Lorsque notre désir d’être aimé·e se transforme en véritable peur de ne pas être aimé·e, il peut vite parasiter nos relations sociales. Afin d’éviter un tel tsunami émotionnel, notre article répond aux 3 questions majeures que ce problème soulève. Vous pourrez ainsi mieux identifier cette angoisse et comprendre son fonctionnement. L’accepter en vue de s’en libérer viendra alors progressivement.

Comment identifier la peur de ne pas être aimé·e ?

Si vous éprouvez une crainte persistante de ne pas être apprécié·e des autres, vous pouvez commencer par analyser cette phobie.

Ses caractéristiques et ses impacts

La peur de ne pas être aimé·e se compare à la peur de souffrir d’indifférence ou d’abandon. Les psychologues appellent cela l’atychiphobie. Elle se caractérise par trois comportements principaux.

Un sentiment d’autodépréciation se manifeste en premier lieu, provoquant insatisfaction et tristesse. Un masque de dépendance « antiblessure », produit de notre égo et de ses mécanismes de défense, se forme par la suite.  En cas de rupture, cette peur caractérise la personne qui éprouve un sentiment de culpabilité et d’échec. Enfin, l’angoisse peut se transformer en trouble dit « borderline » qui renvoie au narcissisme : la relation objective reste centrée sur la dépendance à l’autre et place l’individu qui en souffre dans une situation d’attente constante de gratifications.

Les facteurs de son déclenchement

Il existe des facteurs génétiques, environnementaux, psychologiques et/ou développementaux. Leurs impacts varient d’une personne à une autre. L’intensité de cette appréhension fluctue aussi selon les moments de vie d’une même personne.

La construction même de la personnalité est en jeu ici. Tout dépend de l’attitude choisie : la peur ou le désir. Si nous nous concentrons plus sur l’appréciation des autres au lieu de nous réjouir de la joie que nous leur donnons, l’angoisse augmente. C’est la différence entre se donner librement aux autres et le faire par hantise d’être mal aimé·e.

Le manque de confiance en soi est également caractéristique. Le sujet utilise des subterfuges pour plaire à l’autre, évinçant sa propre personnalité, ses propres opinions et ses propres envies. La recherche constante de la reconnaissance des autres se met en place dès la petite enfance. À travers les félicitations et les récompenses, nous avons appris à nous conformer aux désirs des autres. En cas de désobéissance, c’était la punition assurée. Un système à première vue anodin, mais qui une fois adultes, n’a pas manqué de largement influencer nos réactions.

Les symptômes à diagnostiquer

Parmi les principaux symptômes associés à cette phobie, retenons les suivants :

  • une faible estime de soi ;
  • une incapacité à maintenir une relation sentimentale stable ;
  • la recherche constante d’attention, de démonstrations d’affection et d’approbation ;
  • une panique extrême à l’idée d’être abandonné·e ou rejeté·e ;
  • une difficulté à recevoir un cadeau (que ce soit du temps, un compliment, une faveur) ;
  • des expériences antérieures douloureuses. Si ces événements ont été vécus de manière particulièrement intense, ils ont généré des émotions si fortes qu’un blocage émotionnel s’est formé dans l’inconscient. Ce blocage réactive la peur dans chaque relation. Des techniques et thérapies ont fait leurs preuves pour se libérer de ses blocages émotionnels ;
  • une mentalité de victime chez certaines personnes très disposées à plaire aux autres. Leur mode de survie consiste à penser que c’est le seul moyen d’être aimé·e.

nfographie sur les symptômes qui s'expriment quand on a peur de ne pas être aimé

Comment gérer et apprivoiser cette crainte ?

La deuxième étape pour gérer la peur de ne pas être aimé·e consiste à reconnaître ses propres limites et à embrasser son potentiel d’individu unique.

Apprendre à mieux se connaître

Pour éviter de tomber dans le piège d’une peur paralysante, mieux se connaître permet de retrouver un optimum sentimental épanouissant, avec respect de soi et des autres. En mobilisant vos capacités intellectuelles vous en apprendrez plus sur vous. Cela vous rendra moins vulnérable aux jugements des autres. Il est intéressant de reconsidérer sa définition de l’amour et de la confronter à celles des autres pour relativiser.

Sachez déterminer votre propre carte de valeurs et faites la respecter. Tentez également ce défi : essayez de comprendre ce qu’est l’amour de soi pour accepter et accueillir vraiment qui l’on est !

Apprendre à gérer ses émotions

Prendre conscience de ce trouble est une étape décisive. Cela passe par l’acceptation de ses propres émotions. En agissant ainsi, vous êtes plus prompt à rester ancré·e et à prendre des décisions plus prudentes basées sur la raison.

En outre, il est important d’apprendre à gérer ses « intuitions » sur le regard que portent les autres sur nous. Avoir des doutes sur leurs sentiments ou ne pas admettre leur gentillesse envers nous, c’est le risque de laisser notre peur s’exprimer trop intensément.

Avez-vous pensé à la pratique d’activités apaisantes ? Par leurs enchaînements de postures, le qi gong, le yoga ou les arts martiaux visent à détoxifier les émotions bloquées. Vous pouvez notamment essayer la sophrologie caycédienne.

Enfin, la prise de recul et le lâcher-prise sont d’excellents catalyseurs d’émotions. Vous pouvez réduire votre niveau de stress en testant quelques méthodes simples comme le rire par exemple.

Apprendre à développer sa confiance en soi

Le chemin est progressif. Grâce à une routine quotidienne visant à appréhender cette inquiétude différemment, votre esprit sera plus serein. Voici 4 pistes pour vous y aider.

Premièrement, s’accepter tel·le que l’on est et s’aimer est primordial. Avec une nouvelle approche, il est possible de cultiver la confiance en soi, d’avancer sereinement et courageusement vers un avenir plein de promesses.

Apprendre à apprécier les « petits riens » qui constituent souvent les plus belles preuves d’amour est une deuxième option.

Améliorer son estime de soi pour apaiser durablement la crainte d’être rejeté·e est également nécessaire. Comment ? En se concentrant sur ses atouts et ses réussites. L’esprit est ainsi occupé par des pensées plus positives. Et pour chaque pensée négative, il est important de trouver un moyen rationnel de réfuter ce sentiment.

Enfin, apprendre à dire non. Un peu difficile au début lorsque ce n’est pas sa nature mais effet libérateur garanti !

Comment surmonter la phobie d’être rejeté·e ?

Il est essentiel de trouver des moyens d’aller au-delà. Voici quelques stratégies efficaces pour surmonter les passages difficiles.

Communiquer ses besoins et ses sentiments

L’autre est par essence différent et sa logique lui est propre. Savoir communiquer est un atout clef à développer. Acceptez ses propres limites par exemple. L’égo se rebelle mais l’humilité est toujours payante. Une fois nos petites faiblesses connues et définies, nous pouvons les communiquer plus clairement aux autres.

Demandez l’amour et le soutien dont on a besoin d’une manière directe et responsable est très positif. Communiquer ce que l’on ressent au moment où se présente un doute évite toute critique excessive, le message passe mieux.

Trouver du réconfort et du soutien

Si vous avez besoin d’un soutien supplémentaire, vous pouvez toujours compter sur vos ami·e·s, des membres de votre famille ou des personnes tierces. Trouver une écoute en rejoignant un groupe de soutien, en consultant un psychothérapeute ou en s’entourant de personnes qui ont déjà vécu la même chose, plus aptes à comprendre la situation, sont des alternatives. Vous pouvez aussi vous connecter aux autres à travers une activité inhabituelle ou un hobby.

Avoir le courage de ne pas être aimé·e

Notre besoin d’être apprécié et d’appartenir à un groupe est normal. Mais essayer à tout prix de plaire aux autres se fait au détriment de notre personnalité. Avoir le courage de ne pas être aimé·e par tout le monde, c’est l’assurance de maintenir un meilleur équilibre psychique, de préserver son identité, singulière et unique.

Se faire respecter en imposant ses convictions est toujours plus valorisant en restant soi-même quitte à déplaire. Et choisir de ne pas correspondre à ce que les autres attendent de nous, c’est conserver une bonne estime de soi.

Le besoin d’amour et d’amitié nous anime tout au long de notre existence. Mais lorsque la peur du rejet s’exprime, il est temps de cultiver un certain art de vivre. L’acceptation de soi et la confiance sont des guides précieux. À tout instant, nous avons le pouvoir de choisir de mener la vie que nous voulons et d’opérer un changement profond sur notre caractère.

N’hésitez plus, « soyez vous-même car les autres sont déjà pris », comme le suggérait Oscar Wilde.

💡 À lire aussi :

Patricia SAULNIER pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation FRW, promotion Origami-10.

Sources

⏭️ Le livre Avoir le courage de ne pas être aimé de Ichiro Kishimi et Fumitake Koga aux éditions Guy Trédaniel, 2017. Les deux érudits japonais se réfèrent à la psychologie adlérienne. Alfred Adler, psychologue influent du début du XX e siècle aux côtés de Freud et de Jung, met en scène un philosophe et un jeune homme. Le philosophe explique à son élève comment chacun d’entre nous est capable de déterminer sa propre vie, sans les entraves des expériences passées, des doutes et des attentes des autres.

⏭️ « Psychologue.net » avec son article très éclairant sur la peur de ne pas être aimé

⏭️ Blog « Du bonheur et des livres » : les 7 meilleurs livres pour apprendre à avoir confiance en soi

⏭️ Site de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et son dossier sur les troubles-anxieux