Vous pénétrez dans un endroit serein… Oui, vous êtes dans un jardin japonais ! Ce lieu enchanteur séduit par sa beauté et par l’harmonie qui y règne. Au pays du Soleil-Levant, l’aménagement des espaces verts est un art ancestral. Ce dernier, très répandu en Occident, repose sur une philosophie et des règles spécifiques. La symbolique est très présente. Les éléments naturels, tels que l’eau, le minéral et le végétal, sont accordés de manière à offrir aux promeneurs un véritable havre de paix. Connaître les grandes caractéristiques du jardin japonais permet de comprendre ce qui le rend unique et propice au ressourcement.

Principe n°1 : un espace de nature zen

Le jardin japonais est conçu comme un lieu de spiritualité. Il trouve ses origines dans la philosophie bouddhiste, adoptée par les Japonais dès le VIe siècle. Il représente la nature sauvage, notamment celle du Japon, et les éléments qui la composent : la pierre, l’eau, les plantes. On peut comparer le paysage créé à un tableau constitué de différentes parties asymétriques et dans lequel les tons verts dominent. L’équilibre et la sérénité qui en ressortent invitent naturellement le promeneur à la contemplation et à la méditation. En observant la vie de la nature, il revient à l’essentiel et réfléchit sur le sens de l’existence.

Un jardin zen (une variante) est basé sur la même philosophie, mais a un aspect plus sobre. La nature, représentée sur une surface réduite, est épurée et incite au détachement et au ressourcement.

Au pays du Soleil-Levant, les habitants utilisent le moindre emplacement disponible pour créer un coin de nature. Ce dernier peut même se trouver à l’intérieur d’une maison. L’art japonais de l’aménagement des espaces verts charme tout autant les Occidentaux qui cherchent à se constituer un lieu extérieur harmonieux et apaisant selon les principes issus du bouddhisme zen.

Jardin japonais zen rectangulaire délimité par des murs, constitué de sable blanc et de trois îlots de pierres et de rochers

Un jardin zen représente une nature épurée et favorise la méditation. – source : Pixabay

 

Principe n°2 : des végétaux mis en place et taillés selon les règles de l’art

Un jardin japonais se compose de végétaux persistants et caducs, de façon à ce qu’il soit vert même en hiver et à laisser apparaître des couleurs différentes selon les saisons. Par ailleurs, les plantes sont disposées et taillées de manière à donner au paysage une impression de profondeur.

La majeure partie du sol est recouverte de plantes couvre-sols, comme la mousse, la pervenche ou les bruyères. La mousse, toujours verte et d’apparence uniforme, tapisse l’espace de façon durable.

Au-dessus des couvre-sols, on trouve des arbustes tels que des buis, des lavandes santolines ou des ifs. Ils sont taillés en formes arrondies de façon à créer des ondulations. La régularité de leurs courbes a un effet reposant et contraste par rapport à la forme plus verticale d’autres végétaux.

À l’arrière-plan, des arbres de différentes sortes sont disposés en fonction de leur hauteur et de leur forme. Ils créent un coin ombragé et incitent le regard à s’élever. Parmi eux, on peut citer des incontournables :

  • les érables du Japon ;
  • les bambous ;
  • les pins ;
  • les cerisiers à fleurs (Prunus) ;
  • le Ginkgo biloba « Blagon ».

Certains arbres et arbustes sont taillés en nuages, comme s’ils avaient été façonnés par le vent au fil des années. Cette technique, nommée Niwaki, se rapproche de celle du Bonsaï. Elle est notamment utilisée avec les pins, les conifères, les ifs et le houx.

Ce tableau végétal inclut diverses espèces de fleurs : azalées japonaises, rhododendrons de Yakushima, camélias… La glycine et le jasmin étoilé sont des plantes grimpantes utilisées dans le cas présent pour recouvrir le sol et embaumer l’air de leur parfum délicat.

Enfin, dans les grands bassins, on peut observer l’exotisme des plantes aquatiques : roseaux, lotus, nénuphars…

Arbre pin couvert de neige et taillé en nuage technique Niwaki dans un jardin japonais

Un pin taillé en nuage (Niwaki) – source : Pixabay

 

Principe n°3 : l’importance du minéral

Dans un jardin d’inspiration japonaise, le minéral a toute sa place, car il symbolise les montagnes ou les îles du Japon. Il est présent sous forme de pierres ramassées dans la nature. Celles-ci sont placées par groupes de 3 ou 5 afin de respecter un nombre impair. Une seule pierre peut être dressée pour évoquer une montagne. Si la superficie de l’espace est importante, les rochers remplacent les pierres.

Ces dernières sont également utilisées pour le cheminement et peuvent :

  • composer une allée pleine (nobedan), qui mène le promeneur d’un bout à l’autre du parc ;
  • prendre la forme de pas japonais (tobi-ishi), qui sont de petites dalles plates figurant un chemin et invitant le promeneur à observer les éléments du paysage sans devoir marcher sur la mousse ou l’étendue sableuse.

Dans le jardin zen ou sec, les végétaux sont peu nombreux et le minéral domine. Des pierres ayant une origine et un aspect similaires sont fixées sur un terrain stable recouvert de graviers ou de sable. Elles sont disposées de façon à représenter un paysage brut, comme une chaîne de montagnes ou un éboulis, par exemple.

Une allée pavée rectiligne appelée nobedan traverse un jardin japonais d'un bout à l'autre. Les pierres sont plates et serrées les unes contre les autres.

Les pierres peuvent servir à constituer un chemin continu et rectiligne (nobedan) à travers un jardin japonais. – source : Pixabay

 

Principe n°4 : la présence de l’eau dans le paysage

L’eau est un élément essentiel dans un extérieur de style japonais où elle symbolise une rivière, un lac ou encore la mer. Elle peut prendre différentes formes selon l’espace disponible :

  • une cascade, où l’eau s’écoule le long d’une rocaille et arrive dans un bassin ;
  • une fontaine traditionnelle (shishi odoshi), composée d’un bambou sur pivot déversant l’eau dans une pierre creuse ;
  • un bassin de plus ou moins grande dimension où nagent des poissons, en particulier des carpes Koï ;
  • une pierre creuse à ablution (tsukubai), alimentée en eau par un tube en bambou et destinée au lavage rituel dans un jardin de thé.

Dans les espaces verts d’une importante superficie, les étendues d’eau sont surmontées de ponts. Ceux-ci, arqués ou plats, représentent le passage vers un autre monde. En effet, ils incitent le promeneur à continuer son parcours initiatique à travers le paysage.

Dans un jardin zen, l’eau est absente. Cependant, elle est évoquée par une étendue de sable ou de graviers, sur laquelle sont tracés des sillons au moyen d’un râteau. Une rivière minérale de forme sinueuse peut aussi être présente. Dans ce cas, des galets remplacent l’élément aquatique.

Une fontaine shishi odoshi est installée dans un jardin japonais. L'eau sort d'un bambou sur pivot et arrive dans une pierre creuse.

Dans une fontaine shishi odoshi, un bambou sur pivot déverse l’eau dans une pierre creuse. – source : Pixabay

 

Principe n°5 : des éléments décoratifs caractéristiques du jardin japonais

Un jardin aménagé dans le style japonais contient des éléments de décoration particuliers. Ces derniers ont autant d’intérêt que les plantes et contribuent à créer un environnement propice à la détente et à la méditation.

Les statues évoquent l’esprit de l’Extrême-Orient et emportent l’imagination du promeneur vers ces pays lointains. Elles sont posées dans le paysage de manière naturelle, au milieu de végétaux comme les hostas et les fougères, et entourées de mousse à leur base. On peut les voir également à côté d’un rocher ou d’un arbre. L’idée est de donner l’impression qu’elles ont toujours été là.

Les lanternes traditionnelles en pierre (toro) étaient, à l’origine, placées à l’entrée des temples bouddhistes et servaient d’objets de culte. Aujourd’hui, elles ont un rôle décoratif dans un jardin japonais. Quand elles sont situées le long des allées ou près d’un point d’eau, leur éclairage produit une atmosphère mystérieuse.

Les clôtures (takegaki), des palissades en bambous, sont destinées à dissimuler une vue de manière esthétique. Les bambous sont également utilisés comme barrières pour délimiter les chemins.

Bien sûr, d’autres ornements peuvent être présents, comme des carillons suspendus ou un portique peint (torii).

Lanterne traditionnelle japonaise en pierre nommée Toro et située au bord d'un bassin dans un jardin japonais

Une lanterne traditionnelle japonaise toro utilisée pour éclairer un point d’eau dans un jardin japonais – source : Pixabay

 

Vous venez de découvrir les règles de l’art traditionnel du jardin japonais. Ce dernier reproduit un paysage naturel idéal. Le végétal, le minéral et l’eau sont mis en scène de façon harmonieuse et les éléments décoratifs complètent l’ambiance zen. Besoin de vous ressourcer ? Alors tentez une immersion au sein de ce lieu pittoresque et savourez la sérénité qui s’en dégage !

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Eve Abulafya, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Audrey, tutrice de formation chez FRW.

Sources :