Ça y est. Après des mois d’écriture fiévreuse, de relectures et de corrections successives, vous venez d’achever votre texte. Votre objectif désormais : vous métamorphoser d’auteur amateur en plume reconnue. Mais publier son premier livre à compte d’éditeur n’est pas chose aisée et demande non seulement patience, persévérance et ténacité, mais aussi… de bons conseils ! Pour accéder à la publication, voici donc 6 préconisations à appliquer à la lettre. Elles vous aideront à trouver LA maison d’édition qu’il vous faut. À vous ensuite de vous retrousser les manches pour partir à la conquête de votre destin de primo-romancier !
1— Publier son premier livre : se démarquer des auteurs du dimanche en osant soumettre son texte
L’écriture est un exercice que bon nombre de nos concitoyens pratiquent. Cahier intime, bullet journal… Coucher ses émotions sur le papier constitue aujourd’hui l’un des piliers de l’épanouissement personnel. Puis il y a ceux qui caressent le doux rêve de devenir le Victor Hugo de notre époque. Et ils sont 67 millions, soit 24 % de la population. C’est ce que révélait un sondage Le Figaro Littéraire/Odoxa en avril 2022. La littérature suscite donc beaucoup de vocations. Ceci étant dit, encore faut-il passer à l’action ! Car parmi cette flopée d’auteurs débutants en plein fantasme romanesque, seuls 5 % s’installent réellement à leur bureau pour bâtir leur projet.
Ça tombe bien : vous êtes parmi ces 5 % ! Vous avez peaufiné vos mots, vos phrases, vos chapitres pendant des heures. Vous avez construit un récit dont vous êtes plutôt satisfait et piaffez d’impatience à l’idée de passer à l’étape suivante. L’étape suivante ? Mettre votre manuscrit sous pli et l’envoyer aux maisons d’édition pardi ! Vous vous rêvez en Françoise Sagan, publiée à 18 ans, ou, pourquoi pas, en Le Clézio du XXIe siècle : et si, comme lui, vous décrochiez le Prix Renaudot dès votre premier essai ?
Minute papillon ! Avant de vous imaginer lauréat du Goncourt ou du Fémina, conversant tranquillement avec Augustin Trapenard dans sa Grande librairie, méditez ces chiffres : que vous visiez Grasset, Albin Michel, Le Seuil, Stock, Flammarion ou n’importe quelle autre maison d’édition, sachez que seuls 1 à 2 % des manuscrits reçus deviendront des livres. Autant dire que vos chances sont minimes. Minimes, mais pas nulles. Tous les éditeurs vous le confirmeront : pour y parvenir, il faut croire en soi et… ne jamais rien lâcher, en écrivant d’arrache-pied !
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2— Donner à son œuvre une forme impeccable : un impératif pour ne pas voir son travail directement refusé
Mais avant de vous lancer, sachez-le : bon nombre de projets sont rejetés au bout de quelques paragraphes. Beaucoup d’apprentis auteurs sous-estiment l’impact de la présentation de leurs écrits, d’où la nécessité de la soigner aux petits oignons. Pour publier votre premier livre, il vous faut obligatoirement vous différencier de la concurrence… en faisant visuellement bonne impression. Les quelques astuces qui vont suivre ne sont pas à prendre à la légère.
Concevoir un support lisible et aéré pour faciliter la lecture de votre roman
Réservez l’écriture manuscrite pour vos correspondances, nous ne sommes plus au temps de Balzac. Décrypter vos pattes de mouche pourrait bien agacer votre lecteur… Au point de ne pas s’embarrasser de votre cas ! Pour éviter à votre chef-d’œuvre de rejoindre la pile des recalés, une seule solution : le taper à l’ordinateur, via un traitement de texte. Optez pour un interligne de 1,5 ou 2 et une police classique (du type Times New Roman), de taille 12 ou 14. Votre tapuscrit doit également être paginé et relié dans les règles de l’art.
Adapter la présentation de son manuscrit en fonction des besoins de l’éditeur
S’il est intéressé, l’éditeur note, commente, souligne. Choisissez des marges suffisamment larges et imprimez vos pages en recto. Le verso pourrait servir de support d’annotation supplémentaire. Votre manuscrit a su séduire Jean-Marie Laclavetine chez Gallimard, ou titiller la curiosité de Pascale Gaultier chez Buchet-Chastel, tous deux réputés pour ouvrir eux-mêmes leurs courriers ? Vos coordonnées doivent être immédiatement repérables. Nom, prénom, adresse, numéro de téléphone, mail : n’omettez rien, ce serait tellement dommage !
Faire montre d’une langue française irréprochable pour être pris au sérieux
Corrigez impérativement votre œuvre : vous devez prouver que la langue française est un terrain de jeu que vous maîtrisez parfaitement. Grammaire, orthographe, syntaxe, conjugaison, typographie… TOUT doit être passé au peigne fin. Les plus belles pépites littéraires peuvent être ignorées si elles se trouvent souillées par trop d’erreurs. Si vous ne disposez pas du budget pour faire appel à un correcteur de métier, vous pouvez également avoir recours aux logiciels de correction orthographique. S’ils ne remplaceront jamais un œil aguerri, ils constituent toutefois des outils très fiables pour éradiquer les coquilles.
3— Chouchouter son projet : le secret pour séduire les responsables éditoriaux
De nombreux écrivains considèrent leur livre comme un enfant, qu’il leur faudrait éduquer, aider à grandir, puis mener à l’autonomie. Vous avez tapé le mot « fin » à la dernière page de votre manuscrit ? C’est le début d’une nouvelle phase, où l’essentiel de votre travail consistera à dorloter votre texte, le gâter, le cocooner, et ce, jusqu’aux tables des éditeurs. Alors posez-vous un instant et méditez ces quelques points.
Bichonner son récit : faire entendre sa propre voix littéraire
Au-delà de la forme, le fond doit évidemment tenir la route si vous vous prétendez doué pour la littérature. Avant d’envoyer votre projet, prenez suffisamment de recul sur votre intrigue : est-elle assez originale ? La construction est-elle à la hauteur ? Avez-vous réussi à incarner vos personnages, à les rendre universels au point que le lecteur puisse s’y identifier ? Et la « petite musique » de vos phrases, est-elle au rendez-vous ? Beaucoup de professionnels du monde littéraire le disent : le style compte énormément. En 2018, Marie Desmeures, éditrice chez Actes Sud, le confiait à 20 minutes :
Au bout de dix pages, je sais s’il est nécessaire de terminer le manuscrit ou non. Si aucune phrase ne m’a impressionnée, si l’écriture ne me surprend pas, s’il n’y a pas une voix qui se dégage, alors ce n’est pas la peine.
Si, à la lecture de ce témoignage, le doute vous assaille, sans doute serait-il bon de reprendre votre travail à tête reposée. Si au contraire, vous pensez avoir coché toutes les cases, alors vous pouvez passer à la suite : la lettre d’accompagnement de votre manuscrit !
Joindre une lettre à son manuscrit pour se singulariser
Donnez à votre texte davantage de chances de sortir du lot ! En rédigeant un courrier d’introduction d’environ une page, vous pourrez fixer le cadre de votre intrigue (sans trop en dévoiler), mais aussi faire entendre votre personnalité.
- Présentez-vous rapidement : nul besoin d’exposer votre CV pour vaincre votre syndrome de l’imposteur. Allez à l’essentiel, à savoir votre passion pour l’écriture. Restez cependant modeste et ne vendez pas votre talent : c’est le job de l’éditeur d’en juger ;
- Définissez les grandes lignes de votre histoire : nommez vos personnages et posez le décor. Pas plus… pour préserver le suspense ;
- Expliquez pourquoi vous avez sélectionné cette maison d’édition en particulier : montrez que vous connaissez les auteurs publiés ainsi que les collections. Vous devez prouver un choix raisonné, voire sentimental, et non laisser penser que vous envoyez votre roman au petit bonheur la chance.
Si vous suivez ces préconisations, croyez-nous… cela peut fonctionner ! En 2018, Viviane Hamy, directrice de sa maison d’édition éponyme, avouait au Parisien avoir été séduite par un apprenti écrivain grâce à son courrier :
L’auteur, François Peretti, a 27 ans, il a su me capter en écrivant une très brève lettre d’accompagnement : « Dans la vie, il me semble savoir faire deux choses, observer et écrire. »
4— Miser sur les bibliothèques, librairies et Salons du Livre pour bien cibler collections et lignes éditoriales
Un impair à ne surtout pas commettre : envoyer votre projet à toutes les maisons d’édition possibles et imaginables. En plus d’y dépenser une fortune en timbres et en enveloppes, vous y perdrez en crédibilité. Renseignez-vous bien sur les catalogues de chaque maison avant de glisser votre manuscrit dans la boîte aux lettres. Si les Éditions du Castor Astral vous laissent entrevoir la publication d’ouvrages de science-fiction ou de documentaires animaliers… vous vous mettez le doigt dans l’œil ! Car il n’y a pas de secrets : pour parvenir à publier son premier livre, il faut s’adresser aux bons interlocuteurs.
Parcourir les bibliothèques
Elles regorgent de ressources, ne vous privez pas de cette opportunité ! Feuilletez les livres, parcourez-en quelques pages, prenez connaissance des quatrièmes de couverture. Vous aurez tôt fait de déceler un ton, une patte, qui peut-être concordera avec ce que vous écrivez. Ayez sur vous carnet et stylo, et notez les noms des collections dans lesquelles vous vous retrouvez.
Demander conseil aux libraires
En plus de soutenir les librairies indépendantes, vous pourrez être certain d’avoir face à vous des professionnels qui connaîtront le monde de l’édition et ses spécificités sur le bout des doigts. Olivier Bourdeaut, refusé par 5 éditeurs parisiens, a finalement envoyé son manuscrit aux éditions Finitude, petite maison bordelaise, sur les préconisations de son libraire. Résultat : Thierry et Emmanuelle Boizet, conquis, l’ont publié. En attendant Bojangles a été vendu à plus de 310 000 exemplaires. C’est ce qui s’appelle un best-seller !
Flâner dans les Salons du Livre
En plus de découvrir des maisons plus confidentielles, vous aurez l’occasion de discuter en direct. Osez expliquer votre projet, et tentez d’obtenir des adresses mail de contact. Un exemple concret ? En 2015, Miguel Bonnefoy rencontre Emilie Colombani à un Salon du Livre. Elle est éditrice chez Payot & Rivage, lui est à l’époque en pleine préparation d’un manuscrit. Tous deux échangeront pendant un an avant qu’elle ne publie son premier roman, Le voyage d’Octavio, en 2016.
5— S’enquérir des modalités d’envoi : une précaution indispensable pour s’assurer de la bonne transmission de son ouvrage aux maisons d’édition
Deux alternatives pour envoyer son texte : le bon vieil exemplaire papier, qui transitera par la Poste, et le format numérique, transmis directement par mail. Pour des raisons écologiques, de plus en plus de maisons d’édition privilégient ce dernier… voire refusent systématiquement tout envoi postal. C’est le cas, par exemple, des Éditions de l’Observatoire, qui indiquent dans la rubrique « contact » de leur site web ne plus du tout accepter de manuscrit traditionnel. Et elles sont loin d’être les seules !
C’est pourquoi mieux vaut, au préalable, parcourir les sites internet des maisons que vous convoitez. Le mode d’acheminement à privilégier y est généralement mentionné, ainsi qu’une adresse mail et le format de fichier à adopter en cas d’envoi numérique. Avant de glisser votre texte dans l’enveloppe, prenez le temps de vous assurer qu’il est bien aéré : oui, nous l’avons déjà dit… mais nous le répétons, car ce point est encore plus décisif si l’on communique son projet par messagerie. Imaginez-vous bien que les éditeurs n’imprimeront pas votre histoire. Ils parcourront donc votre fiction à même l’écran de leur ordinateur, d’où la nécessité d’une mise en page qui facilite le confort de lecture.
N’oubliez pas le petit courrier de présentation, qui se justifie tout autant que sous forme papier. Pour ne pas multiplier les pièces jointes, rédigez-le directement dans le corps du message. Autre conseil sur lequel les directeurs de publication interrogés peuvent lourdement insister : n’envoyez qu’un seul manuscrit à la fois ! Vous avez imaginé toute une saga ? Inutile de leur faire parvenir l’intégralité des tomes que vous avez écrits, et ce, quel que soit le mode de transmission choisi.
6— Ne jamais se décourager face à l’échec et avoir foi en son talent
S’il est une recommandation qu’on ne peut se permettre d’écarter, c’est bien celle-ci : ne baissez les bras sous aucun prétexte ! Oui, les maisons d’édition sont débordées par l’afflux de manuscrits. Oui, les délais de réponse sont longs. Oui, vous serez sans doute confrontés à des lettres de refus type, atrocement décevantes, voire… à des envois restés lettre morte. Mais… toute déconvenue comporte son lot de positif !
Recevoir une lettre de refus individualisée : une défaite à considérer comme une petite victoire
Un beau jour, à la place d’un courrier de refus totalement impersonnel, vous aurez peut-être la chance de recevoir une lettre rédigée par un comité de lecture ou par un éditeur en chair et os. Le cœur battant, vous repérerez immédiatement des différences notables avec les retours formatés : on y évoquera vos personnages, votre fil narratif, la construction de votre histoire ou sa tonalité. On n’hésitera pas à souligner les forces de votre style ou la finesse de vos descriptions. Prenez cela comme une victoire. Car cela en est une ! Quand un éditeur se donne la peine de justifier son refus, c’est que l’œuvre a été lue en profondeur, et qu’il y a sans doute eu débat en interne. N’est-ce pas là la meilleure preuve qu’il faut vous accrocher ?
Se voir retourner son tapuscrit : le signe que sa plume a été jugée de qualité
Bon à savoir : la plupart des éditeurs ne renvoient généralement pas les projets qui leur sont proposés. Ils le spécifient sur leurs sites web, précisant que les apprentis auteurs peuvent joindre à leur envoi une enveloppe préaffranchie pour un éventuel retour. Néanmoins (roulement de tambour !), vous pourrez parfois avoir une agréable surprise : sans que vous n’ayez rien réclamé, il arrivera que votre manuscrit vous soit restitué. C’est un signe encourageant, voire prometteur. Récupérer votre texte signifie en effet que celui-ci méritait bien cette attention. Il y a là de quoi alimenter votre espoir, n’est-il pas ?
Garder en tête cette vérité : il n’est jamais trop tard pour publier
La littérature est une affaire de goût. Ce qui n’a pas touché tel éditeur pourra en bouleverser un autre. Il existe de nombreux témoignages d’auteurs qui vont en ce sens. Et soyez bien certain d’une chose : il n’est jamais trop tard pour réaliser son rêve. Catherine Poulain a 56 ans quand son premier roman, Le grand marin, paru aux Éditions de L’Olivier, obtient le Prix Joseph Kessel en 2016. J.-K Rowling, qu’on ne présente plus, connut bien des déceptions avant de triompher. C’est sans parler de Marcel Proust, ou de Margaret Mitchell, dont le fameux Autant en emporte le vent remporta le Prix Pulitzer après avoir été refusé 38 fois. Leur point commun ? N’avoir jamais baissé les bras ! Alors écrivez, écrivez encore, et ne renoncez pas !
Publier son premier livre est un véritable parcours du combattant, qui décourage de nombreux auteurs en devenir. Raison de plus pour s’entraîner en amont, et se battre avec les armes adaptées ! Soignez la forme, soignez le fond, personnalisez votre envoi et singularisez-vous : si nous ne pouvons promettre que vous mettrez dans le mille, nous garantissons en tout cas qu’il s’agit là d’un excellent début vers la réussite ! Et gardez en tête cette phrase encourageante, bien souvent répétée par les éditeurs : une bonne histoire finit toujours par être publiée. Accrochez-vous à cette idée et travaillez encore et encore pour atteindre votre but… Après tout, qu’avez-vous à y perdre ?
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Marion DESHAYES pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
Ces best-sellers ont failli ne jamais être publiés, Ouest-France
Neuf conseils d’éditeurs pour faire publier son premier roman, Ouest-France
Comment se faire publier : éditeurs et grands écrivains répondent à vos questions, Le Figaro
Les éditeurs font la chasse aux chefs-d’œuvre, 20 minutes
Premiers romans : ces écrivains découverts au courrier, Le Parisien
Pièges à déjouer, règles à respecter… Tous nos conseils pour se faire éditer, L’Express
Qui sont ces écrivains inconnus dont le premier roman est devenu un best-seller ?, Marie-Claire