« Mon métier a de l’avenir. » C’est ce que soutient Romain Speisser, le dernier sabotier d’Alsace, installé dans le village de Rosheim. Découvrez ce qui le rend si optimiste et pourquoi il a quitté l’entreprise familiale de prêt-à-porter pour se reconvertir dans un métier quasiment disparu.

Le parcours atypique de Romain, devenu sabotier par lassitude des embouteillages

Romain Speisser était-il lassé de cirer les pompes des clients de l’affaire de mode de ses parents, pour penser se reconvertir en tant que sabotier ? Il affirme qu’épuisé des bouchons vers Strasbourg, il a plaqué sa carrière après une intense réflexion. Il s’amuse à dire qu’il a mis deux passions de sa vie dans un shaker, la recherche historique et son amour pour le bois. Il en serait ressorti une paire de petits sabots. Il est l’ultime artisan à pratiquer ce savoir-faire d’antan en Alsace et un des derniers tout court en France, au point de se considérer lui-même comme un musée vivant.

C’est en conversant avec un sabotier que Romain a pris conscience du marché existant pour les anciens souliers de bois. Il s’est alors formé, puis s’est lancé en 2013. Il ne regrette rien de sa vie d’avant, au point de se rendre parfois à l’atelier les jours fériés, oubliant de rester chez lui. Il travaille la porte ouverte hiver comme été, pour profiter de la vue sur sa cour et ses poules. Ses sens sont en éveil lors du processus de fabrication : le son du bois, le toucher, l’odorat procurent des effets grisants. Lorsqu’il reçoit des visites, il explique avec cœur les particularités de son métier.

Alors, quelles ressources extraordinaires le sabot recèle-t-il pour séduire une clientèle renouvelée à l’ère des baskets ?

Les vertus d’avenir du sabot : un soulier confortable et naturel

Romain Speisser est enthousiaste :

« C’est un vrai produit d’avenir, les sabots. C’est naturel, 100 % biodégradable. Vous l’oubliez au fond du jardin, ça retourne à la nature en pourrissant, c’est pas venu par container d’un pays lointain en émettant énormément de carbone. »

En effet, le professionnel choisit son bois dans la forêt communale voisine de Rosheim, une des plus grandes d’Alsace. Il aime utiliser l’aulne pour ses belles couleurs orangées, sa facilité de travail et ses propriétés imputrescibles.

Ses clients sont principalement des particuliers. La plupart sont de la génération qui n’a jamais connu les sabots. Ils aiment les chausser pour réaliser les opérations de jardinage. D’après les témoignages des utilisateurs, ces accessoires procurent confort et stabilité. Le bois isole du froid en hiver. En été, il régule l’humidité tout en évitant de transpirer. Certains professionnels louent leur résistance, les employant à la place des chaussures de sécurité classiques.

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez aller à la rencontre de Romain dans son atelier ouvert en toutes saisons. Il expose également sa production au gré des marchés locaux.

Romain Speisser, à la croisée du passeur d’histoires et du visionnaire, confère une dimension réconfortante au savoir-faire de la saboterie. Sa reconversion, teintée des maux du travailleur moderne, inspirera-t-elle des individus en quête de sens à embrasser d’autres professions oubliées pour les inscrire dans l’avenir ? Le dernier sabotier d’Alsace est peut-être au final un pionnier, symbole de l’appréciation des choses simples et de la résistance à la production galopante.

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Sources/En savoir plus sur Romain Speisser :

Page Facebook de la Saboterie Speisser

Reportage BFM Alsace

Reportage France 3 Région Alsace

 

Christel Bussière, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.