Vous vous sentez stressé et vous avez des difficultés à trouver le sommeil ? Vous pensez avoir tout testé pour parvenir à vous détendre ? Alors, vous ne connaissez sans doute pas l’ASMR, cette méthode de relaxation auditive fondée sur l’écoute de sons doux et répétitifs. Véritable phénomène sur Internet, l’ASMR (autonomous sensory meridian response) est connue pour procurer des frissons et des picotements à ceux qui y sont réceptifs. Cette technique de détente par le son est même comparée à un orgasme cérébral par ses adeptes. L’ASMR vous intrigue et vous souhaitez en savoir plus ? Laissez-vous guider.
L’ASMR, une méthode de relaxation auditive : définition
Avez-vous déjà ressenti une sensation d’apaisement en écoutant une personne parler d’une voix douce et calme ? Ou frissonné en entendant un tapotement d’ongles sur du bois ? Si votre réponse à l’une de ces questions est oui, alors vous avez sans doute expérimenté, sans le savoir, ce que l’on appelle l’ASMR.
L’ASMR (réponse autonome sensorielle culminante en français) est l’acronyme utilisé pour présenter le bien-être qu’éprouvent certains individus en réponse à des stimuli auditifs ou visuels. Cette sensation est décrite comme une vague agréable de picotements qui part du haut du crâne et qui descend jusqu’à la colonne vertébrale.
C’est l’Américaine Jennifer Allen qui, en 2010, a conceptualisé cette méthode de relaxation auditive. Elle lui a donné un nom — presque — scientifique et dépourvu de toute connotation sexuelle : ASMR. Ces quatre lettres permettent de mettre en évidence un ressenti commun à l’écoute de stimuli tel que le chuchotement :
- autonomous pour la sensation qui vient de l’intérieur de l’organisme ;
- sensory pour le plaisir sensoriel ;
- meridian pour la référence aux points culminants de la médecine chinoise ;
- response pour la réponse du corps à des stimulants extérieurs.
Au-delà des sensations physiques que l’ASMR procure, c’est-à-dire des frissons, des fourmillements ou la chair de poule, cette méthode apporte détente profonde et plénitude à ceux qui y sont réceptifs.
Mais peut-on expérimenter l’ASMR, quelles que soient les conditions ? Et quels sont ces fameux stimuli qui font tant frémir ?
Les déclencheurs au service du lâcher-prise : fonctionnement de l’ASMR
Conditions favorables à l’ASMR : contexte et triggers
La réunion de deux conditions est nécessaire pour expérimenter l’ASMR.
- Le contexte dans lequel vous vous trouvez doit être propice au lâcher-prise : le calme d’une chambre, le silence d’une bibliothèque par exemple. Vous devez être dans un environnement sécuritaire afin d’être réceptif aux stimuli extérieurs appelés déclencheurs.
- Les déclencheurs (triggers en anglais) sont de doux sons répétitifs (froissements de papier, chuchotements) qui permettent de commander votre activité neuronale et d’engendrer cette vague de picotements dans votre corps.
ASMR involontaire et ASMR artistique
Cette technique de détente par le son peut être vécue de manière inattendue par l’intermédiaire d’un tiers qui crée involontairement des stimuli sensoriels. L’ASMR est ressentie lorsqu’une personne porte toute son attention sur vous et vous traite avec douceur et empathie. Vous avez sans doute déjà frissonné au cours d’un brossage de cheveux, par exemple.
Toutefois, la majorité des individus réceptifs l’expérimentent en regardant des vidéos réalisées par des artistes sur YouTube. Ces créateurs de contenus appelés aussi ASMR’tistes se mettent en scène avec une multitude de déclencheurs ou scénarisent des roleplays (jeux de rôle en français).
Qu’entend-on par déclencheurs ?
Les déclencheurs sont des objets, des sons, des mises en scène à l’origine des picotements ressentis par les adeptes de l’ASMR.
Il existe trois catégories de stimuli.
- Auditifs : les contenus vocaux (chuchotements, sons inaudibles), les sons oraux (bruits de bouche) et ceux provoqués par la manipulation d’objets (tapotement, froissement, grattage). Les stimuli auditifs sont majoritaires en ASMR.
- Visuels : mouvements de mains, caresses, faible luminosité.
- Tactiles : massage, brossage de cheveux, toucher léger.
Une étude menée en 2015 par Emma Barratt, chercheuse en psychologie cognitive, met en évidence que les chuchotements restent le déclencheur préféré des amateurs d’ASMR. Leur popularité s’explique sans doute par sa combinaison particulière qui mêle délicatesse du son et attention personnelle. À ce titre, les effets de l’ASMR pourraient s’assimiler à ceux de la musique. À l’écoute de certaines mélodies, le cerveau libère de la dopamine qui provoque détente, plaisir et relaxation. Ainsi, l’ASMR peut être une ressource intéressante dans la lutte contre les insomnies.
« Certains de mes spectateurs me font régulièrement des retours pour me dire que l’ASMR a pu les sortir de leurs crises d’angoisse ou bien de leur dépression. L’impact peut être plus ou moins fort selon les personnes. », ASMR Kali (créatrice de contenus ASMR)
Les bienfaits de l’ASMR : un moyen de combattre les insomnies, mais pas seulement
Selon cette même étude de 2015, 80 % des personnes interrogées déclarent écouter de l’ASMR le soir. Celles-ci affirment que la répétition des sons induit la somnolence et favorise l’endormissement. D’ailleurs, une grande majorité des vidéos ASMR sur YouTube sont labellisées dans ce sens : « Je t’aide à lutter contre ton insomnie, 100 % sommeil profond, etc. » Toutefois, ces données restent anecdotiques. En effet, la communauté scientifique ne reconnaît pas officiellement l’ASMR comme méthode de relaxation auditive pour lutter contre les insomnies.
Toutefois, une étude menée par l’Université Anglia Ruskin (Royaume-Uni) met en évidence les effets bénéfiques de l’ASMR.
- La diminution du stress : cette méthode de relaxation auditive favorise le lâcher-prise et l’apaisement, ce qui réduit l’anxiété. Ce bienfait pourrait avoir une conséquence directe sur le sommeil.
- La sensation de plaisir : l’écoute de sons doux répétitifs est à l’origine de la sécrétion d’hormones du bonheur telles que la dopamine et la sérotonine. Le cerveau libère ces mêmes hormones lorsque nous mangeons du chocolat ou après une séance de sport par exemple.
- Le ralentissement du rythme cardiaque d’environ 3,41 battements par minute. Cette réaction entraîne chez certains adeptes une sorte de transe euphorique.
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Êtes-vous réceptif à l’ASMR, cette technique de détente par le son ?
Le visionnage de ce type de contenus ne provoque pas à tous ces fameux frissonnements :
- certaines personnes ne ressentent aucune sensation physique ;
- d’autres expérimentent même un profond inconfort face à l’écoute de sons répétitifs (c’est ce que l’on appelle la misophonie).
Plusieurs études ont montré que les amateurs de cette technique de détente ont un profil commun. Voulez-vous savoir si vous êtes sensible à l’ASMR comme méthode de relaxation auditive ?
Vous êtes sensible aux voix douces et aux stimuli depuis votre enfance
La majorité des personnes réceptives à l’ASMR ont développé cette sensibilité dès la plus tendre enfance. Elles ont d’abord éprouvé un sentiment de bien-être, d’apaisement ou de doux frissonnement en interagissant avec les autres. C’est ce que l’on appelle l’ASMR involontaire. Cette perception n’a aucune corrélation avec un plaisir sexuel, mais c’est l’attention portée à ces personnes qui leur procure ces sensations. Il s’agit par exemple des jeux de rôles en maternelle.
Vous êtes une personne empathique
En dehors de ces réactions primaires, les scientifiques ont cherché des facteurs communs aux adeptes de l’ASMR. Une étude dirigée en 2020 montre que ces individus :
- ont tendance à être plus empathiques notamment en ce qui concerne la compassion et le bien-être des autres ;
- sont plus enclines à vivre des expériences immersives ;
- ont une personnalité ouverte à l’expérimentation et une imagination plus prononcée ;
- sont sensibles aux arts et à l’esthétique de leur environnement.
Vous pensez réunir plusieurs de ces critères ? Pourquoi ne pas visionner une vidéo ASMR pour savoir si, vous aussi, vous êtes réceptif à ce nouveau phénomène ?
Cette technique de relaxation auditive permet à ceux qui y sont réceptifs de réduire leur anxiété et de créer des conditions favorables à leur endormissement. L’ASMR serait un type de synesthésie qui correspond à un trouble de la perception où le cerveau mêle différentes sensations qui n’ont pas de liens entre elles. Bien que les recherches ne soient qu’à leur début, les universitaires espèrent trouver des réponses afin d’en faire un moyen de guérison concernant certaines pathologies.
⏩ Vous souhaitez en savoir plus sur ces méthodes alternatives que les scientifiques exploitent pour soigner nos maux ? N’hésitez pas à lire cet article sur le grand retour de la psychothérapie assistée par hallucinogènes.
Charline Marcher, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.
SOURCES :
Barratt EL, Davis NJ. Autonomous sensory meridian response (ASMR): A flow-like mental state. PeerJ. 2015;3:e851. doi:10.7717/peerj.851
Poerio GL, Blakey E, Hostler TJ, Veltri T. More than a feeling: Autonomous sensory meridian response (ASMR) is characterized by reliable changes in affect and physiology. PLoS ONE. 2018;13(6):e0196645. doi:10.1371/journal.pone.0196645
ASMR University | The Art & Science of Autonomous Sensory Meridian Response
Très bon article ! Croyez-vous que nous puissions pratiquer en famille ? Et à Noël ?
Le soir semble être le meilleur moment. J’aurais tendance à dire qu’AU PRINTEMPS, ça doit être pas mal non plus.