Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673) a choisi comme nom de scène : Molière. Ce dramaturge d’origine parisienne est qualifié de virtuose de la littérature par la Comédie-Française. Comment Molière est-il devenu un génie ? Cet écrivain populaire triomphe à chacune de ses œuvres. Pourtant, à cette époque, l’Église catholique critique le monde du théâtre et le compare à une école obscène qui endoctrine les esprits faibles. Les acteurs qui jouent dans ses pièces sont excommuniés et traités au même rang que les prostituées ! Alors, comment peut-on expliquer un tel succès dans ces conditions ?

Comment Molière fait-il pour être toujours bien entouré ?

D’abord, Jean-Baptiste Poquelin, lui-même comédien, s’associe avec 9 autres artistes parisiens déjà connus. En 1643, ils créent leur troupe sous le nom de l’Illustre Théâtre et se promènent dans le pays pendant une quinzaine d’années. Ensuite, Molière et son groupe décident de regagner Paris définitivement pour obtenir la protection de Philippe Ier d’Orléans (1640-1701), frère du roi. Ils jouent devant Louis XIV (1638-1715) et débutent au Théâtre du Petit-Bourbon en 1659. Dans cette salle, ils partagent la vedette avec la compagnie italienne Scaramouche. Ça y est ! Le retour à la capitale est confirmé et Molière est introduit à la cour de Versailles.

De nature charmeuse, il fréquente des gens de lettres, des ministres, et se mélange facilement à eux. D’ailleurs, il prend l’habitude de lire des extraits de ses œuvres dans des salons privés, avant de les présenter au grand public. Par conséquent, on commence à parler de lui dans les soirées mondaines. Aussi, son idée d’inviter certains convives de prestige à ces avant-premières est innovante. Bref, Molière flatte les bonnes personnes et évolue auprès des influenceurs de Versailles !

Molière (1622-1673), dramaturge français

«Moliére est un homme de génie», citation de Victor Hugo datée de 1863.

Cependant, son plus puissant admirateur reste le Roi Soleil. C’est pourquoi le groupe d’acteurs change de nom en 1665 pour s’appeler La Troupe du Roy. Le théâtre et la comédie passionnent Louis XIV. L’écrivain est le seul artiste à passer autant de temps en sa compagnie. De plus, le roi partage avec Molière son mépris à l’égard de la religion, de la politique et de l’hypocrisie de la cour. De son côté, ce dernier œuvre de sa plume et aborde ces thèmes considérés polémiques dans ses créations.

Toutefois, il provoque les foudres de l’Église catholique à plusieurs reprises. Seulement, son mentor le protège et le soutient. Par exemple : Molière reçoit 1 000 livres de pension de sa part « en qualité de bel esprit et excellent poète comique ». Ensemble, ils expriment leur côté rebelle en critiquant cette société prude et sournoise. En d’autres termes, le génie de l’un sert la puissance de l’autre !

Comment Jean-Baptiste Poquelin développe-t-il un style unique et innovateur ?

Le premier grand succès de Molière se nomme Les Précieuses ridicules, publié le 18 novembre 1659. Cette pièce se différencie de toutes les autres œuvres de l’époque. En effet, inspiré par plusieurs mouvements comme la commedia dell’arte et la farce médiévale, Molière s’identifie par son style burlesque. Dans cette mise en scène, ça gesticule, ça grimace et ça gémit ! C’est nouveau pour les spectateurs habitués à un théâtre plus statique. Ils adorent ! Effectivement, la langue de Molière séduit avec humour et divertit son public.

« En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n’être point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens, et bien écrites : mais ce n’est pas assez dans les autres ; il y faut plaisanter ; et c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. »
La Critique de L’École des femmes, scène VI.

Il côtoie aussi la cour du roi, régie par des mœurs strictes, et se sert de la comédie pour ridiculiser cette société. De même, il aime jouer avec les codes des spectateurs en se moquant des tendances de la mode. Ce don de manier le verbe amuse le peuple et provoque les érudits. Finalement, toutes les classes se confondent : son génie réjouit l’ensemble de la population ! Jean-Baptiste Poquelin crée une dramaturgie dans l’air du temps, truffée de références littéraires, culturelles et vestimentaires.

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Comment Molière est-il devenu un génie ?

La cour de Versailles se délecte des potins de la société. En effet, les mondains y passent leur temps à juger les actualités et la vie des autres. Molière l’a bien compris et va mettre en place une série de scandales et de provocations pour déchaîner leurs réactions.

Premièrement, il crée L’École des femmes en 1662. Puisque l’Église catholique condamne ce qui suscite du plaisir, cet auteur rebelle la taquine ! Dès lors, il orchestre une querelle en se moquant de l’éducation morale et religieuse des femmes. Il met en scène une œuvre dans laquelle le désir et l’amour prédominent. Alors, on le critique, mais il apprécie. On parle de lui et ça le rend plus fort. Résultat : c’est un triomphe ! Le bouche-à-oreille prime et la foule devient de plus en plus curieuse. Les salles de théâtres sont bondées à chaque spectacle. Le buzz est réussi.

« Ceux de qui la conduite offre le plus à rire, sont toujours sur autrui les premiers à médire »
Dorinne, Tartuffe, acte I scène I

Deuxièmement, en 1664, il écrit Tartuffe et dénonce le fanatisme religieux. Malgré la protection de Louis XIV, l’influence de l’Église pèse lourd. La pièce interdite de représentation publique est censurée. Cependant, ce génie garde confiance et s’arme de patience. Molière improvise et lit en privé son texte, comme chez la princesse Palatine (1652-1722) au Château du Raincy. Étant donné qu’il prend son temps, il retouche sa création et rend sa version définitive 5 ans plus tard. Toute cette tension paie et Jean-Baptiste Poquelin gagne en notoriété. Quelle victoire !

Enfin, en 1673, il traite d’un sujet tabou dans le Malade imaginaire en provoquant le corps médical. Il conteste la confiance donnée aux médecins et débat sur les maladies physiques et mentales. Nouveau scandale ! Cette pièce est considérée comme le plus grand chef-d’œuvre de Molière.

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Dans ses textes, Jean-Baptiste Poquelin aborde des thèmes éternellement provocateurs. Sa devise : « Castigat ridendo mores » ou « La comédie corrige les mœurs par le rire » prouve que la gloire réside dans l’humour et l’autodérision. Avec ce mélange de sincérité, d’observation et d’esprit critique, Molière est devenu un génie.

Sources

Comédie-Française
Comédie-Française : biographie de Molière
Plume d’histoire
Université de Sorbonne
Observatoire de la vie littéraire : la haine de Molière

Charline Chouin, pour e-Writers.

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Périne, tutrice de formation chez FRW.