Qu’est-ce qu’un coléoptère ? Un animal communément appelé scarabée et appartenant à l’ordre des insectes. À ce jour, sur un million de petites bêtes connues, les entomologistes dénombrent plus de 385 000 espèces de coléoptères. Vous en avez en tête ? Parmi toutes ces bébêtes, citons les fameux doryphores, cétoines, gendarmes, lucanes… Leur incroyable diversité leur permet notamment de coloniser moult environnements, y compris nos logements. Alors, sans plus attendre, apprenez à (re)connaître ces petits habitants et découvrez quelques-unes de leurs capacités, tant insolites qu’utiles à l’Humanité

Qu’est-ce qu’un coléoptère ?

Morphologie : les caractéristiques physiques de ces petites bêtes

En raison de leur morphologie, les coléoptères appartiennent à la vaste famille des insectes. Mais alors, quelles sont les caractéristiques anatomiques de ces animaux ? La majorité de ces petites bêtes possède un corps divisé en trois parties :

  • La tête comportant les yeux, les antennes, les mandibules et les pièces buccales.
  • Le thorax auquel sont rattachées les six pattes et les quatre ailes (sauf exception).
  • L’abdomen renfermant les organes digestifs et sexuels.

En plus de ces points communs, ces bébêtes articulées ont un squelette externe qui enveloppe leur corps mou. Cet exosquelette rigide, digne d’un bouclier, les protège considérablement des prédateurs et des agressions extérieures. Et chez nos amis les coléoptères, cette carapace est renforcée par les élytres désignant la première paire d’ailes dures et résistantes. Celles-ci préservent les ailes membraneuses et fragiles destinées au vol.

D’ailleurs, cette particularité physique est à l’origine du nom donné à ce groupe d’insectes. En effet, le terme « coléoptère » se compose des mots grecs anciens koleos, « fourreau, étui » et pteron, « aile ». Un coléoptère est donc un insecte dont les ailes (postérieures) sont recouvertes d’un étui.

Photographie artistique d'un lucane cerf-volant naturalisé avec les ailes déployées.

Photographie présentant l’anatomie d’un lucane cerf-volant naturalisé
avec les ailes postérieures et antérieures (élytres) déployées.
Source image : Oriane CHATELLIER. ©

Naissance : le développement des coléoptères, c’est tout un cycle !

Hormis l’anatomie, le cycle de développement des coléoptères constitue également un critère d’identité. Pour la plupart d’entre eux, la métamorphose se décompose en quatre stades distincts : embryonnaire, larvaire, nymphal et imaginal.

Tout d’abord, l’insecte commence à vivre sous la forme d’un œuf qui, une fois éclos, laisse apparaître une larve sans yeux ni pattes. À ce stade, ce petit boudin blanc a pour unique préoccupation de bien manger afin de grandir par à-coups. En effet, cette étape comprend à elle seule des phases larvaires successives correspondant aux différentes mues.

Lorsque la larve cesse de s’alimenter, elle évolue en nymphe, autrement dit la version molle du futur adulte. Et une fois que l’exosquelette durcit, alors le coléoptère atteint sa forme définitive. Au terme de cette transformation complète, l’insecte est dit « imago », « holométabole » ou « parfait ».

Parvenu à l’âge adulte, sa principale mission se résume souvent à se reproduire avant de mourir. Un nouveau cycle peut alors commencer ! À noter que ce dernier peut durer entre quelques mois et cinquante ans. Imaginez, si c’était le cas pour notre espèce humaine…

Schéma présentant les différents stades de développement du scarabée rhinocéros : œuf, larves, nymphe, adulte.

Schéma présentant le cycle de vie d’un scarabée rhinocéros : œuf, larves, nymphe, adulte.
Source image : Wonderisland. © | Adaptation linguistique : Oriane CHATELLIER.

Diversité : de super insectes aux quatre coins de la planète

Ouvrez grand les yeux, car où que vous soyez, les coléoptères sont OM-NI-PRÉ-SENTS. Répartis sur l’ensemble des continents, ils occupent des habitats tant naturels qu’artificiels : villes, campagnes, forêts, montagnes, lacs, rivières, déserts, etc. Dans ces milieux terrestres et aquatiques, ces incroyables arthropodes se déplacent différemment selon leurs capacités physiques. Pendant que certains volent, courent et rampent, d’autres préfèrent nager, creuser ou sauter. De véritables athlètes, mais pas que !

Ces insectes carapacés sont également dotés de super-pouvoirs utiles à leur survie. Parmi les techniques de défense, figure celle des coccinelles dont les couleurs vives transmettent ce message dissuasif : « Nous sommes toxiques ! » C’est ainsi que ces demoiselles sauvent leurs ailes. À l’inverse, certains coléoptères sont passés maîtres dans l’art du camouflage pour tromper l’ennemi, comme Zopherus nodulosus haldemani (à vos souhaits) ressemblant étrangement à de la fiente d’oiseau.

Outre le mimétisme, l’usage d’armes chimiques (venin, liquides malodorants, voire nocifs) est aussi une stratégie efficace. Le grand bombardier est notamment connu pour projeter un liquide bouillant sur son agresseur. Aussi petits soient-ils, les coléoptères ont su s’adapter à moult environnements pour conquérir le monde entier.

➡️ Dans cet article, « Comment détecter un cancer avec des fourmis ? », (re)découvrez ces hyménoptères 🐜 qui se muent en véritables héroïnes pour sauver des vies humaines !

Les coléoptères, à quoi ça sert ?

Alimentation : les coléoptères s’invitent dans nos assiettes

De diverses façons, les coléoptères sont de véritables alliés qui permettent à l’Humanité de se sustenter. Dans nos jardins et en agriculture, quelques petites bêtes constituent de parfaites auxiliaires de culture. Certaines sont pollinisatrices, d’autres sont de redoutables prédatrices de parasites. Vous pensez à la coccinelle qui se délecte des pucerons ? Vous avez raison ! Cultiver son potager sans insecticides et en adoptant des pratiques respectueuses de la nature, tels sont les principes de la permaculture. Une bonne méthode pour consommer des produits sains pour la santé.

À table, les insectes constituent des mets de choix dans plusieurs pays du monde. Par exemple, on les retrouve abondamment dans la cuisine mexicaine, africaine et asiatique. Selon les cultures, l’entomophagie ou l’art de manger des insectes varie inlassablement : caviar de fourmis, larves juteuses, sucettes de criquets, sandwichs de chenilles… Parmi tous les insectes consommés, 31 % sont des coléoptères (ENSIA, 2014). En Europe, ils s’invitent timidement à l’heure de l’apéro. N’avez-vous pas déjà goûté de petites larves séchées de ténébrion meunier ? Humm, n’ayez nul doute, ces bestioles croustillantes sont une véritable source de protéines à vous mettre sous la dent !

Infographie présentant les taux des différentes espèces d'insectes consommées par les populations entomophages dans le monde entier.

Extrait d’une infographie présentant la répartition des populations entomophages dans le monde
ainsi que les taux des différentes espèces d’insectes consommées.
Source image : Ensia, “Can insects feed a hungry planet ?”, Anna EGELHOFF & Todd REUBOLD, 2014.

Création artistique : les coléoptères nous donnent des ailes

Lorsque les coléoptères sont consommés par les populations humaines, leurs élytres (ailes antérieures rigides) deviennent de parfaits déchets alimentaires, prêts à être recyclés. Tel est le cas pour Sternocera aequisignata, originaire d’Asie du Sud et dont les ailes vertes brillantes et iridescentes sont utilisées dans diverses créations. Effectivement, cette espèce est particulièrement prisée des artistes, joailliers et bijoutiers amateurs. Dès lors, leurs étuis cuirassés constituent aussi bien la base de bijoux fantaisie (broches, boucles d’oreilles, colliers) que d’accessoires de mode ou de pièces de décoration.

Véritables sources d’inspiration, les élytres peuvent devenir des objets de contemplation à part entière. Parmi les œuvres d’art contemporain les plus notables, découvrez le plafond de la Salle des Glaces du Palais Royal de Bruxelles, recouvert de plus d’un million d’élytres en 2002. Par ailleurs et dans le cadre d’une exposition dédiée à nos chers compagnons, l’Atelier-musée du Chapeau situé dans la Loire a confectionné deux magnifiques coiffes parées d’ailes métallisées.

À noter que l’utilisation de cette matière première est une pratique culturelle présente dans plusieurs nations autochtones. En Amérique du Sud, l’espèce Chrysina fait notamment des ravages en ornant des artefacts à vocation cérémonielle.

Boucle d'oreilles faites avec des élytres iridescents de coléoptères (espèce "Sternocera aequisignata").

Photographie d’une paire de boucles d’oreilles fantaisie réalisée à partir d’élytres iridescents de coléoptères (Sternocera aequisignata).
Source image : Oriane CHATELLIER. ©

Légendes : les coléoptères nous portent bonheur !

Dans plusieurs récits mythiques, les coléoptères porte-bonheur sont passés à la postérité. Sous l’Égypte antique, le dieu-scarabée Khépri pousse le soleil dans le ciel, comme les bousiers le font avec leurs boulettes d’excréments. L’animal divin est souvent représenté sous forme d’une amulette protectrice : le fameux scarabée de cœur ailé. Disposé sur la poitrine du défunt, il l’accompagne symboliquement vers l’Au-delà.

En France, la coccinelle, surnommée « bête à bon Dieu », intervient avant le trépas. Une légende médiévale raconte qu’elle aurait sauvé la vie d’un condamné à mort en se posant sur sa nuque, après avoir été chassée plusieurs fois par le bourreau. Face à cette scène, le roi y vit un message divin et décida de gracier l’accusé. Aujourd’hui encore, on dit que si une coccinelle se pose sur vous, elle exaucera votre vœu. Alors, pensez-y !

Au Japon, ce sont les lucioles qui ont la cote. Selon des croyances populaires, ces insectes à la vie éphémère représentent l’âme des disparus virevoltant parmi les vivants. À l’égal des deux héros dans le film d’animation Le Tombeau des lucioles, vous pouvez contempler ces insectes lumineux, notamment au cours de festivals nippons.

➡️ Pour être au plus près des insectes, passez une nuit insolite avec des abeilles 🐝 !

Photographie d'une amulette égyptienne : le scarabée de cœur ailé.

Photographie d’une amulette de protection égyptienne : scarabée de cœur ailé bleu vu du dessus.
Source image : Gallica, Bibliothèque Nationale de France.

 

Au fil de cet article, vous avez constaté que nos compagnons à quatre ailes en avaient sous la carapace ! Et pour cause, tous possèdent une paire d’élytres au terme du cycle de développement. En revanche, leurs variations de taille, de couleurs, de motifs et de capacités assurent leur riche diversité.

Indéniablement, les coléoptères sont des insectes aux rôles multiples et insolites. Grâce à leurs super-pouvoirs, ces scarabées se sont imposés en abondance dans le règne animal à travers le monde entier. Quotidiennement, ils nous rendent service, tant de manière pragmatique que contemplative. Tantôt, ils nous assurent une sécurité alimentaire, tantôt, ils sont source de créativité et parfois même, ils deviennent les héros de nos croyances éternelles.

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Oriane CHATELLIER, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Océane TESTA, tutrice de formation chez FRW.

 

SOURCES :

BIBLIOGRAPHIE

  • ALBOUY, Vincent, Les insectes, Collection C’est ma passion, Éditions Milan, 2007, 72 pages.
  • JENKINS, Steve, Insectes Coléoptères, Collection Aux couleurs du monde, Éditions Circonflexe, 2012, 40 pages.
  • DAVEY, Owen, Scarabées et autres coléoptères, Collection Album documentaire, Éditions Gallimard Jeunesse, 2018, 36 pages.

 

SITOGRAPHIE

SITES INTERNET DES INSTITUTIONS

  • Site officiel de la monarchie belge

https://www.monarchie.be/fr/patrimoine/palais-royal-de-bruxelles

  • Site officiel de l’Atelier-musée du chapeau de la Loire

http://www.museeduchapeau.com/expo-coleopteres.html

  • Gallica, Bibliothèque nationale de France

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55012831d.r=amulette%20scarab%C3%A9e?rk=21459;2

 

SITES INTERNET DES MÉDIAS

  • Courrier international, Anna EGELHOFF, Todd REUBOLD, « Les insectes vont-ils nourrir la planète ? », 8 décembre 2014.

https://www.courrierinternational.com/article/2014/12/04/des-insectes-dans-nos-assiettes#article-box-source

  • Ensia, Anna EGELHOFF, Todd REUBOLD, “Can insects feed a hungry planet ?”, Août 2014.

https://ensia.com/infographics/can-insects-feed-a-hungry-planet/

  • National Geographic, Elizabeth KOLBERT, « Mais où sont passés tous les insectes ? », 15 octobre 2019.

https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2020/05/mais-ou-sont-passes-tous-les-insectes