Américain, connecté, encastré, avec ou sans freezer, le réfrigérateur fait partie des éléments indispensables de nos cuisines. Vivre sans frigo n’anime d’ailleurs aucun débat, tant cet appareil électroménager est inscrit dans nos gènes comme le garant de notre bonne santé. Mais qu’en est-il vraiment ? Peut-on se passer de frigo ? Quelles sont les alternatives pour conserver nos aliments ?

 

Vivre sans frigo : les 4 principaux bénéfices

 

Bénéfice n°1 : réduire sa facture d’électricité

 

Le frigo est l'appareil electromenager le plus energivore des foyers, selon l'ADEME.

Le frigo sur le podium des appareils les plus énergivores de la maison. Source : ADEME.

 

Un quart des dépenses énergétiques des ménages, tel est le coût annuel moyen d’un réfrigérateur selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Si se passer de réfrigérateur promet de belles économies, ne le débranchez pas de manière intempestive (toutes les nuits par exemple), vous l’endommageriez tout en mettant en péril son contenu.

 

Bénéfice n° 2 : lutter contre le gaspillage alimentaire

30 kg d’aliments par personne et par an sont jetés depuis nos cuisines, dont 7 kg sans même avoir été déballés, selon l’ADEME. Il n’y a pas de secret : plus notre réfrigérateur est grand, plus nous avons tendance à le remplir et à générer des pertes.

 

Bénéfice n°3 : améliorer sa santé sans frigo

Bénéfice inattendu et pourtant, la réfrigération altère les qualités nutritionnelles des aliments, détériore le goût et entrave le mûrissement. Et ce n’est pas tout, vivre sans frigo vous éloignera également des produits transformés nuisibles à votre santé, lesquels ne se conservent qu’au froid.

Enfin, 40 % des réfrigérateurs des ménages sont réglés à une température supérieure à 6 °C, selon un avis publié par l’Anses. Cette atmosphère trop chaude profite à la prolifération des bactéries, lesquelles viennent troubler notre équilibre gastro-intestinal. La température idéale devrait se situer entre 0 °C et 4 °C au point le plus froid.

 

Bénéfice n°4 : diminuer son impact écologique

Matériaux, fabrication, transport, durée de vie limitée et recyclage délicat font du réfrigérateur un gouffre écologique. Souvenons-nous que les gaz réfrigérants présents dans la majorité des anciens modèles ont un impact majeur sur le réchauffement climatique. Pensez à vous rapprocher d’un point de collecte pour le recycler proprement.

 

🏡 Vous souhaitez élargir cette réflexion à l’ensemble de votre logement ? Consultez les écogestes à adopter au quotidien et les 7 actions pour une maison écologique.

 

Repenser le stockage des denrées et les habitudes alimentaires pour se passer de réfrigérateur

 

Consommez différemment : moins, mieux et plus souvent

 

D’une manière générale, retenez ce conseil : oubliez les aliments transformés, achetez localement, plus souvent, en plus petites quantités et consommez rapidement.

 

Viandes, poissons et produits laitiers sans frigo ?

Non, consommez-les en rentrant du marché. Exception faite pour certains fromages à pâte dure, qui peuvent se conserver quelques jours dans un endroit frais et sec.

 

Œufs sans frigo ?

Oui. Le froid détériore leur coquille, qui devient poreuse et perméable aux bactéries.

 

Beurre sans frigo ?

Oui. Ce n’est pas la chaleur qui rancit le beurre, mais l’oxygène. Découvrez le beurrier à eau de nos amis bretons. Datant du XVIIe siècle et bien connue des marins, cette technique de conservation consiste à tasser le beurre dans un couvercle, que l’on retourne dans un contenant rempli d’eau.

 

Charcuterie sans frigo ?

Oui. Saucissons et jambons secs sont plus heureux pendus dans une cave ou une arrière-cuisine sèche et ventilée. Notez qu’ils se conservent non tranchés. Pour les rillettes et autres pâtés, consommez-les en rentrant du marché.

 

🛍 Lisez aussi : 4 conseils pour consommer plus local.

 

Reconsidérer le stockage des aliments

 

Le garde-manger, fruitier ou légumier

De tout temps, les hommes ont entreposé leurs denrées à l’abri des intempéries et des parasites. Il pouvait s’agir d’une cave, d’un grenier ou d’une pièce aux murs épais située au nord de la maison. Si vous ne disposez pas de cet endroit dans votre logement, optez pour le garde-manger. Prêt à l’emploi ou fait maison, ce meuble fabriqué de bois et de grillage très fin respecte le mûrissement de vos aliments.

 

Le frigo du désert

Originaire d’Afrique, le frigo du désert, aussi appelé pot zeer, est un assemblage de deux pots en terre cuite de tailles différentes surmonté d’un linge humide. Afin d’assurer la fraîcheur, l’espace laissé entre les deux pots est rempli de sable qu’il faut arroser régulièrement d’eau. Ce système ingénieux promet de refroidir vos aliments jusqu’à trois semaines.

Conserver sans frigo : les solutions alternatives

 

« Que ton aliment soit ta seule médecine ». Hippocrate

La lactofermentation : vos probiotiques faits maison

Choucroute, cornichons et yaourts, pour ne citer qu’eux, sont le fruit de la lactofermentation. Cette méthode de conservation se résume à laisser macérer des aliments en milieu acide. Privés d’oxygène, les micro-organismes se multiplient au contact des sucres et développent des acides lactiques qui neutralisent la dégradation des aliments.

Véritable alliée de notre système immunitaire, la lactofermentation permet notamment de :

  • renforcer la flore intestinale grâce aux enzymes ;
  • accroître l’assimilation des minéraux ;
  • densifier la valeur nutritive des aliments (vitamines, antioxydants…).

💧 Que diriez-vous de rendre votre eau vivante ? Découvrez l’électroculture, une pratique ancestrale.

 

La stérilisation en bocaux

À l’inverse de la lactofermentation, le cannage ou mise en bocaux consiste à détruire les micro-organismes présents dans les aliments en les exposant à une forte chaleur. Ainsi stérilisés, les aliments peuvent se conserver jusqu’à 12 mois sans frigo.

⚠️ 🦠 Pour effectuer vos conserves, veillez à nettoyer parfaitement votre matériel et à suivre des indications fiables. La hantise ? Que la toxine responsable du botulisme s’invite.

 

La déshydratation ou dessiccation

La dessiccation consiste à faire évaporer l’eau contenue naturellement dans vos aliments. Vous pouvez effectuer cette opération à l’aide d’un séchoir solaire ou de simples plaques grillagées, entourées d’un cadre en bois.

🔌 Par souci d’écologie, évitons le déshydrateur alimentaire et le four de cuisson réglé à 40 °C pour plusieurs heures. Bien qu’ils réalisent tous deux d’excellents séchages, leur empreinte carbone n’est pas neutre.

🍏🍑🍄 Pour débuter, testez le séchage de pommes, d’abricots ou de champignons, que vous prendrez soin de ne pas exposer au soleil direct. Ce dernier endommagerait les enzymes, vitamines, minéraux, oligo-éléments et antioxydants présents dans vos aliments.

La fumaison et la salaison

La fumaison consiste à exposer viandes et poissons à la fumée naturellement antiseptique d’un feu de bois. Utilisée par l’homme depuis des millénaires, la fumaison prolonge la durée de conservation des aliments tout en les parfumant.

Pour effectuer une salaison, il vous suffit d’enfouir vos denrées dans un sel sec. C’est à nouveau grâce aux ferments lactiques, développés lors de la lente déshydratation, que la conservation est rendue possible.

🎁 Vous souvenez-vous avoir participé autrefois à des cueillettes, séchages, salaisons et autres fermentations ? Partagez vos astuces, recettes et souvenirs d’enfance en commentaire.

 

Débuter sans réfrigérateur : les 3 meilleurs livres

 

Photographie des couvertures des livres Notre aventure sans frigo ou presque de Marie Cochard, Objets low-tech du quotidien de Alizee Perrin et Yoann Vandendriessche et de Fermentations ! les microbes nous veulent du bien de Sandor Ellix Katz.

Les livres à ne pas manquer pour découvrir la conservation sans frigo. Crédit photo : Émilie Simon Gaby.

Notre aventure sans frigo ou presque de Marie Cochard

Celle qui nous avait appris à cirer nos chaussures avec des peaux de bananes, dans son premier ouvrage Les épluchures, revient avec son nouvel opus Notre aventure sans frigo ou presque. Marie Cochard, journaliste et auteure, emporte ses lecteurs au cœur d’un livre témoignage ponctué de délicats portraits. Unique en son genre, il est le must have pour qui veut débuter son quotidien sans réfrigérateur.

 

Objets low-tech du quotidien d’Alizée Perrin et Yoann Vandendriessche

Fondateurs de Chemin de faire, ces deux artisans designers signent à quatre mains un ouvrage poétique invitant à la résilience. Richement illustré, ce livre accessible à tous explique en détail la fabrication du frigo du désert, du garde-manger, mais aussi de la marmite norvégienne, du germoir et plus étonnant encore du blender à pédales !

 

Fermentations ! Les microbes nous veulent du bien de Sandor Ellix Katz

En matière de fermentation, ce recueil fait office de bible. Vivre sans frigo devient une source incroyable de créativité. Sandor Ellix Katz explore les bases scientifiques du processus et délivre des instructions détaillées vous permettant de conserver en toute sécurité vos choucroutes, kwass, pickles, saucissons, yaourts, vinaigres, fromages et tant d’autres produits fermentés.

 

Soixante ans auront suffi à faire disparaître de nos patrimoines familiaux ces précieuses connaissances transmises depuis des dizaines, voire des centaines de générations. Aujourd’hui, la quasi-totalité des foyers français possède un réfrigérateur : 99,8 % des ménages selon l’Insee. Pourtant, ces appareils énergivores utilisés comme de simples placards ont ouvert la porte à une alimentation peu nutritive et nous déconnectent des cycles naturels.

❄️ Vivre sans frigo est une expérience qui vous appelle ? Commencez par le débrancher en hiver. Après tout, nous dépensons de l’énergie pour refroidir une petite partie de notre cuisine, alors que la nature nous offre gratuitement ces mêmes températures à l’extérieur. Il y a là matière à réfléchir, non ?

 

Émilie Simon Gaby, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Stéphanie, tutrice de formation chez FRW.

 

Sources :

État des lieux des masses de gaspillages alimentaires et de sa gestion aux différentes étapes de la chaîne alimentaire, ADEME, mai 2016.

Prévention des risques microbiologiques des aliments par le consommateur à son domicile : principales mesures retenues, Anses, octobre 2013.

Tableaux de l’économie française, Insee, édition 2010.

Notre aventure sans frigo ou presque, Marie Cochard.