Après les mandragores qui crient et gesticulent dans Harry Potter, nous voici à la croisée de Matrix et de Bienvenue à Gattaca, avec les plantes Cloud. Imaginez remplacer les data centers par des forêts. Si si, c’est possible ! Le stockage des données numériques dans de l’ADN n’est pas une fiction. C’est parti pour la minute science !

Mais de quoi on parle là ???

On parle d’une société appelée Grow Your Own Cloud et de deux danois, passionnés de biotechnologie, qui travaillent sur un moyen éthique et écolo d’entreposer les informations numériques. Ils les convertissent en ADN synthétique et les insèrent dans de la végétation !

Plusieurs grands laboratoires mènent des études sur les capacités d’archivage démentielles qu’offre l’ADN. Mais Monika Seyfried et Cyrus Clarke sont allés plus loin en pensant à l’ADN d’organismes végétaux. Ils ont même créé une infrastructure fonctionnelle pour rendre leur projet concret : un fleuriste métamorphosé en data center ! Les participants ont pu confier des photos ou textes numérisés, assister au procédé de transcription en ADN synthétique et repartir avec leur plante Cloud !

C’est un peu de boulot quand même. Il faut convertir les données digitales en code ADN grâce à un algorithme. Ce code est ensuite intégré chimiquement dans un liquide et mis en contact avec une bactérie qui va l’ingérer. Enfin, la bactérie est absorbée par l’arbuste. TADAAAMMM ! Naissance d’un cloud biologique.

En sens inverse, on peut extraire et lire les données de la flore, sans la détruire, grâce à :

  • un outil de séquençage génétique ;
  • un peu de patience (en 2020, il fallait 6 heures pour effectuer la conversion).

OK, et c’est quoi le but ?

Les data centers sont connus pour leur consommation monstrueuse d’énergie et pour la surface colossale qu’ils requièrent. Or, l’ADN stocke des millions d’informations sans prendre de place. Quelques grammes d’ADN pourraient contenir les données de toute la planète ! Autre caractéristique fabuleuse : l’ADN correctement conservé peut être lu pendant des siècles. Maintenant, imaginons que nos plantes remplacent ces data centers basés on ne sait où :

  • Elles ne polluent pas puisqu’elles absorbent du CO2 au lieu d’en rejeter.
  • Elles ne demandent pas d’énergie à part les doux rayons du soleil.
  • Elles ne nécessitent pas des milliers de m² de bâtiments pour pousser.
  • Elles ne tombent pas en panne.

À ce jour, les études ne montrent pas de caractère néfaste aux manipulations de ces plants. On toucherait alors du doigt une solution de stockage respectueux de l’environnement, qui répondrait à l’augmentation exponentielle des éléments numériques sans abîmer la planète. On pourrait littéralement cultiver notre propre cloud !

Le cloud biologique serait destiné à un archivage des dossiers qui ne nécessitent pas une consultation régulière ou rapide. On garde donc nos disques durs externes. Mais actuellement, environ 70 % des données mondiales sont conservées sans être utilisées. L’ultime aboutissement serait, au lieu d’abattre des forêts pour construire des centres de stockage, d’entreposer les éléments digitaux dans les arbres.

Les progrès pour sauvegarder des informations numériques dans de l’ADN sont encourageants. Scientifiques et industriels suivent de près ce projet de mariage entre nature et technologie. L’idée d’avoir nos données personnelles dans les plantes qui prospèrent dans nos jardins, plutôt que sur des serveurs privés, c’est quand même sympa. Même si on n’est pas biologiste ou jardinier, il est temps d’avoir la main verte !

La technologie pour sauver le monde, vous êtes pour ? Alors foncez lire aussi cet article !

 

Aude Capelle pour e-writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

Grow Your Own Cloud [en ligne] (date de consultation : 11/03/2023).
CNRS. Stockage de données : du data center à la capsule ADN [en ligne] (date de consultation : 11/03/2023).
Sciences et Avenir. 8 innovations repérées pendant Vivatech 2021 [en ligne] (date de consultation : 11/03/2023).