Un fait n’est plus à démontrer : la nature constitue depuis toujours la source d’inspiration principale des artistes. Pourtant, les actions entreprises dans la sphère des beaux-arts pour la préserver demeurent encore timides. Et s’il était possible de se reconnecter à l’environnement à travers une pratique artistique naturelle ? Des alternatives durables existent. Elles font la part belle aux réalisations biodégradables et à une forme d’art plus authentique. Que vous soyez dessinateur-baroudeur, sculpteur en herbe ou peintre confirmé, offrez-vous une parenthèse ressourçante en prenant un bain de verdure ! Voici 5 pistes à explorer pour créer avec la nature !

1. Peindre avec des encres naturelles faites maison et zéro déchet

Partout en France, des ateliers de sensibilisation à la nature se multiplient. L’une de leurs animations phare, adaptée aux enfants comme aux adultes : la fabrication d’encres naturelles. Celles-ci permettent d’obtenir de nombreuses nuances colorées et de produire différents effets de matière. Elles sont donc susceptibles d’intéresser aussi bien les gribouilleurs d’un jour que les étudiants en école d’art ou les carnettistes renommés. Leur rendu séduira particulièrement les amateurs d’aquarelle. Titouan Lamazou, si tu nous regardes…

Composer sa palette entre champ et forêt

Le procédé consiste à extraire la couleur des végétaux. Il est possible d’employer diverses parties de plantes, glanées en toutes saisons dans la campagne :

  • fleurs ;
  • racines ;
  • petits fruits ;
  • etc.

En écrasant des baies de sureau fraîches dans un plat à l’aide d’un presse-purée, vous obtiendrez un jus violet très intense. Appliquez-le sur un papier épais et saupoudrez la peinture encore humide de sel fin. Comme par magie, des motifs envahissent la surface de la feuille.

Envie d’un vert lumineux ? Enfilez une paire de gants, puis :

  1. Cueillez une botte d’ortie fraîche.
  2. Ciselez-la dans un mortier.
  3. Pilez-la avec un peu d’eau.
  4. Filtrez le mélange.

Trempez-y votre pinceau et faites voyager la couleur sur le support, au gré de votre imagination !

Penser valorisation !

Fruits trop mûrs et épluchures de légumes du potager vous offriront également une large gamme de teintes. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre primeur pour récupérer ses pertes ou invendus. Vous contribuerez ainsi à transformer un déchet en ressource.

Du chou rouge broyé puis pressé dans un tissu vous donnera du bleu. En y versant quelques gouttes de vinaigre ou de citron, le liquide recueilli deviendra rose, tandis qu’une pincée de bicarbonate de soude le rendra turquoise.

Échantillon de couleurs naturelles

On peut produire plusieurs couleurs à partir du chou rouge. Crédits Photo : Tiphaine Le Foulgoc

Vous pourrez conserver vos jus colorés quelques jours au réfrigérateur. Veillez à laisser sécher vos productions dans un endroit sombre. En effet, les encres végétales sont photosensibles : elles peuvent être altérées par la lumière du soleil.

Vous souhaitez approfondir le sujet ou organiser au mieux votre séance créative ? Référez-vous au manuel Peintures végétales avec les enfants de Helena Arendt : un recueil d’informations claires qui contentera aussi les plus grands !

2. Tester le tataki zome, technique d’impression végétale écologique

Originaire du Japon, le tataki zome fait l’éloge de la lenteur. Les rudiments de cette technique ancestrale ? Teindre (« zome ») en martelant (« tataki ») ! Ce slow art repose sur la capture des formes et couleurs des végétaux à la surface de papier ou de tissu.

Étape 1 : Cueillir ses couleurs

Toutes sortes de feuilles, d’herbes et de fleurs fraîches conviennent à l’élaboration d’empreintes végétales. Les inflorescences de certaines plantes tinctoriales (camomille des teinturiers, bleuet des moissons, etc.) promettent de remarquables expérimentations. Riches en substances colorantes et traditionnellement utilisées dans la teinture textile et la création de pigments végétaux, elles se prêteront parfaitement à cette pratique.

Profitez d’une promenade en forêt, au printemps ou en été, pour mener à bien votre récolte. Pour ne rien gâcher, programmez votre séance de tataki zome directement au retour de cette balade. Gardez à l’esprit que les plantes fanées ou séchées seront inutilisables. Avant de partir, munissez-vous de gants et d’un sécateur pour effectuer des tailles nettes. La règle ? Prélever moins d’un tiers d’une même ressource, afin qu’elle puisse se renouveler. Assurez-vous de ne jamais toucher aux espèces protégées de votre région.

Étape 2 : Imprimer en pleine conscience

Pour réaliser une impression sur papier (plus accessible et tout aussi captivante que celle sur tissu) :

  1. Disposez le fruit de votre cueillette entre deux feuilles de papier à grain.
  2. Ajustez les éléments en fonction de la composition désirée.
  3. Maintenez bien l’ensemble à l’aide de ruban adhésif de masquage.
  4. Procédez au martelage du support : tapez sur la couche supérieure avec un galet ou un maillet, de façon à écraser les végétaux.

Selon le principe du monotype, la couleur imprégnera le papier. Répétez cette action de manière régulière, en cherchant la maîtrise du geste. Percevez-vous la dimension méditative du tataki zome ?

Exemple de tataki zome sur papier

Impression de plantes sauvages sur papier. Crédits photo : Tiphaine Le Foulgoc

Lorsque vous avez pressé la totalité des plantes, retirez la bande adhésive et séparez délicatement les deux feuilles. Détachez les pétales et herbes encore accrochées au papier et admirez les motifs qui apparaissent ! Que vous évoquent ces estampes ?

🔽 Partagez vos expériences et découvertes en commentaire !

3. Créer avec la nature en réalisant des compositions de fleurs séchées

Qui possède une âme d’artiste doublée d’une conscience écologique trouvera peut-être son bonheur dans le travail des graminées et des fleurs séchées. Ultra-tendances, on en fait des bouquets, des suspensions, des couronnes et même des broderies ! Mais leur intérêt dépasse celui de la touche déco. Synonymes de légèreté et de poésie, elles ont tout pour plaire aux apprentis sculpteurs et plasticiens contemporains.

Après avoir cueilli vos plantes, vous pouvez :

  • Les glisser entre deux feuilles de papier de soie placées sous un gros livre ou une presse. Il est possible d’aplatir uniquement les pétales ou de conserver les fleurs entières. Ces éléments vous serviront dans vos collages en 2D. Basez-vous sur une recette de colle de riz ou de farine pour des productions 100 % naturelles.
  • Former des bouquets et les faire sécher tête en bas à l’abri de la lumière, pour vos ouvrages en 3D.

Avant de mettre en œuvre votre projet, il est préférable de définir une composition en la schématisant sur papier. Osez jouer avec les nuances colorées et les textures de manière à concevoir des tableaux, installations ou sculptures plus ou moins contrastés.

En vous initiant à la vannerie sauvage, vous serez à même de confectionner des structures en volume sur lesquelles accrocher vos plantes. Vous pourrez également vous appuyer sur ces supports pour tisser les végétaux. La seule consigne : suivre son inspiration. La combinaison de ces matériaux naturels n’a de limite que votre imagination. Durable et esthétique, cet éco-art floral ne demande qu’à s’épanouir…

⏩ Découvrez une autre façon d’utiliser les végétaux : apprenez à réaliser des cyanotypes !

4. S’initier au land art, pratique artistique naturelle par excellence

C’est sans doute à travers le land art que la synthèse entre art et nature se manifeste le mieux. Cette pratique consiste à collecter feuilles, branchages, cailloux, coquillages, etc., et à les recomposer dans leur milieu d’origine, dans un but purement artistique.

Ces installations dites « in situ » sont, dans leur essence, des sculptures éphémères. Elles évoluent et s’effacent au rythme des saisons. Il s’agit à la fois pour l’artiste de s’exprimer au travers d’une performance et de limiter son impact sur l’environnement. L’objectif est double : créer sans polluer.

En mission détente avec vos enfants ? Proposez-leur de réaliser avec vous cette activité ! Nul besoin d’aller trop loin ! Embarquez pour une micro-aventure créative dans le bois d’à côté ou la plage de galets la plus proche.

Commencez par observer le paysage qui vous entoure. Imprégnez-vous du lieu, avant de ramasser puis d’assembler les éléments (pierres, sable, branches, brindilles, etc.), pour dessiner une forme ou la faire émerger dans l’espace.

« Dans la forêt, mon regard peut se poser n’importe où. Partout où je regarde, je pourrais entreprendre un travail. » Nils-Udo

Inspirez-vous de la philosophie du lagom et visez la cohérence, l’harmonie avec cet écosystème. Votre création doit parfaitement s’y intégrer, comme si elle n’était pas votre œuvre, mais celle de la nature elle-même.

5. Dessiner avec ses propres fusains pour réduire son impact environnemental

Afin de modérer son empreinte carbone, il peut être intéressant de fabriquer ses propres outils de dessin. Plusieurs arbres et arbustes permettent par exemple de faire du fusain, instrument idéal pour les esquisses !

Optez de préférence pour de fines branches de saule (d’un diamètre inférieur ou égal à 5 mm). Après les avoir sectionnées :

  1. Fractionnez-les en tronçons.
  2. Enroulez les bâtonnets dans deux couches d’aluminium. L’enveloppe doit être étanche.
  3. Déposez-les sur les braises encore chaudes d’un barbecue.
  4. Recouvrez l’appareil d’un couvercle métallique pour conserver la chaleur pendant 2 heures.
  5. Retirez les fusains après 4 heures, lorsque les braises ont complètement refroidi.

Testez votre nouveau médium ! Influez sur l’intensité du tracé en modulant la pression de l’outil sur le support. Pour éclaircir une ligne ou la flouter, il vous suffit de l’estomper avec le doigt.

S’engager en faveur de l’environnement via une approche artistique est un challenge qu’il est possible de relever, en repensant le processus créatif dans sa globalité. Adoptez une démarche expressive, écologique et gratifiante : sortez des sentiers battus et empruntez ces 5 pistes entre art et nature !

Sources principales :

Tiphaine Le Foulgoc, pour e-writers

Article réalisé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW

Article relu par Carine, tutrice de formation chez FRW