Si vous cultivez votre jardin, que vous soyez amateur ou chevronné, et que vous vous demandez comment intégrer les arbres dans votre potager, cet article est fait pour vous ! Que ce soit pour diversifier vos cultures, moins vous fatiguer ou pour des raisons agronomiques, le verger maraîcher est une bonne idée. Encore faut-il réfléchir de quelle manière l’implanter. Cette manière de concevoir votre espace est à la jonction entre le jardin-forêt et le potager plus “classique”. Réfléchir à planter son potager sous des arbres fruitiers, c’est s’inspirer de la permaculture. Voyons ensemble les étapes à effectuer pour planter ce jardin-verger.
1) Prendre en compte les principes de la permaculture dans l’aménagement de son espace en polyculture
La permaculture est riche d’enseignements, s’en inspirer c’est acquérir de bonnes bases pour commencer à réfléchir à la plantation de son verger potager. Voici quelques principes à prendre en compte :
- Se fier à son observation : votre jardin est unique, qu’il s’agisse de son emplacement, de la qualité de son sol, de son ensoleillement ou encore de la région dans laquelle il est situé. Par exemple, pour observer la qualité de votre sol, pensez à regarder ce que nous disent les plantes bio-indicatrices.
- S’inspirer des écosystèmes existants : comme une forêt, le verger maraîcher promeut une meilleure utilisation des ressources et de votre espace disponible.
- Favoriser la diversification de ses cultures : il s’agit de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. La polyculture favorise le développement d’un rapport de coopération entre les plantes, souvent plus résistantes aux maladies et aux attaques des ravageurs.
- Bien structurer son verger potager : les plantations qui nécessitent le plus d’entretien doivent se trouver au plus proche de votre habitat. À l’inverse, les moins exigeantes doivent se situer au plus loin.
➡️ Pour aller plus loin : consultez cet article si vous souhaitez débuter en permaculture.
2) Prévoir ses plantations d’arbres en même temps que ses cultures légumières
Vous n’avez pas encore implanté de feuillus ou de légumes
L’implantation de cultures potagères à proximité immédiate d’arbres fruitiers peut engendrer un risque de compétition pour l’eau et les minéraux. Dans ce cas de figure, les légumes en sortiront perdants du fait de la grande taille des arbres. Si vous prévoyez la plantation des différentes cultures au même moment, cela permettra aux racines des arbres d’aller chercher l’eau plus loin dans le sol, en dessous de la zone travaillée par la production potagère.
Vous avez déjà des arbres plantés au jardin avant de commencer à cultiver des légumes
Dans ce cas, la règle la plus importante à respecter est de laisser quelques mètres entre les cultures légumières et ces arbres. En agissant de cette manière, vous éviterez un risque de concurrence trop forte.
3) Définir l’espacement entre les rangées d’arbres et le potager avant de planter
Pour définir cet espacement, plusieurs critères peuvent entrer en compte. Tout d’abord, penser à l’esthétique. En effet, vous allez passer du temps au potager, alors autant qu’il vous plaise. Par exemple, à la ferme du Bec Hellouin, Perrine et Charles Hervé-Gruyer cultivent leur verger maraîcher de manière très dense, et cela fonctionne. Amoureux des arbres, ils ont adapté la conduite de leur exploitation à cette volonté esthétique.
Ensuite, pensez à la récolte que vous souhaitez obtenir. Est-ce que vous voulez obtenir plus de fruits, de légumes ou parvenir à un équilibre entre les deux ? Se poser cette question vous aidera à définir la densité adaptée à vos besoins.
Enfin, il ne faut pas oublier la taille des arbres. L’espacement sera plus ou moins grand selon la hauteur du fruitier implanté.
En moyenne, prenez un écartement de 8 à 9 mètres entre les rangs de hautes-tiges et de 8 mètres entre les arbres sur les rangs. Entre les arbres et les légumes, 1,5 à 2 mètres de distance suffiront.
4) Prendre en considération la lumière pour définir l’emplacement des arbres fruitiers et du jardin
Un des premiers principes est de prendre en compte l’orientation de votre potager. Logiquement, on place d’abord au nord les grands arbres. Ensuite on place devant les arbustes et enfin les végétaux. De cette façon, les végétaux se trouvent de plus en plus bas de sorte qu’aucune strate ne fasse de l’ombre à la suivante.
On a souvent tendance à penser que les cultures doivent être exposées en plein soleil. C’est une erreur commune. En effet, lorsque la lumière et la chaleur sont trop fortes, les légumes ferment leurs stomates pour garder leur précieuse eau. En faisant ça, ils stoppent les échanges gazeux avec l’atmosphère, donc la photosynthèse. En moyenne, un ensoleillement de 8 heures par jour suffit. Il existe plusieurs techniques pour concevoir un jardin résistant à la chaleur et au manque d’eau.
Quels légumes peuvent pousser sous un arbre ?
Espèces tolérant ombre | Espèces mi-ombre | Espèces préférant l’ensoleillement |
Salades, asperges, radis, rhubarbe, céleri-branche | Légumes feuilles (mâche, épinard, blette, choux)
Haricots et pois Légumes-racines (panais, betterave, navet) Aromatiques et petits fruits Pomme de terre |
Légumes-fruits : tomate, poivron, courge, courgette, aubergine |
5) Penser à l’aménagement en strates pour son verger maraîcher
« L’association d’arbres et de cultures maraîchères vise une optimisation de l’énergie solaire, grâce à la photosynthèse. Pour cela, il s’inspire des écosystèmes naturels pour aboutir à des agrosystèmes viables, productifs et moins dépendants des intrants ». Projet SMART
Penser l’aménagement en strates, c’est imiter la forêt. Cette dernière se compose de plusieurs étages.
L’étage supérieur
On peut y voir le pin de Corée, les chênes ou encore les arbres fruitiers (non greffés sur porte-greffe nanisant) tels que les pommiers, poiriers, pruniers, muriers.
L’étage intermédiaire
On y retrouve les petits arbres, les arbustes et les plantes grimpantes :
- Pour les petits arbres : des fruitiers greffés sur des porte-greffes semi-naissants (3 à 6 m) : pommiers, cerisiers, figuiers, pêchers, pruniers, poiriers, plaqueminiers.
- Pour les arbustes : cassissiers, airelles, argousiers, amélanchiers, noisetiers, lupins arborescents, céanothes, caraganiers, cytises.
- Pour les grimpantes :
- les annuelles telles que les haricots, concombres, melons, capucines, pois, courges, tomates ;
- les grimpantes vivaces telles que les chayottes, la vigne, les kiwis, les capucines tubéreuses, les ignames ou les passiflores.
L’étage inférieur
Il est composé de plantes au sol :
- Pour les vivaces : toutes sortes de plantes aromatiques et médicinales.
- Pour les annuelles : les classiques du jardin tels que les laitues, les blettes, le calendula, la bourrache, les choux, la betterave, les céleris, etc.
- Pour les plantes couvre-sol : les cranberries, les myrtilles, les raisins d’ours, les fraisiers, la menthe ou encore le thym rampant par exemple. Les trèfles sont également de très bons fixateurs d’azote qui attirent des insectes bénéfiques au jardin.
L’étage souterrain
Il est constitué de champignons, mais aussi de légumes racines qui vont venir à la fois travailler le sol en profondeur et aller y chercher les nutriments nécessaires. Quelques exemples : la bardane, les carottes, les panais et les pommes de terre ou encore la luzerne et l’achillée.
6) Savoir comment intégrer les arbres dans votre potager
Le choix des arbres à implanter dans votre jardin est important et dépend de deux critères principaux.
Les arbres fixateurs d’azote
Pas nécessairement comestibles, les arbres fixateurs d’azote permettent aux plantes de pousser. En effet, grâce à leur capacité à capter l’azote de l’air, ils contribuent à l’enrichissement du sol et à la nutrition des cultures associées. Quelques idées : acacia, arbre à soie, argousier, caraganier de Sibérie, céanothe, cytise, luzerne arborescente, trèfles, glycine tubéreuse, etc.
Les arbres fruitiers
Adorés pour leurs délicieux fruits, ces arbres sont l’indispensable du verger maraîcher ou même de la forêt-jardin. Pour vous aider à choisir, voici une classification en fonction de leurs besoins en fertilité.
Besoins importants | Besoins modérés | Besoins faibles |
Abricotier
Agrumes Amandier Châtaignier Cognassier Kaki Mûrier Néflier Noisetier Noyer Pêcher Poirier Pommier Prunier |
Amélanchier
Aubépine Cerisier Poivrier Sorbier Sureau |
Figuier
Noisetier pour le bois Pin pignon |
Vous pouvez aussi demander à vos enfants les fruits qu’ils adorent et ainsi les initier au jardinage.
7) Travailler les associations de fruits et de légumes dans son jardin
Les associations de fruits et légumes au jardin ont plusieurs bénéfices :
- Se protéger mutuellement contre les insectes et les maladies : cela permet de limiter l’utilisation de produits de traitement.
- Gagner de la place au jardin : vous pouvez installer sur un même rang des plantes à cycle long et court. De même, placez des légumes au feuillage ou au système racinaire complémentaire.
- Créer du mulch : il va vous permettre d’économiser du travail et de l’argent, en évitant le recours aux intrants extérieurs.
- Attirer les pollinisateurs : implanter donc des plantes mellifères telles que la phacélie, l’aneth et la coriandre par exemple.
➡️ Pour aller plus loin : Ces plantes assisteront grandement vos arbres fruitiers
8) Se former sur la gestion d’un potager mené en agroforesterie
Faire sa production potagère ne veut pas dire s’y connaître en arboriculture, et cela ne s’invente pas. D’autant plus que la gestion des années passées a des répercussions directes sur la production des années à venir.
Les grands points sur lesquels se former sont :
- l’entretien des fruitiers dès leur implantation ;
- les différentes techniques de greffage des arbres ;
- la taille des arbres au bon moment et adaptée à chaque espèce ;
- la récolte des fruits et leur conservation ;
- la gestion de la concurrence entre les différentes cultures ;
- le choix des variétés adaptées aux conditions climatiques de la région et à vos contraintes matérielles.
9) Choisir un équipement et un espace de stockage adaptés à l’arboriculture et au jardinage
Choisir un matériel adapté à l’arboriculture
Il est important de penser à l’équipement nécessaire pour la taille des arbres, le travail au sol, l’entretien au pied de l’arbre ou la récolte.
L’irrigation est également une partie importante à prévoir, si pour certains de bons arrosoirs ou un goutte-à-goutte suffisent, il faut parfois lutter contre la sécheresse au jardin par des moyens astucieux.
Prévoir un espace de stockage
Les fruits et légumes ainsi récoltés ne se consomment pas nécessairement tout de suite. Prévoyez de les stocker dans un endroit sec, froid et à l’abri de la lumière si vous voulez éviter le pourrissement et dire adieu à tout ce beau travail. Même s’il est génial d’avoir son propre compost au jardin, empêchons les pertes inutiles.
Nous voilà arrivés à l’étape secrète n° 10 : lancez-vous ! Il n’y a jamais mieux que de tester par soi-même ce qui fonctionne ou non. Fiez-vous à votre instinct et votre sens de l’observation, et surtout amusez-vous !
Retrouvez-nous sur e-writers pour toujours plus de contenus innovants.
Sane Pasquet pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Andrée, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
- Hervé-Gruyer, P., & Hervé-Gruyer, C. (2019). Vivre avec la terre, manuel des jardiniers-maraîchers : Tome 2, Culture vivrières et forêts-jardins ;
- Shein, C., & Thompson, J. (2022). Le guide Larousse de la permaculture. Larousse ;
- Warlop F., Corroyer N., Denis A., Conseil M., Fourrié L., Duha G., Buchmann C., Lafon A., Servan G., 2017. Associer légumes et arbres fruitiers en agroforesterie : Principes, éléments techniques et points de vigilance pour concevoir et conduire sa parcelle. Projet SMART. 40 p. Juin 2017 ;
- plantes bio-indicatrices : https://frayssinet.fr/wp-content/uploads/2021/03/Mini-guide-des-plantes-bio-indicatrices.pdf