé dans lequel il peut prendre des risques et expérimenter de nouvelles compétences. Il l’encourage verbalement, décrit les gestes, et lui propose des jouets attrayants. Le parent ou professionnel aura le même rôle auprès de l’enfant devenu plus grand, dans ses temps de jeu libre.
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2. Les bénéfices inestimables d’une motricité libre pour le bébé
Selon Emmi Pikler, « l’enfant qui obtient quelque chose par ses propres moyens acquiert des connaissances d’une autre nature que celui qui reçoit la solution toute faite. »
Si ce concept éducatif a autant de succès, c’est que les bienfaits sont réels, à court et à long terme !
Les avantages profonds et durables de la liberté de mouvement
L’exploration libre permet à l’enfant d’améliorer sa force musculaire, son équilibre et sa coordination, grâce à la récurrence de ses gestes.
En étant conscients de leurs propres limites, les bébés développent une meilleure perception du danger, ce qui se traduit généralement par une réduction des accidents associés à leurs activités motrices.
Cette pratique encourage l’autonomie, renforce la confiance en soi, et stimule la curiosité des tout-petits. Ils s’appuient sur leurs compétences, découvrent leurs limites, et deviennent les principaux acteurs de leur développement. Ils surmontent les obstacles par eux-mêmes.
Par ailleurs, en évitant des positions forcées et les contraintes, la motricité libre contribue à prévenir les troubles musculo-squelettiques de l’enfant.
Une méthode éducative à adapter à chaque enfant
Bien que les avantages soient nombreux, il est primordial de se rappeler que chacun est unique. La mobilité sans entrave permet au bébé d’évoluer à son propre rythme, en établissant des bases solides pour son éveil sensorimoteur. Toutefois, Aude Buil, psychomotricienne, explique que pour certains nourrissons « vulnérables », le concept reste intéressant, mais pas suffisant. Cela concerne ceux qui ne bougent plus, sont passifs, ou qui pleurent, s’agitent et se désorganisent. L’intervention active de l’adulte devient nécessaire. On peut d’ailleurs envisager, pour ces derniers, d’aménager un espace Snoezelen.
Cette approche flexible reconnaît la diversité des besoins des enfants et les encourage à explorer le monde. À noter également qu’il n’existe pas de recherche scientifique sur ce sujet, qui aurait permis d’étayer une démarche basée sur les observations personnelles.
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3. Le mode d’emploi du mouvement naturel avec le tout-petit
Vous êtes convaincus et vous souhaitez mettre en place la motricité libre avec votre enfant ? Voici quelques conseils pour favoriser l’activité sans entrave à la maison.
Aménagez un espace sécurisé et stimulant
Le sol doit être recouvert d’un matériau amortissant pour prévenir les chocs en cas de chute. Des structures de jeu modulables et des coussins de différentes formes peuvent faire l’affaire. Le bébé est posé à plat dos tant qu’il ne sait pas se retourner seul. On peut l’installer sur un tapis d’éveil par exemple.
Choisissez des jouets simples
Déposez des jeux d’éveil et des hochets aux couleurs attrayantes tout autour de l’enfant, pour qu’il ait envie de bouger, de se tourner, pour les attraper. On peut en placer certains un peu plus loin, afin qu’il ait l’idée d’étirer le bras pour les saisir. Optez pour des objets en matériaux naturels, faciles à manipuler, qui encouragent l’imagination et la créativité.
Accordez à votre enfant le temps nécessaire
Laissez à votre petit des moments pour explorer et maîtriser de nouvelles compétences à son rythme en s’aventurant sur un tapis. Évitez de le presser ou de le forcer à faire des choses qu’il n’est pas prêt à envisager, et encouragez-le plutôt à suivre ses propres intérêts et motivations. Essayez de réduire les périodes passées dans un transat ou un siège à coque rigide.
Habillez votre nourrisson de manière confortable
Choisissez des vêtements souples et légers qui ne restreignent pas ses mouvements et qui lui permettent de se sentir à l’aise et en confiance. On évite les jeans serrés ou les robes qui encombrent les petites filles, et on peut les mettre pieds nus si le temps le tolère.
Soyez une présence bienveillante, sécurisante et discrète
Nous l’évoquions précédemment, l’adulte, parent ou personnel de crèche, doit adopter une approche encourageante. Il exprime sa fierté lorsque le bébé réussit un nouveau mouvement, et choisit avec soin ses mots. Il ne fait pas à sa place, mais offre une contenance psychique au petit, en restant attentif. Certains enfants ont besoin d’un contact corporel pour être rassurés et continuer tranquillement leurs investigations.
La motricité libre joue un rôle essentiel pour permettre aux tout-petits de devenir des explorateurs confiants et indépendants, tant dans leur corps que dans le monde qui les entoure. Les adultes sont des acteurs clés pour créer un environnement propice à cette autonomie, laissant les enfants s’épanouir à leur propre rythme. Ainsi, la mobilité sans entrave s’inscrit dans la parentalité positive.
Attention toutefois de ne pas se laisser enfermer par des messages trop réducteurs, car chacun reste singulier. Les parents apprennent en observant et en comprenant les besoins spécifiques de leur nourrisson. À chacun de s’approprier cette philosophie de vie, pour libérer le potentiel moteur de son bébé !
🌸 Allez plus loin sur l’éducation bienveillante avec notre article : « Parentalité positive : comment éduquer nos enfants sans cris ni violence ? »
Pauline Lestrelin, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.
Sources
Association Pikler/Loczy
Emilie Martin-Chave, Psychomotricienne, La motricité libre
Les Pros de la petite enfance, La motricité libre, qu’est-ce que c’est ?
Les Pros de la petite enfance, Motricité libre et optimisme. Le point de vue d’une psychomotricienne
Les Pros de la petite enfance, Les bébés et la position assise : le point de vue d’une psychomotricienne
Les Pros de la petite enfance, Aude Buil, psychomotricienne : La motricité libre : un concept à réinterroger pour les bébés vulnérables
Educatout, La motricité libre chez le poupon
Référence image
Pikler E. — Tardos A. « Grandir autonome », érès 2017, p.23, Déroulement du développement moteur autonome
Crédit Photos Freepik