Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller en pleine nuit, immobile et effrayé, entendant des voix ou apercevant au pied de votre lit une présence menaçante ? Si oui, il est probable que vous ayez vécu une expérience de paralysie du sommeil. Les personnes qui vivent avec ce trouble du sommeil se sentent souvent en danger, et peuvent avoir des hallucinations auditives et/ou visuelles qui les amènent à se demander si elles ne font pas l’expérience de phénomènes paranormaux. De nombreux témoignages parlent d’esprits dans la chambre, d’entités hostiles au pied du lit, ou de sensation d’écrasement au niveau de la poitrine. Vous souhaitez en savoir plus sur les causes et les symptômes de ce phénomène mystérieux ? Mais surtout obtenir une explication sur les significations de ce trouble ? Alors vous êtes au bon endroit !
Qu’est-ce que la paralysie du sommeil ? Ce que ressent le dormeur
Lorsque vous faites l’expérience d’une paralysie du sommeil, vous êtes immobile, tétanisé. De l’extérieur, vous semblez simplement dormir, vos yeux sont fermés, tout est normal. Pourtant, vous avez l’impression d’être éveillé et vous êtes effrayé. Ne pas pouvoir bouger sans en connaître la raison est absolument terrifiant. Mais l’angoisse se fait surtout sentir, car vous entendez des voix inconnues, inexpliquées, comme si quelqu’un était avec vous dans la chambre. Parfois, vous pouvez même apercevoir une entité, ou alors distinguer clairement une personne que vous ne connaissez pas à vos côtés. Certaines personnes témoignent de la présence d’un homme portant un chapeau ou d’une vieille femme au pied du lit. 🧙
L’homme au chapeau | Crédit photo : Gillian Combes.
Très souvent, les individus qui expérimentent ce trouble ont la sensation qu’une présence hostile est couchée sur eux, au niveau de leur poitrine. La peinture de Füssli, Le Cauchemar, est une très bonne représentation de ce que ressent le dormeur lorsqu’il vit une paralysie du sommeil. La plupart du temps, les hallucinations liées à ce phénomène laissent penser qu’un démon malveillant se trouve dans la chambre. L’expérience est généralement désagréable : immobilité, impuissance, tentative de crier sans y parvenir, sensation d’être épié et parfois attaqué. On retrouve la croyance d’une attaque d’ordre sexuel de façon récurrente chez le dormeur. Nous verrons pourquoi un peu plus bas dans cet article.
Toutefois, certaines personnes habituées à ce phénomène parviennent à vivre avec de façon plus agréable. Cet effet de paralysie lorsque l’on dort peut se transformer en expérience hors du corps. Du moins, le dormeur en ressent la sensation. Dans ce cas, la personne endormie se laisse aller et tente de ne plus ressentir la peur. Cela lui permet d’obtenir une impression de flottement particulièrement plaisante, et de laisser libre cours à son imagination. Ce trouble serait aussi une sorte de porte pour entrer en rêve lucide. La méditation est d’ailleurs un excellent moyen de provoquer ce type de rêve et il n’est jamais trop tard pour commencer ! 🧘
Tour du monde de ces apparitions effrayantes, un folklore sensationnel
Durant la période antique, les médecins grecs et romains fournissent déjà des descriptions médicales du cauchemar. Le terme utilisé est tout d’abord Ephialtès, signifiant se « jeter sur ». Puis, celui d’incubus, en langue latine, qui veut dire « se coucher sur ». Ces termes font référence aux symptômes identifiés lors des paralysies du sommeil : dyspnée, oppression thoracique, sensation d’étouffement. L’incubus représente ce phénomène d’immobilité doublé de la sensation d’avoir un individu posé sur la poitrine. Il est alors perçu par les individus de l’époque comme un démon qui cherche à violer les personnes endormies. Dès le VIIe siècle, le cauchemar entre dans le champ de la sorcellerie et de la démonologie. Les gens pensent être attaqués par des créatures durant la nuit, appelées des Alpes. Ces petits êtres surnaturels seraient les ancêtres des Elfes.
Faisons maintenant un bon dans le temps : au XVe siècle, en pleine période de chasse aux sorcières en Europe, où est publié le Malleus Maleficarum. Ce traité de démonologie évoque les démons succubes et incubes, qui rendent visite aux dormeurs durant la nuit afin d’avoir des relations sexuelles avec eux. L’Inquisition, sorte de tribunal de l’Église, cherche alors à montrer du doigt ces relations. Elles seraient l’œuvre du Malin et se basent sur un symptôme fréquent des paralysies du sommeil : la stimulation des zones sexuelles. Ces croyances surnaturelles sont nourries par l’Église afin que celle-ci puisse combattre ce qu’elle considérait comme « hérétique ».
Démon Succube | Source : Canva Pro
Laissons un peu de côté le Moyen-Âge et l’Inquisition, et jetons un œil aux croyances populaires plus contemporaines. Impossible de parler du folklore lié à ce phénomène sans évoquer la Old Hag Attack. Cette expression anglophone est devenue un synonyme de ce trouble. Une Hag est décrite comme étant une vieille sorcière maléfique et particulièrement repoussante. Elle s’assoit sur la poitrine du dormeur pour lui insuffler un cauchemar. Un autre terme très connu est celui de Kanashibari, qui nous vient du folklore japonais. Ici, Kanashibari représente un esprit vengeur perturbant le sommeil du dormeur. Plus récemment, ce phénomène a alimenté les théories d’enlèvements causés par des extraterrestres, où plusieurs personnes pensaient avoir été violées par des aliens pendant la nuit. 👽
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Les réponses de la science face à ce trouble du sommeil énigmatique
Comme nous avons pu le voir plus haut, ces apparitions sont rarement bénéfiques et traumatisent le dormeur. Pourtant, si vous en êtes victime, détendez-vous. Buvez une tisane anti-stress et rappelez-vous que toutes ces créatures passionnantes sont bel et bien des hallucinations créées par votre esprit effrayé !
Penchons-nous à présent sur les études scientifiques de ce phénomène perturbant. Ce dernier survient lors de l’endormissement ou au réveil. Concernant les causes, on retrouve : l’anxiété, le stress, l’alcool, le tabac, une mauvaise hygiène de vie, de la fatigue, mais également le fait de s’endormir sur le dos. Si vous vivez avec la paralysie du sommeil, je vous conseille vivement d’adopter des exercices de respiration dans votre quotidien pour vaincre le stress et bannir toute Old Hag Attack. Toutefois, bien qu’elle soit impressionnante, elle ne serait pas associée à un trouble pathologique psychiatrique. Ce dérèglement survient souvent durant l’adolescence. Une grande partie de la population (environ 30 %) a pu l’expérimenter au moins une fois, mais la chronicité reste relativement rare : autour de 3 à 6 %.
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Concernant l’immobilité ressentie, elle n’est pas due à un démon (heureusement !) mais à un dérèglement. Il est important de souligner que durant ce phénomène peuvent être présentes des hallucinations cénesthésiques (qui touchent la sensibilité d’un sujet à l’intérieur ou à la surface de son corps). Certaines parties du corps restent « éveillées », dont les zones sexuelles. Voilà ce qui explique la récurrence de témoignages d’attouchements et de viols pendant cette expérience, mais aussi l’impression de sortir de son corps dû à la sensation de flottement que peuvent ressentir certains dormeurs.
Mais que fait le cerveau quand nous sommes dans les bras de Morphée ? Quand vous êtes en période de sommeil paradoxal, à savoir le moment où vous rêvez le plus, vous produisez de la glycine. Celle-ci joue un rôle de neurotransmetteur qui empêche vos muscles de bouger afin de ne pas effectuer les mouvements dont vous rêvez. La paralysie du sommeil survient lorsque le mécanisme de réveil se déclenche trop tôt. Il y a comme un mélange entre l’état de veille et celui du sommeil. Vous êtes alors dans un état intermédiaire. C’est à ce moment-là que se produisent les hallucinations qui sont comme des rêves, ou plutôt des cauchemars éveillés.
Alors malgré les hallucinations terrifiantes, l’immobilité insoutenable, et la peur de revivre pareille expérience, souvenez-vous que tout ça vient de votre cerveau et de la nécessité de rester paralysé pendant que vous dormez !
Comme nous l’écrivait Samuel Beckett dans Molloy, maître incontesté de l’absurde :
« Le sommeil est une sorte de protection, si paradoxal que cela puisse paraître. »
Avez-vous déjà vécu une paralysie du sommeil ? Si oui, qu’avez-vous vu ? Partagez-nous votre expérience ! ✍️
Carla Meziani, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW
Sources :
