Vous êtes peut-être en train de lire cet article au lieu de travailler. Vous vous dites qu’il faudrait trouver une méthode ou des outils sur Internet pour lutter contre la mollesse qui entraîne votre inactivité. Il y a pléthore de solutions pour cela : s’organiser pour éviter la fainéantise, arrêter de procrastiner, faire des to-do lists, établir des objectifs réalisables, etc. Vous avez essayé nombre d’astuces et pourtant rien ne fonctionne. Nous avons la solution pour vous. Ne faites rien ! N’essayez pas de vaincre la flemme. Détendez-vous. Nous vous donnons toutes les raisons de ne plus vous sentir coupable face à la société qui vous persuade de combattre efficacement la paresse.

1. Être fainéant : et si c’était génétique ?

Dessin de scientifiques séparés par une souris de laboratoireEn médecine antique, la théorie des humeurs était établie par Hippocrate. Selon ce savant, le corps humain était composé de quatre substances essentielles : la bile jaune, la bile noire, le sang et la lymphe. Le déséquilibre entre ces différentes substances causait la maladie. Un excès d’atrabile était censé engendrer tristesse, abattement, morbidité. Le patient était donc malade : atteint de flemmingite dirait-on de nos jours. La solution de l’époque était alors la saignée ou la purge pour évacuer la surabondance d’humeur noire.

Aujourd’hui, nous nous passons volontiers de ces remèdes. Attardons-nous plutôt sur les recherches du professeur Franck Booth de l’université de Missouri (Columbia). Son expérience avec des souris de laboratoire démontre que la paresse serait un trait génétique. Il a observé leurs comportements. Puis, il a isolé les spécimens les plus actifs dans les roues (vous savez, celles qui tournent dans les cages de hamster). Enfin, le professeur Booth a lancé la reproduction des plus performants entre eux et des plus passifs entre eux. Après dix générations, il s’est avéré que les plus énergiques l’étaient de plus en plus et inversement pour le second groupe. Le professeur Booth a découvert que le gène alpha inhibiteur de la protéine-kinase (à vos souhaits !) était moins présent dans le groupe dit des « paresseux ». Au-delà du fait que cette étude a été menée sur des animaux, et non sur des humains, elle apporte la preuve que les gènes ont une importance dans la motivation intrinsèque.

Rassuré ? Vous n’êtes pas paresseux. Il est probable que la génétique joue en votre défaveur. Vous savez quoi répondre à vos amis qui vous reprochent de lézarder trop souvent sur votre canapé. Pour argumenter plus amplement sur la flemme avec votre patron, continuez votre lecture.

2. Lutter contre la paresse : et si c’était un droit ?

Paul Lafargue pensait en 1880 que le droit à la paresse était possible. Dans son livre Le droit à la paresse, il imaginait une journée de travail de trois heures pour les salariés, le reste du temps étant dédié « à fainéanter et bombancer ». Lafargue y faisait un éloge du prolétariat. Surtout, il invitait les travailleurs à se rendre compte de leur capacité à recréer le monde, car la paresse est à l’origine de la liberté.

Une expérimentation a été menée, en 2022, en Australie et en Nouvelle-Zélande, pour la semaine de quatre jours. 3 000 salariés dans une soixantaine d’entreprises y participaient. Les résultats furent positifs :

  • 91 % des sociétés participantes ont poursuivi l’aventure après ce test ;
  • le chiffre d’affaires des établissements évalués a augmenté en moyenne de 35 % ;
  • le risque de démission a diminué de 57 % ;
  • 55 % des employés ont ressenti plus d’énergie dans leur capacité au travail ;
  • 73 % ont ressenti du bien-être à leur poste.

Depuis le 1er septembre 2023, la Métropole de Lyon essaye la semaine de 4 jours. Elle propose ce mode de fonctionnement sur la base du volontariat sans baisse de salaire. C’est la plus grande collectivité en hexagone à mettre en œuvre ce mode de fonctionnement. Des entreprises françaises pratiquent la semaine de quatre jours depuis 2022. Ces données montrent qu’un droit à la paresse est possible. Celui-ci serait intéressant à la fois pour le salarié flemmard, et pour son patron (fainéant aussi, si ça se trouve !).

👉 Pour toujours plus de décontraction, suivez nos conseils pour vous détendre après une journée de travail devant l’écran.

3. Vaincre la flemme : et si notre cerveau n’en avait pas besoin ?

Pendant longtemps, la science a pensé que les neurones de notre cerveau au repos ne produisaient aucune activité tant qu’ils n’étaient pas sollicités. Marcus Raichle, neurologue à l’université de Saint-Louis dans le Missouri, a démontré, à travers l’imagerie cérébrale, que l’activité du cerveau, même au repos, reste intense. En d’autres termes, même quand il n’a aucune action ou objectif à atteindre, notre cerveau est toujours en activité. Marcus Raichle appelle ce fonctionnement le réseau du mode par défaut (default mode network).

🧠 Lisez notre article sur les exploits du cerveau lorsque nous dormons.

Andrew Smart, chercheur en neurosciences à l’université de Lund (Suède) en parle dans son livre Auto-pilot, the art and science of doing nothing. Cette inactivité cérébrale « permet à votre cerveau de travailler sur ce qui se passe intérieurement, dans votre conscience (…). Cet état vous permet d’être créatif, car votre cerveau peut trouver des connexions bizarres entre les choses. »

La légende place bien Newton installé oisivement sous un pommier avant de découvrir la loi de la relativité. Et que dire d’Archimède dans son bain comprenant la fameuse poussée qui porte son nom ? Imaginez donc le potentiel de votre canapé ou de ce bain chaud avec des bougies parfumées dans votre quête d’un éclair de génie.

Archimède sortant de sa baignoire découvrant la gravité.

Arrêtez de surmonter la flemme en vous « fixant des objectifs réalisables » comme vous le proposent les experts de la motivation. Autorisez-vous des plages d’inertie. Laissez faire le mode par défaut de votre cerveau. Celui-ci vous amènera tranquillement sur les chemins de la créativité, ou mieux encore, sur celui de l’innovation du siècle prochain.

Vous pensez être un oisif né ? Vous avez peut-être raison. Votre fainéantise est probablement inscrite dans vos gènes. Cela explique que vous êtes plutôt dodo que métro-boulot. La semaine de quinze heures est peut-être faite pour vous. Nous vous avons proposé des arguments à apporter à votre employeur pour travailler moins en toute quiétude. Imaginez tout ce que vous pourriez faire de ce temps libre : apprendre le yoga, la couture, ou vous mettre à la permaculture. Enfin, pour le bien-être de votre cerveau, il est primordial de ne pas vaincre la flemme mais, au contraire, de la vivre pleinement. Le mode de fonctionnement par défaut de votre matière grise s’occupe de votre créativité, voire de faire de vous un futur Einstein. Prêt à passer à l’inaction ?

Aurélie Cécile, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.

Sources

La paresse est-elle un choix ou un trait génétique, Biomed, université de Misouri

Le succès de la semaine de 4 jours en Australie, four days week

Le mode par défaut du cerveau, Inserm

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