Le daltonisme, vous en avez sûrement entendu parler. Saviez-vous qu’en France 8 à 9 % des hommes et 0,4 % des femmes sont atteints de cette anomalie de vision des couleurs ? Cela représente plus de deux millions d’individus. Cette affection héréditaire se transmet d’une génération à l’autre en raison d’un gène défaillant. La perception des couleurs par un daltonien se trouve ainsi très altérée. Cultivant sa capacité d’adaptation, il ne parviendra pas pour autant à surmonter toutes les situations. Corriger le daltonisme constitue un défi dont le but est de permettre aux individus affectés de ne plus confondre les couleurs. Dans cet article, nous faisons le point sur les solutions disponibles : des lunettes de correction aux outils connectés en passant par les traitements à l’étude.
Définition du daltonisme : ce qu’il faut savoir sur cette anomalie de vision des couleurs
Avant d’aborder les méthodes de correction disponibles, il apparaît nécessaire de comprendre cette déficience. Le daltonisme désigne une anomalie de vision des couleurs d’origine génétique. Pour que l’œil ait une perception colorée dite « normale », trois sortes de cônes doivent être présents et fonctionnels dans la rétine. Chacun reçoit une longueur d’onde spécifique à une couleur grâce à des pigments photosensibles. Ils sont classés en fonction des colorations reconnues : cônes « verts », « rouges » et « bleus ».
Chez une personne daltonienne, un défaut sur un gène conduit à une déficience ou à une absence d’un pigment sur un modèle de cône. Celui-ci ne transmet donc plus correctement sa couleur au cerveau. Différents types de daltonisme existent en fonction du cône touché et de l’importance du déficit de son photopigment.
Les formes de daltonisme selon le cône atteint. Remarquez la visibilité de la borne incendie. Source : Élodie Fétis.
L’environnement des daltoniens comprend un grand nombre de nuances à partir de seulement deux couleurs dominantes. Leur perception colorée s’avère très éloignée de celle d’une personne à la vision dite « normale », expliquant leurs confusions entre les couleurs.
Lunettes correctrices : une efficacité hétérogène en fonction des types de daltonisme
Le daltonisme étant une anomalie génétique courante et invalidante au quotidien, des entreprises ont développé des lunettes pour tenter de le corriger.
Leurs verres sont équipés de filtres qui sélectionnent certaines longueurs d’onde. Ils effectuent des coupes précises dans le spectre de la lumière pour bloquer les teintes qui perturbent la discrimination colorée.
Pour un daltonien portant un cône à la sensibilité défectueuse, les lunettes offrent généralement une amélioration de la vision. Certaines teintes auparavant confondues deviennent alors différenciables. Toutefois, elles ne leur permettent pas de voir autant de couleurs que les personnes dites « normales ».
Dans les cas de daltonismes sévères avec absence du photopigment, ces verres ne fonctionnent pas. Ils n’apportent pas la perception de la teinte que le cône aurait dû détecter.
Plusieurs modèles de filtres existent selon le type de daltonisme. Les premiers prix débutent à une centaine d’euros. Les marques les plus connues comme EnChroma ou Koptical proposent des lunettes à des tarifs plus élevés.
Modification de la vision grâce aux lunettes pour corriger le daltonisme EnChroma. Crédit photo : KK99LIUC, via Wikimedia Commons.
L’efficacité de ces filtres sur la correction du daltonisme fait l’objet d’études scientifiques. Leurs résultats ne sont pas toujours concluants, mais les plus récents soutiennent une certaine utilité. Une publication de 2020 parue dans Current Biology suggère même que le bénéfice apporté par l’emploi des lunettes persisterait après l’arrêt de leur port. Ces données restent à approfondir, mais apparaissent encourageantes.
Thérapie génique : un traitement prometteur pour corriger le daltonisme
Grâce à l’amélioration de la thérapie génique, on peut aujourd’hui entrevoir une possibilité de corriger le daltonisme en traitant directement l’élément défectueux du chromosome. La solution consiste à injecter sous la rétine un virus modifié conçu pour transporter la copie saine du gène.
En 2009, un premier essai de ce type a été publié dans la revue Nature. Elle portait sur des singes-écureuils. Leur vision des couleurs est basée sur les mêmes cônes que ceux des humains, avec des défaillances génétiques identiques. Deux singes-écureuils, naturellement dépourvus du photopigment « rouge », ont bénéficié d’une injection du traitement. Cinq mois plus tard, leur capacité de discrimination des couleurs était comparable à celle d’un sujet « normal ».
Une équipe de chercheurs allemands a réitéré cette expérience, publiée dans la revue Jama Ophthalmology en 2020. Cette fois, neuf humains atteints d’achromatopsie (type de daltonisme très rare où aucun cône ne fonctionne) y participèrent. Après injection, les daltoniens ont présenté une amélioration des scores de la vision, sans effet néfaste.
Les résultats encourageants de ces premières études apportent l’espoir d’un futur traitement permettant aux daltoniens une vision normale des couleurs. Cependant, la thérapie génique nécessite un temps de mise au point pour s’assurer qu’elle ne comporte aucun risque. En raison de la sévérité de l’atteinte des daltoniens achromates, les recherches actuellement en cours sont concentrées sur leur correction. Si les résultats positifs se confirment, la voie vers le traitement des formes plus courantes serait ouverte.
Applications pour smartphone, une vraie solution pour différencier les couleurs
Dans l’incapacité de reconnaître certaines couleurs, les daltoniens sont souvent contraints de demander assistance à leur entourage. Une astuce permet de vivre ce handicap de manière plus autonome. Elle se trouve en général à portée de main, dans la poche ou dans le sac, elle consiste à utiliser son smartphone ! De très bonnes applications sont développées pour aider à corriger le daltonisme.
Celles-ci exploitent la caméra des smartphones pour rendre les couleurs plus facilement distinguables. Elles déplacent les colorations difficiles à différencier vers des tons identifiables, tel un filtre de lunette de correction pour daltonien.
L’utilisateur sélectionne dans un premier temps son type de daltonisme. L’application modifie l’écran en temps réel par des combinaisons de couleurs adaptées à sa vision. Ainsi, pour une personne présentant des difficultés à distinguer le rouge et le vert, le logiciel Color Binoculars les remplace par du rose et du vert que l’individu discerne mieux.
Ces applications possèdent parallèlement la capacité de traduire les images par le biais de la caméra. Quand l’utilisateur pointe une couleur, le logiciel attribue son nom descriptif. Le daltonien peut également sélectionner une couleur à mettre en évidence. Par exemple, une personne atteinte d’un déficit du cône « rouge » cherche un plot orange dans une pelouse verte. Toutefois, elle les voit de la même couleur. Dans l’application Color Blind Pal, elle choisit la teinte orange souhaitée, elle sera alors agrémentée de motifs à rayures.
Web design adapté aux daltoniens, poussé par la réglementation d’accessibilité numérique
Le daltonisme étant reconnu comme un handicap visuel, il bénéficie de la mise en place du RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité). Ce dernier présente notamment les obligations que les professionnels du Web doivent engager pour faciliter l’accessibilité numérique aux personnes handicapées. Ainsi, de la conception d’une page internet à l’élaboration d’une illustration, quelques bonnes pratiques permettent d’aider le daltonien à corriger son déficit visuel.
La difficulté pour leur fournir un web design adapté réside dans le fait que les couleurs confondues diffèrent en fonction du daltonisme. Pour pallier cet inconvénient, la solution consiste à renforcer les contrastes.
Par exemple, les liens méritent d’être soulignés et pas simplement colorés pour être aisément identifiables. D’une façon générale, l’usage de motifs et textures facilite la distinction des parties teintées. Ainsi, les éléments à discriminer sur une page nécessitent d’être agrémentés de symboles correspondant à chaque nuance. Ils ne doivent pas être repérés uniquement par des couleurs.
Dans un futur proche, ces tâches d’ajustement seront probablement conçues à l’aide d’intelligences artificielles. Elles permettront d’harmoniser automatiquement les sites internet pour pallier cette déficience.
L’adaptation du Web aux daltoniens participe à l’amélioration de leur « expérience utilisateur ». Elle contribue à corriger leur anomalie en diminuant leur risque de confusion liée aux couleurs.
« Il y a des daltoniens qui ne font pas la différence entre les couleurs, mais qui la font entre toutes les nuances. » — Stanislaw Jerzy Lec, écrivain, poète
Grâce aux nouvelles technologies et aux avancées médicales, la correction du daltonisme progresse. Elle ne parvient pas encore à offrir une vision « normale » aux daltoniens. Cependant, elle accroît leur autonomie au quotidien, leur permettant de vivre leur déficit plus librement.
⏩ Et si vous alliez plus loin, en vous mettant dans la peau d’une personne daltonienne ?
Utilisez une application telle que CV simulator pour voir comme elle ! En tant qu’individu à la vision « normale », sortez de votre zone de confort, immergez-vous dans leur environnement !
🧩 Tentez d’assembler un puzzle, cette activité devient complexe à travers les yeux d’un daltonien.
🌈 Essayer de construire un LEGO sans réussir à différencier les pièces selon leur couleur !
Complexité pour un daltonien à discerner les pièces de LEGO. Source : Élodie Fétis.
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Élodie Fétis, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Élodie, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
BONNARDEL Valérie, Université de Winchester. Daltonisme et thérapie génique | researchgate.net [en ligne] (consulté le 07/04/2022).
LANTHONY Philippe. Daltonisme | Encyclopædia Universalis [en ligne] (consulté le 06/04/2022).
Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF). Tout savoir sur la vision des couleurs | snof.org [en ligne] (consulté le 06/04/2022).
Très utile article, j’ai découvert énormément de choses nouvelles sur le daltonisme que je ne savais pas encore. Je vais absolument partager cet article avec mon amie qui a ce handicap pour qu’elle en apprenne lui aussi !