Digne représentant de la faune sauvage française, le renard roux (Vulpes vulpes) est encore trop souvent considéré comme un indésirable dont il faut absolument se débarrasser. Accusé d’être un pilleur de poulailler et un vecteur de maladies, le petit canidé a mauvaise réputation. Le renard, ce nuisible déclaré, mérite-t-il une telle impopularité ? Classé « Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts » (ESOD), ce mammifère est victime d’une véritable traque. Ainsi, dans la majorité des départements, ce statut autorise sa chasse tout au long de l’année. Les moyens mis en œuvre ne lui laissent que peu de répit. Pourtant, de nombreuses études démontrent l’utilité de ce prédateur sur les écosystèmes, preuve qu’il a toute sa place chez nous. Dépassons les préjugés et partons à la découverte de cet animal autochtone qui n’est pas là par hasard.

Un animal de chez nous : portrait de Vulpes vulpes

  • Famille : Canidae.
  • Poids : 3 à 11 kg.
  • Taille : 58 à 90 cm.
  • Pelage : roux (peut varier du beige au brun).
  • Prédateurs : l’homme, le lynx, le loup
  • Longévité : jusqu’à 9 ans.

Crépusculaire à nocturne, il est néanmoins possible de l’apercevoir de temps à autre la journée. Il vit en couple ou en groupe de quelques individus. Opportuniste, le renard aime élire domicile dans un ancien terrier de blaireau ou une galerie de lapin. L’accouplement a lieu en hiver et la mise-bas au printemps. Les jeunes s’émancipent à l’automne pour partir à la recherche de leur propre territoire.

Le temps de l'insouciance : deux renardeaux en train de jouer

Le temps de l’insouciance : jeunes renardeaux en train de jouer. Photo© Adrien Favre

Un mammifère essentiel pour l’écosystème et utile pour l’homme

Patrimoine écologique

Animal de nos sous-bois et de nos prairies, on retrouve le renard partout en France. Preuve de sa grande faculté d’adaptation, le petit mammifère au pelage roux s’acclimate à tous les environnements. En effet, le renard fait partie du patrimoine écologique et culturel de notre pays, et plus largement de l’Europe. De plus, l’emblème de nos contes et de nos forêts occupe une place essentielle dans les écosystèmes. C’est d’ailleurs un maillon capital de la biodiversité : son rôle est primordial dans l’équilibre fragile de la nature.

Agent sanitaire

Le renard est un carnivore généraliste et opportuniste. Il consomme en grande partie des rongeurs (campagnols, mulots…), mais aussi des lapins, des oiseaux, des insectes, des fruits, des baies… Son régime alimentaire varie en fonction des saisons et des ressources disponibles. De plus, en bon charognard qui se respecte, le goupil participe au maintien de la bonne santé du milieu en consommant les animaux malades ou faibles, ce qui limite ainsi la propagation de maladies.

Auxiliaire de culture

Prédateur hors pair, le renard exerce une pression élevée sur les populations de micromammifères. Il a d’ailleurs sa propre technique de chasse : le « mulotage ». On estime qu’un seul renard peut consommer jusqu’à 6 000 rongeurs par an. Son rôle est donc essentiel, notamment dans la régulation des campagnols des champs qui ravagent les cultures. Ainsi, la lutte biologique remplace l’utilisation des produits toxiques : c’est écologique et gratuit ! Par ailleurs, le renard joue un rôle important dans la dissémination des graines. En effet, en consommant des fruits et des baies, il contribue à la diversité des espèces végétales.

Un renard qui chasse en utilisant la technique du mulotage

Le mulotage : la technique de chasse du renard. Source : Pexels Markus Buetle

Un carnivore qui ne risque pas de transmettre plus de maladies qu’un chat ou un chien

Le renard est accusé d’être un vecteur de maladies et plusieurs zoonoses (maladies transmissibles à l’homme) sont particulièrement pointées du doigt.

Échinococcose alvéolaire

Cette maladie parasitaire est due à un ver (Echinococcus multilocularis) qui se développe dans l’intestin des rongeurs et des carnivores. L’homme se contamine en ingérant les œufs du parasite présents sur le pelage des animaux ou en consommant des aliments souillés par les déjections. Quelques bons réflexes suffisent pour éviter les contaminations :

  • ne pas toucher les renards ;
  • se laver les mains après avoir travaillé au jardin ;
  • vermifuger les animaux domestiques ;
  • laver les végétaux récoltés près du sol ;
  • cuire ou congeler les fruits et légumes.

Par ailleurs, il a été démontré que l’élimination des renards était contre productive et ne limitait en rien les risques d’infections.

Rage

Suite à une large campagne de vaccination, aucun cas de rage vulpine n’a été observé en France depuis 1998. Le pays étant déclaré indemne de rage depuis 2001 par l’Organisation mondiale de la santé animale, le renard n’est donc plus porteur du virus.

Maladie de Lyme

La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est une zoonose qui se transmet à l’homme par la morsure d’une tique porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi. Dans la plupart des cas, ces parasites deviennent contaminantes en mordant des rongeurs infectés. De ce fait, la simple présence des prédateurs permet de réguler l’infection, puisqu’en abaissant les populations de micromammifères, les tiques sont naturellement moins présentes dans les écosystèmes. Plusieurs études ont, d’ailleurs, mis en évidence l’effet en cascade produit par l’activité du renard roux et la prévalence de la borréliose de Lyme.

“L’amour pour toutes les créatures vivantes est le plus noble attribut de l’homme” – Charles Darwin

Le renard, nuisible ou colocataire parfait ?

Le poulailler

Le renard est considéré comme un tueur de poules. En effet, ces dernières représentent des proies faciles pour ce chasseur émérite. Rusé, il réussit à pénétrer dans les poulaillers mal clôturés. Mais rassurez-vous le renard n’a pas de super pouvoirs. À nous de protéger nos gallinacées dans des abris sécurisés en appliquant ces quelques astuces :

  • Fermer le poulailler tous les soirs.
  • Clôturer l’enclos avec un grillage à poules (mailles de 4 cm maximum) sur une hauteur de 1.8 m.
  • Replier le haut du grillage vers l’extérieur.
  • Enterrer le bas du grillage sur 50 cm de profondeur.
  • Placer des dalles tout le long de la clôture extérieure.

Visite du jardin

Pour ne pas attirer les renards dans votre jardin, il est recommandé de ne pas laisser de nourriture pour les animaux domestiques à l’extérieur. Le coquin étant un brin opportuniste, les croquettes du chat sont considérées comme un repas facilement gagné. De plus, il est déconseillé de jeter des aliments carnés dans le compost au risque de voir rôder rats, renards et autres mustélidés friands de viande.

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Concurrence sur le petit gibier

On entend souvent que le renard serait responsable de la raréfaction de certaines espèces comme le faisan, la perdrix ou encore le lièvre. Il va de soi qu’un prédateur comme le renard, présent sur le territoire français depuis plusieurs millions d’années, ne peut être à l’origine de la disparition du petit gibier. La modification des écosystèmes, l’agriculture intensive, l’utilisation de produits phytosanitaires et l’étalement urbain sont sans nul doute les raisons principales de la disparition de ces espèces. Pour rétablir ces populations, une étude réalisée en Allemagne démontre que la restauration des habitats serait bien plus efficace que la régulation du prédateur. Par ailleurs, ce sont les millions d’oiseaux d’élevage relâchés chaque année pour la chasse, totalement inadaptés à la vie sauvage, qui représentent des proies faciles pour le renard.

Autorégulation

Comme beaucoup d’espèces, le renard possède la faculté de s’auto-réguler. La combinaison de facteurs environnementaux, biologiques et comportementaux permet à l’espèce de maintenir ses populations stables. En moyenne, une portée de renardeaux compte trois à cinq individus. Cependant, ce nombre peut varier en fonction des ressources alimentaires et des territoires disponibles. Dans plusieurs pays européens, notamment au Luxembourg et dans le canton de Genève, la chasse au renard a été interdite. Aucune surpopulation n’est à déplorer et la population de petits gibiers reste stable.

Un canidé persécuté : état des lieux de la situation en France

Dans notre pays, il est malheureusement possible de chasser le renard toute l’année en quantité illimitée. En plus de la période de chasse, la loi autorise son massacre dans la plupart des départements. Les techniques utilisées sont cruelles et barbares : chasse à courre, piégeage, déterrage… On estime qu’entre 600 000 et un million d’individus sont tués chaque année. Le 3 août 2023, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a publié son arrêté triennal : jusqu’en 2026, le renard et huit autres espèces (trois mammifères et cinq oiseaux), seront à nouveau considérés comme des nuisibles qu’il faut détruire à tout prix. De nombreuses associations comme l’ASPAS, la LPO ou France Nature Environnement militent en leur faveur et demandent leur déclassement.

Un renard en pleine observation

Le renard, espèce autochtone, occupe une place essentielle dans les écosystèmes. Photo© Adrien Favre

À l’heure où la crise climatique est devenue l’enjeu majeur de notre société, s’obstiner à considérer le renard comme un nuisible est une absurdité. Pour continuer à nous émerveiller, préférons la préservation à la destruction.

🌿 Pour aller plus loin, lisez : Interdiction de la chasse au grand tétras : une nouvelle longtemps attendue

Anne-Lynn Elias, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Daphné, tuteur de formation chez FRW

Sources :
Vulpes vulpes (Linnaeus, 1758) – Renard roux, Renard, Goupil-Description, fiches détaillées
Le renard | Office français de la biodiversité
En savoir plus : Le renard roux non coupable !
“Nuisibles” : feu vert du Ministère pour 3 nouvelles années d’enfer… • ASPAS