Le déni de grossesse est vécu par la femme comme un cataclysme. Il peut toutes nous concerner. Quel que soit notre milieu, notre âge, que nous ayons déjà des enfants ou non. Il est aussi longtemps resté un sujet sensible. Sans symptômes apparents de grossesse ou pas assez clairs pour être interprétés en tant que tels, cette maternité invisible suscite mystère et suspicion. Enceinte sans le savoir, la prise de conscience de cette grossesse ignorée est une épreuve douloureuse. Les conséquences d’un tel traumatisme peuvent être graves pour la future maman et le bébé. Chaque histoire est différente et chaque situation familiale aussi. Dans tous les cas, l’attitude des proches est déterminante. Découvrez les réponses aux questions que vous vous posez et de précieux conseils pour accompagner votre compagne, parente ou amie.

Comprendre les mécanismes de cette grossesse ignorée

L’influence du mot déni dans déni de grossesse

Le déni est un mode de défense particulier, où le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante tout en la reconnaissant d’une certaine manière, Universalis. La définition du mot déni peut nous laisser penser que la femme se sait enceinte mais le refuse et le cache. En réalité, elle n’a absolument pas conscience de sa grossesse. Cependant, ce mot à longtemps eu une influence négative sur la profession médicale, l’entourage et la pensée collective. En conséquence, la victime d’un déni de grossesse était considérée comme une dissimulatrice.

Une maternité mystérieuse, méconnue et mal acceptée

Le terme déni de grossesse n’est employé qu’à partir de 1970, dans le milieu psychiatrique, pour décrire le phénomène que nous connaissons aujourd’hui. Et ce n’est qu’à la fin des années 90 que des études sont publiées. En ce qui concerne l’opinion publique, le terme est utilisé au début des années 2000 par les médias. La télévision et les journaux relaient des affaires judiciaires où il est souvent associé à l’infanticide et plus précisément au néonaticide : l’homicide d’un nouveau-né au jour de sa naissance. Entre études psychiatriques et diffusion du sujet dans un contexte dramatique, les femmes victimes d’un déni de grossesse ont été souvent confrontées à des réactions très violentes.

Enceinte sans le savoir : un mécanisme de défense psycho-corporel inconscient

Le fonctionnement psychique va jusqu’à inhiber les manifestations physiologiques habituelles de la grossesse comme :

  • la prise de poids ;
  • le ventre qui s’arrondit (le bébé se place en position debout, près de la colonne vertébrale. L’utérus est à la verticale, c’est pourquoi le ventre reste plat) ;
  • la tension mammaire ;
  • les nausées ;
  • les vomissements ;
  • l’aménorrhée (souvent la femme a ses règles alors qu’elle est enceinte) ;
  • etc.

Les premiers symptômes peuvent apparaître quelques heures seulement après la révélation du déni. Le bébé se place alors correctement dans le ventre de la maman qui s’arrondit dès les jours suivants. C’est une incroyable soumission du corps à la psyché. Cette grossesse est donc également invisible pour l’entourage qui va tenter de comprendre. Les parents, surtout si c’est une très jeune maman, peuvent se sentir coupables de ne pas avoir vu. Certains peuvent aussi s’estimer responsables au travers de l’éducation. Vous pouvez, bien sûr, vous informer auprès de sources sérieuses. Cependant, vous vous rendrez vite compte qu’il n’y a pas de profil de femmes à qui cela arrive ni de profil d’éducation type qui en serait la cause. Le rôle des proches est ailleurs.

Accompagner au mieux une femme victime d’un déni de grossesse

L’accompagnement médical dès la révélation de la maternité

En France et dans beaucoup d’autres pays, les femmes décident d’enfanter ou non. Elles maîtrisent leur maternité et bien souvent la programment. Suite à la révélation de cette grossesse, elles sont sidérées et souvent honteuses. Pourtant, le phénomène n’est pas si rare, selon une étude publiée par l’académie des sciences de Lorraine. Le nombre de cas se situe autour de 2 à 3 pour 1 000 naissances avec une nette prépondérance pour les dénis partiels. Le déni est dit partiel, s’ il est révélé entre la quatorzième semaine d’aménorrhée et l’accouchement. Il est dit total, si il l’est au moment de l’accouchement, l’épreuve est alors encore plus traumatisante.

Heureusement, les professionnels de santé formés sur ce phénomène sont maintenant nombreux. Ils font preuve de psychologie et assistent au mieux la patiente sous le choc. Une assistante sociale ou une psychologue la prend en charge, écoute sa souffrance, l’informe sur la suite du déroulement de sa grossesse. Des choix parfois difficiles se profilent car le délai légal d’IVG, (interruption volontaire de grossesse), est dans la plupart des cas dépassé. Autrement dit, ces choix se limitent à l’accouchement sous X ou garder son bébé. Ces femmes doivent ensuite l’annoncer à leurs proches. Ce moment est très anxiogène, car elles se sentent perdues, coupables et ont peur de la réaction de leur entourage.

Le soutien des proches dès la levée du déni de grossesse

« L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne ! » Pierre Desproges.

Plus sérieusement, oui ! Vous aussi, vous êtes sidéré. Mais passé le choc et la surprise, il est important que vous, les proches, fassiez rapidement preuve de bienveillance et d’intelligence. La future maman a terriblement besoin de votre soutien. Vous avez certainement beaucoup de questions mais elle n’a pas de réponses. Pour qu’elle vive cette grossesse le plus sereinement possible, vous devez l’écouter et l’épauler. Cette femme se sent trahie par son corps, certaines peuvent aller jusqu’à douter de leur santé mentale. Elle a un grand besoin de se retrouver, de se recentrer, d’exprimer ses émotions. Vous savoir à l’écoute lui est très précieux, tenir un journal peut aussi l’aider.

Ce bébé à venir est considéré bien souvent, dans un premier temps, comme un passager clandestin qui aurait investi leur corps sans leur consentement. La révélation peut aller jusqu’à provoquer une décompensation psychotique ou un effondrement dépressif. Votre soutien et l’accompagnement médical sont donc essentiels tout au long de la progressive levée du déni et pendant toute la grossesse. Vous pouvez voir celle que vous aimez subir un grand stress. N’hésitez donc pas à lui proposer des outils qui pourraient l’apaiser et l’aider à mieux gérer son stress, à se relaxer et retrouver le sommeil.

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Une femme enceinte qui commence sa maternité par un déni de grossesse peut être heureuse et attendre son enfant sereinement

Une femme enceinte, assise dans la nature, le sourire aux lèvres

L’entourage présent pendant toute la grossesse

Dans le cas où la future maman décide de garder son enfant, la maternalité est favorisée quand l’entourage accepte et dédramatise cette grossesse. Ce processus psycho-affectif se développe et s’intègre chez les femmes à l’occasion de la maternité. C’est une véritable crise d’identité, surtout dans le cas d’un premier enfant, pendant laquelle la femme doit passer du statut d’enfant de sa mère à celui de la mère de son enfant. Elle accepte alors l’idée d’être enceinte et peut commencer à tisser des liens avec son bébé. Le déni de grossesse peut passer au second plan et laisser la maman aborder une autre étape : attendre son enfant.

Transformer l’épreuve d’une grossesse ignorée en bonheur

L’accueil du bébé avec l’aide de l’entourage

Préparez-vous ensemble à accueillir ce bébé comme l’heureux évènement qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Vous pouvez aider la future maman à se projeter et la rassurer aussi : même quand c’est un choix, devenir parent est source de beaucoup de questions et d’appréhension, mais elle peut choisir de se faire confiance. Partagez ensemble des moments de joies. Assistez-la, par exemple, dans l’achat des premiers vêtements de bébé et l’équipement nécessaire à sa venue. Vous pouvez aussi lui proposer des activités qui sont des moments privilégiés de détente et d’échanges.

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Une grossesse non désirée mais un enfant attendu

Certaines situations familiales sont dramatiques. L’accompagnement médical s’est beaucoup amélioré mais toutes les femmes n’en bénéficient pas. De plus, il n’apporte malheureusement pas toutes les solutions. Dans certains cas, la situation est beaucoup moins grave. Toutefois, la révélation de cette grossesse est tout aussi choquante et nécessite un accompagnement professionnel et bienveillant. Néanmoins, avec beaucoup d’amour et d’écoute, ces grossesses peuvent aussi se transformer en g18rand bonheur.

Les progrès autour de la maternité, pour lesquels les femmes se sont durement battues, sont extraordinaires. Ils ont redéfini notre liberté et ont sauvé la vie de beaucoup d’entre nous. Peut-on oublier pour autant qu’il y a seulement quelques siècles, nous n’avions pas le choix, pas de suivi médical aussi évolué qu’aujourd’hui et nous étions souvent très jeunes ? Ce devoir de mémoire peut, peut-être, nous aider à relativiser. Ce bébé n’a pas été désiré certes, mais il peut être attendu et accueilli. Quelles que soient nos croyances et la manière dont nous vivons notre spiritualité, ce bébé paraît bien déterminé. Il semble avoir choisi sa maman et a décidé de naître dans cette famille en faisant fi du calendrier de chacun. L’idée qu’il mette toutes les chances de son côté pour y parvenir, nous donne aussi, une belle leçon d’humilité et peut nous forcer à sourire.

Sources
https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/
https://www.universalis.fr/encyclopedie/deni-psychanalyse/
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02091028/document
http://als.univ-lorraine.fr/files/conferences/dossiers/DeniGrossesse/Dligent.pdf
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1551

Géraldine Baradel pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.