L’homme et le cheval sont, depuis des siècles, inséparables. Au contact de ce compagnon à quatre pattes, les sens s’éveillent. Pourquoi le simple fait de se trouver dans une écurie procure-t-il un apaisement ? Les nombreux bienfaits du cheval sur la santé sont démontrés depuis l’Antiquité. D’abord considéré comme un outil, ce merveilleux animal est aujourd’hui un partenaire. C’est grâce à cette relation exceptionnelle que l’équitation curative est née. Depuis les années 50, l’humain redonne la place de médiateur à l’équidé. Nous verrons dans cet article, comment l’hippothérapie et l’équithérapie permettent d’améliorer des troubles moteurs, psychomoteurs ou psychiques.
Les bienfaits du cheval sur la santé à travers l’Histoire
Naissance de l’hippothérapie dans la Haute-Antiquité
💡 Du grec « hippos », cheval, et « therapeia », cure : Rééducation fonctionnelle médiatisée par le cheval, selon le dictionnaire de la langue française.
Depuis le Ve siècle avant notre ère, Hérodicos, le père de la médecine sportive, démontre tous les bienfaits de la pratique hippique sur la santé humaine. Malade et presque infirme, il monte à cheval. Suite à sa guérison, il fait de l’activité physique une nouvelle science qu’il prescrit dans un cadre thérapeutique et comme hygiène de vie. Son élève Hippocrate, qui signifie « celui qui dompte les chevaux », suit ses enseignements. Il observe que l’équitation maintient les muscles toniques. Il remarque aussi que le balancement généré par les allures de l’animal procure à l’homme une sensation de bien-être.
Par la suite, Platon, dans son œuvre militaire « Lachès » ou « Du courage », compare les vertus de monter à cheval à celles de l’escrime. Il pense que c’est une gymnastique nécessaire pour améliorer la vigueur. D’ailleurs, la célèbre citation de son contemporain Xénophon renforce cette idée : « Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et pour le cœur. »
Un peu plus tard, au Ier siècle avant J.-C., Thémison de Laodicée prescrit aux arthritiques la pratique de cette discipline. Simultanément, Asclépiade de Bithynie, le médecin le plus influent de Rome, recommande de monter à cheval aux personnes épileptiques et paralytiques.
L’équithérapie de l’Empire romain jusqu’à la fin du XIXe siècle
Alors que les Romains deviennent les maîtres du monde (ou presque !), c’est l’équithérapie qui prend le relais. Ne dit-on pas que l’histoire est écrite par les vainqueurs ?
Donc, au IIe siècle de notre ère, le fameux Galien, conseille à Marc Aurèle la pratique de l’équitation pour stimuler ses prises de décisions. Mais suite aux Grandes Invasions barbares, la « gymnastique équestre » tombe dans l’oubli avec la chute de l’Empire romain.
Puis, à partir du XVIe siècle, un regain d’intérêt pour le sport hippique voit le jour. Girolamo Mercuriale, médecin-philologue, mentionne que monter à cheval « n’exerce pas simplement le corps, mais aussi les sens ». Il propose de l’intégrer comme une hygiène quotidienne.
« Ici, au manège, l’homme et l’animal ne font qu’un, au point de ne pouvoir distinguer lequel des deux est effectivement en train de dresser l’autre. » Goethe (1749-1832)
Ensuite, au XVIIe siècle, Esprit-Paul de Lafont-Pouloti, officier de cavalerie, observe l’action bénéfique de l’équitation sur la santé en général. Il précise que celle-ci favorise la digestion et réveille les esprits. Il ajoute que sa pratique est remarquable pour les hypocondriaques.
C’est en 1889, que le docteur Perron reconnaît, dans la « Revue sanitaire de Province », les bienfaits de monter à cheval sur la respiration, la circulation sanguine et la motricité.
Les années 1950 marquent un changement
En 1952, une écuyère danoise handicapée par la poliomyélite, Lise Hartel, gagne la médaille d’argent en dressage aux Jeux olympiques. Se déplaçant en fauteuil roulant depuis 1943, malgré l’avis des médecins, elle continue à s’entraîner intensivement. Elle monte de nouveau sur le podium en 1956. La détermination de cette femme oriente définitivement les projecteurs sur la pratique de l’équitation comme un traitement qui soutient la réadaptation du corps.
Ainsi, en 1953, son amie kinésithérapeute Elsebet Bodtker ouvre un centre hippique spécialisé pour enfants atteints par diverses pathologies. La R.P.E. (Rééducation Par l’Équitation) voit le jour.
Suite au succès de la méthode, la R.P.E. se généralise petit à petit dans le monde entier. Et en 1969, Renée de Lubersac, pionnière et fondatrice de la FENTAC (Fédération Nationale de Thérapies Avec le Cheval), écrit l’un des premiers mémoires sur le sujet : « Analogie entre la rééducation psychomotrice et la pédagogie équestre ».
Les bénéfices du cheval sur les pathologies physiques et physiologiques
L’équitation se distingue des autres sports surtout par sa capacité à détendre les muscles. Ce relâchement de 20 % à 40 % est un bénéfice considérable pour de nombreuses pathologies physiques.
« Être heureux à cheval, c’est être entre ciel et terre, à une hauteur qui n’existe pas. » Jérôme Garcin
La sclérose en plaques soulagée par l’équitation adaptée
Selon l’INSERM, la SEP (Sclérose En Plaques) est la « première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes » touchant davantage la femme.
C’est après plusieurs études que l’hippothérapie et l’équitation assistée prouvent leurs effets. Les patients atteints de la SEP améliorent leur stabilité grâce à la sollicitation des muscles pour se maintenir en équilibre. Ils retrouvent une qualité de sommeil, ce qui influe sur leur bien-être psychologique. Pour beaucoup, leur qualité de vie est transformée.
Bienfaits du cheval pour les atteintes articulaires
Contrairement aux idées reçues, l’équitation (non-sportive) apporte une aide bienfaisante à de nombreux problèmes articulaires tels que :
- les scolioses ;
- les cyphoses ;
- les lombalgies ;
- les arthroses ;
- les paralysies ;
- les suites d’amputations ;
- etc.
En effet, se sentir bercé par les mouvements lents du cheval est un moment de relaxation intense. Ainsi, grâce à la position en équilibre, les muscles et le squelette sont impliqués dans la rééducation et dans la musculation, mais sans effort, tout en douceur.
Les miracles du cheval sur les troubles psychiques
Les chevaux au service des autistes
L’utilisation des chevaux comme médiateurs auprès des personnes atteintes par les Troubles du Spectre Autistique (TSA) est extrêmement bénéfique. Ses résultats sont prouvés depuis plusieurs années :
- Elle régule les émotions.
- Elle développe le système adaptatif.
- Elle facilite et favorise les liens sociaux.
Le cheval médiateur dans les troubles « dys »
Depuis 2001, les TSA (Troubles Spécifiques des Apprentissages) sont reconnus comme un problème de santé publique. Ces affections se répercutent sur les développements précoces tels que le langage (la dysphasie), les gestes (la dyspraxie) ou la voix (la dystonie). Souvent marginalisés par leur entourage, ils manquent de confiance en eux et finissent par se sous-estimer. C’est pourquoi les troubles dys occasionnent de la souffrance et du stress.
Les soins médiatisés par le cheval sont là pour leur apporter un cadre sécurisant. Dans cette situation, c’est bien plus la relation avec l’animal qui motive. L’ambiance réconfortante stimule l’apprentissage. La croupe peut même servir de bureau aux enfants. Ainsi, ils retrouvent un équilibre psychosocial.
« Il n’y a pas de secrets aussi intimes que ceux d’un cavalier et de son cheval. » Robert S. Surtees
L’équithérapie et les troubles de l’attention
Selon l’INSERM, le TDAH (Troubles du Déficit de l’Attention – avec ou sans – Hyperactivité) touche « 5,9 % des moins de 18 ans et 2,8 % des adultes ». Il convient donc de le prendre au sérieux, car il peut entraîner des échecs scolaires, des addictions, des comportements violents et des états dépressifs. Les activités avec le cheval améliorent ces troubles :
- Elles stimulent le regard.
- Elles favorisent l’attention.
- Elles sollicitent la mémoire.
- Et bien plus !
Dans ce cas, il est démontré que la médication équine apporte des résultats exceptionnels. Cette méthode de thérapie brève a une efficacité puissante et rapide qui a fait ses preuves dans différentes études.
« Les chevaux sont des créatures merveilleuses. Ils nous aident à oublier nos soucis et nos peines et nous apportent la paix et la sérénité. » Dolly Davenport
Les avantages du cheval pour les personnes en difficulté psychosociale
Bien plus qu’une relation fusionnelle, le contact entre l’être humain et le cheval est une véritable nourriture affective. Elle peut apaiser bien des blessures mentales.
« Les chevaux sont des êtres magiques. Ils ont le pouvoir de nous remettre en contact avec notre âme et de nous montrer le chemin de la liberté. » Pam Brown
Le cheval comme médiateur des personnes fragilisées ou touchées par un stress post-traumatique
Sans nul doute, l’impact du cheval sur la santé est un moyen efficace pour se (re)connecter à la nature et nous aider à lâcher prise. Cette médiation déclenche une interaction qui facilite l’émergence de processus psychiques :
- la motivation ;
- l’estime de soi ;
- la satisfaction ;
- la joie ;
- etc.
Voilà pourquoi il apporte une sérénité aux individus traumatisés. Grâce à son langage non-verbal, il rassure et valorise les capacités des personnes fragilisées. Saisir les rênes et diriger un tel animal redonne confiance en soi. Ces sensations nouvelles et inhabituelles permettent de débloquer les émotions.
Des compagnons à crins pour les personnes âgées ou touchées par des troubles neurodégénératifs
Malheureusement, les seniors sont couramment marginalisés. Souvent frappées par des maladies dégénératives humiliantes, ces personnes souffrent de solitude et n’ont personne à qui parler. À cause de cela, l’hospitalisation pour dépression est de plus en plus fréquente, au point que le CHU de Nîmes propose des séances d’équithérapie pour le troisième âge.
Une fois de plus, les bienfaits du cheval agissent contre de nombreuses affections :
- Alzheimer ;
- Parkinson ;
- état dépressif ;
- solitude.
📚 Découvrez l’article sur la médiation animale.
Les chevaux thérapeutes pour les jeunes en situation difficile et les délinquants
Le vécu multisensoriel induit par la relation avec l’équidé entraîne des stimulations psychomotrices efficaces pour reprendre un nouveau souffle. Cette médiation permet de générer un retour à des liens relationnels, généralement mis à mal.
De multiples expériences avec des adolescents délinquants ont ainsi montré les bienfaits du cheval sur la santé mentale. Cet animal imposant, source de lois et de règles, les ramène dans la réalité. Sans parler, il éduque « en silence ». Il conduit doucement à l’intégration en responsabilisant ces jeunes sans repères. Par son seul souffle, le cheval comble les carences affectives très souvent en cause dans les comportements asociaux.
Les prisonniers de longues peines coupés d’une vie sociale
Parmi ses multiples bienfaits, le contact avec le cheval est un moyen de favoriser un retour à la vie sociale. Il insuffle de l’humanité dans un monde hermétique à la nature.
Le cheval symbolise la puissance et la force, tout en étant maniable. Il incite à une forme de relation différente. Les personnes soumises à des existences violentes ne connaissent pas d’autres langages que celui de la colère ou de la haine. Mais l’animal en face d’eux ne leur renvoie pas cette image dont ils ont l’habitude. Cette rencontre engendre des changements comportementaux et des prises de conscience :
- Elle développe le respect.
- Elle encourage une communication apaisée.
- Elle engage le sens des responsabilités.
- Elle restructure la cohésion sociale.
- Elle libère les émotions.
- Elle aide à gérer son agressivité .
- etc.
L’expérience est tentée depuis plusieurs années en milieu carcéral. Les résultats sont spectaculaires.
Comme nous venons de le lire, les bienfaits du cheval sur la santé sont considérables. Le sujet est tellement vaste qu’un seul article ne suffit pas. Que vous soyez bien portant, souffrant d’une pathologie ou désireux de prendre du bon temps ou de pratiquer un sport, les chevaux sont là !
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Caroline ALILI, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
- Thèse doctorale sur le cheval thérapeute | Emilie EISEN
- Mémoire sur l’équithérapie en milieu carcéral | Anne Mahieu
- Sclérose en plaque et médiation équine Sclérose en plaque et médiation équine | Marianne VIDAMENT-equipedia
- Thèse de doctorat sur équithérapie et psychiatrie | Florence NIQUET DEFER
- Dossier de presse sur le cheval guérisseur | Fédération française d’équitation
Crédit photo : ©Efigie-Lima-Marcos-Pexels