Accoucher à la maison ?! Quand vous l’annoncez autour de vous, vos amis sont surpris et votre famille s’inquiète sérieusement. Tous essaient de vous en dissuader et vous poussent à vous tourner vers une maternité. Encore marginalisé, mais de plus en plus plébiscité par les mamans, l’accouchement à domicile est victime de désinformation et de préjugés. Et pourtant ! Vous êtes en droit de choisir le lieu qui vous convient pour mettre au monde votre bébé, et ce, dans les meilleures conditions ! Faisons la lumière sur ce projet de naissance atypique.

Qu’est-ce que l’accouchement à domicile ?

L’accouchement accompagné à domicile (AAD) consiste à mettre au monde son bébé chez soi par choix ou par défaut. Enfanter dans son humble demeure est une pratique ancestrale à l’origine d’une humanité qui se porte plutôt bien. Cette pratique continue de s’exercer aujourd’hui dans des contrées plus reculées, mais également dans les pays développés. Au sein de ces nations, les femmes sont encouragées à choisir le lieu où leur enfant verra le jour.

Cependant, en France, les accouchements à domicile représentent environ 2 000 naissances par an, soit 0,25 % des accouchements. Cette option n’est généralement pas proposée aux futures mamans.

Selon un rapport de l’IFOP, 17 % de femmes de 18 à 45 ans ont répondu « tout à fait » au souhait d’accoucher à la maison, et 19 % ont répondu « plutôt oui ».

« L’acte de naissance est un acte d’amour entre la mère et l’enfant ; une jouissance douloureuse pour l’un et pour l’autre. » Dominique Blondeau

Pour que votre petit puisse naître chez vous avec une assistance médicale, certaines conditions sont à prendre en compte et une surveillance médicale est requise.

Mettre au monde son bébé à la maison : des conditions et un suivi pour pouvoir le faire

Dès lors que le couple s’est décidé à accueillir leur enfant au sein de leur foyer, il doit dans un premier temps contacter une sage-femme pratiquant les AAD. Ces dernières se faisant rares, il faudra passer par le bouche-à-oreille, contacter les associations de ces praticiennes libérales comme l’APAAD (Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile) ou les quelques maternités favorables à cette méthode.

Ce premier entretien permet dans un second temps de discuter du projet d’accouchement des parents. La professionnelle de santé écoute attentivement, et expose les conditions indispensables pour que bébé puisse arriver au monde chez lui. Elle s’informe sur l’adresse de la résidence, ainsi que sur le nombre et le déroulement des précédentes grossesses et accouchements (césariennes, voie basse, antécédents médicaux, enfantements faciles ou compliqués, etc.).

Conditions pour accoucher à la maison

Outre une distance trop élevée entre le cabinet de l’obstétricienne et le logement prévu pour la naissance, d’autres contre-indications obligent à se rediriger vers une maternité.

consultation entre une sage-femme et une femme enceinte qui veut accoucher à la maison

Une femme qui veut accoucher à son domicile est surveillée médicalement par sa sage-femme. Mart production, source Pexel

Les sages-femmes refusent catégoriquement d’assister une femme à enfanter chez elle, si celle-ci présente ou développe des risques de complications comme :

  • une endométriose (🔬découvrez un outil pour la dépister) ;
  • un diabète gestationnel ;
  • une hypertension ;
  • une forte anémie ;
  • une prééclampsie ou une éclampsie ;
  • une prématurité ;
  • une présentation par le siège ;
  • un dépassement du terme ;
  • etc.

Grossesse et suivi prénatal

Le suivi de la grossesse est semblable à celui d’un accouchement en milieu hospitalier : visites prénatales (permettant d’écouter le cœur du bébé et de prendre la tension de la mère), échographies et analyses sérologiques.

Les examens prénataux se réalisent essentiellement dans le cabinet de la sage-femme, excepté le dernier qui s’effectue de préférence chez les parents. Cette ultime consultation lui permet de se repérer et de faire un état des lieux. Les visites sont les moments durant lesquels une relation de confiance s’établit et prend tout son sens le jour de la naissance de l’enfant.

La praticienne conseille sur des moyens de vivre pleinement la grossesse par le biais de méthodes naturelles : prise de remèdes à base de plantes médicinales, pratique de séances de relaxation, massages ayurvédiques, etc.

Une inscription à l’hôpital le plus proche est préconisée pour une prise en charge rapide et efficace en cas d’urgence.

Accueillir son nourrisson dans le foyer familial : le jour J

À l’instant où les premières douleurs se font ressentir, il est essentiel de contacter la sage-femme qui arrivera au plus vite.

Déroulement de l’accouchement

Malgré les contractions de plus en plus intenses, l’accès à la péridurale sera impossible. Le confort de la maison et la présence du conjoint et/ou autre personne aideront à mieux vivre ce moment difficile. Le lien noué avec l’accompagnatrice médicale s’avère être d’un grand soutien. Elle guidera sur la respiration pour se détendre, proposera des positions qui soulagent, massera le bas du dos ou les pieds (extrêmement efficaces), etc.

La sage-femme est principalement équipée d’un matériel de monitoring et d’oxygénation pour bébé si besoin. Elle dispose également du matériel de suture pour la maman, en cas de déchirure du périnée. Si une quelconque complication apparaît, ou que l’accouchement dure trop longtemps, un transfert à l’hôpital sera indispensable.

Ça y est ! Le plus bel événement d’une vie de maman se produit ! Bébé se trouve enfin dans les tendres bras maternels, et papa est l’homme le plus heureux du monde.

« Un des plus beaux jours de la vie, et peut-être le plus beau de toute notre existence, est celui où la naissance d’un enfant ouvre notre âme à des émotions qu’elle ignorait encore hier. » Joseph Droz

accueil du nouveau-né par son papa après un accouchement à la maison

Un papa accueille son bébé dès sa naissance à la maison. Source Pexel.

Les soins et le suivi après l’arrivée du nouveau-né

La sage-femme présente les bienfaits du contact peau à peau, et attend 2 à 3 minutes avant de couper le cordon ombilical comme le préconise l’OMS.
Si l’allaitement est choisi, la première mise au sein est suggérée au nourrisson. Pour que ce petit être cher profite d’encore plus de bienfaits, certaines praticiennes recommandent si possible de procéder à une première toilette les jours suivants. Si celle-ci doit s’accomplir dans l’immédiat, une petite baignoire est installée aux côtés de la mère pour qu’elle puisse assister au premier bain de son bébé.

Comme à la maternité, l’obstétricienne libérale réalise sur le nourrisson :

  • les premiers examens de contrôle pour vérifier sa vitalité (cris, respiration, tonus, etc.) ;
  • la prise de mesures du poids et de la taille ;
  • l’examen clinique (palpation du ventre, auscultation du cœur et des poumons, prise de la température, etc.) ;
  • le repérage d’une éventuelle malformation.

La professionnelle de santé contrôle la tension artérielle, le pouls et la température de la brave maman. Elle vérifie notamment si la quantité de saignements est normale et si l’utérus se rétracte correctement.

Le taux d’épisiotomie est de seulement 0,3 %, et 65 % des femmes ont un périnée intact après un accouchement à domicile.

Les jours suivants, l’accoucheuse reste joignable, et effectue les visites cliniques réglementaires du bébé et de sa mère. Le test de Guthrie est réalisé par ses soins le troisième jour.

Choisir de donner naissance à son enfant chez soi : les raisons

Les avantages de mettre au monde son bébé à la maison

Les mamans qui émettent le souhait d’accoucher à la maison, le font pour diverses raisons :

  • recherche d’intimité ;
  • pas de surmédicalisation, accouchement naturel ;
  • confort de son intérieur ;
  • accompagnement par la même personne du début de la grossesse jusqu’au jour J, et plus ;
  • choix de la position pendant les contractions et l’enfantement, et choix de la pièce (voire dans l’eau) ;
  • présence des personnes désirées (le papa, les enfants, la maman, mais aussi une sœur ou une amie proche par exemple.).
Le bonheur d'accoucher à la maison entourée de ses proches

Le bonheur d’avoir accouché à la maison entourée de ses autres enfants. Rodnae production, source Pexel.

Les inconvénients de l’accouchement à domicile

En revanche, la femme qui veut voir naître son petit sous son toit ne profitera pas de la présence immédiate d’un gynécologue en cas de complications. Pareillement, elle ne pourra pas prétendre à la pose d’une péridurale, qui ne peut être effectuée à la maison. Dans le cas où finalement elle change d’avis, et souhaite vivement y recourir, elle sera conduite à l’hôpital. Un autre désavantage, est que si la maman a d’autres enfants en bas âge à la maison, elle ne bénéficiera pas d’un vrai repos les jours suivant la naissance (prévoir une aide permanente si tel est le cas).

Accoucher à la maison en France et à l’étranger : quelques chiffres

Certaines femmes souhaiteraient vivement accoucher chez elles, mais en sont empêchées à cause d’un manque de praticiennes libérales pratiquant les AAD. Cette pénurie est la conséquence d’une opposition farouche du corps médical à cette pratique. Les sages-femmes ne sont alors aucunement protégées, ni encadrées par des réglementations, et ne peuvent donc pas s’assurer. Résultat, elles sont peu à accepter ces conditions et ce manque de reconnaissance.

Et pourtant selon une étude menée par l’APAAD pour l’année 2018 :

  • 87,3 % des accouchements à domicile souhaités par des femmes ont pu se produire comme prévu ;
  • la mortalité à la naissance a été de 0 % ;
  • le taux de morbidité est moindre qu’en population générale ;
  • tous les enfants sont nés vivants.

Dans la grande majorité des autres pays développés, les sages-femmes bénéficient d’une couverture assurantielle.

  • aux Pays-Bas, 1 femme sur 6 accouche dans son logement ;
  • en Angleterre, le National Institute for Health and Care Excellence recommande l’accouchement à domicile pour les femmes enceintes ne présentant aucun risque ;
  • en Allemagne, entre 1 et 3 % des naissances se font à la maison.

⏩ Consultez le rapport complet d’une enquête de l’APAAD, pour beaucoup plus de données.


Les expertises des professionnelles de maternité, les statistiques et les expériences de nos pays voisins sont positives et satisfaisantes. De ce fait, on devrait pouvoir proposer l’option d’accoucher à la maison à toute femme enceinte, tant qu’elle ne présente aucun risque de complications.

 

Vanessa Collin, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation web chez FRW.
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

Site de l’APAAD
Interview retranscrite de Lucie Guilbaud, gynécologue obstétricienne et Isabelle Koenig, sage-femme
mpedia: : spécialiste de l’enfant