Située dans les riches plaines de la Brie, au nord de la Seine-et-MarneMeaux est une cité chargée d’histoire. Capitale de la tribu gauloise des Meldes, place forte du protestantisme avant sa reprise en main par Bossuet, la ville a également été au cœur de la première bataille de la Marne en 1914. De nombreux vestiges attestent de son passé mouvementé, des remparts gallo-romains au musée de la Grande Guerre. Découvrez l’histoire de Meaux.

Les origines de Meaux

La tribu gauloise des Meldes installe sa capitale, Iantinum, dans un méandre de la Marne, à la croisée de deux voies antiques vers Paris et Troyes. La ville est un important nœud de communication, lui conférant une certaine richesse. Rebaptisée Meldis après la conquête romaine, elle se pare de nombreux monuments : forum, thermes, théâtre et amphithéâtre. L’ensemble cultuel de la Bauve, situé en périphérie, était à l’origine un sanctuaire gaulois avant d’être utilisé et agrandi par les Romains, formant un bon exemple de cohabitation entre les deux religions.

remparts gallo romains meaux

Remparts gallo-romains, Meaux. Source : collection particulière

À partir du 3e siècle, des remparts sont construits pour protéger la ville de l’instabilité qui marque la fin de l’Empire romain. C’est également le temps de la christianisation de la région, notamment menée par saint Saintin, le premier évêque de Meaux. La cité est plusieurs fois ravagée pendant les invasions barbares, puis par les Vikings en 861 et 887.

Guerre de Cent Ans et protestantisme

Au début du Moyen-Âge, la ville se développe autour de la Marne. Sur la rive droite se trouvent le château et la cité épiscopale, sur la rive gauche le marché.

palais episcopal et cathedrale saint etienne

Le palais épiscopal et la cathédrale Saint-Étienne, Meaux. Source : collection particulière

En 956, la fusion des comtés de Meaux et de Troyes crée le comté de Champagne, puissant et riche territoire entre les Flandres et l’Italie. Le 12 avril 1229, le comte Thibaut IV est l’un des signataires du traité de Meaux qui met fin à la croisade des Albigeois contre les cathare, preuve de son influence dans les affaires du royaume.

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En 1284, le mariage de Jeanne de Navarre, héritière du comté, avec le roi Philippe le Bel, permet le rattachement de Meaux au royaume de France.

La guerre de Cent Ans

En 1358, Meaux est secouée par la Grande Jacquerie. Dans tout le nord de la France, les paysans se soulèvent contre la noblesse, accusée d’avoir failli à son devoir militaire après plusieurs défaites et la capture du roi. Soutenus par les bourgeois de la ville, les paysans meldois assiègent son château où se trouve l’épouse du Dauphin. En représailles, le 9 juin, les troupes royales massacrent les assaillants avant de piller et incendier la cité.

En octobre 1421, le roi d’Angleterre Henri V met le siège devant Meaux, qui ne se rendra que le 10 mars 1422. La ville redevient française en 1436.

Le protestantisme

En 1521, Jacques Lefèvre d’Étaples, un proche de l’évêque Guillaume Briçonnet, fonde le cénacle de Meaux, qui regroupe de nombreux érudits humanistes. Ils travaillent à la réforme de l’Église, visant un retour aux sources du christianisme et à l’enseignement originel du Christ par la lecture des textes sacrés traduits en langue vernaculaire. Ces positions rapprochent ses membres de la Réforme naissante, ce qui leur vaut des accusations d’hérésie. Le cénacle doit se dissoudre en 1525. La nouvelle religion se diffuse pourtant largement. Après des persécutions, les protestants obtiennent la liberté de culte en 1562.

Pour approfondir : le cénacle de Meaux

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Le Vieux Chapitre, cité épiscopale, Meaux. Source : collection particulière

En 1567, Louis Ier de Bourbon-Condé, un des principaux chefs réformés, essaie d’enlever le roi Charles IX et sa famille de passage dans la ville. C’est la Surprise de Meaux, qui déclenche la deuxième guerre de religion.

Le 25 août 1577, lendemain de la Saint-Barthélemy, 600 protestants sont massacrés. Meaux rejoint le parti ultra-catholique de la Ligue. Elle se rend finalement à Henri IV en 1593, qui y fait une entrée solennelle le 1er janvier 1594.

Bossuet, figure incontournable de l’histoire de Meaux

Surnommé « l’Aigle de Meaux », Jacques-Bénigne Bossuet prend ses fonctions d’évêque en 1681. Ancien précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV, il est très connu pour ses sermons et ses oraisons funèbres, notamment celle de la duchesse d’Orléans en 1670.

« Madame se meurt ! Madame est morte ! »

Il a également rédigé de nombreux ouvrages sur la religion, dont le catéchisme de Meaux.

À lire : sermons de Bossuet

Il essaie de rétablir la primauté du catholicisme dans une région où le protestantisme est très implanté, y compris par la manière forte. Il fait détruire des temples et persécute les réformés, surtout après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Il meurt en 1704.

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Monument funéraire de Bossuet, cathédrale Saint-Étienne, Meaux. Source : collection particulière

La Révolution est marquée par la nuit que Louis XVI et sa famille ont passée à Meaux à leur retour de Varennes le 24 juin 1791.

Le 15 février 1814, c’est Napoléon qui dort dans la ville avant d’aller affronter la 6e coalition qui a envahi le nord-est de la France. Il est de retour quelques jours plus tard et stoppe l’avancée des Russes vers Paris.

Septembre 1914 : la première bataille de la Marne

Le 19e siècle marque l’essor de l’industrie sucrière grâce à l’introduction de la betterave à sucre en 1806.

La construction du canal de l’Ourcq de 1802 à 1825, puis de la ligne ferroviaire Paris-Meaux en 1849 permettent d’accentuer encore les échanges.

Du 4 au 12 septembre 1914 a lieu la première bataille de la Marne. La rapide percée allemande depuis la Belgique est stoppée aux abords de Meaux, point stratégique sur la route de Paris. Le regroupement des armées anglo-françaises est facilité par les fameux taxis de la Marne. Le front est repoussé plus au nord pour le reste de la guerre.

Visitez le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux

musee grande guerre et monument americain

Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux et La Liberté Éplorée, dit monument américain. Source : collection particulière

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Meaux est occupée par les Allemands qui y installent une kommandantur. L’importante communauté juive de la région est victime des exactions nazies. Plusieurs réseaux de résistants se créent, qui participent à la libération de la ville le 27 août 1944 aux côtés des Américains.

Meaux reprend alors son développement, avec la création de nouveaux quartiers et des zones d’activités. Elle redécouvre en parallèle les vestiges de son passé lors de plusieurs campagnes de fouilles.

À découvrir : les fouilles de l’INRAP

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Ou profitez du printemps pour découvrir la baie de Somme.

 

 

Isabelle Dufrenne, pour e-writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

site de la ville de Meaux

les archives de Seine-et-Marne

office du tourisme Meaux Marne Ourcq