Le terme « pervers narcissique » connaît un succès médiatique et social exponentiel à la fin des années 2000 dans la sphère privée du couple. En revanche, l’idée qu’il puisse exister une toxicité maternelle apparaît moins commune au regard de la société qui leur attribue la forme d’amour la plus pure et la plus inconditionnelle. Pourtant ce type d’attachement nocif est réel et peut impacter une vie tout entière. Ainsi, quelles conséquences y a-t-il à grandir avec une mère perverse narcissique ? Ne serait-il pas temps d’oser faire des liens entre votre parente et vos difficultés actuelles comme un manque d’estime de soi ou une incapacité à entretenir des relations saines et durables ? Êtes-vous certain que votre mère guide tous vos choix par pure bienveillance ? Préparez-vous à sortir du conditionnement inconscient dans lequel vous êtes enfermé pour aller en quête de votre véritable identité.

Définir le profil narcissique au quotidien

Pour Paul-Claude Racamier (psychanalyste et inventeur du concept dans les années 50), les pervers(es) narcissiques ou PN attaquent le plaisir et la créativité de leur victime pour se mettre à l’abri des conflits internes. La mère toxique est donc autocentrée par nature, ce qui déteint sur sa propre progéniture.

Narcissisme exacerbé : un rapport à l’enfant malsain

Les mères sont avant tout des femmes avec leurs propres blessures et ces dernières peuvent les amener à développer une perversion narcissique dont les enfants seront les premières victimes.

La toxicité de la parente apparaît lorsque le lien d’attachement sécure n’a pas su consolider entre celle-ci et sa propre mère, une liaison pourtant essentielle au bon développement de l’enfant. En effet, en refusant de reconnaître son bébé comme un être détaché d’elle, cette dernière a créé chez lui un traumatisme, le faisant évoluer vers une forme d’égocentrisme extrême. Malheureusement ce phénomène laisse des traces sur plusieurs générations de mère-enfant.

Cette relation représente le lieu d’emprise le plus intense du fait d’un lien d’attachement et de dépendance fort. Grandir avec une mère perverse narcissique, c’est avoir une parente qui se montre soit affectueuse et disponible à souhait, soit froide et distante. Souvent, elle envoie des signaux contradictoires, oscillant entre amour absolu et dénigrement total, de sorte que l’enfant ne sait plus sur quel pied danser.

L’un des signes d’une mère toxique se perçoit dans la négation de l’individualité de sa progéniture. Elle lui refuse le statut de sujet et l’assimile plutôt à celui d’objet lui appartenant. Égoïste et dénuée d’empathie, elle n’écoute que ses besoins et néglige ceux de son petit. Sans appui, celui-ci sera incapable de construire une bonne estime de soi et une identité propre. Un phénomène amplifié dans les relations mère-fille, où cette dernière est vue uniquement comme une extension.

Une mère perverse narcissique tire de nombreuses ficelles sans que vous vous en rendiez toujours compte. La parole reste son terrain de prédilection favori.

Mécanique bien rodée : dévalorisation, manipulation, contrôle et culpabilisation

« Ah ! l’amour maternel est une si grande vertu qu’il fait excuser bien des choses. » Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo.

Ces procédés sont utilisés par la mère en vue de se « renarcissiser » selon les circonstances.

En public, pour nourrir son besoin de reconnaissance, la mère toxique se montrera irréprochable, vantant ostensiblement les qualités de son enfant. Se sentant en réalité en concurrence avec lui, elle l’humiliera et le dévalorisera aussitôt en privé. Malheureusement, ce dernier va par instinct intégrer ces attentes contradictoires, à savoir être un exemple de fierté sans en faire trop au risque de perdre l’amour maternel.

La mère perverse narcissique utilise aussi la manipulation, la culpabilisation en détournant la parole ou les circonstances pour justifier ses agissements, se donner le beau rôle. En effet, égocentrée, elle se pose souvent en victime ou en moralisatrice et remet systématiquement en cause la réalité ainsi que les ressentis de son enfant.

Enfin, la parente atteinte de ce trouble exerce un contrôle permanent sur les choix de sa progéniture jusqu’à l’âge adulte : vêtements, loisirs, fréquentations, études, carrières, conjoint, etc.

Des attitudes anodines en apparence qui marquent à vie et contaminent tout le foyer.

Grandir avec une mère perverse narcissique : l’impact à long terme sur l’enfant et la famille

Jean-Charles Bouchoux, psychiatre et auteur du livre, « Les pervers narcissiques » leur reconnaît un dysfonctionnement psychique hérité de leur enfance. La mère est comme une enfant dans un corps d’adulte. Sa structure infantile la rend ainsi inapte à répondre aux besoins primaires de ses petits.

Difficultés à se construire et troubles de l’attachement sécure à l’âge adulte

Être élevé par une mère toxique entraîne des schémas de répétition et de véritables troubles psychologiques.

En ne reconnaissant pas son individualité, la mère PN a provoqué chez son bébé un rejet intériorisé qui ne cesse de se réitérer au fur et à mesure qu’il évolue. Ainsi grandir avec une mère perverse narcissique marque durablement l’enfant dès son plus jeune âge.

🔎 Pour aller plus loin sur le sujet : Bébés de parents aux fonctionnements pervers : blessures et meurtrissures

Les injonctions contradictoires et les jeux de manipulations systématiques peuvent générer jusqu’à très tard :

  • confusion ;
  • insécurité ;
  • sentiment de solitude et d’impuissance ;
  • absence de légitimité et de confiance en soi ;
  • anxiété ;
  • dépression ;
  • état d’hypervigilance perpétuelle s’apparentant à des symptômes de stress post-traumatique.

Si vous avez subi ces épreuves, suivez notre guide : L’Amour de Soi | des pistes pour apprendre à le cultiver

Ces épisodes marquants empêcheront l’enfant de bâtir des relations saines. Il oscillera entre dépendance affective et évitement. Ce dernier se tournera aussi inconsciemment vers des liens d’attachement toxiques, unique modèle d’amour valable pour lui.

La parente perverse narcissique ne se contente pas d’une seule victime, elle sème également le chaos au sein même de la maison.

Famille morcelée et conflictuelle

Jean-Charles Bouchoux (psychiatre) ne considère pas le pervers narcissique comme malade, en revanche, son entourage le devient très rapidement.

La mère toxique suit la politique du « diviser pour mieux régner ». Elle a souvent recours à son enfant comme allier tiers qu’elle introduit dans le couple et avec lequel elle fusionne. C’est pourquoi elle opte généralement pour un mari effacé ou peu présent à la maison.

Fréquemment, en raison d’un œdipe non réglé, la parente dénigre sa fille pour ses qualités et met son garçon, considéré comme un héritier, sur un piédestal. Ce qui explique qu’elle se positionnera donc toujours en rivalité avec la conjointe de son fils.

Ce traitement inéquitable crée des conflits entre les enfants, lesquels entrent en compétition les uns contre les autres afin de gagner l’amour maternel.

Ces injustices provoquent aussi des sentiments puissants : colère, rancœur, ressentiment, etc. Ne les ignorez pas, accueillez-les.

Ces dynamiques transgénérationnelles sont profondément ancrées, mais rassurez-vous, vous pouvez encore conjurer le sort.

Trouver des solutions pour guérir d’une parente toxique

Cela passe par plusieurs étapes et implique un véritable travail d’introspection.

Identification des comportements malsains et deuil de la mère idéale

Pour Jean-Charles Bouchoux (psychiatre), délaisser sa mère est difficile parce qu’on se sent redevable d’une sorte de dette. Paradoxalement, c’est plus complexe lorsqu’elle a été maltraitante ou pas « suffisamment bonne », car on voudrait la secourir, c’est le symptôme de « l’enfant sauveur ».

Afin de la désacraliser, reconnaissez ses nombreuses failles :

  • Repérez les comportements toxiques en vous fiant à vos sentiments : si vous êtes blessé, humilié, culpabilisé, c’est pour une raison.
  • Apprivoisez l’effet miroir : triez vos propres émotions de celles que projette, vous fait ressentir votre mère.
  • Réalisez un vrai travail psychologique en suivant les différentes phases du deuil (comme pour un décès : déni, colère, dépression et acceptation). Les rituels peuvent grandement vous aider.
  • Désidéalisez votre mère en délaissant votre posture infantile et en la considérant comme un individu d’égal à égal.
  • Tentez d’entrer en empathie avec cette mère qui comme vous a été ébranlée en apprenant à faire preuve de résilience face aux traumatismes de la vie.

Enfin, la clé du chemin réside dans le fait de vous retrouver vous-même.

Reconstruction de soi à l’aide du monde extérieur

Renouer avec sa voix intérieure. Crédit : Pixabay

Renouer avec sa voix intérieure. Crédit : Pixabay

Si vous avez grandi avec une mère perverse narcissique, il est primordial de suivre une psychothérapie adaptée à la maltraitance psychologique pour reconstruire votre estime de soi. À l’âge adulte, il est également essentiel de renouer avec les proches dont vous avez été séparé.

Par ailleurs, afin de sortir des schémas de répétitions, n’hésitez pas à adopter une attitude ferme face :

  • aux tentatives de séduction : cadeaux, flatterie, mots tendres, etc.
  • aux sollicitations quotidiennes : téléphone, visites, envahissement de l’espace, etc.
  • au chantage affectif concernant vos choix de vie : carrière, conjoint(e), éducation des enfants, etc.

Le plus gros défi, mais le plus important est de réussir à vous (re)connecter à vous-même, à votre identité et à vos aspirations. Retrouvez du plaisir, libre arbitre. Cessez de vous inscrire dans la volonté de votre mère, mais désirez par et pour vous-même.

Gardez le cap, un avenir serein et radieux vous attend !

🔎 à consulter aussi :  Spiritualité au quotidien : comment la développer en 4 étapes

Sources :

Leila D. pour e-Writers,

Article rédigé lors du cursus de formation de rédaction web FRW.

Article relu par Charlotte, tuteur de formation chez FRW.

Crédit photo couverture : Pixabay