Vous pensez que votre capital génétique est figé et que vous ne pouvez pas agir sur le patrimoine biologique transmis par vos parents. Pourtant, nous avons la possibilité d’influencer nos gènes. Une science relativement jeune décrypte les facteurs qui régulent notre génome. Elle explique comment nos habitudes nutritionnelles et notre hygiène de vie modifient les mécanismes qui contrôlent l’expression de notre ADN. Découvrez comment l’épigénétique et l’alimentation interagissent.

Les liens entre épigénétique et alimentation

Définition de l’épigénétique

Nos chromosomes portent l’ensemble de nos gènes et sont présents dans chacune de nos cellules. Elles contiennent donc toutes la même information, mais elles n’en font pas le même usage. Un neurone n’a pas les mêmes fonctions qu’un globule rouge. Les cellules de la peau ne ressemblent pas à celles du foie. Les vrais jumeaux partagent un génome commun et ne sont pourtant jamais parfaitement identiques. L’explication, c’est l’épigénétique.
Un gène peut être actif lorsqu’il est utilisé pour produire des molécules ou inactif quand n’est pas employé par la cellule. L’épigénétique s’intéresse aux mécanismes qui vont activer ou désactiver les gènes.

ADN qui porte les gènes et marqueurs épigénétiques qui régulent l'utilisation des gènes.

Les marqueurs épigénétiques sur l’ADN.

L’environnement au sens large envoie à la cellule toutes sortes de signaux l’informant sur les gènes qu’elle doit activer pour se spécialiser (en cellule du foie, du rein, de la peau, etc.). Ils lui servent aussi à ajuster son fonctionnement au contexte de vie. Ces signaux peuvent être liés à nos comportements (alimentation, activité physique, tabagisme, stress…). C’est un peu comme si notre ADN était une partition de musique dont nous ne pouvons pas changer les notes. Mais nous avons la possibilité de la jouer plus ou moins harmonieusement.
Certaines modifications épigénétiques sont durables et peuvent être transmises. On parle alors d’épigénétique transgénérationnelle.

Impact de l’alimentation sur l’épigénome

Si notre environnement a une influence sur notre épigénétique, celle des aliments est très forte.
Christophe Lavelle, chercheur au laboratoire de Structure et Instabilité des Génomes (CNRS/INSERM/MNHN/Sorbonne Universités), nous explique que : « L’alimentation est l’élément principal de cet environnement, car c’est quelque chose que l’on ingère, ça a donc une interaction très forte avec notre organisme ». Il ajoute : « On sent qu’avec l’alimentation, on a un levier énorme pour établir des changements, pour le meilleur et pour le pire ».
L’influence de la nutrition sur la santé est évidente. Les bases d’une diététique saine sont énoncées depuis longtemps, moins de sucre, moins de gras, plus de fruits et de légumes… On connaît également aujourd’hui les bienfaits du jeûne ou l’impact de certains aliments sur le microbiote intestinal. Cependant, les liens entre nutrition et santé sont complexes. Les mécanismes de ces interactions ne sont pas encore tous révélés.
Les recherches actuelles en épigénétique montrent qu’une alimentation saine a des effets positifs sur l’activation de gènes qui nous maintiennent en bonne santé. Elle peut également aider à laisser en sommeil ou désactiver des gènes qui entraîneraient des troubles. Il est désormais largement admis que les anomalies épigénétiques favorisent le développement et la progression de maladies, en particulier de cancers.
Notre régime alimentaire peut donc nous permettre d’optimiser notre patrimoine génétique. L’épigénétique nous donne la possibilité de ne plus considérer l’hérédité comme une fatalité. En modifiant notre environnement, nous avons la faculté d’agir sur nos gènes.

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Les aliments qui agissent sur nos gènes

Des composés existants dans les aliments peuvent modifier les marqueurs épigénétiques qui régulent l’activité de nos gènes.

Des études ont réussi à prouver que certains nutriments peuvent avoir un impact positif.

  • Les oméga-3, présents dans les poissons gras comme le saumon, sont conseillés pour réduire l’inflammation et améliorer la fonction des neurones.
  • Les flavonoïdes, des antioxydants que l’on retrouve dans les fruits et légumes, sont connus pour avoir des effets bénéfiques sur la prévention de certains cancers.
  • Des carences en vitamines sont impliquées dans une accélération du processus de vieillissement cellulaire, notamment du système nerveux.

D’autre part, une alimentation riche en graisses saturées et en sucre est liée à des transformations négatives.

  • Les graisses saturées augmentent les marqueurs de l’inflammation et le risque de maladies cardiaques.
  • La consommation excessive de sucre est mise en cause dans les modifications épigénétiques qui majorent le risque de diabète de type 2.
double hélice d'ADN constituée d'aliments

L’alimentation influence nos gènes.

 

Ainsi, l’alimentation peut avoir un impact sur notre santé. Les anomalies épigénétiques étant réversibles, il doit être possible de corriger celles qui posent problème, en particulier celles associées à des maladies. Cependant, tous ces processus complexes sont encore mal compris. Si à l’échelle d’une population on peut donner des conseils nutritionnels issus de ces découvertes, cela n’est pas envisageable encore au niveau individuel. Des recherches sont en cours partout dans le monde. Elles permettront sûrement d’y arriver. Entre ces pistes scientifiques sérieuses se glissent quelques opportunistes pour qui le mot « épigénétique » représente une aubaine marketing. Il est bon de rester prudent devant la prolifération de programmes de bien-être ou de régimes qui se disent adaptés à celle-ci.
À l’avenir, une meilleure compréhension de ces mécanismes nous donnera la possibilité de modifier individuellement et spécifiquement notre alimentation. Notre environnement pourra être aménagé pour optimiser notre patrimoine génétique. Les enjeux de ces recherches sont considérables. Ils ouvrent la voie à une amélioration des connaissances sur de nombreuses maladies ainsi qu’à de nouveaux traitements, les épimédicaments.

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Il n’est pas nécessaire de comprendre et connaître toute la complexité des processus biologiques pour choisir ce qui nous est favorable. Les bénéfices d’une alimentation saine sont confirmés par des expérimentations scientifiques. L’épigénétique est aussi influencée positivement par un environnement social bienveillant, de l’exercice physique régulier, un niveau de stress bas et la réalisation d’activités plaisantes. Alors, prenez le pouvoir sur vos gènes en prenant soin de vous !

Sources :
Dossier épigénétique de l’INSERM https://www.inserm.fr/dossier/epigenetique/
Podcast France Culture : « Épigénétique, quand l’ADN fait son intéressant » Série en 4 épisodes diffusés les 17-18-19 et 20 avril 2023 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-epigenetique-quand-l-adn-fait-son-interessant

Julie Rogier, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Périne, tuteur de formation chez FRW.